18 avril 2022

265. Stevens : Giant

1001 films de Schneider : Giant


Quelle horreur que cette affiche allemande, totalement hors-sujet. Le machismo à son sommet.

Film américain réalisé en 1956 par George Stevens
Avec Elizabeth Taylor (Leslie Benedict), Rock Hudson (Bick Benedict), James Dean (Jeff Rink), Carroll Baker (Luz Benedict), Dennis Hopper, (Jordan Benedict). Fran Bennett
Adapté du roman éponyme d'Edna Ferber.

En gros, le vieux Texas de l'élevage extensif contre le nouveau Texas de l'exploitation pétrolière. Les grandes familles traditionnelles qui se relèguent l'exploitation de génération en génération contre les nouveaux riches arrogants du pétrole qui vont s'imposer sur les scènes sociale et politique.

 

James Dean en nouveau riche du pétrole devant la maison (mansion) de l'éleveur traditionnel

Jeff Rink, dont les initiales J.R. nous envoient directement chez la famille Ewing de la série Dallas dont le plus détestable membre était connu sous le nom de J.R., au cœur de la compagnie Ewing Oil.

Ce film, c'est un peu pour le Texas ce que Gone With the Wind fut pour la Georgie, le racisme contre les Noirs étant remplacé par le racisme contre les Latinos qu'on appelle péjorativement les wetbacks (référence au mode illégal de passage de la frontière américaine en traversant le Rio Grande).

Incongruence : Leslie Benedict qui défend les Latinos du Texas, fortement discriminés, alors qu'elle vient d'une riche famille du Maryland qui a des serviteurs Noirs.

À travers mes lectures de mes vieux Cahiers du Cinéma, ceci de Louis Marcorelles : Giant laisse loin derrière lui tous les balbutiements des films antiracistes tournés précédemment à Hollywood. Il honore l'homme Stevens. 

TROISIÈME ET DERNIER FILM DE JAMES DEAN

Il décédera dans un accident d'automobile deux semaines après la conclusion du tournage. Il ne verra jamais le film.

La prestation de James Dean est remarquable, ce qui ne fait que souligner la faible performance de Rock Hudson lorsque les deux sont confrontés.

La plus belle prestation de Dean : la scène durant laquelle Jeff Rink refuse qu'on lui rachète le petit bout de terrain que la sœur Bick Benedict lui a laissé en héritage. 

Lecture cinéphilique. Le Paris de François Truffaut par Philippe Lombard. 
Un Paris disparu. Symbolisé par la démolition du Gaumont Palace, le plus grand cinéma du monde avec ses 6000 places, en avril 1973 à peu près au même moment où l'on démolissait les Halles.

Gaumont Palace, place de Clichy

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1957. Numéro 70. Loin de Griffith par Éric Rohmer
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1957. Une statuette pour la réalisation. 

Visionné, la première fois, le 28 avril 1989 à la télévision à Montréal
Mon 265ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

Mis à jour le 27 avril 2023


15 avril 2022

264. Minnelli : Gigi

1001 films de Schneider : Gigi


Film américain réalisé en 1958 par Vincente Minnelli
Ave Leslie Caron, Maurice Chevalier, Louis Jourdan, Hermione Gingold, Eva Gabor, Jacques Bergerac.
Adaptation du roman Gigi de Colette.

Comment ai-je fait pour passer deux heures à ingurgiter cette immense pâtisserie dont le scénario est d'une incomparable niaiserie.

Oscar du meilleur film. Meilleur que Vertigo ? (en nomination seulement pour la direction artistique et le son) Meilleur que Touch of Evil ?

D'accord, un banquet pour les yeux, mais un banquet indigeste. Les décors, surchargés, hyper-colorés sont un sommet de kitsch. 



Hollywood sort rarement de ses studios, ici on fait exception. Le plus grand intérêt du film, c'est Paris revampée 1900.

À 70 ans, Maurice Chevalier nous fait son éternel numéro de vieux beau. Il nous pousse une chansonnette douteuse, Thank Heaven for Little Girls, pépinière pour la prochaine génération de dragueurs. Ce qui explique que ce film est, à tort, accusé de pédophilie.  

Je suis un amateur de comédies musicales mais je ne réussis pas à trouver de qualités à celle-ci : la composition musicale est minimaliste, aucun numéro de danse alors qu'on avait une danseuse de ballet classique en Leslie Caron.

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1959. Numéro 94. Un Art du mensonge par Louis Marcorelles.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1959. Neuf statuettes ??? : Film, réalisation, scénario, caméra, direction artistique, montage, costumes, musique et chanson.

Visionné, la première fois, le 18 avril 1989 à la télévision à Montréal
Mon 264ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider

Mis à jour le 27 avril 2023

11 avril 2022

263. Pollack : Out of Africa

1001 films de Schneider : Out of Africa
Souvenirs d'Afrique


Film américain réalisé en 1985 par Sydney Pollack
Avec Meryl Streep, Robert Redford, Klaus Maria Brandauer, Michael Kitchen
D'après une œuvre autobiographique de Karen Blixen, qui avait emprunté le nom de Isak Denisen pour sa publication en 1934. Y ajouter des parties de la biographie de Blixen écrite par Judith Thurman.

Une fois n'est pas coutume, le titre français correspond mieux au contenu du film.

Souvenirs d'Afrique : en effet, ce film a l'allure d'une grande carte postale qui nous arrive d'une époque révolue où l'Afrique était une grande machine à produire du rêve exotique.

L'histoire, par ailleurs véridique, nous semble un grand prétexte pour nous présenter un cinérama de beaux paysages et de la plus belle faune terrestre. C'était la belle époque (entre guillemets...) du colonialisme bon teint où les autochtones jouaient le rôle de figurants agréables et bon enfant.

On peut être sûr d'une chose. Le Kenya n'était pas cette caricature à l'époque de la Grande guerre, l'ajout de quelques Massaï n'y changeant rien.

Scène burlesque :  Robert Redford lavant les cheveux de Meryl Streep avec le Kilimandjaro en arrière-plan.

Sent-on dans ce film les premiers éléments de la naissance d'une certaine forme de nationalisme ? Difficile à trouver. 

Notre sensibilité face aux extinctions animales a évolué. Dans une des premières scènes, on voit le personnage joué par Redford débarquer d'un wagon ferroviaire une caisse contenant de grandes défenses d'éléphant. Cette image ne passe plus, de nos jours, sans un haut-le-coeur.

Oscars 1986. Sept statuettes : film, réalisation, scénario, caméra, direction artistique, son et musique. Il est difficile d'imaginer que ce film ait été en nomination pour 11 Oscars et qu'il en ait remporté sept, dont celui de meilleur film. Meryl Streep y obtient sa 6ème nomination en route pour 21, un record de tous les temps. 


Visionné, la première fois, le 1er avril 1989 à la télévision à Montréal
Mon 263ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 27 avril 2023



10 avril 2022

262. Nichols : Who's Afraid of Virginia Woolf ?

1001 films de Schneider : Who's Afraid of Virginia Woolf?
Qui a peur de Virginia Woolf ?


Film américain réalisé en 1966 par Mike Nichols
Adaptation de la pièce d'Edward Albee créée en 1962
Avec Elizabeth Taylor, Richard Burton, George Segal, Sandy Dennis

Ce film : La Mère de toutes les chicanes conjugales. 
Votre dernière confrontation avec votre conjoint-e vous apparaîtra comme une promenade au parc à côté de l'ouragan Taylor-Burton. Taylor, une prestation époustouflante - un maelstrom. 

Pour vous mettre dans l'ambiance : 
George : You're a monster
Martha : I'm loud. I'm vulgar but I am not a monster. 

Cette descente dans les bas-fonds du couple est suivie d'une remontée réparatrice à la fin de la nuit infernale. Mais l'aube ne nous annonce pas la fin de ce scénario. On n'est pas naïf, on sait bien que ce conflit conjugal a encore de beaux jours devant lui. Même si 100% des critiques me contrediraient, j'aime imaginer que c'est peut-être pour cela que Martha (Taylor), dans une dernière réplique, dit qu'elle a peur de Virginia Woolf, jeu de mots pour Méchant Loup. 

Le couple, invité à être spectateur de cette magistrale entreprise de démolition d'un couple, voyait se dérouler devant lui ce qui l'attendait possiblement dans quelques années. 

Le titre est une transposition de la comptine Who's Afraid of the Big Bad Woolf? tiré du film Three Little Pigs de Dysney (1933) 

Après le mot END : Exit Music. C'était une pratique coutumière dans les années 50 d'accompagner les spectateurs vers l'extérieur de la salle avec une musique d'ambiance. À cette époque les crédits étant au début du film, il n'y avait pas de passage en douceur entre l'ambiance du film et la réalité extérieure. 

De nos jours, les crédits sont à la fin du film. Très peu de spectateurs profitent du moment des crédits (qui peuvent durer des plombes, j'avoue) pour temporiser le choc entre la réalité filmique et la vie réelle. Pourtant, je trouve essentiel ce moment qui permet de continuer à vivre dans le film et qui, comme dans un sas, nous permet de revenir lentement à la vie. Je suis toujours le dernier à sortir de la salle.

Les producteurs, quelquefois, pour récompenser des gens comme moi, ajoutent à la toute fin des crédits quelques extras dont je suis le seul, avec ma fille que j'ai convertie à cette pratique, à profiter. 

Pour Virginia Woolf, deux choses :
Film : The Hours réalisé par Stephen Daldry en 2002. Adaptation du roman Mrs Dalloway.
Littérature : Une Chambre à soi.

Oscars 1967. Cinq statuettes : actrice à Elisabeth Taylor, actrice de soutien à Sandy Dennis, caméra, direction artistique, costumes

Visionné, la première fois, le 28 mars 1989 à la télévision à Montréal
Mon 262ème film de la liste des 1000 films du livre de Schneider
Mis à jour le 25 avril 2023

06 avril 2022

261. Fleming : The Wizard of Oz

1001 films de Schneider : The Wizard of Oz
Le magicien d'Oz


Film américain réalisé en 1939 par Victor Fleming.
Sans être mentionnés au générique, cinq autres réalisateurs ont contribué : George Cukor, Mervyn LeRoy, Norman Taurog, Richard Thorpe et King Vidor.
Avec Judy Garland, Frank Morgan, Ray Bolger, Bert Lahr, Jack Haley, Billy Burke, Margaret Hamilton.

La Grosse Machine Hollywoodienne en action. Vingt-deux personnes ont écrit le scénario et les dialogues. Une de celles-ci fut Herman Mankiewicz (celui qui est le sujet du film Mank), célèbre pour avoir rédigé le scénario de Citizen Kane, dont on a attribué, erronément, toute la réussite à Orson Welles.

C'était un livre tout simple à l'origine. The Wonderful World of Oz écrit par L. Frank Baum et publié en 1900. Un livre pour enfants avec un succès équivalent à Harry Potter. Ce livre fut suivi par 14 autres publications jusqu'en 1920.


Une belle prouesse cinématographique : la première partie dans la réalité du Kansas de 1930 en sépia suivie de la partie fantastique en technicolor, récemment inventé.

Je vous ne cacherai pas que j'ai préféré la première partie de ce Kansas de l'époque du Dust Bowl avec ses fermes en déshérence, ses terres agricoles partant en poussière et la tornade, comme le doigt de Dieu descendant sur la Terre, toujours prête à laminer un coin de pays. Le Kansas, au 6ème rang des États pour la fréquence des tornades.

Wizard of Oz, film d'horreur. Film d'horreur derrière la caméra.
Maltraitance de Judy Garland depuis qu'elle a signé avec MGM un contrat de 7 ans à l'âge de 13 ans. Louis Mayer, trouvant que Judy avait trop de graisse de bébé, développa un programme de nutrition qui l'affamait en plus de lui fournir des médicaments pour lui faire perdre du poids : amphétamine, benzédrine, etc. Elle développera une dépendance aux narcotiques qu'elle ne pourra jamais réussir à se débarrasser et qui a causé sa mort précoce à l'âge de 47 ans.

Tin Man : le premier titulaire du rôle, Buddy Edsen, a du quitter la production à cause d'une maladie respiratoire causée par la poudre d'aluminium utilisée comme maquillage. Ses poumons étaient tapissés d'aluminium.
Pour son remplaçant, Jack Haley, on a plutôt utilisé de la pâte d'aluminium avec des problèmes médicaux semblables à ceux de son prédécesseur.

Over the Rainbow. Aucun concert sans cette chanson durant toute sa carrière

Deux Wizard of Oz qui méritent un coup d'œil :
Wizard of Oz réalisé par Larry Semon en 1925. Présence d'Oliver Hardy en Tin Man.
Journey Back to Oz, dessin animé réalisé par Hal Sutherland en 1974 avec Liza Minnelli, fille de Judy Garland, qui donne sa voix à Dorothy.

Oscars 1940. Deux statuettes : musique et chanson

Visionné, la première fois, le 22 mars 1989 à la télévision à Montréal
Mon 261ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider.
Mise à jour le 23 avril 2023