29 mars 2023

300. Caro et Jeunet : Delicatessen

1001 films de Schneider : Delicatessen


Film français réalisé en 1991 par Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet
Avec Pascal Benezech, Dominique Pinon, Marie-Laure Dougnac, Jean-Claude Dreyfus, Karin Viard, Rufus, une présence surprenante de Howard Vernon et le grand champion des rôles de figurant, Dominique Zardi, en conducteur de taxi.

Je ne pensais jamais que, pour un film, je pourrais mettre dans la même phrase les mots comédie et fin du monde. Pourtant, c'est bien l'originalité de cette œuvre hors-norme de nous présenter cette cour des miracles dans un parfum de fin de civilisation.

Un immeuble délabré au milieu de nulle part et une dizaine de locataires tous plus ou moins cinglés. Parmi cette horde, le personnage interprété par Dominique Pinon, un clown à la retraite, casse la baraque. Par ses trucs de magicien et ses bouffonneries, il apporte une humanité qu'on croyait disparue dans ce monde en ruine. 

Le rire tarde à venir tant on a la tête à l'apocalypse mais il vient un moment où on est complètement submergé par l'amoncellement de scènes loufoques et là, bien, on commence à rire, soulagé d'échapper à la fin du monde.

Une belle séquence : le duo violoncelle (Marie-Laure Dougnac)-scie musicale (Dominique Pinon)..

Une séquence d'anthologie : la salle de bain transformée en bombe à eau. 

Il est difficile de croire que c'est ce même réalisateur (Jeunet) qui a réalisé Le fabuleux destin d'Amélie Poulain.

Critique. Cahiers du Cinéma. Juillet 1991. Numéro 446. Par Frédéric Strauss. '' le film est entièrement construit en montage parallèle mais cela ne suffit pas à masquer sa vraie nature : une compilation de courts métrages mis bout à bout. ''

Césars 1992. Première œuvre, scénario, décor et montage

Visionné, la première fois, le 20 avril 1992 en VHS à Montréal.
Mon 300ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 8 juin 2023

24 mars 2023

299. Franju : Les yeux sans visage

1001 films de Schneider : Les yeux sans visage


Film français réalisé en 1959 par Georges Franju
Avec Alida Valli, Pierre Brasseur, Édith Scob, Juliette Mayniel, Béatrice Altariba, François Guérin, Alexandre Rignault, Claude brasseur.
Tiré de l'unique roman de Jean Redon, Les yeux sans visage, paru en 1959.

Film gothique

Le personnage de Christiane Génissier, interprétée par Édith Scob est devenu une icône indétrônable des films d'épouvante. Vous n'oublierez jamais Édith Scob, frêle beauté évanescente, avec ou sans masque.

L'horreur est partout dans ce film. Seules quelques scènes de police stéréotypées nous permettent de retrouver une certaine quiétude.

L'horreur est présente dès la première séquence. Dans la deux-chevaux de Louise (Valli), un étrange personnage est camouflé sur le banc arrière. Le ton est donné. À partir de là, l'horreur ne fait que croitre jusqu'à la scène de l'enlèvement du visage de la pauvre Edna Gruber (Mayniel). Mais l'angoisse perdure, après cette sauvagerie, parce que l'on sait que la recherche de victimes est toujours à l'ordre du jour. Louise, dans sa Deuche, telle une charrette fantôme, est aux aguets. Angoisse...

Lors de la présentation au festival d'Édimbourg, on dit que 7 membres du jury ont tourné de l'œil lors de l'opération du visage. Ce qui fit dire à Franju qu'il comprenait maintenant pourquoi les Écossais portaient des jupes.

Un passage autour de la 70ème minute (scènes à l'hôpital) qui se voulait peut-être un moment de tension dramatique produit, au contraire, une chute dans la progression dramatique ; pour la première fois, l'on s'ennuie. On se demande qui dort au gaz : le monteur ? le scénariste ? le réalisateur ?

Nostalgie :  la deux chevaux (la Deuche) d'Alida Valli. Auto unique en son genre : moteur de tondeuse à gazon, les portes avant qui s'ouvrent à l'envers, les fenêtres à panneaux, les chaises de jardin, une suspension de carrosse pour bébés mais elle a sa place, à jamais, dans l'histoire de l'automobile.

 Citroën 2CV AZLP 1958. Fin de la production en 1990 

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1960. Numéro 106. Gothique flamboyant par Michel Delahaye
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, le 18 mars 1992 à la télévision à Montréal.
Mon 299ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

Mis à jour le 8 juin 2023

23 mars 2023

298. Scott : Thelma & Louise

1001 films de Schneider : Thelma & Louise 


Film américain réalisé en 1991 par Ridley Scott
Avec Susan Sarandon, Geena Davis, Harvey Keitel, Michael Madsen, Brad Pitt

Deux femmes en rupture de leur vie monotone, sans avenir, dans une T-Bird décapotable 1966 sur les chemins qui les mènent de l'Arkansas à l'Arizona.
 
Un road-movie d'amitié féminine qui fait du bien à voir. Une première (en tous cas, pour moi) au cinéma : deux femmes en mode majeur et tous les hommes en mode mineur et pour la plupart en mode minable (heureusement, il y a Harvey Keitel pour sauver les mâles du naufrage). Amitié féminine qui, on n'en doute pas une seconde, s'est transformée en amour passion dans la séquence précédent le grand saut.

La Balade de Lucy Jordan, interprétée par Marianne Faithfull, marque le point de non-retour mais aussi le début des plus belles séquences géographiques. Thelma et Louise revisitent les paysages de John Wayne : les Arches, Monument Valley et le grand Canyon pour le saut final vers la liberté.

Si, un jour, vous circulez sur les routes de l'Arizona et que deux femmes un peu fofolles en décapotable vous doublent, écartez-vous sur le bord du chemin et souriez à la grâce que Thelma et Louise viennent de vous faire.

Pour ma part, j'ai circulé sur les grandes routes de l'Utah et de l'Arizona à l'été 2004. Je n'ai vu aucunes filles en décapotable mais, de loin en loin, un Indien accroupi sous son poncho, sur le bord de la roue, proposant quelques babioles à vendre par une chaleur dépassant les 40C.

Brad Pitt, un James Dean réincarné en diable blond aux pectoraux d'enfer, fait une entrée tonitruante dans le monde du cinéma. 



Critique. Cahiers du Cinéma. Juin 1991. Numéro 445. Par Frédéric Strauss.

Oscars 1992. Une statuette pour le scénario. Vingt ans plus tard, ce film aurait remporté au moins cinq statuettes. La société n'était tout simplement pas prête à voir ce film en 1991.

Lecture cinéphilique.
Dictionnaire chic du cinéma par Éric Neuhoff.
Éric Neuhoff aime Truffaut, Bergman et Jean-Louis Bory donc, je ne peux que trouver du plaisir à parcourir ce mélange de textes sur des films, des acteurs et des moments de cinéma jubilatoires

Visionné, la première fois, le 12 mars 1992 sur VHS à Montréal.
Mon 298ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 8 juin 2023

21 mars 2023

297. Cameron : Terminator 2 : Judgment Day

1001 films de Schneider :Terminator 2 : Judgment Day
Terminator 2 : Le jugement dernier


Film américain réalisé en 1991 par James Cameron
Avec Arnold Schwarzenegger, Linda Hamilton, Edward Furlong, Robert Patrick

Ciné-Pop Corn.
J'ai déjà donné pour Terminator 1. Pourquoi faut-il que je me tape le 2 ? 95 minutes de poursuite et de combat, 30 minutes d'histoire. Me fatigue. Oui, je sais, 1 110 902 personnes ont donné 8,6 sur 10 sur IMDB en date du 7 mars 2023. M'en fous. Les cyborgs peuvent bien s'entre-tuer et ce Retour vers le futur aux gros pieds peut bien en émouvoir des millions, je cherche mon cinéma ailleurs. Hasta la vista, Arnold et compagnie.

Juste pour me contredire : Le nouveau cyborg T-1000, une coche plus haute que le T-800 incarné par Arnold, est fait de métal liquide semblable à du mercure. Les formes époustouflantes qu'il prend vaut le visionnement du film à lui tout seul.

Critique. Cahiers du Cinéma. Octobre 1991. Numéro 448. Par Laurence Giavarini.

Oscars 1992. Quatre statuettes mineures : son, effets spéciaux (2), maquillage.

Lecture cinéphilique
L'impossible monsieur Cassavetes par Sophie Soligny
Une belle plongée au cœur de l'œuvre de Cassavetes. Ça ne se veut pas une biographie exhaustive. Seulement quelques éléments biographiques essentiels mais surtout une description et une analyse de chacun de ses 11 films. Pour les passionnés de Cassavetes qui, comme moi, n'ont pas eu le courage de se lancer dans la brique de Ray Carney, Cassavetes vs Cassavetes.

Visionné, la première fois, le 24 janvier 1992 sur VHS à Montréal.
Mon 297ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 8 juin 2023

08 mars 2023

296. Vigo : L'Atalante

1001 films de Schneider : L'Atalante

Film français réalisé en 1934 par Jean Vigo
Avec Dita Parlo (Juliette), Michel Simon, (le père Jules), Jean Dasté
À la photo, Boris Kaufman, le frère de Dziga Vertov.
Scénario de Jean Guinée, de son vrai nom Roger de Guichen, l'auteur d'un seul livre, L'Atalante, du nom de la frégate sur laquelle un de ses ancêtres a traversé l'Atlantique pour se joindre aux troupes de Lafayette dans la guerre d'indépendance américaine.

L'Atalante ou Les amants de la Seine (titre que j'ai piqué ailleurs). L'autre titre, Le chaland qui passe, est une chanson de Lys Gauty qu'on intègre à la partition de Maurice Jaubert.

L'Atalante, l'unique long métrage de Jean Vigo mort à 29 ans, un mois avant sa distribution en salle. Son moyen métrage, Zéro de conduite, le classait déjà parmi les meilleurs réalisateurs de son époque. Vigo, 25 ans auparavant, préfigure la Nouvelle Vague.

L'Atalante, c'est d'abord une merveille esthétique. Oublions l'histoire (simple) et les dialogues (peu intéressants), tout Atalante est d'abord dans le traitement de l'image. Beaucoup de prises de vue inédites, par exemple des acteurs qui entrent carrément dans la caméra, des contreplongées vertigineuses. Mais surtout des images inoubliables comme celle de Juliette, marchant sur la péniche, tel un fantôme.


Une femme, deux hommes, dix chats, une péniche et une histoire d'amour.

Une histoire d'amour simple : on se marie, la femme s'ennuie, la femme fugue puis l'on se retrouve dans une belle scène d'amour. 

Mais entre les deux amoureux, il y a le père Jules, interprété par l'immense Michel Simon. Un personnage comme un chien dans un jeu de quilles. D'où vient cet énergumène qui casse toutes les conventions ? Sa cabine, à bord de la péniche, un vrai capharnaüm, est une porte ouverte sur le monde. Un monde que le père Jules fait miroiter à Juliette qui en sort toute chamboulée. Quitter la péniche et courir Paris deviennent alors une nécessité pour Juliette jusqu'à ce que le père Jules la trouve et la ramène à la péniche afin de reprendre l'histoire d'amour où elle l'avait laissée.

Critique. Cahiers du Cinéma. Aout 1955. Numéro 50. La mort de Jean Vigo par P.E. Sales Gomes
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Lecture cinéphilique
Jean Vigo. Un cinéma singulier par Pierre Lherminier
La première moitié de cet essai est consacrée à la vie très courte (34 ans) du père de Jean Vigo (vie très courte aussi, 29 ans) : Eugène Bonaventure Vigo mieux connu sous son d'anarchiste, Miguel Almereyda. Et surtout, ne continuez pas à propager l'idée qu'il a choisi ce nom parce que c'était l'anagramme de Y a la merde ! Il n'en fut rien. 
La deuxième moitié : biographie et description de la réalisation des 4 œuvres de Vigo : À propos de Nice (CM), La natation par Jean Taris (CM), Zéro de conduite (MM) et L'Atalante (LM).

Auto-édition du premier tome (films 1 à 100) du Parcours d'un cinéphile.

Visionné, la première fois, le 7 janvier 1992 à la télévision à Montréal.
Mon 296ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 8 juin 2023

02 mars 2023

295. Demme : The Silence of the Lambs

1001 films de Schneider : The Silence of the Lambs
Le silence des agneaux


Film américain réalisé en 1991 par Jonathan Demme
Avec Jodie Foster (Starling), Anthony Hopkins (Hannibal Lecter), Scott Glenn (Crawford), Anthony Heald, Ted Levine.
D'après le roman de Thomas Harris.

On a beaucoup de sympathie pour l'agent Starling mais son enquête ne fait pas le poids face à l'histoire d'Hannibal Lecter. Un personnage et un acteur, Anthony Hopkins, qu'on ne voit qu'une fois par décennie. Alors le dépeceur transsexuel, malgré toute l'horreur qu'il traine dans son sillage, on s'en balance un peu. On veut du Hannibal et du Hopkins et on en aura.

Après Silence of the Lambs, on retrouvera Hannibal Lecter dans Hannibal (2001) de Ridley Scott, dans Red Dragon (2002) de Brett Ratner et dans Hannibal Rising (2007) de Peter Webber.

Seule parmi les hommes. L'agent Starling est bien seule dans ce monde d'hommes qui, sauf son patron, ne ratent aucune occasion de lui faire jouer son rôle de femelle à prendre : la Belle et les Bêtes...

Un seul homme, à part la figure paternelle de son supérieur Crawford, est digne d'intérêt ; le monstrueux psychopathe Hannibal Lecter qui semble être tombé amoureux ou éprouver des sentiments pervers (choix cornélien, je choisis le premier) pour Starling.

Voici le visage de votre prochain amoureux. Frissons garantis.

Dans les répliques célèbres, on n'oubliera jamais : " Un agent du recensement est passé à la maison. J'ai mangé son foie avec des haricots au beurre et une bouteille de chianti. "

Le gadget du montage parallèle à la fin du film nous rappelle les belles années du cinéma muet. Ça tombe à plat parce que le montage émotionnel n'est pas au même niveau.

On parle de profilage dans ce film, 
Pour resserrer le maillage des liens afin d'attraper le tueur en série Buffalo Bill, on utilise la technique de profilage basé sur un outil statistique qu'on appelle la théorie des probabilités.

L'agent Starling dit que le tueur responsable de cette série de meurtres est probablement un homme blanc (parce qu'on tue habituellement dans son groupe ethnique), âgé entre 30 et 40 ans. Toutes les enquêtes criminelles qui veulent atteindre un taux élevé de réussite utilise cette technique de profilage. Malheureusement, dans notre monde chagrin, le mot profilage est banni parce qu'on y accole toujours le qualificatif de racial. 

Soyons un peu cynique. Comment se sortir de ce dilemme (efficacité vs image de racisme). En sous-main, on continue de faire les enquêtes en utilisant les techniques du profilage (probabilités) et on développe, en parallèle, un super programme de communications qui nie cette pratique pour faire face aux médias. Tout le monde est content : les criminels sont arrêtés et la communauté est heureuse d'avoir fait disparaître ce comportement tellement disgracieux.

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1991. Numéro 442. La puritaine par Iannis Katsahnias. '' Clarice Starling jouée par Jodie Foster et filmée par Jonathan Demme est un film à elle toute seule. '' Une critique brûlante à lire absolument.

Visionné, la première fois, le 7 novembre 1991 sur VHS à Montréal
Bienvenue dans le monde du cinéma à Sandrine. C'était le 15 juin à 14h.02. 
Mon 295ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 8 juin 2023