28 mars 2010

166. Allen : Sleeper

1001 films de Schneider : Sleeper
Woody et les robots


Film américain réalisé en 1973 par Woody Allen
Avec Woody Allen et Diane Keaton

Suite du bêtisier des traductions de titre de film : Encore une traduction ahurissante du titre d'un film américain. 
Connaissez-vous un autre film dans lequel l'on retrouve le prénom de l'acteur principal dans le titre ? Imaginons Il buono, il brutto, il cattivo de Sergio Leone traduit par Clint, la brute et le truand.

Allen fut tellement en colère contre ce titre (inventé par un distributeur québécois) qu'il a fait mettre dans tous les contrats de distribution de ses films l'interdiction d'utiliser son nom dans les titres de ses films.

Un film de science-fiction de Woody Allen, il fallait s'attendre à une satire de ce type de film. On n'est pas déçu. L'histoire, vaguement inspirée d'une œuvre de H.G. Wells, The Sleeper Awakes publiée en 1910, n'est qu'accessoire. C'est plutôt l'occasion pour Allen d'aligner une pléthore de gags à la manière d'un stand-up comic.

En voici trois que j'aime bien :

Keaton : C'est incroyable, vous n'avez pas fait l'amour depuis 200 ans ?
Allen : Plutôt 204, si on compte mon mariage.

Allen : Mon cerveau est mon deuxième organe favori.

Allen : J'ai manqué deux cents ans de rendez-vous avec mon psychanalyste. Si je ne les avais pas manqués, je serais probablement presque guéri aujourd'hui. Pauvres shrinks (slang qui signifie professionnels de la santé mentale), Allen les maltraitera régulièrement dans tous ses films des années 70.

J'aime bien aussi que dans ce film l'on prenne à contre-pied les tendances à diaboliser certains comportements de masse, par exemple, le tabac et le fast food. Après de nombreuses études faites au 22ème siècle, le tabac et le fast-food sont déclarés bénéfiques pour la santé.

Autre moment jouissif : Diane Keaton imitant Marlon Brando dans A Streetcar Named Desire.

Visionné, la première fois, en mars 1980 à la télévision à Montréal
Mon 166ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à Jour le 30 décembre 2022

21 mars 2010

165. Allen : Manhattan

1001 films de Schneider : Manhattan


Film américain réalisé en 1979 par Woody Allen
Avec Woody Allen, Diane Keaton, Mariel Hemingway, Michael Murphy, Meryl Streep

Annie Hall puis Manhattan, c'est le festival New York - jamais cinéaste n'a démontré une telle passion pour cette ville.

Quelle belle entrée en matière pour Manhattan : sur le "Rhapsody in Blue" de Gershwin, 60 plans en noir et blanc de New York en 4 minutes - au 4ème plan, le titre du film sur une affiche lumineuse. En observant bien, on remarque que les tours du World Trade Center sont disparus du paysage newyorkais. 
Mais qu'on pourrait donc se passer du bavardage d'Allen pendant toute cette séquence. A pu être drôle à l'époque de la sortie du film mais d'une platitude désarmante aujourd'hui, en plus d'interférer avec la musique de Gershwin.

Un des plans les plus émouvants du film - le dernier - quand Isaac (Allen), 42 ans, découvre que Tracy (Hemingway), à 17 ans (Mariel Hemingway a réellement 17 ans, d'où ce visage qui sort à peine de l'enfance), a atteint une maturité émotionnelle qu'il ne soupçonnait pas et surtout que lui-même n'a toujours pas. D'où ce gros plan sur le visage presque enfantin d'Isaac.

Prémonition que ce film : en 1997, Allen, 62 ans, va épouser la fille adoptive de sa conjointe Mia Farrow, Soon-Yi Previn, âgée de 27 ans. Dans le film Wild Man Blues de Barbara Kopple, traitant de la vie musicale d'Allen (clarinettiste), l'on constate que la relation amoureuse entre Allen et Previn était déjà inscrite dans Manhattan.

J'adore cette réplique brise-cœur de Tracy lorsqu'Isaac lui annonce la fin de leur relation : "Now, I don't feel so good". Mariel Hemingway, 17 ans, est criante de vérité. Je me suis rejoué cette séquence une dizaine de fois.

Connaissant mon amour inconditionnel pour Bergman vous ne serez pas surpris de mon bonheur à entendre Isaac mais, en fait, Woody Allen, dire que "Bergman is the only genius in cinema today" et de mettre le cinéma suédois dans sa liste des choses qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue.

Critique. Cahiers du Cinéma. Janvier 1980. Numéro 307. Par Danielle Dubroux

César 1980. Meilleur film étranger.

Visionné, la première fois, en janvier 1980 au cinéma Montparnasse à Paris
Court séjour de deux semaines à Paris pendant la période de Noël, marqué par l'invasion soviétique de l'Afghanistan.
Séjour un peu tristounet : froid, pluie, neige, terrasses fermées, pas vu le soleil pendant 15 jours, de quoi s'ennuyer des ciels bleus d'acier des hivers québécois... mais pas de ce qui vient avec, les -25C. Mais la météo, on s'en fout; Paris, ville que j'aime, est mille fêtes.
Mon 165ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 1er mai 2023

13 mars 2010

164. Hitchcock : Rear Window

1001 films de Schneider : Rear Window
Fenêtre sur cour


Film américain réalisé en 1954 par Alfred Hitchcock
Avec James Stewart, Grace Kelly, Thelma Ritter, Wendell Corey

Comme souvent chez Hitchcock, il ne se passe rien que du banal dans les 30 premières minutes (je pense, entre autres, à The Birds ou bien Psycho).

Fenêtre sur cour (titre plus intéressant que sa version anglophone, une fois n'est pas coutume) commence comme une histoire de célibataire endurci qui résiste, comment peut-il faire si ce n'est à cause d'un bon fond de misogynie, aux propositions de mariage de Grace Kelly, la divine. 

On surveille le moment où l'histoire va basculer vers le vrai propos du film ce qui prendra un bon 30 minutes. J'adore cette partie du scénario. Ça marche à tout coup pour moi. Comme dans The Birds, où je me prépare pendant 40 minutes à recevoir le plan où Tippi Hedren va se faire attaquer par un oiseau et permettre, enfin, à l'histoire de commencer.

Hitchcock invente le zapping : les fenêtres de l'immeuble comme autant de chaînes télévisées que James Stewart visite à tour de rôle à l'aide de sa lentille télescopique ; chacune des chaînes ou fenêtres présentant une variation sur le thème de la vie amoureuse.

On y retrouve l'un des plus beaux baisers de l'histoire du cinéma. Le visage de Grace Kelly qui plonge sur la bouche de James Stewart : divin.

Ce film me rappelle le roman de Georges Perec, La vie mode d'emploi, dans lequel Perec décrit la vie de tous les habitants d'un immeuble du 17ème arrondissement de Paris. Vous connaissez mon goût un peu pathologique pour les intégrales, listes et autres compilations, vous comprendrez pourquoi j'ai adoré ce livre d'un auteur qui a des passions semblables. Auteur au destin tragique que j'ai eu le bonheur de rencontrer chez des amis français à Montréal à peu près à l'époque de mon premier contact avec Rear Window.

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1955. Numéro 46. Les Choses sérieuses par Claude Chabrol
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Cahiers du Cinéma 
: Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1955

Visionné, la première fois, en 1979 à la télévision à Montréal
Mon 164ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 30 décembre 2022

02 mars 2010

163. Cocteau : La belle et la bête

1001 films de Schneider : La belle et la bête


Film français réalisé en 1946 par Jean Cocteau
Avec Jean Marais, Josette Day, Michel Auclair, Mila Parély, Nane Germon

Jean Cocteau, le prince.
J'ai voué un culte fou à Jean Cocteau au cours de ma vingtaine. Déjà la manie des intégrales était en marche, alors j'ai tout lu Cocteau. Le refus inconscient de quitter mon enfance était possiblement le fil rouge (terme psychanalytique; ça tombe bien, ce film est inondé par la symbolique freudienne) de cette passion. En tout cas, c'est ce qui nous touche chez Cocteau - l'enfance à jamais. Ah mourir noyée dans la fontaine de jouvence !

Quel beau film ! Je m'attendais (je ne me rappelais plus de ce film que ma mémoire confondait constamment avec Peau d'âne de Jacques Demy) à une fantasmagorie en noir et blanc truffé de trucs onirico-surréalistes alors qu'on se retrouve devant un chef-d'œuvre du cinéma fantastique.

Totalement emballé par la caméra d'Henri Alekan, un des plus grands opérateurs français avec Raoul Coutard.

Un conte pour enfants ? Surtout pas. La charge érotique de ce film les laissera de glace alors que nous ferons le décompte des symboles sexuels.

La transformation de la Bête en Prince charmant est décevante. On est immédiatement en deuil de la Bête. Le prince de pacotille ne fait carrément pas le poids. En y regardant bien, la Belle semble du même avis. 

On aurait le goût de dire comme Greta Garbo après avoir visionné le film : "Rendez-nous notre Bête".

Critique. Cahiers du Cinéma. Février 1964. Numéro 162. Par Michel Mardore
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, en 1978 à la télévision
Mon 163ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 30 décembre 2022