31 août 2008

98. Eastwood : High Plains Drifter

1001 films de Schneider : High Plains Drifter
L'Homme des hautes plaines


Film américain réalisé en 1972 par Clint Eastwood
Avec Clint Eastwood, Verna Bloom, Marianna Hill, Mitch Ryan

Je ne fais jamais de résumé de film, sauf exception, en voici une :
La vengeance est un plat qui se mange froid...
et la misogynie "is well and alive" au pays du western.

Une sorte de High Noon revu et corrigé par Sergio Leone.
Encore le beau rôle pour ce cher Clint, fils spirituel, complètement perverti, de Gary Cooper.

Mais qu'est-ce qui m'agace tant dans ce film?

D'abord, le village IKEA qu'on vient juste de finir de monter lorsque Clint nous joue le numéro du "lonesome cowboy" qui arrive lentement grâce une longue focale dictée par ce même cowboy. Ah oui! et tout le monde a lavé les vitres de ses fenêtres pour l'arrivée de l'inconnu.

Puis, la scène du viol, à cause du classique "NON qui veut dire OUI" des femmes dont les westerns, entre autres, nous ont abondamment abreuvé et que je ne suis plus capable de piffer à 100 kilomètres.

Puis, ce fameux "mon nom est personne"; on nous l'avait bien joué à quelques reprises celle-là

Lecture cinéphilique
Images. My Life in Film par Ingmar Bergman.
À 72 ans, après avoir mis un terme à sa carrière cinématographique, Bergman retourne visiter ses films. Un aperçu de ce qui vous attend si vous plongez dans cette oeuvre : "this act of looking back would, at times, turn into a murderous and painful business."

Lecture en parallèle avec Les bienveillantes de Jonathan Littell dont je ne veux pas sortir tant c'est gigantesque; le Citizen Kane de la littérature, rien de moins. À ranger à côté de À la recherche du temps perdu... bon, o.k., à quelques pas.

Visionné, la première fois, en août 1973, au cinéma à Toronto
Mon dernier mois, celui-ci passé dans l'Ouest canadien, à titre de coordonnateur de l'échange avec le Mexique pour l'organisme  Jeunesse Canada Monde : fin d'une grande aventure.
Mon 98ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 25 janvier 2023

22 août 2008

97. Peckinpah : Pat Garrett and Billy the Kid

1001 films de Schneider : Pat Garrett and Billy the Kid


Film américain réalisé en 1973 par Sam Peckinpah 
Avec James Coburn, Kris Kristofferson, Bob Dylan

Comme je l'ai déjà dit quelque part sur ce site, je n'ai jamais vraiment beaucoup aimé les westerns. À part les films de Leone qui ont mis une parenthèse dans ma détestation des westerns, je fuyais ce type de production. Et cette haine du western était encore plus forte durant ma vingtaine. Alors, normalement, je n'aurais pas dû aller voir ce film ce soir de juin 1973, esseulé au cœur de l'ennui fait ville, Toronto.

MAIS, il y avait Bob Dylan sur l'affiche : acteur (sic) et compositeur (ô merveille!).

Et comment dire... Dylan fut la plus belle rencontre culturelle de toute ma vie. Rencontre qui s'est faite, durant l'hiver 1973, sur les chemins poussiéreux de la campagne mexicaine au volant de ma jeep en écoutant The Greatest Hits vol.2 sur un magnétophone de poche. Ce fut un coup de foudre. Dylan chantait depuis 10 ans (nous étions en 1973) et je ne savais rien de lui hormis le hit Blowin' in the Wind; comment avais-je pu passer à côté d'une telle œuvre ?

Il y a de ces cécités culturelles qui nous semblent incompréhensibles après coup. J'allais reprendre le temps perdu. À mon retour à Montréal, j'allais me plonger pendant des années dans l'oeuvre de Dylan. 
Dylan, carrément nobélisable (ce qui fut fait en 2016, je n'en croyais pas mes yeux lorsque je l'appris durant un voyage au Japon). Parce qu'il faut lire Dylan autant qu'écouter sa musique, une des plus éclectiques qui soient.

Alors, laissez vos dvd sur la tablette pour un bout de temps et mettez vous à l'étude de Dylan.

Ah oui, le film!

Un bon qui est méchant (James Coburn-Pat Garrett avec une tête patibulaire) à la poursuite d'un méchant qui est bon (Kris Kristofferson-Billy the Kid with his angel face). Bon, d'accord, je simplifie, comme d'habitude. J'ai peut-être trop vu de westerns.

Et Dylan acteur? Nullissime dans le rôle d'un personnage insipide qui semble arrivé d'une autre planète.

Roger Ebert, un des plus célèbres critiques de cinéma américain, nous donne son appréciation plutôt désopilante, de la performance de Dylan :"His screen presence makes him look as if he's the victim of a practical jokes involving itching powder."

Point fort du film : L'émouvante ballade Knockin' on Heaven's Door lors d'une des mes séquences préférées du film. Dans cet extrait, regardez le ciel derrière le type qui agonise devant son épouse. Trop courte la scène qui nous prive d'une expérience émotionnelle intense surtout après la classique et interminable scène de tuerie. Si la séquence avait été plus longue on aurait entendu Dylan, dans le deuxième couplet, chanter "that long black cloud is coming down". Comment a-t-on pu couper une telle séquence? Ça m'a bousillé le visionnement du reste du film.



Visionné, la première fois, en juin 1973 au cinéma à Toronto
Mon 97ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 25 janvier 2023

14 août 2008

96. Coppola : The Godfather

1001 films de Schneider : The Godfather
Le Parrain




Film américain réalisé en 1972 par Francis Ford Coppola
Avec Marlon Brando, Al Pacino, James Caan, Richard S. Castellano, Robert Duvall, Richard Conte, Diane Keaton, Talia Shire, Sterling Hayden, John Cazale, Simonetta Stefanelli et Sofia Coppola sur les fonts baptismaux.

Pour moi, si The Godfather est un film si marquant et s'il mérite d'être en haut des palmarès c'est qu'il s'inscrit dans une trilogie dont l'élément majeur est le deuxième film de la saga.

Le premier volet de la trilogie souffre d'un déficit majeur de crédibilité. Les maffiosi au grand coeur dont les seules victimes sont d'autres maffiosi, jamais de civils, et qui refusent d'entrer dans le marché lucratif de la drogue parce que ça pourrait être néfaste pour les familles (et le jeu, et la prostitution, et le racket de la protection ce sont des passe-temps pour fillettes?) et pour qui la famille passe avant tout, c'est pas très crédible; ça me fait penser à la chanson insupportable d'Aznavour La Mamma. 

Je n'avais pas très aimé ce film à l'époque. Je l'aime beaucoup plus aujourd'hui parce que je m'arrête moins à la crédibilité du scénario et m'attache plus au jeu des comédiens (qu'est-ce que j'adore ce Marlon Brando!) et que je sais que le Parrain II va suivre et me plonger dans une histoire qui est imbriquée dans celle des États-Unis : sénateurs véreux, complot menant à l'assassinat de Kennedy, la chute de Batista et l'arrivée des "barbudos" à La Havane, la commission sur le crime organisé dirigée par Robert Kennedy avec en prime la naissance d'un maffioso, Vito Corleone, au cœur de Little Italy de New York au début du vingtième siècle.

"I Believe in America"
Vous rappelez-vous de la première séquence du film qui commence par cette phrase prononcée par Amerigo (c'est pas une blague) Bonasera, le directeur funéraire, que nous ne verrons plus que pendant 10 autres secondes dans la suite de la saga. Un des "zoom out" les plus déroutants de l'histoire du cinéma.
À qui parle Bonasera?

Aberration sur IMDB, The Sawshank Redemption (1er) dépasse The Godfather (2ème) au sommet des 250 meilleurs films.

Autre aberration, aucune critique du film dans les Cahiers du Cinéma. C'est qu'ils étaient dans leur période maoïste. Pour eux, à cette époque, pas de cinéma hors Godard, Straub et Eisenstein. Un grande période désertique pour nous, pauvres abonnés.

L'art de passer à côté d'un chef-d'œuvre. Jean-Louis Bory, critique de cinéma au Nouvel Observateur, intitule sa chronique du 16 octobre 1972, à propos du Parrain : Trois heures de sauce tomate. Le reste de la chronique est à l'avenant.

Oscars 1973. Trois statuettes : Film, acteur à Marlon Brando, scénario

Visionné, la première fois, en février 1973, au cinéma à Mexico
En regardant Beijing lors des Jeux olympiques d'été de 2008, j'ai l'impression de me retrouver à Mexico à l'hiver de 1973. Pollution de l'air extrême. Je reconnais bien ce smog qui bouche l'horizon à moins de 3 rues et qui oblitère le Soleil pendant des semaines. Mexico se trouve sur un haut plateau à 2250 mètres d'altitude entouré de hauts sommets. Pendant l'hiver, saison sèche, l'air reste prisonnier dans ce bassin où habitent 30 millions d'habitants et circulent 5 millions de véhicules : un désastre environnemental.
De novembre à mai, j'ai habité dans un petit hôtel au cœur de Mexico. C'était mon camp de base entre les multiples tournées que je faisais en jeep pour aller visiter les petits villages où résidaient les participants du programme Jeunesse Canada Monde dont j'étais le coordonnateur.
Je crois que je n'ai pas vu cinq films pendant toute cette période.
Mon 96ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 24 janvier 2023

03 août 2008

95. Godard : Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution

1001 films de Schneider : Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution


Film français réalisé en 1965 par Jean-Luc Godard 
Avec Eddie Constantine et Anna Karina

Le Metropolis de Godard
Godard s'amuse à parachuter un détective (Eddie Constantine), mélange de Humphrey Bogart et de James Bond, dans un monde à la George Orwell, conjuguant ainsi film noir et science-fiction.

En utilisant Constantine (mais qui d'autre pouvait jouer un clone de Bogart), acteur popularisée dans des films de série B, dans le rôle principal, Godard fait un pied-de-nez aux cinéphiles de la Nouvelle vague mais surtout crée, chez le spectateur, un sentiment de dissonance cognitive. En gros, en revoyant ce film, j'avais souvent l'impression que Constantine ne jouait pas dans le même film que Karina. Difficile à expliquer : une impression, c'est tout. En fait, c'est l'objet du film : ils n'habitent pas la même planète.

Voir le début de la période urbanistique appelé "urban renewal" dans le Paris de 1965 est émouvant : le périphérique, le début de la construction du quartier de la Défense, l'autoroute en bord de Seine. On disait, à cette époque, que c'était le futur. Et c'est ce futur que Godard utilise pour illustrer son Alphaville.

Alphaville, c'est aussi, Raoul Coutard, à la caméra, qui fait du visage d'Anna Karina, un des plus beaux visages filmés de l'histoire du cinéma.
Jean-Louis Bory dans son recueil de critiques Des yeux pour voir : "...jamais Godard ne peint si bien l'amour que lorsqu'il lui donne le visage d'Anna Karina" Il faut tout lire Bory : chaque article est une joie.

Lecture cinéphilique
La monumentale biographie in ingliche de Jean-Luc Godard par Richard Brody du New Yorker.
Je ne l'ai pas encore lu. Si je survis à Les bienveillantes de Jonathan Littell dans lequel je suis immergé jusqu'aux oreilles, j'irai peut-être du côté de Brody.

Critique. Cahiers du Cinéma. Juillet 1965. Numéro 168. À rebours ? par Jean-Louis Comolli.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Berlin 1965. Ours d'or
Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1965

Visionné, la première fois, en 1972 à la télévision à Québec
Coup de tonnerre dans ma biographie.
En juillet, fin de mon baccalauréat en Géographie à l'Université Laval de Québec.
En août, déménagement à Montréal avec ma conjointe pour poursuivre des études en urbanisme mais un merveilleux chemin de traverse (bonjour, Nicolas Hulot) s'est présenté et nous ne pouvions pas ne pas l'emprunter malgré les grands chambardements que cela entraînerait dans nos vies. Pendant un an, nous allions vivre dans nos valises. Employés à titre de coordonnateurs d'un échange de jeunes entre le Canada et le Mexique par un organisme qui venait de naître, Jeunesse Canada Monde, nous allions bourlinguer à travers le Canada de Toronto à Vancouver et, pendant six mois, vivre au cœur de plusieurs communautés paysannes du Mexique que nous allions aussi parcourir en tout sens avec notre jeep Volkswagen.
Expérience marquante, bouleversante qui temporisera pendant quelques temps mes ardeurs cinéphiliques.
Mon 95ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 24 janvier 2023