15 mai 2023

308. Clouzot : Les diaboliques

 1001 films de Schneider : Les diaboliques


Film français réalisé en 1955 par Henri-Georges Clouzot
Avec Simone Signoret, Véra Clouzot, Paul Meurisse, Charles Vanel, Jean Brochard, Pierre Larquey, Michel Serrault 
Une curiosité : On retrouve Johnny Hallyday en élève (non crédité au générique)
D'après le roman Celle qui n'était plus du couple le plus célèbre du roman policier : Pierre Boileau et Thomas Narcejac

Hitchcock a dû mourir d'envie en visionnant cette histoire d'un meurtre banal qui se termine dans l'horreur le plus complet. Il faut dire qu'il avait essayé d'obtenir les droits de ce roman mais il a été battu au poteau par Clouzot.

Cette histoire n'a pas pris une ride - personne ne peut deviner son dénouement et surtout pas sa transformation en histoire d'horreur. Tout ça sur un fond de France d'après-guerre avec ses bâtiments, gris de carbone. Un film en gris et blanc.

Tiré du journal Le Monde du 29 janvier 1955 : '' Les amateurs de berceuses digestives devront trouver autre chose. On sort de là les nerfs à vif et le cœur quelque peu chahuté. Il ne serait même pas étonnant que des spectatrices tombassent en pâmoison lors des dernières séquences...''

Le dénouement de l'histoire dans la dernière réplique qu'on a le goût de partager mais il faut respecter  ce qui suit :
Dans les crédits de la fin du film cet anti-divulgacheur (traduction québécoise d'anti-spoiler)
Ne soyez  pas 
DIABOLIQUES !
Ne détruisez pas l'intérêt que pourraient prendre vos amis à ce film
Ne leur racontez pas ce que vous avez vu
Merci pour eux.

Johnny Hallyday, derrière Simone Signoret, au temps de Jean-Philippe Smet,


Visionné, la première fois, le 9 janvier 1993 à la télévision à Montréal.
Mon 308ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

07 mai 2023

307. Campion : The Piano

1001 films de Schneider : The Piano
La leçon de piano


Film australo-zélandais réalisé en 1993 par Jane Campion
Avec Holly Hunter (Ada), Harvey Keitel, Sam Neill, Anna Paquin (Flora).

Un ovni débarque sur la planète cinéma.
Une histoire d'amour et de  piano à l'époque victorienne chez les Maoris de la Nouvelle-Zélande réalisée par une néo-zélandaise qui deviendra la première réalisatrice à remporter la Palme d'or du festival de Cannes.

Une inoubliable première séquence.
Dans une mer en furie, le débarquement sur une plage d'une femme (Ada) et de sa fille (Flora) à dos d'homme. Elles y seront abandonnées avec leur ameublement dont la pièce la plus incongrue est un piano dans un caisson de bois. Elles devront dormir sur la plage en attendant d'être rejoint par le futur mari de la femme accompagné d'une dizaine de Maoris.

Dans une campagne néo-zélandaise en friche qu'un colon anglais(Neill)  essaie de transformer en terre agricole, une improbable histoire d'amour entre sa femme muette (Hunter) et un anglais (Keitel) intégré à la communauté maorie, dont il porte les marques faciales. 

Cette histoire reproduit le stéréotype de la femme glacée qui fondra au contact de la libido exorbitante de son amant ; on pourrait aussi dire la société victorienne qui arrive à la vie au contact de la société maorie.

Aux côtés de cette histoire amoureuse qui se déroule autour d'un piano, une communauté maorie hirsute et complètement en rupture avec la société des colons anglais. La communauté wokiste devrait éviter de voir ce film qui risquerait de lui faire beaucoup de peine au même titre que Tintin au Congo.

Une performance inoubliable de la petite Anna Paquin dont le personnage traverse le film comme un ange bienveillant (d'ailleurs, elle porte souvent des ailes sur son dos).

Flora (Anna Paquin)

Chemin de traverse personnel.
1. Un enfant de six ans est mis au piano chez les sœurs du couvent St-Fidèle à Québec. Ça dure deux ans. 
2. Un enfant de 9 ans est remis au piano. Pendant que je faisais les maudites gammes, je regardais, avec envie, mes copains jouer au hockey dans la rue. Ça dure 1 an. 
3. Un enfant de 12 ans est re-remis au piano. Pendant que je me cassais la tête sur une pièce de Schuman, je rêvais d'être gardien de but pour les Red Wings de Détroit, Terry Sawchuk étant mon idole. Ça dure 1 an.  
4. Résultat final. Après quatre années de piano, la seule pièce retenue, l'incontournable Für Elise de Beethoven au grand désespoir des quelques auditeurs consentants.

Oscars 1994. Trois statuettes : actrice à Holly Hunter, actrice dans un second rôle à Anna Paquin et scénario à Jane Campion
Cannes 1993. Lion d'or et meilleure actrice à Holly Hunter.
Césars 1994. Meilleur film étranger

Visionné, la première fois, en 1993 au cinéma Desjardins à Montréal.
Mon 307ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider


03 mai 2023

306. Demy : Lola

1001 films de Schneider : Lola


Film français réalisé en 1961 par Jacques Demy`
Avec Anouk Aimée (Lola), Marc Michel (Roland), Jacques Harden (Michel), Alan Scott (Frankie), Élina Labourdette, Annie Duperoux (Céline)
Caméra : Raoul Coutard. Musique : Michel Legrand

1961. Bienvenue dans le cinéma de la Nouvelle Vague.

Pour mémoire, la Nouvelle vague c'est : tournage en extérieurs, noir et blanc, pas ou peu de décors, une caméra légère qui est hyperactive, acteurs débutants qui souvent déclament, pellicule sensible, attrait pour l'Amérique.

On a tout ça dans Lola, premier film de Jacques Demy, qui contient en gestation Les parapluies de Cherbourg et Les demoiselles de Rochefort

Mais ce film ne fait pas le poids avec les films contemporains de ses collègues (pensons à Hiroshima mon amour ou bien À bout de souffle ou encore à L'année dernière à Marienbad, pour ne nommer que ceux-là). 

Mais Demy est ailleurs. Il fait plus léger. Il fait comédie musicale sans chanson ou presque et sans danse ou presque.

Lola est un film qui respire la vie et le bonheur et qui se termine, clin d'œil hollywoodien, dans une Cadillac blanche qui s'éloigne, emportant les amants (Lola et Michel) enfin réunis malgré toute improbabilité laissant en rade Roland, l'amoureux abandonné qui s'en va noyer sa peine à Cherbourg pour y rencontrer, Catherine Deneuve. On le retrouvera en marchant de diamants dans Les Parapluies de Cherbourg, chantant J'ai déjà aimé une femme qui s'appelait Lola.

Lola, un clin d'oeil à Lola Montès, le personnage du film éponyme de Max Ophuls, auquel le film est dédié.

Pédophilie ?
Une relation qui lorgne du côté de la pédophilie sans en être dans cette relation entre Frankie, marin américain en permission, amant temporaire de Lola, et la jeune Céline, à peine 14 ans. Rien que du beau et du bien dans cette relation qui me fait penser à ce même type de relation dans Les dimanches de Ville d'Avray de Serge Bourguignon, tourné l'année suivante. Fin dramatique pour cette  relation entre Pierre et la jeune Madeleine, on n'est pas dans un film de Demy.

La Cadillac Eldorado 1955 stationné en face du cabaret Eldorado où performe Lola.

Critique. Cahiers du Cinéma. Mars 1961. Numéro 117. Au pays des hommes par François Weyergans. " Lola est un film aussi beau, aussi factice, aussi vrai, aussi éphémère, aussi gracieux qu'une aile de papillon. " Mais aussi cette chose absurde : " Lola porte un coup définitif à des œuvres comme Le cri ou Le septième sceau, qui apparaissent lointaines, démodées, s'agitant en vain au niveau du signe et de l'allégorie. "
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org.

Cahiers du Cinéma. Un des 10 meilleurs films de l'année 1961.

Visionné, la première fois, le 8 décembre 1992 à la télévision à Montréal.
Mon 306ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider





01 mai 2023

305. Sluizer : L'homme qui voulait savoir

1001 films de Schneider : L'homme qui voulait savoir


Film franco-néerlandais réalisé en 1987 par George Sluizer
D'après le roman du néerlandais Tim Krabbé, L'Oeuf d'or, publié en 1984.
Avec Bernard-Pierre Donnadieu, Gene Bervoets (Rex Hofman), Johanna ter Steege, (Saskia), Gwen Eckhaus

Il m'arrive souvent, l'âge aidant, de ne plus me rappeler le contenu, le sujet, l'histoire d'un film que j'ai déjà vu. Pire, il m'arrive, parfois, de visionner un film croyant ne jamais l'avoir vu et découvrant, avec horreur, après quelques séquences que je l'avais déjà vu, quelques années auparavant. 

Pour justifier ce comportement et éviter d'accabler ma mémoire vieillissante, j'ai fini par accepter ce genre de comportement en me disant que ces films ne méritaient pas qu'ils s'inscrivent durablement sur mon disque dur.

Il est inutile de préciser que L'homme qui voulait savoir ne fait pas partie de cette catégorie de films, il ne risquait pas d'échapper à ma mémoire. Avoir vu ce film, je mettrais, entre autres,  Funny Games dans cette même catégorie de films, marque à jamais tout cinéphile.

J'appréhendais de revoir ce film. Mais, connaissant déjà la fin (qui est votre pire cauchemar - claustrophobes en danger), j'ai pu me focaliser sur l'histoire de l'élaboration mécanique d'un concept par un professeur de chimie, tout ce qu'il y a de plus respectable.

Au deuxième visionnement, ce n'est plus la fin qui me terrorise mais la froideur du bien nommé monsieur Lenorme qui élabore son plan infernal méticuleusement et efficacement.

L'homme qui voulait savoir, Rex Hofman, qui ne peut se détacher de Saskia, son amie disparue depuis trois ans, finalement, saura.

Le réalisateur a utilisé la passion du cyclisme de l'auteur du roman, Tim Krabbé, pour nous faire participer, par l'entremise de la radio, à la 17ème étape du Tour de France de 1984 qui se déroule entre Grenoble et l'Alpe d'Huez. Luis Herrera gagnera cette étape alors que Laurent Fignon remportera le Tour devant Bernard Hinault et Greg Lemond. 

Visionné, la première fois, le 21 juillet 1992 en VHS à Montréal.
Deux jours plus tard, décédait Arletty.
Mon 305ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

30 avril 2023

304. Kieslowski : La double vie de Véronique

1001 films de Schneider : La double vie de Véronique


Film franco-polonais réalisé en 1991 par Krzysztof Kieslowski
Avec Irène Jacob dans le rôle des deux Véronique.

1988-1994, ce sont les années Kieslowski. 
Six films importants plus la série Dekalog, dix films pour la télévision. Impressionnante séquence arrêtée brutalement par son décès en 1996. 

Une même Véronique existe à deux moments et en deux lieux différents. On pourrait être tristement prosaïque en supposant que ce sont deux jumelles identiques séparées à la naissance mais le film nous amène, heureusement, dans un tout autre univers beaucoup plus complexe et envoutant.

La première partie (40 minutes), Weronika à Cracovie, est enlevée et intrigante ce qui ne se transpose pas dans la deuxième partie, Véronique à Paris.

On dirait que tout s'écrase dans la deuxième partie (60 minutes), on a peine à croire à toutes ces coïncidences et à tous ces hasards dans un scénario beaucoup moins intéressant. Pour tout dire, on s'ennuie un peu de la première Véronique. 

Une performance inoubliable d'Irène Jacob que l'on retrouve dans toutes les séquences. 

Ce qui me touche beaucoup c'est la relation très affectueuse entre les pères et leur Véronique, en manque de leur mère, décédée durant leur enfance.

Beau moment dramatique de la première partie: l'interprétation par Irène Jacob (doublée par la soprano polonaise Elzbieta Towarnicka) d'un chant composé par Zbigniew Preisner sur les paroles du second chant du Paradis de Dante Alighieri.


Beau moment dramatique

15 juillet 1966 naissance d'Irène Jacob; 23 novembre 1966, naissance des deux  marionnettes personnifiant les deux Véronique. Y a-t-il un lien ?

C'est, à Paris, en novembre 1988, que j'ai découvert Kieslowski : une œuvre terrible Tu ne tueras point. Puis le mois suivant, au cinéma L'Entrepôt dans Montparnasse, j'ai vu trois de ses premiers films : L'amateur (1979), Le hasard (1981) et No End (1985).

Critique. Cahiers du Cinéma. Juin 1991. Numéro 445. Kieslowski, cinéaste inconstant par Antoine de Baecque

Cannes 1991. Deux prix pour le film. Meilleure actrice à Irène Jacob

Visionné, la première fois, le 4 juillet 1992 en VHS à Montréal.
Mon 304ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider


16 avril 2023

303. Stone : JFK

1001 films de Schneider : JFK

Film américain réalisé en 1991 par Oliver Stone
Un casting d'enfer : Kevin Costner (juge Garrison), Gary Oldman (Oswald), Joe Pesci, Jack Lemmon, Walter Matthau, Donald Sutherland, Kevin Bacon, Tommy Lee Jones, Sissy Spacek, Vincent D'Onofrio, Laurie Metcalf, Beata Pozniak, 

Le meurtre le plus célèbre de tous les temps. 

Ceux qui vivaient à ce moment-là se souviennent tous où il étaient et ce qu'ils faisaient au moment où ils ont appris la mort de Kennedy. J'étais dans la salle d'attente d'un ophtalmologue sur la rue St-Jean à Québec, je venais de sortir du collège que je fréquentais, le Collège Universitaire Garneau.

Les deux seules enquêtes gouvernementales :
1964. La Commission Warren. Un seul tireur, Oswald, donc pas de conspiration. Cette enquête baclée : ''gazoline to paranoia''. 
1979. Le Comité restreint de la Chambre sur les assassinats. Plus d'un tueur donc probablement une conspiration. Impossible de connaitre l'autre ou les autres tueurs donc impossible de découvrir le contenu de cette conspiration.

En dehors de ces deux enquêtes, des dizaines de théories ont été révélées sans jamais déboucher sur aucune adhésion collective. J'adore ce titre : Vincent QuivyQui n'a pas tué John Kennedy.

La plus sérieuse des enquêtes est celle présentée dans le film d'Oliver Stone : celle du procureur de la Nouvelle-Orélans, Jim Garrison. On peut la retrouver dans son bouquin de 1988 : On the Trail of the Assassins : My Investigation and Prosecution of the Murder of President Kennedy.

JFK : un docufiction qui vous bombarde littéralement de faits pendant 205 minutes (director's cut). À certains moments, on est carrément groggy par le montage à la mitraillette qui nous embrume plus qu'autre chose. On reste pantois devant cette montagne d'informations qui met en pièces le rapport Warren mais qui, finalement, n'aboutira à aucune inculpation.

Curiosité : C'est Jim Garrison, lui-même, qui interprète le rôle du président de la commission Warren, Earl Warren.

Selon les Archives nationales américaines, ce sont désormais 97% des cinq millions de pages du dossier qui sont accessibles à tous. La vérité se cache-t-elle dans les 3% restant qui seront rendus publics en 2029. On peut raisonnablement penser que les documents qui compromettraient le gouvernement américain dans cet assassinat ont été détruits depuis longtemps. Tiens, encore un complot !

Oscars 1992. Deux statuettes : Montage et cinématographie.

Visionné, la première fois, le 28 juin 1992 en VHS à Montréal.
Mon 303ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

302. Holland : Europa, Europa

1001 films de Schneider : Europa, Europa
Titre allemand : Hitlerjunge Salomon (Le jeune hitlérien Salomon)



Film franco-allemand-polonais réalisé en 1990 par Agnieszka Holland 
Avec Marco Hofschneider, André Wilms, Ashley Wanninger, Klaus Abramowsky, Michèle Gleizer, Delphine Forest, René Hofschneider, Julie Delpy.

À 97 ans, vient de mourir en Israël, le 2 février 2023, Salomon Perel dont la vie, sous Hitler, d'abord décrite dans son autobiographie, I Was Hitler Youth Salomon, a été adaptée par Agnieszka Holland sous le titre Europa Europa.

Comment être un juif de 16 ans et réussir à passer à travers l'enfer hitlérien en faussant son identité et par une accumulation totalement incroyable de coïncidences. Il y a du Candide de Voltaire dans ce personnage.

Le père de Salomon qui, face à l'antisémitisme violent qu'il subit en restant en Allemagne, puis en Pologne sous occupation nazie, dit qu'il ne peut rien arriver de tragique à sa famille. Encore et toujours, dans les films traitant de la Shoah, cet aveuglément involontaire des Juifs face à la montée lente mais inexorable du génocide. Il était impossible pour les Juifs d'imaginer qu'un État puisse projeter d'exterminer tout un peuple, l'exemple de l'extermination massive des Arméniens au début du siècle n'étant pas encore connu.

La contribution française à la production du film : Julie Delpy 8 minutes et 18 secondes. Faible contribution mais elle est sur toutes les affiches du film. On a même eu le culot de produire cette affiche pour le marché français. 

Ajoutez un titre insignifiant et on a un concurrent pour le concours de l'affiche de cinéma la plus hors-contexte.

Moment mémorable : Salomon qui traverse le ghetto de Lodtz en tramway dont les vitres sont badigeonnés pour éviter aux Allemands de voir l'horreur de la vie dans le ghetto. Salomon, tant bien que mal, arrive à apercevoir les cadavres qu'on empile et peut-être même entrevoir sa mère.

Visionné, la première fois, le 20 juin 1992 en VHS à Montréal.
Mon 302ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

01 avril 2023

301. Singleton : Boyz n the Hood

1001 films de Schneider : Boyz n the Hood
La loi de la rue


Film américain réalisé en 1991 par John Singleton
Avec Hudhail Al-Amir, Laurence Fishburne, Lloyd Avery Cuba Gooding Jr, Ice Cube, Mia Bell, Morris Chestnut, Angela Bassett, 

Prologue du film : ''One out of every 21 Black American males will be murdered in their lifetime. Most will die at the hands of another Black male.'' 

Cette phrase est suivie du symbole routier STOP. Ordre qui ne sera pas suivi comme on sait.

Trente ans plus tard, les meurtriers et les victimes noirs sont, en proportion, huit fois plus importants que chez les Blancs.
 
Malgré toutes les campagnes de Black Lives Matter qui pointent du doigt les meurtres de Noirs par des policiers Blancs ou Noirs, ce sont, quand même, les Noirs qui tuent des Noirs aux États-Unis. Mais les médias n'abordent jamais ce sujet. Mais les films n'abordent jamais ce sujet. C'est dire, à quel point, Boyz n the Hood est courageux d'identifier les vrais problèmes que vivent les Noirs dans leur quartier.

De nos jours, quand on réalise un film sur la question noire, c'est toujours pour souligner leur position de victime dans l'Histoire : esclavage, lynchage, discrimination, luttes civiques. Qui aura le courage d'aborder les questions sociales vécues par la communauté noire ? Par exemple, qui osera aborder la question de la démission de l'homme noir dans le milieu familial ? Qui osera aborder la question des gangs de rue ? Qui osera parler de responsabilité ?

Année après année, c'est toujours le même film qui repasse : les Noirs en tant que victime de l'Histoire. Et les Blancs, les larmes aux yeux, ont des tonnes de compassion à distribuer et un énorme mépris pour leurs ascendants qui ont pu participer à de telles exactions comme si, dans les mêmes circonstances et à cette même époque, ils se seraient comportés différemment. 

Boyz in the Hood, ce presque documentaire, est toujours d'actualité et devrait donner naissance à une pléthore de films sur le sujet. Il existe, en effet, plusieurs films qui abordent les problèmes sociologiques de la communauté noire mais ce ne sont jamais ces films qui atteignent des cotes de grande popularité et qui se retrouvent aux Oscars.

Aux Oscars : BlacKkKlansman (2018) de Spike Lee (on s'ennuie de son Do the Right Thing) et Black Panther (2018) de Ryan Coogler (la revanche des perdants de l'Histoire) et Marvel remet ça avec Black Panther : Wakanda Forever du même Coogler (2022). De victime à conquérant : il me semble qu'il y aurait une place entre les deux pour des films comme Boyz in the Hood.

Séquences surprenantes et courageuses de la part du réalisateur : démontrer la violence d'un policier noir contre des Noirs. On sort du manichéisme bon noir - méchant blanc. 

J'aime bien aussi la remarque d'un personnage féminin qui dit qu'à la télé, on présente quotidiennement la violence dans des lieux à l'autre bout du monde, alors qu'ils ne parlent jamais de nos gamins qui meurent dans les rues de nos quartiers.

Auto-édition du deuxième tome (films 101 à 200) du Parcours d'un cinéphile.

Visionné, la première fois, le 17 juin 1992 en VHS à Montréal.
Mon 301ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

29 mars 2023

300. Caro et Jeunet : Delicatessen

1001 films de Schneider : Delicatessen


Film français réalisé en 1991 par Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet
Avec Pascal Benezech, Dominique Pinon , Marie-Laure Dougnac, Jean-Claude Dreyfus, Karin Viard, Rufus, une présence surprenante de Howard Vernon et le grand champion des rôles de figurant, Dominique Zardi, en conducteur de taxi.

Je ne pensais jamais que, pour un film, je pourrais mettre dans la même phrase les mots comédie et fin du monde. Pourtant, c'est bien l'originalité de cette œuvre hors-norme de nous présenter cette cour des miracles dans un parfum de fin de civilisation.

Un immeuble délabré au milieu de nulle part et une dizaine de locataires tous plus ou moins cinglés. Parmi cette horde, le personnage interprété par Dominique Pinon, un clown à la retraite, casse la baraque. Par ses trucs de magicien et ses bouffonneries, il apporte une humanité qu'on croyait disparue dans ce monde en ruine. 

Le rire tarde à venir tant on a la tête à l'apocalypse mais il vient un moment où on est complètement submergé par l'amoncellement de scènes loufoque et là, bien, on commence à rire, soulagé d'échapper à la fin du monde.

Une belle séquence : le duo violoncelle (Marie-Laure Dougnac)-scie musicale (Dominique Pinon)..

Une séquence d'anthologie : la salle de bain transformée en bombe à eau. 

Il est difficile de croire que c'est ce même réalisateur (Jeunet) qui a réalisé Le fabuleux destin d'Amélie Poulain.

Césars 1992. Première œuvre, scénario, décor et montage

Visionné, la première fois, le 20 avril 1992 en VHS à Montréal.
En ce jour, concert à la mémoire de Freddy Mercury décédé 5 mois auparavant. On est toujours dans les années Sida.
Mon 300ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

24 mars 2023

299. Franju : Les yeux sans visage

1001 films de Schneider : Les yeux sans visage


Film français réalisé en 1959 par Georges Franju
Avec Alida Valli, Pierre Brasseur, Édith Scob, Juliette Mayniel, Béatrice Altariba, François Guérin, Alexandre Rignault, Claude brasseur.
Tiré de l'unique roman de Jean Redon, Les yeux sans visage, paru en 1959.

Film gothique

Le personnage de Christiane Génissier, interprétée par Édith Scob est devenu une icône indétrônable des films d'épouvante. Vous n'oublierez jamais Édith Scob, frêle beauté évanescente, avec ou sans masque.

L'horreur est partout dans ce film. Seules quelques scènes de police stéréotypées nous permettent de retrouver une certaine quiétude.

L'horreur est présent dès la première séquence. Dans la deux-chevaux de Louise (Valli), un étrange personnage est camouflé sur le banc arrière. Le ton est donné. À partir de là, l'horreur ne fait que croitre jusqu'à la scène de l'enlèvement du visage de la pauvre Edna Gruber (Mayniel). Mais l'angoisse perdure, après cette sauvagerie, parce que l'on sait que la recherche de victimes est toujours à l'ordre du jour. Louise, dans sa Deuche, telle une charrette fantôme, est aux aguets. Angoisse...

Lors de la présentation au festival d'Édimbourg, on dit que 7 membres du jury ont tourné de l'œil lors de l'opération du visage. Ce qui fit dire à Franju qu'il comprenait maintenant pourquoi les Écossais portaient des jupes.

Un passage autour de la 70ème minute (scènes à l'hôpital) qui se voulait peut-être un moment de tension dramatique produit, au contraire, une chute dans la progression dramatique ; pour la première fois, l'on s'ennuie. On se demande qui dort au gaz : le monteur ? le scénariste ? le réalisateur ?

Nostalgie :  la deux chevaux (la Deuche) d'Alida Valli. Auto unique en son genre : moteur de tondeuse à gazon, les portes avant qui s'ouvrent à l'envers, les fenêtres à panneaux, les chaises de jardin, une suspension de carrosse pour bébés mais elle a sa place, à jamais, dans l'histoire de l'automobile.

 Citroën 2CV AZLP 1958. Fin de la production en 1990 

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1960. Numéro 106. Gothique flamboyant par Michel Delahaye
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, le 18 mars 1992 à la télévision à Montréal.
Mon 299ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

23 mars 2023

298. Scott : Thelma & Louise

1001 films de Schneider : Thelma & Louise 


Film américain réalisé en 1991 par Ridley Scott
Avec Susan Sarandon, Geena Davis, Harvey Keitel, Michael Madsen, Brad Pitt

Deux femmes en rupture de leur vie monotone, sans avenir, dans une T-Bird décapotable 1966 sur les chemins qui les mènent de l'Arkansas à l'Arizona.
 
Un road-movie d'amitié féminine qui fait du bien à voir. Une première (en tous cas, pour moi) au cinéma : deux femmes en mode majeur et tous les hommes en mode mineur et pour la plupart en mode minable (heureusement, il y a Harvey Keitel pour sauver les mâles du naufrage). Amitié féminine qui, on n'en doute pas une seconde, s'est transformée en amour passion dans la séquence précédent le grand saut.

La Balade de Lucy Jordan, interprétée par Marianne Faithfull, marque le point de non-retour mais aussi le début des plus belles séquences géographiques. Thelma et Louise revisitent les paysages de John Wayne : les Arches, Monument Valley et le grand Canyon pour le saut final vers la liberté.

Si, un jour, vous circulez sur les routes de l'Arizona et que deux femmes un peu fofolles en décapotable vous doublent, tassez-vous sur le bord du chemin et souriez à la grâce que Thelma et Louise viennent de vous faire.

Pour ma part, j'ai circulé sur les grandes routes de l'Utah et de l'Arizona à l'été 2004. Je n'ai vu aucune filles en décapotable mais, de loin en loin, un Indien accroupi sous son poncho, sur le bord de la roue, proposant quelques babioles à vendre par une chaleur dépassant les 40C.

Brad Pitt, un James Dean réincarné en diable blond aux pectoraux d'enfer, fait une entrée tonitruante dans le monde du cinéma. 



Oscars 1992. Une statuette pour le scénario. Vingt ans plus tard, ce film aurait remporté au moins cinq statuettes. La société n'était tout simplement pas prête à voir ce film en 1991.

Lecture cinéphilique.
Dictionnaire chic du cinéma par Éric Neuhoff.
Éric Neuhoff aime Truffaut, Bergman et Jean-Louis Bory donc, je ne peux que trouver du plaisir à parcourir ce mélange de textes sur des films, des acteurs et des moments de cinéma jubilatoires

Visionné, la première fois, le 12 mars 1992 sur VHS à Montréal.
Mon 298ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

21 mars 2023

297. Cameron : Terminator 2 : Judgment Day

1001 films de Schneider :Terminator 2 : Judgment Day
Terminator 2 : Le jugement dernier


Film américain réalisé en 1991 par James Cameron
Avec Arnold Schwarzenegger, Linda Hamilton, Edward Furlong, Robert Patrick

Ciné-Pop Corn.
J'ai déjà donné pour Terminator 1. Pourquoi faut-il que je me tape le 2 ? 95 minutes de poursuite et de combat, 30 minutes d'histoire. Me fatigue. Oui, je sais, 1 110 902 personnes ont donné 8,6 sur 10 sur IMDB en date du 7 mars 2023. M'en fous. Les cyborgs peuvent bien s'entre-tuer et ce Retour vers le futur aux gros pieds peut bien en émouvoir des millions, je cherche mon cinéma ailleurs. Hasta la vista, Arnold et compagnie.

Juste pour me contredire : Le nouveau cyborg T-1000, une coche plus haute que le T-800 incarné par Arnold, est fait de métal liquide semblable à du mercure. Les formes époustouflantes qu'il prend vaut le visionnement du film à lui tout seul.

Oscars 1992. Quatre statuettes mineures : son, effets spéciaux (2), maquillage.

Lecture cinéphilique
L'impossible monsieur Cassavetes par Sophie Soligny
Une belle plongée au cœur de l'œuvre de Cassavetes. Ça ne se veut pas une biographie exhaustive. Seulement quelques éléments biographiques essentiels mais surtout une description et une analyse de chacun de ses 11 films. Pour les passionnés de Cassavetes qui, comme moi, n'ont pas le courage de se lancer dans la brique de Ray Carney, Cassavetes vs Cassavetes.

Visionné, la première fois, le 24 janvier 1992 sur VHS à Montréal.
Mon 297ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

08 mars 2023

296. Vigo : L'Atalante

1001 films de Schneider : L'Atalante

Film français réalisé en 1934 par Jean Vigo
Avec Dita Parlo (Juliette), Michel Simon,(le père Jules), Jean Dasté
À la photo, Boris Kaufman, le frère de Dziga Vertov.
Scénario de Jean Guinée, de son vrai nom Roger de Guichen, l'auteur d'un seul livre, L'Atalante, du nom de la frégate sur laquelle un de ses ancêtres a traversé l'Atlantique pour se joindre aux troupes de Lafayette dans la guerre d'indépendance américaine.

L'Atalante ou Les amants de la Seine (titre que j'ai piqué ailleurs). L'autre titre, Le chaland qui passe, est une chanson de Lys Gauty qu'on intègre à la partition de Maurice Jaubert.

L'Atalante, l'unique long métrage de Jean Vigo mort à 29 ans, un mois avant sa distribution en salle. Son moyen métrage, Zéro de conduite, le classait déjà parmi les meilleurs réalisateurs de son époque. Vigo, 25 ans auparavant, préfigure la Nouvelle Vague.

L'Atalante, c'est d'abord une merveille esthétique. Oublions l'histoire (simple) et les dialogues (peu intéressants), tout Atalante est d'abord dans le traitement de l'image. Beaucoup de prises de vue inédites, par exemple des acteurs qui entrent carrément dans la caméra, des contreplongées vertigineuses. Mais surtout des images inoubliables comme celle de Juliette, marchant sur la péniche, tel un fantôme.


Une femme, deux hommes, dix chats, une péniche et une histoire d'amour.

Une histoire d'amour simple : on se marie, la femme s'ennuie, la femme fugue puis l'on se retrouve dans une belle scène d'amour. 

Mais entre les deux amoureux, il y a le père Jules, interprété par l'immense Michel Simon. Un personnage comme un chien dans un jeu de quilles. D'où vient cet énergumène qui casse toutes les conventions ? Sa cabine, à bord de la péniche, un vrai capharnaüm, est une porte ouverte sur le monde. Un monde que le père Jules fait miroiter à Juliette qui en sort toute chamboulée. Quitter la péniche et courir Paris deviennent alors une nécessité pour Juliette jusqu'à ce que le père Jules la trouve et la ramène à la péniche afin de reprendre l'histoire d'amour où elle l'avait laissée.

Lecture cinéphilique
Jean Vigo. Un cinéma singulier par Pierre Lherminier
La première moitié de cet essai est consacrée à la vie très courte (34 ans) du père de Jean Vigo (vie très courte aussi, 29 ans) : Eugène Bonaventure Vigo mieux connu sous son d'anarchiste, Miguel Almereyda. Et surtout, ne continuez pas à propager l'idée qu'il a choisi ce nom parce que c'était l'anagramme de Y a la merde ! Il n'en fut rien. 
La deuxième moitié : biographie et description de la réalisation des 4 œuvres de Vigo : À propos de Nice (CM), La natation par Jean Taris (CM), Zéro de conduite (MM) et L'Atalante (LM).

Critique. Cahiers du Cinéma. Aout 1955. Numéro 50. La mort de Jean Vigo par P.E. Sales Gomes
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Auto-édition du premier tome (films 1 à 100) du Parcours d'un cinéphile.

Visionné, la première fois, le 7 janvier 1992 à la télévision à Montréal.
Mon 296ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

02 mars 2023

295. Demme : The Silence of the Lambs

1001 films de Schneider : The Silence of the Lambs
Le silence des agneaux


Film américain réalisé en 1991 par Jonathan Demme
Avec Jodie Foster (Starling), Anthony Hopkins  (Hannibal Lecter), Scott Glenn (Crawford), Anthony Heald, Ted Levine

On a beaucoup de sympathie pour l'agent Starling mais son enquête ne fait pas le poids face à l'histoire d'Hannibal Lecter. Un personnage et un acteur, Anthony Hopkins, qu'on ne voit qu'une fois par décennie. Alors le dépeceur transsexuel, malgré toute l'horreur qu'il traine dans son sillage, on s'en balance un peu. On veut du Hannibal et du Hopkins et on en aura.

Après Silence of the Lambs, on retrouvera Hannibal Lecter dans Hannibal (2001) de Ridley Scott,  dans Red Dragon (2002) de Brett Ratner et dans Hannibal Rising (2007) de Peter Webber.

Seule parmi les hommes. L'agent Starling est bien seule dans ce monde d'hommes qui, sauf son patron paternaliste, ne ratent aucune occasion de lui faire jouer son rôle de femelle à prendre : la Belle et les Bêtes...

Un seul homme, à part la figure paternelle de son supérieur Crawford, est digne d'intérêt ; le monstrueux psychopathe Hannibal Lecter qui semble être tombé amoureux ou éprouver des sentiments pervers (choix cornélien, je choisis le premier) pour Starling.

Voici le visage de votre prochain amoureux. Frissons garantis.

Dans les répliques célèbres, on n'oubliera jamais : " Un agent du recensement est passé à la maison. J'ai mangé son foie avec des haricots au beurre et une bouteille de chianti. "

Le gadget du montage parallèle à la fin du film nous rappelle les belles années du cinéma muet. Ça tombe à plat parce que le montage émotionnel n'est pas au même niveau.

On parle de profilage dans ce film, 
Pour resserrer le maillage des liens afin d'attraper le tueur en série Buffalo Bill, on utilise la technique de profilage basé sur un outil statistique qu'on appelle la théorie des probabilités.

L'agent Starling dit que le tueur responsable de cette série de meurtres est probablement un homme blanc (parce qu'on tue habituellement dans son groupe ethnique), âgé entre 30 et 40. Toutes les enquêtes criminelles qui veulent atteindre un taux élevé de réussite utilise cette technique de profilage. Malheureusement, dans notre monde chagrin, le mot profilage est banni parce qu'on y accole toujours le qualificatif de racial. 

Soyons un peu cynique. Comment se sortir de ce dilemme (efficacité vs image de racisme). En sous-main, on continue de faire les enquêtes en utilisant les techniques du profilage (probabilités) et on développe , en parallèle, un super programme de communications qui nie cette pratique pour faire face aux médias. Tout les monde est content : les criminels sont arrêtés et la communauté est heureuse d'avoir fait disparaître ce comportement tellement disgracieux,

Visionné, la première fois, le 7 novembre 1991 sur VHS à Montréal
Bienvenue dans le monde du cinéma à Sandrine 
Mon 295ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

20 février 2023

294. Renoir : La grande illusion

1001 films de Schneider : La grande illusion

Film français réalisé en 1937 par Jean Renoir
Jean Gabin, Dita Parlo, Pierre Fresnay, Erich von Stroheim, Marcel Dalio, Julien Carette, 

1937. 
Le Front populaire est au pouvoir. Les classes sociales sont-elles finalement abolies ?
Les bottes du nazisme piétinent d'impatience pour venger la défaite de 14-18. Mais les Français, et bien d'autres, détournent la tête.

Au beau mitan de cette période équivoque, Renoir réalise un grand film humaniste, pacifiste et transnational. "Les frontières, c'est une invention des hommes. La nature, elle s'en fout." (Rosenthal-Dalio)

Alors, oui, un film d'espoir mais bâti sur des illusions. 
1. Des prisonniers pensent que la guerre finira bientôt (on est en 1914!) 
2. On pense que ce sera la der des der
3. L'amitié judéo-britanno-russo-franco-allemande transcende la guerre. On est presqu'heureux dans ce camp de prisonniers. On est souvent à la fête. Imaginez, même Erich von Stroheim, qui a toujours incarné les Allemands les plus honnis, est un directeur de camp sympathique.
En 1945, suite à la découverte des camps de la mort, la gauche et les résistants ne pardonneront pas à Renoir de nous avoir présenté ce camp de prisonniers.

4. Mais la plus grande des illusions c'est ce camp de prisonniers qui est une oasis, un mirage qui nous cache le plus grand carnage guerrier de l'histoire. 

Ce film, à sa sortie, devint un événement politique. Les foules accoururent pour voir ce film anti-guerre qui semait l'espoir. Mais le gouvernement d'Hitler interdit illico la diffusion de ce film dans lequel Allemands et Français fraternisaient. (Je pense au film Joyeux Noel de Christian Carion). De l'autre côté de l'Atlantique, Franklin Roosevelt défendit le film en disant que tout démocrate devait le voir.  

Love Story : La relation entre Rauffenstein-Von Stroheim et Boieldieu-Fresnay  est exagérément pathétique. La scène de la mort de Boieldieu nous plonge en plein mélodrame.  Renoir transpose-t-il une expérience vécue lors de la première guerre ?

Séquence émouvante : Les prisonniers ébahis et silencieux à l'apparition d'un de leur co-détenu déguisé en femme. 

Censure : Le baiser de Jean Gabin et de Dita Parlo (la sonorité de ce nom me remue à chaque fois) ne retrouvera sa place que dans la nouvelle version de 1958.

Chemin de traverse
La grande illusion de quelques millions de Québécois : L'élection du Parti Québécois en novembre 1976 qui devait mener le Québec à l'indépendance. Cinquante sept ans plus tard, le Québec attend toujours pour obtenir un siège à l'ONU entre le Qatar et la République arabe syrienne.
Le Canadien-français est une ethnie en voie de disparition sous le regard indifférent de la communauté internationale. Seul un Québec souverain pourrait empêcher cette disparition.

Critique. Cahiers du Cinéma. Novembre 1958. Numéro 89. Où est la liberté ? par Claude Beylie. 
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Venise 1937. La meilleure contribution artistique

Visionné, la première fois, le 7 février 1991, à la télévision à Montréal.
Mon 294ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider


19 février 2023

293. Marshall : Pretty Woman

1001 films de Schneider : Pretty Woman
Une jolie femme



Film américain réalisé en 1990 par Garry Marshall
Avec Julia Roberts, Richard Gere, Ralph Bellamy, Jason Alexander, Laura San Giacomo

Dans la mythologie grecque, Pygmalion, c'est ce sculpteur chypriote, voué au célibat, qui sculpte une femme, Galatée, dont il tombe amoureux. 

Transposé dans notre monde, c'est l'homme riche ou intellectuel qui  tombe amoureux d'une jeune femme pauvre économiquement ou culturellement et dont la tâche est de l'élever à son niveau.

George Bernard Shaw a traité de ce thème dans sa pièce de théâtre, Pygmalion, créée en 1912. Le propos est une gageure prise entre deux gentleman sur la capacité de faire une lady d'une pauvre vendeuse de fleurs.

Depuis Shaw, une pléthore de Pygmalion au cinéma et dans les séries télévisées. Arrêtez de rabacher ce sujet, la cour est pleine.

On regarde cette comédie romantique et on ne peut pas faire abstraction que le raz-de-marée MeToo est passé depuis et que les relations hommes-femmes ont subi une sacrée mise à jour. Alors les acoquinements prostituée-homme d'affaires n'ont plus tout à fait la cote, si on peut dire. 

Pour plonger dans le monde du métier d'une escorte (mot doux pour prostituée), lire Putain de Nelly Arcand. 

Alors que reste-t-il de ce film qui a eu de beaux jours au box-office à notre époque où regarder une femme un peu pesamment peut vous apporter votre lot de subpoenas. Évidemment, j'exagère...Faire du Ricky Gervais est encore possible, j'ose espérer.

Une comédie romantique parsemée de clichés gros comme l'enseigne d'Hollywood : la prostituée au cœur d'or, champagne et fraises, la baignoire pleine de mousse sous laquelle se cache une jeune femme, le snobisme de Beverly Hill, l'homme d'affaires véreux qui se convertit, une fin en conte de fée. 

Malheureusement, la fin en conte de fée nous empêchera de voir Pretty Woman II :  Vivien Goes to College 

J'ai aimé la séquence à l'opéra où l'on présente La Traviata. Évidemment, Vivian  (Roberts) et Violetta sont deux âmes sœurs. 

Gere : Je t'offre un appartement, une auto et un budget, c'est quand même mieux que faire le trottoir sur Hollywood Boulevard
Roberts : Ce n'est qu'un point de vue de géographie.

Édition
Depuis un mois, préparation de l'auto-édition du premier tome de Parcours d'un cinéphile, constitué des 100 premières entrées publiées entre le 10 janvier 2007 et le 5 octobre 2008. Toutes les entrées ont été remises à jour en février 2023.

Lecture cinéphilique
Ingmar Bergman. Carnets 1955-2001
J'aurais voulu que ces 1055 pages fussent son journal intime. Mais il n'en est rien, à l'exception de trop rares passages. Il s'agit, en fait, du développement des scénarios de plusieurs de ses films et de productions qui ne verront pas le jour.
Cette phrase, quand même : " Si je pouvais former un souhait, ce serait le suivant : laissez-moi écrire, filmer, mettre en scène des pièces tant que j'en ai la force et délivrez-moi de toutes mes possessions '' (février 1976)
Et pour me faire plaisir : '' Lorsque je vois des histoires de rêves dans les livres, je saute toujours le passage, car cela me semble sans intérêt. '' (8 aout 1974)

Visionné, la première fois, le 1er décembre 1990, sur VHS à Montréal
Mon 293ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

11 février 2023

292. Lynch : Blue Velvet

1001 films de Schneider : Blue Velvet


Film américain  réalisé en 1986 par David Lynch
Avec Isabella Rossellini, Kyle MacLachlan (Jeffrey) , Dennis Hoper, Laura Dern (Sandy), Hope Lange, Dean Stockwell, George Dickerson

Les deux premières minutes : une petite merveille qui est un clin d'œil à Hitchcock Comme Hitchcock dans Psycho, il nous plonge dans un drame qu'il abandonne illico pour partir en direction d'un autre drame, autrement plus crapuleux. On pense à Psycho.

Pastiche d'un film noir dans lequel Tintin (Jeffrey)  et Milou (Sandy) se seraient invités.

Certains ont dit que la scène de viol était l'équivalent de l'horreur pour les années 1980 de la scène de la douche de Psycho le fut pour les années 1960.

J'ai été assez surpris de voir Isabella Rossellini se prêter à de telles scènes de nudité et de violences sexuelles. Il faut admirer la capacité de persuasion de Lynch pour avoir réussi à lui faire interpréter un tel rôle hors-norme dans le cinéma américain. Isabella Rossellini ''My most personally frightening work''. C'est la performance de Marylin Monroe dans Some Like It Hot qui lui a donné le courage de faire ce film.

En regardant ce film, on voit déjà les prémisses de sa série Twin Peaks (30 épisodes en 1990-1991) qui annoncera une nouvelle ère de la série télévisée. Merveilleuse série qui, malheureusement, dans les derniers épisodes, s'empêtre les guibolles dans un salmigondis d'onirisme et d'ésotérisme. 

Dennis Hopper, un des inoubliables psychopathes du grand écran, le frère jumeau de Gary Oldman dans Léon (avec Jean Reno et Natalie Portman). À côté d'eux, Jack Torrance de Shining a l'air d'un animateur de pastorale.

Blue Velvet. The Lost Footage sur YouTube

Musique
La chanson thème Blue Velvet est un standard du début des années 1950.
La trame sonore est d'Angelo Badalamenti, compositeur de la fameuse trame sonore de Twin Peaks. Julee Cruise interpète des chansons de Badalamenti et de Lynch dans son album Floating Into the Night : envoûtant.

Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1987

Visionné, la première fois, le 27 octobre 1990, sur VHS à Montréal
Ce jour, décès de Jacques Demy à 59 ans et d'Ugo Tognazzi à 68 ans.
Mon 292ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

07 février 2023

291. Almodovar : Femmes au bord de la crise de nerfs

1001 films de Schneider : Femmes au bord de la crise de nerfs


Film espagnol réalisé en 1988 par Pedro Almodovar
Avec Carmen Maura, Maria Barranco, Rossy de Palma, Julieta Serrano, Antonio Banderas

Finalement, de l'excellent vaudeville.... mais du vaudeville, quand même : mélodrame et comédie. Le burlesque s'invite aussi. 

Le vaudeville qui a fait (qui fait encore ?) les beaux jours des théâtres d'été au Québec. Parce que l'été, ce sont les vacances et ce n'est surtout le temps de se casser la tête avec du théâtre plus exigeant. Imaginez Huis-clos de Sartre présenté au Théâtre des Cigales ! Bide total au niveau de l'assistance. Parallèle à faire avec les lectures de vacances au bord de la mer : du Musso mais pas du Houellebecq.

Je déteste le vaudeville ou qu'on appelle aussi le théâtre de boulevard, alors je me sens terriblement en porte-à-faux avec cette pléthore de critiques dithyrambiques. 

Cet Almodovar, c'est du Feydeau qui aurait abusé de psychotropes : grand spectacle garanti.

Amoldovar a dit s'inspirer de La Voix humaine de Cocteau. Faire un vaudeville de cette œuvre dramatique, non on ne peut pas aller là.

Une formidable prestation de Carmen Saura en personnage hystérique au bord de la crise de nerfs. 

Titre et affiche du film rendent compte à la perfection de ce que nous allons voir.

Mais ce qui me reste du film, c'est Rossy de Palma, au visage échappée d'une toile de Modigliani, qui passe une grande partie du film, endormie. 
 
Yeux bleus (portrait de Madame Jeanne Hébuterne) (1917)

Jeanne Hébuterne, peintre et modèle, amante de Modigliani, s'est suicidée le lendemain de la mort de celui-ci. Elle avait 21 ans. (1920)

Venise 1988. Prix pour le scénario et pour la meilleure actrice à Carmen Maura

Lecture cinéphilique.
Je commence l'énorme ouvrage Cassavetes par Cassavetes par Ray Carney. Lecture en vue de ma prochaine intégrale d'un cinéaste avec mon copain Jean-Pierre : Cassavetes. Nous venons de terminer l'œuvre complète de Bergman (43 films).

Visionné, la première fois, le 27 juillet 1990, sur VHS, à Montréal
Mon 291ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider