26 mars 2013

251. Mackendrick : Sweet Smell of Success

1001 films de Schneider : Sweet Smell of Success
Le grand chantage


Film américain réalisé en 1957 par Alexander Mackendrick
Avec Burt Lancaster (J.J. Hunsecker), Tony Curtis (Sidney Falco), Susan Harrison (la sœur de J.J.), Martin Milner, Jeff Donnell

"I love this dirty town (New York)". C'est beau quand c'est dit par l'un des personnages les plus sales de l'histoire du cinéma, J. J. Hunsecker, le sale journaliste. 

Mais il y a pire que J.J. : Sidney Falco, l'agent de presse de Hunsecker, avec Tony Curtis dans un contre-rôle, la plus grande performance de sa carrière.

Ce film, c'est à vous jeter en bas de votre chaise. Cynisme et perversité imbibent ce film de la première à la dernière image, jamais de répit. On dirait la série Dallas 20 ans plus tôt.

C'est pas tout à fait un film glorifiant pour le 4ème pouvoir (notion créée par Alexis de Tocqueville dans son célèbre livre, De la démocratie en Amérique, publié en 1833). Hunsecker est un "columnist" d'un grand quotidien newyorkais et, à ce titre, construit et détruit les réputations selon son bon vouloir. Un personnage-type qui sévit dans tous les quotidiens du monde à toutes les époques.

Et le 5ème pouvoir ? Un terme créé par Ignacio Ramonet du Monde Diplomatique pour contrebalancer tous les Hunsecker de ce monde qui aujourd'hui ne se satisfont plus d'une colonne dans un quotidien mais contrôlent des grands pans de la sphère médiatique.

Critique. Cahiers du Cinéma. Février 1958. Numéro 80. Une tragédie de l'humiliation par Étienne Loinod
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Lecture cinéphilique.
Ruan Ling-Yu. The Goddess of Shanghai de Richard J. Meyer (livre qu'on peut trouver sur Amazon, il vient avec le dvd The Goddess, le plus grand film de Ruan Ling-Yu.)

Ruan Ling-Yu est une des plus grandes icônes du cinéma chinois. On l'appelait la Garbo chinoise. Sa carrière, très courte, s'étend de 1927 à 1935, l'année de son suicide, à 24 ans.  Vingt-neuf films, tous muets, dont la plupart sont disparus - seulement 6 films seraient visibles selon IMDB.

À voir de toute urgence, le merveilleux film de Stanley Kwan, Ruan Lingyu aussi connu sous le titre Center Stage avec la merveilleuse Maggie Cheung dans le rôle-titre.

Visionné, la première fois, le 25 janvier 1989 à la télévision à Montréal
En ce mois de janvier 1989, grande révolution dans ma vie de cinéphile : l'achat de mon premier lecteur VHS. 
Mon 251ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 9 avril 2023

13 mars 2013

250. Hitchcock : Notorious

1001 films de Schneider : Notorious
Les enchaînés


Film américain réalisé en 1946 par Alfred Hitchcock
Avec Ingrid Bergman, Cary Grant, Claude Rains, Louis Calhern

J'ai beaucoup de difficultés avec Cary Grant, que j'appelle monsieur plastique. Et c'est pas avec ce film que je changerai d'avis. 

Dans ce film, on a l'impression qu'on a affaire à un robot tant au niveau du personnage qu'au niveau de sa prestation d'acteur. Évidemment, à cause d'une performance incroyable d'Ingrid Bergman, (son plus grand rôle ?), le pauvre Cary n'en paraît que plus largué.

Hitchcock nous mène en bateau. Il nous oriente vers une histoire d'ex-nazis cachés dans la société brésilienne qui sont en train de préparer, avec de l'uranium, on ne sait trop quel comeback apocalyptique. Mais tout ça, c'est de l’esbroufe pour nous cacher une histoire d'amour entre un agent de la CIA et la fille d'un Américain qui espionnait pour le compte de l'Allemagne. 

La bouteille de vin dans lequel serait cachée une quantité suffisante d'uranium pour fabriquer une bombe atomique est, en fait, un MacGuffin, terme qui désigne tout objet qui détourne le spectateur de la vraie histoire du film. Hitchcock fut un expert du MacGuffin.

Trois secondes : la limite permise d'un baiser à l'époque du code Hays


Critique. Cahiers du Cinéma. Mars 1980. Numéro 309. Par Pascal Bonitzer

Visionné, la première fois, le 25 janvier 1989 à la télévision à Montréal
Terminé, le six-mois sabbatique à Paris. Revenu au Québec le 30 décembre.
Mon 250ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 9 avril 2023

05 mars 2013

249. Preminger : Laura

1001 films de Schneider : Laura


Film américain réalisé en 1944 par Otto Preminger
Avec Dana Andrews, Gene Tierney, Clifton Webb, Vincent Price 

Quand on regarde des films "noirs" des années 1940, surtout les premières fois, on est estomaqué de voir la façon dont les forces de l'ordre dirigent l'enquête. 

Dans Laura, on tombe en bas de sa chaise en entendant l'inspecteur (Andrews) accepté que l'un des suspects (Webb) l'accompagne dans sa démarche d'enquête. 

Comment, non plus, ne pas être sidéré de voir l'enquêteur installé confortablement dans l'appartement de la victime avérée en train de picoler tranquillement son whisky, en fait celui de la victime. 

Et que dire du détective qui trouve l'arme du crime dans l'horloge de l'appartement de la victime et qui décide de la remettre là afin de venir la chercher le lendemain matin. 

Ce film est plein d'incohérences mais comme dit Roger Ebert "That Laura continues to weave a spell -- and it does -- is a tribute to style over sanity."

Dans le même ordre d'idée, ça me rappelle une scène tout aussi absurde (selon nos critères actuels) du film d'Howard Hawks, The Big Sleep, où l'on voit un interpellé assis confortablement, sans menottes, sur le siège avant à côté du policier alors que l’acolyte de ce dernier est sur la banquette arrière.

Premier film important d'Otto Preminger, Laura, malgré ses incohérences policières, est un film envoûtant dont le personnage principal, curieusement, n'est pas cette Laura (si belle Gene Tierney) disparue et ressuscitée, mais le personnage du chroniqueur radiophonique (Clifton Webb), amoureux de Laura ou peut être bien du détective si on décode le film autrement. 

Il est difficile d'oublier la première séquence où l'on voit le chroniqueur sortant de son bain nu en présence du détective, le regard de ce dernier clairement orienté vers le sexe du chroniqueur.

Laura, un film gai ? Probablement.  Remplacez Laura par Laurent et on y est. Ah oui, le producteur Zanuck ne voulait pas voir Clifton Webb dans ce film parce qu'il était reconnu à Hollywood comme appartenant à la communauté homosexuelle.

Le fameux thème de Laura, composé par David Raksin, est devenu un standard que Charlie Parker, Duke Ellington et Frank Sinatra ont interprété tour à tour.

Critique. Cahiers du Cinéma. Juin 1962. Numéro 133. Cinéma fantastique par Jean-André Fieschi
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscar 1945. Meilleure photographie

Visionné, la première fois, le 25 décembre 1988 à la télévision à Paris
Mon 249ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 9 avril 2023

01 mars 2013

248. Bergman : Les fraises sauvages

1001 films : Les fraises sauvages


Film suédois réalisé en 1957 par Ingmar Bergman
Avec Victor Sjöstrom, Ingrid Thulin, Gunnar Björnstrand, Bibi Andersson

Dernière présence au cinéma de Victor Sjöstrom qui avait commencé sa carrière d'acteur et de réalisateur la même année en 1912.

C'est la cinquième fois que je vois ce film. Toujours autant d'affection pour cet ancien  professeur d'université, le fait que je sois moi-même un prof à la retraite n'est sûrement pas étranger à cette affection.

Un film qui commence comme un film d'horreur. Monsieur Borg, professeur d'université à la retraite, fait un cauchemar qui va ébranler sa forteresse intérieure, ce qui bouleversera tout au moins sa journée sinon le reste de sa vie.  Sur YouTube, sur une musique du compositeur de musique électronique danois, Anders Trentemoller : Haxan

Ce film, une sorte de road-movie sur les routes de Suède à la période du solstice d'été, c'est l'histoire d'un vieux grognon rigide qui, grâce à des incursions, par le souvenir, dans les moments émouvants de son adolescence fait une découverte désespérée à la fin de sa vie : le bonheur est dans le pré...sent de l'émotion ressentie.

Je retiens avec beaucoup d'émotion ce visage de marbre d'Ingrid Thulin (1ère apparition chez Bergman) - qui a dit que froideur et dureté éloignaient la beauté ?



Critique. Cahiers du Cinéma. Mai 1959. Numéro 95. Le Plus grand anneau de la spirale par Fereydoun Hoveyda
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Berlin 1958 : Ours d'or. Prix de la critique internationale à Victor Sjostrom
Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1959
Venise 1958. Prix de la critique.

Visionné, la première fois, le 23 décembre 1988 au cinéma St-André-des-Arts à Paris
Dans 5 jours, retour à Montréal après six mois inoubliables passés à Paris. 
Mon 248ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 8 avril 2023