27 octobre 2023

348. Denis : Beau travail

1001 films de Schneider : Beau travail


Film français réalisé en 1999 par Claire Denis
Avec Denis Lavant (Galoup, le narrateur), Michel Subor (Commandant Bruno Forestier), Grégoire Colin (Sentain), et treize autres personnages de légionnaires
Adaptation de la nouvelle Billy Budd d'Herman Melville qui, elle, se passe sur un bateau.

Une section de la Légion étrangère française stationnée à Djibouti. Ce rassemblement d'une quinzaine de soldats d'origine diverse fait ses exercices d'entrainement quotidien dans un décor de mer et de désert - merveilleuses images d'Agnès Godard.

L'histoire transposée de Billy Budd (un adjudant, Galoup, qui envoie à la mort un de ses soldats, Sentain) semble périphérique à la description de la vie quotidienne des légionnaires : entrainement,  tâches ménagères, travaux inutiles pour maintenir la discipline, soirées à la discothèque pour rencontrer les filles du pays.

Juste avant les crédits de fin, l'adjudant Galoup (Denis Lavant) casse son armure de légionnaire et se découvre dans une danse de tous les diables.

Dénouement ouvert. Qu'advient-il de Galoup, expulsé de la Légion étrangère ?

Grosse discussion à la sortie du film sur son contenu implicitement homosexuel. Vous savez, quoi, on s'en fout. Ce film, c'est une perle et probablement le meilleur film de Claire Denis.

Cette phrase de Galoup : ''Sentain devait avoir un défaut dans sa cuirasse. On transporte toujours une poubelle au fond de soi. C'est ma théorie.''

Denis Lavant, un Michel Simon contemporain.

En 2004, j'ai eu la chance  de voir Denis Lavant au théâtre l'Usine C de Montréal dans une pièce de Bernard-Marie Koltès, La Nuit juste avant les forêts. Un soliloque de près de deux heures. Une de mes plus grandes expériences théâtrales à vie.

Césars 2001. Meilleur photographie

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 2000. Numéro 545.

Visionné, la première fois, le 5 février 2000 au Cinéma Ex Centris à Montréal. 
Mon 348ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

24 octobre 2023

347. Almodovar : Tout sur ma mère

1001 films de Schneider : Tout sur ma mère


Film espagnol réalisé en 1999 par Pedro Almodovar
Avec Cecilia Roth, Marisa Paredes, Candela Pena, Antonia San Juan, Penelope Cruz, Rosa Maria Sarda, Fernando Fernan Gomez, Fernando Guillen, Toni Canto, Eloy Azarin

Au début du film, on visionne un extrait du film de Joseph L. Mankiewicz, All About Eve, dont le titre peut porter à confusion puisqu'il est question d'un personnage qui s'appelle Eve. En fait, le titre pourrait aussi s'énoncer comme suit : All About Women puisque Ève en est la souche.

On pourrait aussi utiliser ce titre pour le film d'Almodovar puisqu'il n'y a qu'un sujet traité dans ce film : les femmes dans tous leurs états. Mère, actrice, prostituée, religieuse, lesbienne, diva, transexuelle. Pas d'hommes dans ce film sinon morts ou atteint de démence sénile.

Le film d'Almodovar est un hommage (pour céder à la mode du wokisme, on dirait aujourd'hui une femmage) à toutes les femmes.

Des extraits de la pièce de Tennessee Williams, Un Tramway nommé Désir, interprétées par Marisa Paredes et Candela Pena entrecoupent, à quelques reprises, le déroulement de l'histoire de Manuela (Cecilia Roth) qui est à la recherche du père de son enfant, récemment décédé dans un accident d'auto le jour anniversaire de ses 17 ans. Cet accident d'auto n'est pas sans rappeler une scène identique dans Opening Night (1977) de John Cassavetes : une jeune fille poursuivant l'idole de sa vie (interprétée par la grandiose Gena Rowlands), s'accrochant à la voiture avant de se faire happer par une autre voiture.

L'aspect mélodramatique de ce film pourrait en rebuter certains dont je fais partie : les coïncidences, il ne faut pas trop en abuser, ce que fait Almodovar. Il voulait probablement réhabiliter le mélodrame, ce qu'il réussit, vu les prix obtenus.

Oscars 2000. Meilleur film en langue étrangère
Césars 2000. Meilleur film étranger
Cannes 1999. Prix de la mise en scène.

Visionné, la première fois, le 27 novembre 1999 au cinéma Ex-Centris à Montréal. 
Mon 347ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider




16 octobre 2023

346. Hitckcock : Marnie

1001 films de Schneider : Marnie
Pas de printemps pour Marnie

Film américain réalisé en 1964 par Alfred Hitchcock
Avec Tippi Hedren, Sean Connery, Diane Baker, Martin Gabel, Louise Latham
D'après le roman éponyme de Winston Graham, publié en 1961.

En plus du film d'Hitchcock adapté pour le cinéma, Marnie a été adapté pour la scène en 2001 et pour l'opéra par l'English National Opera en 2017 et le Metropolitan Opera en 2018 avec Isabel Leonard dans le rôle titre.

Un  film policier qui se veut freudien et qui se traine en longueur. Des dialogues chargées d'explications qui embrouillent plus qu'ils n'éclairent et le pauvre Sean qui se transforme en psychanalyste de pacotille.

Un critique : ''Une intrigue qui coagule plutôt qu'elle ne s'épaissit''.

Caché sous ce scénario, le comportement possessif pathologique d'Hitchcock pour sa comédienne, Tippi Hedren. 

Pas de scènes de suspense si l'on excepte celle du vol du coffre-fort. Pensant qu'elle est seule pour effectuer son délit, Marnie découvre, avec horreur, qu'il y a une femme de ménage qui s'active dans la pièce d'à-côté. Elle tente alors, en enlevant ses chaussures, de s'échapper de la scène mais, malencontreusement, un soulier tombe au sol - la femme de ménage ne réagit pas - elle est sourde. Une merveille du suspense à la Hitchcock.

C'est beaucoup pour la blonde Marnie : cleptomanie, peur du rouge et des orages électriques, frigidité, viol (nullement explicite, à moins que ma copie n'ait été censurée), tentative de suicide, pédophilie, rejet parental. N'en rajoutez plus, la cour du psychanalyste est pleine.

Les surimpressions, très nombreuses, sont en général assez merdiques.

Les coffres-forts du film me rappellent celui que mon père avait fait installer au sous-sol de la maison et dans lequel il enfermait les baptistères des enfants et quelques autres papiers importants. Ce coffre-fort, qui ne contenait pas un rond, provenait de l'idée de mon père d'ouvrir une franchise américaine de coffres-forts personnels à Québec - faillite sur toute la ligne.

Cahiers du Cinéma 1964. Un des dix meilleurs films de l'année.

Critique. Cahiers du Cinéma. Février 1965. Numéro 163. Il l'a dit, s'il l'a dit, t'es fini, t'es pris. Par Michel Delahaye.

Visionné, la première fois, le 17 novembre 1999 à la télévision à Montréal. 
Mon 346ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider


02 octobre 2023

345. Myrick et Sanchez : The Blair Witch Project

 1001 films de Schneider : The Blair Witch Project


Film américain réalisé en 1999 par Daniel Myrick  et Eduardo Sanchez
Avec Heather Donahue, Joshua Leonard, Michael C. Williams

Bienvenue dans l'univers du faux documentaire et du genre found footage. Ce genre fait croire que le document présenté, perdu, a été retrouvé par des gens étrangers à la production du document. Une technique souvent utilisée dans les films d'horreur, par exemple dans Cloverfield (2008) ou Paranormal Activity (2007).

Tout l'intérêt du film réside dans la terreur instillée, par petites doses, par l'inadéquation des personnages dans un milieu inconnu : perte d'orientation, peurs nocturnes, hallucinations auditives et phénomènes étranges. La totale pour un film d'horreur.

Un deuxième visionnement est sans intérêt à moins de s'intéresser aux techniques de tournage qui sont étonnantes et brillantes. L'utilisation d'une caméra 16mm et d'un caméscope donne un rendu réaliste hors-norme, on pourrait presque dire jusqu'à la nausée. C'est ce qui en fait un film d'horreur exceptionnel.

La seule chose vraie du film est la petite ville (142 habitants) de Burkittsville, Maryland qui a du subir l'assaut de milliers de fans de la série des Blair Witch Project, au grand désespoir des citoyens qui ont fini par bloquer l'accès à la presque totalité du village.

Parlez-moi d'un rendement sur investissement : le film a couté 35,000$ et rapporté 250 millions$ (chiffres de 2015).

Se perdre dans le bois est probablement ma plus grande terreur. J'ai fait des milliers de kilomètres dans les montagnes très forestières de l'est des USA mais toujours sur des sentiers balisés. J'ai même guidé des groupes d'une dizaine de personnes plus d'une centaine de fois par l'entremise de mon club de randonnée, Le Mouflon. Mais toujours sur des sentiers balisés. Je n'ai jamais fait de la randonnée en dehors de ceux-ci. Même avec carte et boussole (c'était avant le GPS portable), je ne me serais jamais aventuré dans le bois. Alors j'ai bien senti la terreur vécue par les personnages du film lorsqu'ils constatent qu'ils sont bel et bien perdus.

La compagnie qui a produit ce film, Haxan Films, est dénommée à partir du film Haxan (The Witch en danois), réalisé en 1922 par Benjamin Christensen. 

Forgotten Silver (1995) de Costa Botes et Peter Jackson est un des plus fameux faux documentaire (documeteur) à propos d'un pionnier néozélandais du cinéma qui aurait été en avance sur différentes techniques cinématographiques mais qui aurait été oublié par l'histoire du cinéma.

Cannes 1999. Prix de la jeunesse - film étranger

Visionné, la première fois, le 31 octobre 1999 sur VHS à Montréal. 
Mon 345ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider