28 décembre 2010

193. Imamura : La ballade de Narayama

1001 films de Schneider : La ballade de Narayama



Film japonais réalisé en 1983 par Shôhei Imamura
Avec Ken Ogata, Sumiko Sakamoto, Tonpei Hidari, Aki Takejô, Shoichi Ozawa

Ça commence par de beaux paysages de neige, parmi les plus beaux qui soient. Les conifères, les collines, les maisons dispersées dans la vallée, on se croirait presque dans le Québec du 19ème siècle. On a tourné le film dans la région de Nagano, une des régions les plus neigeuses de l'archipel japonais - vous vous souvenez peut-être des chutes de neige apocalyptiques pendant les jeux olympiques d'hiver de 1996. Choc brutal pour toute une population qui associe Asie avec été permanent et chaleur insupportable.

Toujours en amour avec ce film, vu il y a près de 30 ans.

Une meilleure compréhension cette fois-ci grâce aux surtitres anglais qui expliquent les termes japonais qu'on ne pourrait pas connaître autrement. Je pense à yakko - terme utilisé pour qualifier les garçons d'une famille qui ne sont pas les aînés et qui n'ont pas le droit de se marier et d'avoir d'enfants.  Une méthode pour limiter la croissance démographique dans certaines régions du Japon ancien.

D'autres méthodes pour temporiser la croissance démographique : enterrer les voisins qui ne respectent pas les règles de la tribu, euthanasier les vieux de plus de 70 ans - y a pas à dire, les Japonais ont une sacrée expertise en la matière. Pas surprenant qu'ils furent les premiers à utiliser l'avortement systématique comme méthode de contraception après la Seconde guerre mondiale.

Malgré ce qui précède, on assiste à un festival de la copulation; surtout du règne animal - impression, parfois, d'assister à un documentaire bien léché.

La dernière demi-heure du film est un grand moment de cinéma. Cette balade du fils qui porte sa mère sur ses épaules afin de la grimper au sommet du Narayama où elle ira mourir - tragédie mais aussi sérénité au diapason de la neige qui vient feutrer ce moment qui nous fait horreur.

Il existe, de ce film, une version antérieure, datant de 1958, Narayama bushiko de Keisuke Kinoshita que certains critiques trouvent meilleure que celle de Imamura. Truffaut en a fait une courte critique dans le numéro d'octobre 1958 (88) des Cahiers du Cinéma.

Critique. Cahiers du Cinéma. Juin/Juillet 1983. Numéros 348/349. Les cochons et les dieux par Charles Tesson. La colline de l'au-delà par Yann Lardeau

Cannes 1983. Palme d'or

Visionné, la première fois, le 27 décembre 1983 au cinéma de Ste-Foy à Québec
Mon 193ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 1er mai 2023

15 décembre 2010

192. Attenborough : Gandhi

1001 films de Schneider : Gandhi



Film américano-britannique réalisé en 1982 par Richard Attenborough
Avec Ben Kingsley, Candice Bergen, John Gielgud, Trevor Howard, John Mills, Martin Sheen et, pour la première fois au cinéma, Daniel-Day Lewis.

Je viens de voir pour la Xème fois Miracle on 34th Street, version 1994, film que nous regardons en famille à chaque Noël. Richard Attenborough y joue le Père Noël ; on pourrait  penser qu'on est à des années-lumière de son Gandhi. Mais, à y regarder de près, le personnage de Gandhi tel que présenté est tout aussi édulcoré que le bouffon à barbe blanche. Ouais, un peu tiré par les cheveux, si je puis dire, mais c'est quand même ce qui ressort de ce biopic univoque.

Agaçant : la lutte de Gandhi en Afrique du Sud contre la discrimination envers les Indiens fait l'impasse sur la situation des Noirs. Silence surprenant.

Mais ce qui est encore pire c'est de voir ce jeune avocat s'insurger contre cette situation intolérable alors que dans son pays le système de castes, autrement plus injuste, est érigé en institution - comme apartheid on peut difficilement faire mieux. Le film passe sous silence cette scandaleuse situation qui perdure toujours.

Agaçant : Encore un film style "sanglot de l'homme blanc" ; Attenborough est un digne représentant de toute une classe d'individus qui, pour se faire pardonner d'avoir appartenu à un régime colonialiste, nous produit un film dithyrambique sur un personnage dont la part d'ombre n'est jamais montrée.

Le cinéma à titre de thérapie collective - on se sent tellement bien dans sa peau quand on peut partager la lutte d'un juste contre nos systèmes oppresseurs d'alors. Allez, une tartine de bons sentiments... une et 8 Oscars hollywoodiens avec ça.

Gandhi, en fait, c'est, contrairement aux apparences, l'histoire d'un échec. La libération du joug coloniale me semble une bien mince victoire comparée à la destruction de la société indienne qui s'ensuivra (la partition de l'état), au maintien du système des castes, à 50 années de pauvreté extrême (l'Inde appartenant pendant cette période au Quart-Monde, les plus pauvres parmi les pauvres) et surtout à l'utilisation de la violence comme outil de gestion des tensions politiques. La non-violence est morte à Delhi, le 30 janvier 1948.

Oscars 1983. Huit statuettes : film, réalisation, caméra, acteur à Ben Kingsley, scénario, direction artistique, costume et montage.

Visionné, la première fois, le 4 décembre 1983 au cinéma Outremont à Montréal
Mon 192ème film visionné de la liste des 1001 films de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023

30 novembre 2010

191. Pollack : Tootsie

1001 films de Schneider : Tootsie


Film américain réalisé en 1982 par Sydney Pollack
Avec Dustin Hoffman, Jessica Lange, Teri Garr, Bill Murray

Film amusant, à thèse, grosse comme une maison.
Me souvenait m'être beaucoup amusé en voyant ce film. Mais 27 ans plus tard et trop de merveilleux films vus entre temps, tout ça ne m'apparaît  plus que comme une comédie de boulevard, du matériel à théâtre d'été (l'équivalent québécois du théâtre de boulevard français) et le théâtre d'été, pas capable de piffer. 

Le théâtre d'été, comme les romans de vacances, sont des produits culturels qui m'horripilent. C'est comme si, parce que c'est l'été ou que c'est les vacances, il fallait diluer dans l'insignifiance nos pratiques culturelles.

Revenons au film.
Quand on regarde le personnage de Tootsie, ce n'est pas une femme que l'on voit mais un drag queen. Personne ne peut penser, surtout dans le milieu newyorkais, qu'il peut y avoir une femme sous cette horrible perruque et ces lunettes insensées. Évidemment, avec un tel personnage, tout déboule rapidement dans le burlesque et l'humour facile et l'on se retrouve dans une typique screwball comedy des années 30.

Ce qui m'agace aussi dans ce genre de film, c'est l'approche industrielle du scénario ; pas moins de six personnes y ont participé afin d'extirper toute l'essence humoristique que peut apporter ce comique de situation.

Mais c'est Pollack qui est aux commandes, alors on retrouve un produit filmique de haute qualité, divertissant et drôle. Ne boudons pas notre plaisir - on s'amuse quand même un peu.

Oscars 1983. Statuette à Jessica Lange pour la meilleure actrice dans un second rôle

Visionné, la première fois, en avril 1983 au cinéma Champlain à Montréal
Mon 191ème film visionné de la liste des 1001 films de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023

23 novembre 2010

190. Wajda : L' homme de fer

1001 films de Schneider : L'homme de fer



Film polonais réalisé en 1981 par Andrzej Wajda
Avec Jerzy Radziwilowicz, Krystyna Janda

Suite de L'homme de marbre, tourné 4 ans auparavant.

L'homme de marbre (Mateusz Birkut) a été abattu lors des émeutes de 1970. L'homme de fer, son fils, reprend le flambeau lors des grèves du chantier naval de Gdansk ; grève qui dans la réalité est dirigée par Lech Walesa (qui joue son propre rôle dans le film) à la tête de Solidarność.

On a l'impression d'assister à l'histoire en direct ; ce sont les débuts de la chute du "rideau de fer". Le tournage et la sortie de ce film furent un acte politique à l'instar de la grève de Gdansk. Les Soviétiques ne s'y sont pas trompés en démolissant ce film. Ils sentaient que ce film participait d'un mouvement qui allait, éventuellement, mettre fin à l'aventure catastrophique du communisme au 20ème siècle ; une belle idée inventée par l'homme mais corrompue, déchue par l'abus de pouvoir de la classe politique.

Dans la victoire de Solidarnosc, il y a l'église catholique derrière. L'élection d'un pape polonais en 1978 (Jean-Paul II) a ranimé le catholicisme en Pologne qui devint un élément important dans la lutte de libération de ce peuple et de la chute du Bloc de l'Est. 

Pas facile pour moi, anticlérical et anti-religieux invétéré, de parler en bien de l'Église catholique. Mais il faut bien admettre, qu'à certaines occasions (pensons, entre autre, à la théologie de la libération en Amérique latine), elle fut du côté des déshérités, des masses oppressées. Ici au Québec, je pense à l'archevêque de Montréal, Joseph Charbonneau, qui appuya une des grèves les plus dures et les plus célèbres de l'histoire du mouvement syndical québécois, celle des travailleurs de l'amiante d'Asbestos de 1949.

Cannes 1981. Palme d'or, prix du jury œcuménique

Visionné, la première fois, le 20 février 1983 à la télévision à Montréal
Mon 190ème film visionné de la liste des 1001 films de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023

18 novembre 2010

Les 1000 meilleurs flms du 20ème siècle : Méthodologie


Les 1000 meilleurs films du 20ème siècle

Une liste pour me faire plaisir
J'ai beaucoup consulté de listes de "meilleurs films". C'est un exercice qui me passionne.
Ces listes, constamment, remettent en question mes propres choix ciné mais me permettent aussi de découvrir de nouveaux films dont j'ignorais l'existence ou qui ne m'avaient jamais attiré.
Je dirais que c'est la fonction numéro un de ces listes : donner le goût de voir des films et sortir de ses propres sentiers battus.
La lecture de ces listes est toujours un peu frustrante; on trouve hallucinant certains choix ou bien on est dégoûté par un choix résolument ethnocentrique. D'où le goût de confectionner une liste en combinant plusieurs listes provenant de pays différents.
La liste des 1000 meilleurs films du vingtième siècle a été confectionnée à partir de 19 listes provenant de sept pays différents : France, USA, Royaume-Uni, Québec, Allemagne, Brésil, Cuba.
Pourquoi s'arrêter à l'an 2000?
Parce que les listes compilées s'arrêtent à des années différentes (entre 2001 et 2008). Mais aussi, sans recul d'au moins 10 ans, il est difficile de dégager les films qui feront l'histoire du cinéma par rapport aux coups de cœur instantanés à la merci du contexte sociologique ambiant.
Pas de vox populi
Aucune liste retenue n'est construite à partir de sondages d'opinion qui n'ont aucune crédibilité, à mes yeux. On ne demande pas aux gens de choisir entre deux marques de Yogourt mais entre 100 000 films (probablement plus). Il faut donc s'assurer que les personnes qui contribuent à la confection de la liste jouissent d'une crédibilité raisonnable; on peut raisonnablement penser qu'un critique de cinéma ait vu plus de 10 000 films ce qui n'est pas le cas de chacun des votants à Internet Movie Database, par exemple.

Listes compilées
1. 1001 Movies You Must See Before You Die. (International avec une dominante USA)
Titre pour le marché français : 1001 films à voir avant de mourir avec des modifications du contenu (retrait de films peu connus remplacés par des films français très populaires)
Sous la direction de Steven Jay Schneider, 72 personnes provenant de différents pays (mais majoritairement des USA) ont contribué à sélectionner ces films et à en rédiger les notices.
2. Les Cahiers du Cinéma (France)
En novembre 2007, 78 critiques et historiens du cinéma, tous des Français, réunis par les Cahiers du Cinéma, ont sélectionné les 100 meilleurs films de tous les temps.
3. Mediafilm (Québec)
Mediafilm est l’agence de presse cinématographique responsable de l’attribution des cotes (1 à 7 : 1 pour chef-d'œuvre et 7 pour navet) dans les journaux, télé-horaires, médias électroniques du Québec. J'ai retenu les films cotés 1 et 2
4. Time Out : 1000 Films to Change Your Life (Royaume-Uni)
Les rédacteurs du célèbre Time Out Film Guide ont édité cette compilation en 2006.
5. Sight and Sound (Royaume-Uni)
Sight and Sound est une revue de cinéma britannique publiée par le British Film Institute depuis 1932. Les 60 meilleurs films de tous les temps.
6. 501 Must-See Movies (Royaume-Uni)
Livre publié en 2004.
7. Ciné-club de Caen (France)
Les 100 meilleurs films sélectionnés par les organisateurs de ce ciné-club
8. Monsieur Cinéma. Nos films de toujours.(France)
L'équipe de Monsieur Cinéma a constitué "une dévédéthèque" idéale de 350 films
9. Les meilleurs films des années 19.. (Allemagne)
Sous la direction de Jurgen Muller des éditions Taschen, les rédacteurs ont choisi les meilleurs films de chacune des décennies du 20ème siècle. En tout, 866 films ont été ainsi choisis.
10. Village Voice (USA)
Les 100 meilleurs films d'après les critiques de cinéma du célèbre hebdo culturel newyorkais.
11. Time Magazine (USA)
Les 100 meilleurs films sélectionnés par les deux critiques du cinéma du magazine
12. Jonathan Rosenbaum (USA)
Célèbre critique de cinéma du Chicago Reader.
Un blog énorme, à couper le souffle quant à la quantité et à la qualité des analyses filmiques. 1000 films
13. Cinéfiches (France)
Les meilleurs films (j'en ai retenu 800) d'après le fondateur-responsable de cette immense banque de données sur le cinéma. Un cinéphile qui a vu plus de 25 000 films. De quoi j'ai l'air, moi, avec mes 8500 films?
14. David Thompson (USA)
Critique américain.
Ses 1000 meilleurs films sont analysés dans son bouquin: "Have You Seen...?"
15. They Shoot Pictures, Don't They? (International)
Site internet. La liste des 1000 meilleurs films est la compilation de plus 2700 listes diverses (du bon et du moins bon, on s'en doute).
16. Guardian (Royaume Uni)
Les 1000 meilleurs films d'après le quotidien britannique
17. Epoca (Brésil)
Hebdomadaire brésilien.
Enquête auprès des critiques de cinéma brésilien. 232 films retenus.
18. Roger Ebert (USA)
Grand critique de cinéma américain. Probablement le plus connu actuellement. Sa sélection des 325 meilleurs films.
19. Miradas (Int)
Miradas est une revue de cinéma cubaine. Une compilation des 100 meilleurs films a été établie à partir du choix d'une douzaine de personnalités liées au cinéma (critiques, réalisateurs) et provenant de différents pays.

Pour  cette édition, j'ai décidé de procéder à la manière du livre de Schneider, pas de classement. Je présenterai les films par ordre chronologique de production.
Liste complète

08 novembre 2010

189. Wajda : L' homme de marbre

1001 films de Schneider : L'homme de marbre


Film polonais réalisé en 1977 par Andrzej Wajda
Avec Jerzy Radziwilowicz, Krystyna Janda

Que le temps passe !
Vingt ans déjà que le communisme en Europe a rendu les armes. Les lendemains qui devaient chantés ont plutôt mené à d'énormes désenchantements. Revoir ce film plus de 30 ans après sa sortie, dans le contexte d'une Pologne membre de l'Union européenne, est une expérience différente. 

En 1977, on était corps et âme avec Wajda et ses collègues dans leur combat pour la recherche et l'expression de la vérité. On ne sent plus l'anxiété liée à cette lutte contre un régime totalitaire.

Mais on admire toujours ce travail de débroussaillage de la vérité - mettre au jour l'énorme imposture du communisme stalinien ; je ne sais pas pourquoi j'ajoute cet adjectif. Le communisme tel que pratiqué à l'Est : la fin de l'idéal de plusieurs générations.

J'aime bien le premier plan qui sera repris quelques fois tout au long du film : un long travelling arrière accompagnant deux personnages dans la traversée interminable d'un long corridor. Le record de durée pour ce type de travelling appartient à Jean-Pierre Lefebvre dans le film Jusqu'au cœur que personne qui lit ce site n'a vu et ne verra probablement jamais. Remplacer le corridor par la coursive d'un "laker", long bateau qui parcourt les Grands lacs canadiens et vous aurez le plus interminable travelling arrière de l'histoire du cinéma - mortel.

L'homme de marbre (30,509 briques posées dans un quart de travail) fait ses premiers exploits stakhanovistes à Nowa Huta, en banlieue de Cracovie : ville idéale communiste construite dans le plus pur style de l'architecture stalinienne.

On a dit de L'homme de marbre qu'il était le Citizen Kane du cinéma de l'Europe de l'Est, probablement à cause du thème traité (une cinéaste-journaliste part à la recherche de la vérité sur l'existence d'un homme jadis célèbre) et de la stylistique (utilisation intensive du flashback). Mais on ne fait pas deux fois Citizen Kane comme on ne fait pas deux fois À bout de souffle parce ce que ce qui fait la génialité  de ces deux films c'est l'innovation dans le traitement d'un sujet. Par définition, une innovation ne peut pas se répéter.

Critique. Cahiers du Cinéma. Décembre 1978. Numéro 295. Par Jean-Paul Fargier
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Cannes 1978. Prix de la critique internationale

Visionné, la première fois, le 13 février 1983 à la télévision à Montréal
Mon 189ème film visionné de la liste des 1001 films de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023

25 octobre 2010

188. Donen et Kelly : Singin' in the Rain

1001 films de Schneider : Singin' in the Rain
Chantons sous la pluie


Film américain réalisé en 1952 par Stanley Donen et Gene Kelly
Avec Gene Kelly, Donald O'Connor, Debbie Reynolds, Jean Hagen, Cyd Charisse

Soyons un peu iconoclaste.
Le douzième meilleur film du 20ème siècle ? Alors là, pas d'accord. Je ne suis même pas certain que je le classerais parmi les 50 premiers.

Beaucoup de scènes musicales dont on avait déjà vu l'équivalent dans des comédies musicales tournées dans les années 1930 ; je pense, entre autres, aux films de Lloyd Bacon :  42nd Street et Footlight  Parade. Sauf, évidemment, les deux pièces les plus célèbres du répertoire de la comédie musicale, la danse sous la pluie de Gene  Kelly et celle de Donald O'Connor,"Make 'em Laugh'', une impressionnante performance de danse acrobatique qui me ravit à chaque visionnement.

Quand j'étais jeune, je détestais ce type de film. Les Fred Astaire, Gene Kelly et  consorts me tombaient royalement sur les nerfs avec leurs steppettes sur de la musique édulcorée aux paroles insipides et  insignifiantes. 

Longtemps, je n'ai aimé qu'un seul film musical, et non ! ce n'était pas The Sound of Music que j'ai toujours eu de la difficulté à aimer mais plutôt, West Side Story. Enfin, on  sortait de la comédie  musicale traditionnelle héritée de l'âge d'or des années 1930. Il fallait Leonard Bernstein (musique) et Jerome Robbins (chorégraphie) pour remettre en question les vieilles lunes.

Aujourd'hui, l'âge affaiblissant l'armure, j'ai du plaisir à voir les anciennes comédies musicales dont la plupart m'étaient inconnues avant de commencer cette expédition au cœur des 1001 films.

Un peu de fantaisie.
J'ai ma propre interprétation du titre de ce film. Singing in the Rain convoque l'Amérique à s'amuser pendant une des périodes les plus tendues de la la Guerre froide. Rain, évidemment, est une métaphore pour retombées nucléaires. Alors, chers concitoyens, glissez la tête sous le tapis et faites des galipettes pendant qu'Armageddon se prépare.  Dylan n'a-t-il pas utilisé cette métaphore dans sa chanson épique A Hard Rain's A-Gonna Fall, écrite pendant la Crise des missiles de Cuba en 1962 ?

Probablement la plus belle interprétation de cette chanson par Dylan à Nara au Japon, le 22 mai 1994, avec orchestre symphonique.


Critique. Cahiers du Cinéma. Novembre 1953. Numéro 28. Que ma joie demeure par Claude Chabrol
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1953. Même pas en nomination pour le meilleur film ni dans aucune catégorie importante. Surprenant.

Visionné, la première  fois, le 13 février 1983 à la télévision à Montréal
En pleine grève de la fonction publique qui se terminera après 22 jours par la loi 111 nous forçant à retourner au travail. Le pire échec syndical vécu de toute ma carrière de professeur et tout ça sous le gouvernement du Parti Québécois que 70% des syndiqués avaient reconduit au pouvoir deux années auparavant. On peut dater de cette grève le début de la dégradation irrémédiable de la force syndicale québécoise. Aujourd'hui, les syndicats ne sont plus qu'un groupe de pression parmi tant d'autres. Quand je vois la mobilisation vigoureuse des Français pour des luttes sociales légitimes, je me noie dans la nostalgie.
Mon 188ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023

09 octobre 2010

187. Cimino : The Deer Hunter

1001 films de Schneider : The Deer Hunter
Voyage au bout de l'enfer.


Film américain réalisé en 1978 par Michael Cimino
Avec Robert De Niro, John Cazale, John Savage, Christopher Walken, Meryl Streep

J'ai beaucoup aimé ce film à son premier visionnement dans les années 80. J'aime toujours beaucoup ce film.

Ce qui m'avait exaspéré la première fois, cette longue séquence de la noce qui n'en finit plus de distiller notre attente du drame vietnamien, m'a beaucoup plu cette fois-ci. Tout le drame de cette guerre réside dans cette séquence. La vie ordinaire de gens ordinaires qui, soudainement conscrits, sont plongés brutalement dans un voyage au bout de l'enfer.

Voyage sans retour - l'innocence à jamais perdue. Il n'y aura jamais de retour pour ces conscrits. Je pense à Coming Home, tourné au même moment par Hal Ashby avec Jon Voight qui, lui non plus, ne réussira pas à revenir de cet enfer.

On peut être certain que cet enfer s'incrustera au cœur de leur vie. Contrairement aux conscrits de la Seconde guerre mondiale, les vétérans du Vietnam ne seront jamais des héros. Battus deux fois : au Vietnam et dans leur propre communauté où ils apparaîtront comme les représentants du déshonneur américain.

Ce film a suscité beaucoup de controverses parmi la société libérale américaine à cause du traitement partial et très partiel de la guerre du Vietnam.

Agaçant. La représentation unidimensionnelle des combattants du Vietcong me rappelle celle des Japonais des films de mon enfance. Dans les films de guerre des années 1950, tous les Japonais étaient des êtres cruels et impitoyables qui donnaient des frissons et des cauchemars à tous les enfants de mon quartier à telle enseigne que tous les Asiatiques que nous croisions, peu nombreux dans le Limoilou de mon enfance, suscitaient peur et dégoût. J'aimerais bien revoir quelques-uns de ces films dont il m'est impossible de me rappeler les titres.

À cause de cette caricature des soldats Vietcongs, pas besoin de vous faire un dessin sur la façon dont ce film  a été accueilli, au Festival de Berlin, par la gauche qui a hurlé au scandale en plus de susciter le boycottage du Festival par l'URSS et les pays d'Europe de l'Est, ces fausses vierges offensées - une vraie rigolade. 

Atteint d'un cancer incurable, John Cazale est en train de mourir devant nous. Il n'a tourné que dans quatre autres films avant celui-là, mais quels films ! : Le Parrain 1 et 2, The Conversation, Dog Day Afternoon.

Touchant. Le God Bless America chanté sans fierté en fin de programme, sorte de baume sur les malheurs de l'Amérique. J'adore cet hymne que j'associe au spectacle donné par des artistes américains au lendemain de l'attaque du World Trade Center. Céline Dion y chante divinement God Bless America - frissons garantis si votre carapace antiaméricaine n'est pas trop blindée.



Oscars 1979. Cinq statuettes pour le film, la réalisation, l'acteur de soutien à Christopher Walken, le montage et le son.

Visionné, la première fois, en janvier 1983 à la télévision à Montréal
Mon 187ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023

22 septembre 2010

186. Herzog : Fitzcarraldo

1001 films de Schneider : Fitzcarraldo


Film allemand réalisé en 1982 par Werner Herzog
Avec Klaus Kinski, Claudia Cardinale, José Lewgoy, Paul Hittscher et une impressionnante cohorte de figurants amérindiens.

Quand j'ai vu ce film, la première fois, il y a près de 30 ans, j'ai été complètement soufflé. Pas tellement par l'entreprise du bateau à travers la montagne, quoique..., mais par Klaus Kinski que je connaissais peu à cette époque. Un visage de folie mais ambivalent : fureur et angélisme se côtoient à tour de rôle. On est transporté par la folie de ce personnage improbable. Je n'ai vu que récemment Aguirre, colère de Dieu du même Herzog, on peut y voir une autre performance monumentale de Kinski et ne pas comprendre que Herzog n'ait pas fait appel à lui, en premier, pour le personnage de Fitzcarraldo.
  
Mick Jagger et Jason Robarts avaient été pressentis pour personnifier Fitzcarraldo; ils ont décliné l'offre pour notre plus grand bonheur. Qui pourrait imaginer Fitzcarralo sans Klaus Kinski ?

Au début du film, Fitzcarraldo est traité de "conquérant de l'inutile" par un ponte local à Iquitos. Impossible, pour moi, de ne pas penser au livre de Lionel Terray, Les conquérants de l'inutile, que j'ai lu avidement il y a une trentaine d'années quand je me rêvais en train de grimper les hauts sommets alpins. Le titre, évidemment, réfère aux alpinistes. Dans ce bouquin, Terray nous raconte sa vie d'alpiniste. Je me souviens d'un passage cocasse. Lors d'un séjour qu'il fit au Québec en tant que moniteur de ski alpin dans les années 40, il remarqua la beauté des Québécoises mais il ne put établir de relations avec elles parce que, en plus de ne pas les comprendre, leur accent lui donnait le fou rire.

Voir l'épique Burden of Dreams de Les Blank : le "making of" de Fitzcarraldo. On est complètement bluffé de voir que Herzog a vraiment essayé de grimper un bateau sur une montagne. Ce film nous montre la folie d'un réalisateur et de son alter ego, Kinski.

Pour les rapports orageux (un euphémisme) entre Kinski et Herzog, voir le film tourné par Herzog en 1999, Mon ennemi intime. Film troublant que j'ai vu au défunt Ex-Centris (une des plus belles salles pour cinéphiles) à Montréal.

À l'heure de la disparition de la Géographie dans l'enseignement secondaire et collégial au Québec, j'adore cette phrase de Fitzcarraldo : "I'm planning something geographical".

Cannes 1982. Réalisation.

Visionné, la première fois, le 7 janvier 1983 au cinéma Dauphin à Montréal
Mon 186ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023

15 septembre 2010

185. Beatty : Reds

1001 films de Schneider : Reds


Film américain réalisé en 1981 par Warren Beatty
Avec Warren Beatty, Diane Keaton, Jack Nicholson, Maureen Stapleton, Paul Sorvino, Jerzy Kosinski, Gene Hackman

Reds, c'est le Docteur Zhivago de la Gauche.

J'avais oublié que ce film est, avant tout, l'histoire d'une relation amoureuse, le titre, en ce sens, est assez abusif. Des "Rouges", il en est question, mais en mode mineur. En fait, on assiste plutôt à l'histoire d'amour très tumultueuse entre John Reed (journaliste et militant communiste américain du début du 20ème siècle) et Louise Bryant (socialiste et féministe américaine).

La partie documentaire du film est présentée par une vingtaine de témoins de l'époque qui apparaissent à l'écran de temps à autre pour dire en quelques lignes leurs souvenirs à propos  de Reed et Bryant. Mais, comme Beatty ne voulait pas détruire l'aspect Zhivago du film, il s'organise pour enlever l'aspect documentaire en n'identifiant pas les témoins à l'écran. On a l'impression que ce sont des acteurs qui récitent des textes soumis par le réalisateur, donc on nage un peu dans la confusion. En regardant les extras accompagnant ce film, on apprend que les témoins sont vraiment des gens qui ont connu les protagonistes du film. Beatty les a enregistrés au début des années 1970; heureusement, parce que la plupart était décédé à la sortie du film en 1981.

Diane Keaton dans le rôle de sa vie. Jamais vu un Nicholson tiède comme dans ce rôle - il avait bouffé des benzo quoi !

Après cette séquence, vous n'oublierez plus jamais l'air de l'Internationale. 
Mais, malheureusement, vous n'oublierez jamais, non plus, l'arrivée de Lénine, le dictateur rouge, qui a détruit ce rêve à jamais.


Et comme dit Roger Ebert, le célèbre critique de cinéma américain : "at the end of the credits, a wonderful line that reads: Copyright copy MCMLXXXI Barclays Mercantile Industrial Finance Limited".  Je ne suis pas sûr que John Reed aurait apprécié.

Un tel film, glorifiant la Révolution russe, produit par un major d'Hollywood et sorti sous la présidence ultra-conservatrice de Ronald Reagan fut un sacré pied-de-nez aux Soviétiques enferrés dans la censure jusqu'au cou.

Le film soviétique Red Bells (1982) de Sergui Bondarchuk, avec Franco Nero dans le rôle de John Reed, est une autre adaptation de sa vie.

Oscars 1981. Trois statuettes : réalisation, caméra et Maureen Stapleton pour l'actrice de soutien

Visionné, la première fois, le 6 janvier 1983 au cinéma Parisien à Montréal
1983 :  grosse année. Acquisition d'un appartement à Outremont ; à cause de la précarité de mon emploi, entreprise d'un baccalauréat en Psychologie à l'Université du Québec à Montréal ; début d'une nouvelle relation amoureuse ; plus grande activité sur le front cinéphilique, profitant de la proximité de mon domicile du Cinéma Outremont. 
Mon 185ème visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023

30 août 2010

184. Spielberg : E.T. : The Extra-Terrestrial


1001 films de Schneider : E.T. : The Extra-Terrestrial


Film américain réalisé en 1982 par Steven Spielberg
Avec Henry Thomas, Robert MacNaughton, Drew Barrymore à 6 ans, Dee Wallace, Peter Coyote

Ne boudons pas notre plaisir. À sa sortie en 1982, j'ai eu beaucoup de plaisir à voir ce film. C'était la période de Noël ce qui contribuait à ramollir les cœurs et rendre mon regard plus indulgent vis-à-vis cette gentille bluette. On a tous vu que ce "pied" descendu du ciel dans la "suburbia" chère à Spielberg était un clin d'œil à l'histoire du gus de Bethléem : même résurrection, même ascension, avec des moyens technologiques différents, soit.

Mais quelle tarte à la crème quand même. Des clichés et stéréotypes à la tonne, dont celui qui me donne une grande fatigue : les bons enfants contre les méchants adultes qui ont perdu leur cœur d'enfant. Gros sanglot !

Ce que j'aime bien de ce film c'est la mise en scène de la famille monoparentale dans une banlieue américaine typique. La banlieue, c'est le nouveau studio de la production cinématographique américaine. Plein de films d'ado des années 80 et 90 se dérouleront dans ce cadre à l'instar des films noirs des années 30 et 40 qui, eux, se déroulaient dans la ville-centre.

Suburbia (mixture de suburb (banlieue) et utopia), c'est la nouvelle planète qu'ont commencé à occuper de bizarres humanoïdes à la limite des villes-centres à partir des années 1930 en Amérique du Nord dont les deux  éléments essentiels étaient le bungalow et l'automobile.

J'aime bien  les premières séquences dans lesquelles l'on voit un plan aérien de la ville illuminé à partir d'une colline boisée marquant la limite entre la ville et la campagne. E.T., oublié sur la colline, ne pouvait donc entrer en contact qu'avec les plus récents banlieusards. 

J'aime aussi cette illustration de l'interface entre le monde mystérieux de la forêt voué prochainement à être déboisé et la limite de l'extension urbaine sous forme de bungalows et de rues sans trottoirs. La rencontre ne pouvait que se faire là. 

Lecture cinéphilique
Godard par Antoine de Baecque.
Mon armure anti-Godard (personnalité s'entend) s'effrite lentement. Par ailleurs, quand on découvre le "making of" de ses différents films, on ne peut que saluer le génie qui est à l'œuvre. Le produit, ainsi décortiqué, se présente à nous sous un angle totalement différent ce qui entraîne une ré-évaluation de l'œuvre qui, autrement, nous apparaît souvent rébarbative.

Je dois avouer que cette citation de Quentin Tarantino (quand on connaît ma passion éperdue pour l'œuvre de Dylan) m'a aidé à reconsidérer l'œuvre de Godard : " Il a réussi au cinéma ce qu'a réussi Bob Dylan en matière musicale : ils ont tous les deux révolutionné la forme et explosé les conventions et les limites, en libérant l'expression ". Ce qui me rend encore plus sympathique...Tarantino.

Oscars 1983. Quatre statuettes pour la musique, le son, les effets visuels, les effets sonores
Césars 1983. Meilleur film étranger

Visionné, la première fois, en décembre 1982 au cinéma Champlain à Montréal
Mon 184ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023

17 août 2010

183. Coppola : Apocalypse Now

ap1001 films de Schneider : Apocalypse Now


Film américain réalisé en 1979 par Francis Ford Coppola
Avec Martin Sheen, Marlon Brando, Robert Duvall, Frederic Forrest, Sam Bottoms, Laurence Fishburne, Albert Hall, Dennis Hopper, Harrison Ford, Christian Marquand, Aurore Clément.

Coppola nous transporte au royaume de la démesure et de l'horreur que fut la guerre du Vietnam.
 
Cette espèce de "road movie", cette longue remontée du fleuve, est un voyage aux confins de la déraison.

"Apocalypse Now n'est pas un film sur le Vietnam, c'est le Vietnam." (Coppola)

Je reste sans voix devant ce film. Je ne sais qu'écrire.

Bon, d'abord ceci. À quand un Apocalypse Now sur la guerre d'Algérie ? Comment se fait-il que le cinéma français n'arrive toujours pas à faire une œuvre critique majeure sur la guerre d'Algérie comme certains cinéastes américains l'ont si bien fait à propos de la guerre du Vietnam et comme ils le font présentement avec l'intervention en Irak ?

Pour ce commentaire, j'ai vu la version longue qui s'intitule Apocalypse Now Redux (version longue de 202 minutes éditée en 2001). Il est impératif de voir cette version ne serait-ce que pour l'importante partie (absente de la 1ère version) sur la colonie française qui vit hors du temps, dans un monde fantomatique. On a l'impression d'une séquence onirique comme l'on en retrouve, d'ailleurs, à quelques reprises tout au long du film (la séquence initiale dans la chambre avec la musique de The Doors, celle des playmates sur la rivière, toute la partie dans le camp du colonel Kurtz).

À voir, évidemment : Hearts of Darkness : A Filmmaker's Apocalypse de Eleanor Coppola.

Il paraît qu'il faut lire Apocalyse Now : journal de Eleanor Coppola. "one of the best and saddest books on the making of a film" (David Thomson)

Je sais, c'est décousu. Mais je n'arrive pas à pondre un texte cohérent sur ce film. C'est comme si la masse filmique était une sorte de tsunami - trop de tout en même temps. Exemple, la scène de l'attaque en hélico. On est carrément "blasté" (anglicisme québécois) par ce type de mise en scène.

Le surchargé pondéral (on ne fait pas mieux comme rectitude politique, non ?) de la fin du film, eh bien, c'est mon acteur masculin préféré : Forever Marlon Brando. Vous connaissez déjà mon choix féminin : Liv Ullman.

Critique. Cahiers du Cinéma. Juillet 1979. Numéro 302. Au Cœur des ténèbres par Serge Toubiana. Octobre 1979. Numéro 304. Par Pascal Bonitzer

Oscars 1980. Deux statuettes pour la photographie et le son. En nomination pour l'Oscar du meilleur film qui est allé à Kramer vs Kramer - wow !
Cannes 1979. Palme d'or et prix de la critique internationale.

Visionné, la première fois, en août 1982 à L'Autre Cinéma à Montréal
Après un séjour de 4 années dans la campagne québécoise, retour définitif à Montréal en février de cette année 1982 à la suite à une modification importante de parcours dans ma carte de Tendre !
Mon 183ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 10 mars 2023

25 juillet 2010

182. Spielberg : Raiders of the Lost Ark

1001 films : Raiders of the Lost Ark
Les aventuriers de l'Arche perdue



Film américain réalisé en 1981 par Steven Spielberg
Avec Harrison Ford, Karen Allen, Paul Freeman, John Rhys-Davies

Dans une interview accompagnant le film, Spielberg explique qu'il rêvait de faire un film lui rappelant les séances de cinéma du samedi après-midi de son enfance : un film d'aventures de série B.

J'ai fréquenté, à la même époque que Spielberg (les années 50), ces salles paroissiales dans les sous-sols  d'église (St-Fidèle ou St-François d'Assise dans le quartier Limoilou de mon enfance à Québec), où l'on présentait ces films de série B qui avaient terminé, depuis longtemps, leur carrière dans les salles de cinéma. Ce qu'on y présentait c'était, invariablement des westerns de Hopalong Cassidy, de Gene Autry ou autres redresseurs de torts ou bien des films sur les méchants allemands, en retard de dix ans, sur les méchants de l'époque, les communistes. 

À propos, une excellente chanson satirique de Dylan sur la succession des méchants que les USA ont affrontée au cours de leur histoire, With God On Our Side.

En 1981, Indiana Jones, c'était un bon moment à passer. Cet archétype du film d'aventures avait fière allure. La remise en question, par l'humour, des stéréotypes afférant à ce type de film a contribué à en faire un grand succès populaire.  

Mais, depuis, nos écrans sont inondés de ce type de films - jusqu'à plus soif.  Alors, revoir ce film en 2010 c'est lui asséner un sacré coup de massue. Évidemment, la nostalgie peut jouer un peu mais c'est loin d'être suffisant. Alors, on en est à attendre impatiemment les quelques passages les plus célèbres i.e. le duel entre Indiana Jones et le gars qui mouline son sabre - scène toujours aussi désopilante.

Ce n'est pas aux films d'aventures de mon enfance que renvoie ce film mais plutôt à ma lecture des Bob Morane de Henri Vernes dans la collection Marabout Junior.

Prenez, par exemple, le titre La Vallée infernale. On y retrouve tout l'univers d'Indiana Jones. Les titres  suffisaient à nous faire faire le tour du monde : L'empereur de Macao, Tempête sur les Andes, Le secret des Mayas, Terreur à la Manicouagan (ça, c'est chez-nous), Mission à Orly, Le secret de l'Antarctique, etc. Que de voyages faits, simplement en regardant la page couverture. Bob Morane, c'était un hybride de Indiana Jones et de James Bond.

J'aime bien : "...it's not that Raiders of the Lost Ark wasn't fun. But did we need three of them?" (David Thompson, critique de cinéma britannique)

Budget : 20M$. Revenus : 384M$. Parlez-moi d'un bon retour sur investissement !

Oscars 1982. Quatre statuettes : direction artistique, effets visuels, son, montage.

Visionné, la première fois, le 21 décembre 1981 au cinéma Impérial à Montréal
Mon 182ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 10 mars 2023

16 juillet 2010

181. Spielberg : Close Encounters of the Third Kind

1001 films de Schneider : Close Encounters of the Third Kind
Rencontres du troisième type


Film américain réalisé en 1977 par Steven Spielberg
Avec Richard Dreyfuss, Melinda Dillon, François Truffaut, Teri Garr, Carey Guffey

Mon film d'extraterrestres préféré. Les autres, pour moi, ne sont que des variations mineures sur ce même thème, le 2001 de Kubrick, mis à part, bien entendu, qui surpasse, de loin, le Spielberg, un Disney pour grand enfant.

Toujours beaucoup de plaisir à revoir ce film.

En vrac :
À tout coup, je suis ravi par la séquence durant laquelle les phares de la voiture qui suit le camion de Dreyfuss s'élèvent quand il fait signe au conducteur de le doubler.

Je suis toujours surpris de voir Dreyfuss abandonner femme et enfants pour l'inconnu. Exceptionnel dans un film américain qui s'adresse à l'auditoire familial. On dit que Spielberg avait regretté d'avoir fait ce choix - carton jaune pour ce remords.

Mère monoparentale, seule cellule familiale connue par l'enfant Spielberg, donc hommage, comme dans E.T.

Truffaut, touchant, un peu perdu dans cet univers américain - réminiscence de son rôle de réalisateur dans La nuit américaine dans lequel il est aussi un peu "space". (comprenne qui pourra !)

Tiré des trivia de IMDB : " When Truffaut delivered the line "They belong here more than we", several crew members thought that he had said "Zey belong here, Mozambique." Several T-shirts were printed with this quote as a joke."

Devil's Tower (ma copine entendait Devil Star Wars, ce que je trouvais, par ailleurs, très pertinent) : j'ai campé au pied de ce formidable monolithe en juillet 2004. Partout la plaine et, tout à coup, cette énorme masse rocheuse, tel le monolithe de 2001, Odyssée de l'espace.

Chris Carter, l'auteur de la célèbre série des années 90, X-Files, a dû carburer au CE3K pendant plusieurs années avant d'accoucher de sa série.

Lecture cinéphilique
Godard par Antoine de Baecque.
Une coïncidence ahurissante lors des premières lignes du livre : " Écrire une vie de Godard fait partie de ces projets impossibles dont j'ai toujours voulu me dire : " Je m'y risquerai un jour ". Il faut, à la fois du temps, un certain entêtement et suffisamment d'énergie comme marcher le long du GR5 durant un mois, traverser les Alpes du lac Léman à Nice...",  ce que j'ai fait en septembre 2006. 
Cette lecture augure bien malgré  ma "détestation" du gars Godard. Mais ce monument du cinéma est incontournable...j'y plonge. Baecque a aussi écrit, avec Serge Toubiana, une très belle biographie de Truffaut pour lequel, je crois, il a une tendresse certaine.

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1978. Numéro 287. Par Jean-Claude Biette.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1978 : Caméra

Visionné, la première fois, le 15 novembre 1981 à la télévision à St-Antoine-sur-Richelieu 
Mon 181ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 10 mars 2023

05 juillet 2010

180. Fassbinder : Le mariage de Maria Braun

1001 films de Scheider : Le mariage de Maria Braun


Film allemand réalisé en 1978 par Rainer Werner Fassbinder
Avec Hanna Schygulla, Klaus Löwitsch, Ivan Desny

Commençons par la fin. 
Sur les dernières images de l'explosion de la maison de Maria (Zabriskie Point, dans nos mémoires) on entend à la radio la victoire de l'Allemagne en coupe du monde de football. C'était en 1954. C'est la fin de l'après-guerre en Allemagne. Fassbinder indique peut-être ainsi que l'Allemagne tourne le dos à son passé et que la reconstruction est en marche. 

Tourne le dos, oui, mais à jamais hanté par les camps de la mort qui, comme un retour du refoulé, constamment, au cours des décennies suivantes, viendront assombrir l'éclatante réussite économique de la République Fédérale d'Allemagne.

Reprenons au début. 
Maria se marie avec Herman Braun qui doit partir le lendemain pour le front russe. Considéré mort au combat, puis ressuscité et revenu de l'enfer russe, il se retrouve en prison pour un crime commis par Maria. Le pauvre Herman n'aura jamais de vie conjugale. 

Pendant ce temps, Maria perd son âme. Pour pasticher un titre précédent de Fassbinder, Ali : Fear Eats Soul, on pourrait intituler ce film Maria : Money Eats Soul que les images aux saveurs de studio hollywoodien ne démentent certainement pas.

La trame mélodramatique du film est un clin d'œil à Douglas Sirk (d'origine allemande et qu'on retient surtout pour son œuvre marquée au coin du mélodrame, j'aime All That Heaven Allows), un des cinéastes préférés de Fassbinder et dont il avoue son influence.

J'ai déjà vu Hanna Schygulla dans un spectacle intime il y a une quinzaine d'années à Montréal, au collège Maisonneuve où j'enseignais. Elle était divine. J'avais eu l'impression de voir une réplique de Dietrich vieillissante dont elle a interprété, d'ailleurs, quelques-unes de ses chansons. 

Ce qui nous amène à mettre en parallèle deux grandes machines du cinéma : Sternberg-Dietrich (6 films) et Fassbinder-Schygulla (20 films ensemble). La même passion de deux réalisateurs pour leur actrice fétiche. Dans Le mariage de Maria Braun, Fassbinder élève Schygulla au niveau du monument. Probablement la plus grande performance de Schygulla en carrière.

Critique. Cahiers du Cinéma. Février 1980. Numéro 308. Par Yann Lardeau

Berlin 1979 : Ours d'argent à Hanna Schygulla, prix du jury à Fassbinder

Visionné, la première fois, le 1er novembre 1981 à la télévision à St-Antoine-sur-Richelieu
Mon 180ème film visionné des 1001 films de la liste du livre de Schneider
Mis à jour le 10 mars 2023