21 décembre 2012

242. Bergman : Sourires d'une nuit d'été

1001 films de Schneider : Sourires d'une nuit d'été


Film suédois réalisé en 1955 par Ingmar Bergman
Avec Gunnar Björnstrand, Eva Dahlbeck, Harriet Andersson, Ulla Jacobsson, Bibi Andersson.

Après 16 films, Sourires d'une nuit d'été marque ce que la critique newyorkaise Pauline Kael appelle la fin de sa période "rose".

Le Midsommardagen (la fête de l'été), en Suède, on ne rigole pas avec ça. Tout s'arrête pour 48 heures. Tout service disparaît dans les villes : les bureaux, les magasins, les restaurants et même beaucoup d'hôtels sont fermés. (On était à Söderhamm au nord de Uppsala le 23 juin 2012, un seul hôtel ouvert dans cette ville de 15 000 personnes.) On quitte les villes pour des lieux plus bucoliques. La Saint-Jean, le solstice d'été sont les prétextes utilisés pour ce farniente national.

Voilà Bergman qui, une fois n'est pas coutume, heureusement parce que ce n'est pas là que je le veux, fait dans la comédie légère dans cette transposition libre dans la Suède du début du 20ème siècle de l’œuvre de William Shakespeare, A Midsummer's Night Dream.

C'est un chassé-croisé tragicomique d'individus à la recherche du conjoint idéal dont le dénouement s'effectue durant la nuit du solstice d'été (en Suède le soleil ne se couche pas ce jour-là) qui permettra à chacun de trouver sa chacune.

Où il s'avère qu'entre le ridicule et le sublime en amour il n'y a qu'un pas que nos personnages franchissent allègrement.

Eva Dahlbeck atteint un moment de grâce dans ce film - une présence qui écrase le reste de la distribution. Voici un de ces moments de grâce avec Eva Dahlbeck qui chante Freut euch des Lebens.

Critique. Cahiers du Cinéma. Juillet 1956. Numéro 51. Les Belles avocates par Jean-José Richer.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Cannes 1956. Prix du "Best Poetic Humor" !!! à Ingmar Bergman. Il l'a appris, chez-lui, en lisant le journal dans la plus petite pièce de la maison.
Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1956

Visionné, la première fois, le 9 novembre 1988 au cinéma St-André-des-Arts à Paris
Petit moment nostalgique : Avant le film qui est à 18 heures, lecture du journal Le Monde à la Brasserie Lipp sur le boulevard St-Germain.
Mon 242ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 5 avril 2023

10 décembre 2012

241. Ashby : Being There

1001 films de Schneider : Being There
Bienvenue Mister Chance


Film américain réalisé en 1979 par Hal Ashby
Avec Peter Sellers (Chance), Shirley MacLaine, Melvyn Douglas, Jack Warden

Commençons par la fin : quelle bêtise d'avoir mis des bloopers (gaffes) dans la partie des crédits. Carrément, un mépris des spectateurs en plus de bousiller toute la performance de Peter Sellers qui a tout fait pour faire enlever ces scènes... sans succès.

Allez, ça me tente - je ne peux résister : On dirait que les Républicains, depuis cette époque, se sont inspirés de ce film pour aller recruter leur candidat à la présidence.

Après 30 minutes, on se doute bien de la suite. Peu de développement. Après 1 heure, on fait du surplace pour toute l'heure suivante et surtout on n'y croit plus. Le message est trop gros : en politique on est revenu de tout à telle enseigne que, le premier autiste venu, fait figure de génie. Bon, ça valait la peine d'être dit mais ça relève plus de la dissertation de collégiens que d'une analyse réaliste de la vie politique. D'accord c'était une blague - on s'est bien amusé et ça permet à Peter Sellers de jouer dans le plus étonnant rôle de sa carrière quelques mois avant de casser sa pipe.

Un moment étonnant : le final quand monsieur Chance marche sur l'eau. Ça me fait penser à cette phrase d'un ex-premier ministre québécois (s'appliquerait aussi à un ex-président français) constamment contesté par les médias qui disait que les médias le détestaient tellement que s'il marchait sur l'eau on lui reprocherait de ne pas savoir nager.

Vous n'oublierez pas la scène de masturbation de Shirley MacLaine à côté d'un monsieur Chance imperturbable.

Et si on essayait ça : Ce film peut aussi être vu comme une introduction à la robotique. Monsieur Chance, c'est un robot pourvu d'une intelligence artificielle. Il accomplit correctement les tâches quotidiennes d'un humain et il peut même reproduire certains concepts primaires à l'aide d'une vocalisation qui approche celle de l'humain. Pour ce qui est du volet émotionnel, bien, on est loin du compte...

Oscars 1980. Une statuette pour Melvyn Douglas, acteur de soutien.

Visionné, la première fois, le 8 novembre 1988 à la télévision à Paris
Mon 241ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 5 avril 2023

25 novembre 2012

240. Bergman : Le septième sceau

1001 films de Schneider : Le septième sceau


Film suédois réalisé en 1957 par Ingmar Bergman
Avec Max von Sydow (Antonius Block, le chevalier), Gunnar Björnstrand (l'écuyer), Nils Poppe (Joseph), Bibi Andersson (Marie), Bengt Ekerot (la Mort), Gunnel Lindblom (la muette)

Le Septième sceau est un film métaphysique dont la quête de Dieu est le thème principal. Antonius Block, après avoir parcouru des milliers de kilomètres jusqu'en Terre Sainte pour aller libérer les Lieux Saints de la présence musulmane, revient de la Croisade sans avoir trouvé Dieu. 

La peste noire aussi appelée la mort noire qui ravage son pays à son retour vient confirmer cette absence. On pense à l'aphorisme "Dieu est mort à Auschwitz". En fait, Dieu est mort souvent au cours de sa carrière de chef suprême. Ici, au 14ème siècle, la peste qui exterminera le tiers de la population européenne, est une autre preuve de l'absence de Dieu.

Sachant inéluctable sa rencontre avec la Mort qui l'attend à la fin de la partie d'échecs (voir l'affiche), Antonius Block cherche désespérément la présence divine dans le regard de la jeune fille en train d'être immolée sur le bûcher à cause de ses rapports avec le vilain. Si on peut voir Dieu, se dit-il, c'est certainement dans les yeux d'une personne qui est en train de mourir. Mais son écuyer est implacable avec sa phrase assassine. "Regarde bien dans ses yeux dit-il à son maître. Elle ne voit rien, sauf le vide."

 
Le chevalier : Je ne vois rien sauf de la terreur

Ce film, c'est un vrai festival de plans et de séquences dramatiques qui sont, en soi, des chefs-d'œuvre : l'apparition de la Mort, le visage décomposé par la peste d'un moine assis sur la grève, le défilé des pénitents, la sorcière que l'on mène au bûcher - sa crémation, la danse de la mort, etc. 

Dans cet immense théâtre de noirceur et de mort, une fleur s'ébat au soleil sous la forme d'un couple de saltimbanques, Marie (la lumineuse Bibi Andersson) et Joseph. Avec leur nourrisson, comment ne pas y voir la Sainte Famille ? Ils surnagent au-dessus de cet enfer et nous annoncent que le pire n'est pas toujours certain : la peste s'épuisera et la population européenne se remettra à croître de nouveau.


La "Sainte famille" avec le chevalier
La Sainte Famille avec le chevalier

Bergman et l'absence de Dieu, c'est un thème qui transcende toute son œuvre. Pourtant, Bergman, le grand sceptique, n'en finira pas moins, à la fin de sa vie, après le décès de son épouse Ingrid, à s'ouvrir à la croyance en l'au-delà.

Un très beau chiaroscuro. Gunnel  Lindblom - la muette
Gunnar Fischer à la caméra

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1957. Numéro 70. Le Nouveau Bergman par Jean Béranger. Mai 1958. Numéro 83. Traduit du silence par Jean Mambrino
Les 300 premiers Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Cannes 1957. Prix spécial du jury au réalisateur
Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1958

Visionné, la première fois, le 6 novembre 1988 au cinéma Saint-André-des-Arts à Paris.
Dans un des hauts lieux de la cinéphilie française, en cet automne 1988, il y eut une rétrospective de l’œuvre de Bergman. En deux mois, j'y vis 15 films de Bergman.
Je viens de lire dans Cocktail de saison d'Éric Neuhoff que cet écrivain qui m'avait tellement touché par sa Lettre ouverte à François Truffaut, était lui aussi dans cette même salle à la poursuite de l'œuvre de Bergman en V.O. 
Mon 240ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 3 avril 2023

13 novembre 2012

239. Bresson : Journal d'un curé de campagne

1001 films de Schneider : Journal d'un curé de campagne.


Film français réalisé en 1950 par Robert Bresson
Avec des acteurs non-professionnels comme d'habitude chez Bresson. Claude Laydu (le curé), Jean Riveyre, Adrien Borel, Rachel Bérendt, Nicole Maurey
Adaptation du roman Journal d'un curé de campagne de Georges Bernanos, publié en 1936.

Pauvre curé de campagne, il aurait mieux fait d'atterrir dans un village québécois où il aurait été traité comme un prince tant les concepts d'athéisme et d'anticléricalisme étaient à des années-lumière de cette société rurale traditionnelle - c'était avant la Révolution tranquille du début des années 1960 qui allait renvoyer dans les livres d'histoire le catholicisme orthodoxe qui a enchaîné cette société pendant plus de trois siècles.

Au début du film, on a l'impression qu'on est parti pour un grand tour au pays du mysticisme à cause du comportement alimentaire du curé qui limite sa diète à du pain rassis trempé dans du vin sucré. En fait, il a un cancer de l'estomac en route, ce qui l'oblige à se comporter comme un de ces mystiques masochistes qui aiment se faire souffrir en vue d'une canonisation éventuelle, d'autres préfèrent se jeter en chute libre d'un ballon à plus de 39 000 mètres d'altitude.

En voyant ce film, on pense : Bresson, ce Dreyer français.
 
On est dans les années 30, on circule à vélo dans les villages français. Je me souviens de mon premier voyage en France - décembre 1975 - et de ma surprise de voir tant de personnes à vélo dès que nous parcourions les petites routes de campagne. (En moins de 10 ans, le vélo disparaîtra du paysage français). Il n'y avait plus de vélos au Québec depuis belle lurette ni pour le transport, ni pour le loisir, si on excepte les enfants.  

Le retour du vélo au Québec se fera à partir des années 1990. À telle enseigne que Montréal en 2012 est considérée la ville où le vélo est le plus pratiqué en Amérique.

Vous décidez de ne lire qu'une critique de ce film, je vous conjure de lire le texte qu'André Bazin a écrit les Cahiers du Cinéma. Une citation que j'aime : "Doit-on dire du Journal d'un curé de campagne qu'il est un film muet avec des sous-titres parlés?" Une formule que j'aurais aimé trouvée.

Ambricourt, commune de 114 habitants du département du Pas-de-Calais, comptait 182 habitants lors de la rédaction du roman par Georges Bernanos.

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1951. Numéro 1. Un acte de foi par Lo Duca. Juin 1951. Numéro 3 par André Bazin
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Venise 1951. Trois prix
Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1951.

Visionné, la première fois, le 31 octobre 1988 au cinéma Reflet Médicis à Paris, lors du festival Les Éternels du cinéma français (1930-1960)
31 octobre, c'est le début à Paris de cette saison de brumes matinales, de froidure et de grisaille que l'on retrouve dans ce film de Bresson où il fait novembre dans les paysages et dans les cœurs.
Mon 239ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 3 avril 2023

04 novembre 2012

238. Rossellini : Paisà

1001 films de Schneider : Paisà


Film italien à épisodes (6) réalisé en 1946 par Roberto Rossellini
Avec des acteurs non-professionnels (une trentaine). Certains de ces amateurs sont carrément mauvais. L'utilisation de non-professionnels n'est pas un gage de réalisme, loin de là. Je préférais la formule de Roma, citta aperta, i.e. rôles importants par des acteurs pro et rôles de soutien par des non-pro.
Seulement 3 de ces acteurs auront, par la suite, une carrière professionnelle : Carlo Pisacane (84 films), Maria Michi (19 films) et Giulietta Masina, l'épouse de Federico Fellini, (32 films).

Je ne suis pas un amateur de nouvelles. Je préfère les romans, les gros romans, style À la recherche du temps perdu ou La mer de la fertilité de Yukio Mishima ou Le quatuor d'Alexandrie de Laurence Durrell. J'aime bien avoir le temps de m'installer dans une œuvre.

Alors, c'est vous dire que les films à épisodes (et plus il y en a, pire c'est) me laissent sur ma faim. Pas d'expériences heureuses avec ce format. Paisà, malheureusement, n'échappe pas à la règle, à ma règle, devrais-je dire.  

À cause de cela, après Roma, città aperta, il me semble que Paisà est un peu en recul.

On pourrait objecter et c'est ce que je fais aussi, que ces six épisodes ne sont, en fait, qu'une seule histoire : la libération de l'Italie par les Américains et les Britanniques qui entraîne son lot de malentendus tant au niveau de la langue qu'au niveau des valeurs et des comportements. 

Cette remontée des troupes de libération vers le Nord de l'Italie à partir de la Sicile met en lumière le fossé presque infranchissable entre les soldats des armées étrangères et les populations locales.  C'est ce qui rend le dernier épisode tellement bouleversant parce qu'il nous présente, contrairement aux précédents épisodes, les partisans et les "libérateurs" unis dans leur destinée finale : exécutés qu'ils sont par la troupe allemande.
 
Six épisodes, six lieux d'action : Sicile, Naples, Rome, Florence (on parle de Lucca, lieu de naissance de mon grand-père), les Apennins et le delta du Pô ; chaque épisode est introduit à l'aide d'actualités cinématographiques.

Venise 1946. Prix pour le film et prix pour la réalisation.

Visionné, la première fois, le 25 octobre 1988 au cinéma Montparnasse à Paris
Mon 238ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 3 avril 2023

28 octobre 2012

237. Chabrol : Une affaire de femmes

1001 films de Schneider : Une affaire de femmes
ou mieux, Les Affaires d'une femme

Retiré de la liste de Schneider depuis l'édition de 2013


Film français réalisé en 1988 par Claude Chabrol
Avec Isabelle Huppert (Marie), François Cluzet, Marie Trintignant, Nils Tavernier, Dominique Blanc
Inspiré du livre du même nom (1986) écrit par Francis Szpiner qui raconte l'histoire de Maire-Louise Giraud, une des dernières femmes guillotinées de France.

Un personnage (Marie) qu'on aime détester comme celui de Lacombe Lucien du film éponyme de Louis Malle.

Un personnage qui réussit, l'ignorance étant son prétexte, à tirer son épingle (excusez ce mauvais jeu de mots) du jeu dans le marécage de l'occupation allemande.

Pas de héros dans ce film, pas de résistants non plus. Les habitants de cette région de Dieppe essaient de survivre tant bien que mal en jouant du marché noir ou de la collaboration. Pour cette "faiseuse d'anges" pas de problèmes d'éthique, pas de problème de conscience puisque tous ceux qui l'entourent, de toute manière, sont plus ou moins compromis par des comportements illicites.

Isabelle Huppert est géniale dans ce rôle de femme "arriviste" qui pratique des avortements sans état d'âme et surtout pas par posture idéologique.

Ne vous y trompez pas, la problématique de l'avortement n'est pas au cœur de ce film. Chabrol n'invite pas son public à prendre position sur cette question; ce qui l'intéresse, c'est l'itinéraire improbable d'une femme de la classe populaire qui veut se sortir de sa condition misérable pour atteindre une certaine aisance financière. D'où notre, je devrais dire mon, manque de sensibilité face au déroulement de sa mise en accusation et de son procès - tout nous apparaît tellement absurde. Cette Marie est "étrangère" à ce qui lui arrive et nous aussi, un peu.

Marie Trintignant, lumineuse dans ce rôle de prostituée - grosse nostalgie !

Venise 1988. Trois prix. Deux pour Claude Chabrol. Un pour Isabelle Huppert.
Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1988.

Visionné, la première fois, le 25 octobre 1988 au cinéma à Paris  
Mon 237ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 2 avril  2023

19 octobre 2012

236. Rossellini : Voyage en Italie

1001 films de Schneider : Voyage en Italie


Film italien réalisé en 1954 par Roberto Rossellini
Avec Ingrid Bergman (Catherine Joyce) et George Sanders (Alex Joyce)

Après avoir vu Rome, ville ouverte et Paîsa, Ingrid Bergman, vedette hollywoodienne consacrée, tombera en amour avec le cinéma de Rossellini puis avec le réalisateur, pourquoi pas, tant qu'à faire le voyage en Italie. 

De cette union qui ameutera l'Amérique (couple en situation illicite à cause de la bigamie de Bergman), sortiront 5 films : Stromboli, Europa 51, Voyage en Italie, La paura et Jeanne d'Arc - puis, fin de l'aventure - divorce et retour à Hollywood.

Le film : J'aime tout ce qui n'est pas le thème principal du film : vie de couple au bout du rouleau sauvée in extremis par un miracle de la Vierge Marie lors de la procession annuelle, le 19 septembre, en l'honneur de Saint-Janvier, patron de Naples. 

Ce film c'est un peu l'histoire du couple Rossellini-Bergman en fin de piste mais qui, celui-là, ne sera pas sauvé, trois ans plus tard par Saint-Janvier.


Le miracle de la Vierge : le couple raccordé in extremis













Ce que j'aime, c'est Naples et ses quartiers populaires fourmillant de marmaille ; ce sont les catacombes où les gens vont honorer des squelettes millénaires ; c'est le Vésuve avec ses champs de brouillards méphitiques ; ce sont les processions religieuses interminables ;  c'est le travail de moulage des corps ensevelis sous les cendres de l'éruption du Vésuve en l'an 79 - cette dernière séquence, représentant un couple enlacé, ayant une fonction cathartique auprès de Catherine mais y croit-on vraiment ?  

C'est avant tout un film sur Naples, un film sur l'histoire, un film sur l'art, la question du couple n'étant qu'accessoire et comment pourrait-il en être autrement devant cette scène millénaire.
E
Pompéi : moulage de corps ensevelis par l'éruption du Vésuve
Interprétation : Est-il vraiment nécessaire de souligner la performance exécrable du comédien George Saunders. Il ne joue tout simplement pas dans le même film qu'Ingrid Bergman.

Critique. Cahiers du Cinéma. Mai 1955. Numéro 47. La Terre du miracle par Maurice Schérer alias Éric Rohmer.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1955.

Visionné, la première fois, le 22 octobre 1988 au cinéma Montparnasse à Paris
Au même moment, au Cinéma Reflet Médicis, je fréquentais le festival Les Éternels du cinéma français : 50 films de la période 1930-1960 par 38 réalisateurs. 
Mon 236ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 2 avril 2023

11 octobre 2012

235. Rossellini : Rome, ville ouverte

1001 films de Schneider : Rome, ville ouverte


Film italien réalisé en 1945 par Roberto Rossellini
Co-scénarisé avec Federico Fellini
Avec Anna Magnani (Pina), Aldo Fabrizi (Don Pietro), Marcello Pagliero, Francesco Grandjacquet, Harry Feist, Maria Michi

Avec ce film, naissance officielle du néo-réalisme italien : tournage en extérieurs, aspect documentaire, utilisation d'acteurs non-professionnels et d'acteurs professionnels utilisés à contre-emploi (Frabrizi, grand comique joue un rôle de prêtre et Magnani, spécialiste du vaudeville, est dramatique).

Il faut quand même savoir que l'extrême précarité financière de la production a orienté le film vers une authenticité que les productions traditionnelles n'avaient pas. 

Au même moment, Vittorio De Sica tourne Sciuscia dans les mêmes conditions devenant le co-inventeur du néo-réalisme italien. 

Quand Rossellini tourne le film (1er plan le 17 janvier 1945), Rome vient à peine d'être libérée (4 juin 1944). Quant à l'Italie, elle sera  occupée par les troupes allemandes jusqu'en avril 1945.

Premier grand film sur la résistance, Rome, ville ouverte (ce qui signifie en termes militaires qu'on doit éviter de la bombarder) apporte un baume aux Italiens dont le pays fut pendant quelques années le siège numéro deux (ex æquo avec l'Espagne) du fascisme européen.

En sortant du cinéma Montparnasse, place de l'Odéon, ce 15 octobre 1988, après avoir vu Roma, città aperta, jamais Paris ne me parut aussi beau - on ne sort pas indemne de ce type de film - bizarrement, il peut apporter du bonheur.

La mort de Pina
Une des scènes qui me bouleversent à chaque fois : Pina (Anna Magnani), désespérée, abattue, en courant pour rattraper son fiancé qui vient d'être arrêté par les Allemands. Une image forte de l'histoire du cinéma.

Les séquences de la fin du film qui traitent de la torture sont des morceaux d'anthologie. Une scène christique : Un communiste athée torturé par la Gestapo devant un prêtre catholique obligé de regarder cette scène et qui prie pour qu'il réussisse à ne pas parler. Et puis, lorsque le résistant meurt, la colère de ce prêtre, une imprécation terrible qui voue aux géhennes de l'enfer les bourreaux nazis.

Lecture cinéphilique
L'amour est plus froid que la mort. Une vie de Rainer Werner Fassbinder de Robert Katz. Où il appert que Fassbinder est un sacré monstre. Faits retenus : bisexualité complètement déjantée, réalisateur prolifique (11 films en 1969-70)  et, ce qui m'a le plus surpris, admirateur de Douglas Sirk parce qu'il sait séduire les foules ce qui lui manque pendant cette première période. 45 films pour l'intégrale - site de référence : Rainer Werner Fassbinder Fondation

Cannes 1946. Grand Prix du Festival

Visionné, la première fois, le 15 octobre 1988, au cinéma Montparnasse à Paris
Lors d'une rétrospective Rossellini.
Mon 235ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 2 avril 2023

08 octobre 2012

234. Levinson : Good Morning, Vietnam

1001 films de Schneider : Good Morning, Vietnam
Bonjour Vietnam


Film américain réalisé en 1987 par Barry Levinson
Avec Robin Williams (Adrian Cronauer), Forest Whitaker, Tung Thanh Tran, Chintara Sukapatana, Bruno Kirby, J.T. Walsh

Tous les grands drames sur le Vietnam ayant été tournés (The Deer Hunter, Apocapypse Now, Full Metal Jacket, etc.), on suppose qu'il était temps d'en tirer une comédie. Une sorte de MASH de la guerre du Vietnam. Avec Robin Williams à la barre, on ne risquait pas de s'ennuyer. 

Alors, le Robin nous fait tout un jeu de stand-up comique assis dans une cabine de radio. Mais après une heure de ce jeu, le film s'écrase lamentablement. Ce n'est surtout pas la bluette autour de sa relation amoureuse avec une Vietnamienne et de son amitié naïve avec un jeune Viêt-Cong qui va sauver le film.

Ça se regarde bien une deuxième fois pour mieux saisir toute la portée des blagues en cascade de Williams - évidemment, à voir en version originale, parce que le doublage français est nul à chier.
 
La personnalité du D.J. est inspirée d'Adrian Cronauer qui a animé une émission de radio à Saïgon en 1965-66. Mais, selon ce dernier, seulement 45% de la performance de Williams est ressemblante. On le croit parce que ce Cronauer est un républicain fini qui a appuyé  les campagnes des deux Bush.

Numéro prouesse : le montage de l'interview avec Richard Nixon qui répond à des questions sur sa vie sexuelle. On se délecte tous de ce coup-de-pied au cul à Tricky Dicky. À tourner en boucle.

On retient, pour son ironie décapante, la chanson de Louis Armstrong, What a Wonderful World.

Robin Williams a fait des sacrés numéros de pitre dans sa carrière mais sa prestation qui m'a le plus ébranlé est celle de Walter Finch dans Insomnia de Christopher Nolan. On le voit, en contre-emploi, joué le rôle d'un criminel. Williams, en tueur en série, ça donne des frissons.

Visionné, la première fois, le 12 septembre 1988 au cinéma à Paris
Mon 234ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 1er avril 2023

04 octobre 2012

233. Wenders : L' ami américain

1001 films de Schneider : L'ami américain


Film allemand réalisé en 1977 par Wim Wenders
Avec Dennis Hopper (Ripley), Bruno Ganz (Zimmermann), Lisa Kreuzer, Gérald Blain et petits rôles de méchants à trois réalisateurs : Samuel Fuller, Nicholas Ray et Jean Eustache.
Adaptation par Wim Wenders du roman de Patricia Highsmith, Ripley's Game, publié en 1974.

Ne cherchez pas le roman policier de Patricia Highsmith dans ce film, vous ne l'y trouverez pas. En lieu et place de l'intrigue policière vous y verrez le développement d'une improbable amitié entre un encadreur de tableaux de Hambourg (Ganz) et un malfrat de New York (Hopper). 

On met du temps à croire à cette amitié parce qu'on cherche à comprendre le drame policier et ce faisant on passe à côté du film. Puis, lors de la séquence du train et des suivantes, on comprend le titre du film et on se laisse toucher par cette amitié.

Un propos formaliste que je trouve agaçant : l'utilisation intempestive du rouge - on comprend que le héros souffre de leucémie aigue mais on n'est pas obligé de transformer le décor en flacons d'hémoglobine pour autant.

À mon grand plaisir, la ville s'invite comme personnage : New York et ses sempiternelles (sic) tours jumelles ; le quartier de la Défense à Paris que j'ai découvert en 1977, la même année que Wenders y tournait ses séquences un peu stéréotypés de lieu froid et impersonnel ; le port de Hambourg qu'on ne voudrait pas comme arrière-cour.

Légende urbaine florissante à l'époque : dans le film, Ripley (Hopper) dit à Zimmermann (Ganz) qu'il travaille au retour des Beatles à Hambourg, Celle ville les avait accueillis pendant deux ans au début de leur carrière.

À la fin du film, Dennis Hopper commence à murmurer la ballade I Pity the Poor Immigrant de Bob Dylan qui résume bien le caractère de Ripley (Hopper) :
I pity the poor immigrant
Who wishes he would've stayed home
Who uses all his power to do evil
But in the end is always left so alone.

Critique. Cahiers du Cinéma. Novembre 1977. Numéro 282. Traquenards par Jean Narboni
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, le 17 juillet 1988 au Cinéma Denfert à Paris
En congé sabbatique à Paris de juin à décembre 1988, j'habitais dans le 15ème près de la Tour Montparnasse - un six-mois paradisiaque pour un cinéphile avec mon amoureuse, Lucie. J'ai vu exactement 100 films durant cette période dont 17 sont sur la liste des 1001 films de Schneider. Mon cinéma préféré était le St-André-des-Arts où fut projetée une intégrale Bergman que je n'ai pas ratée.
Mon 233ème  film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 1er avril 2023

03 octobre 2012

232. Jewison : Moonstruck

1001 films de Schneider : Moonstruck
Éclair de lune


Film américain réalisé en 1987 par Norman Jewison
Avec Cher, Nicolas Cage, Olympia Dukakis, Vincent Gardenia, Danny Aiello, Fedor Chaliapin Jr.

Une légère comédie romantique qui me touche un peu à cause de cette plongée au cœur de la vie italienne dans le quartier Brooklyn qui me rappelle quelques scènes familiales de mon enfance mi-italienne.

J'aime les images de New York. Depuis qu'elles sont tombées, je cherche les tours jumelles dans tous les films tournés à New York. Ici, très présentes - même sur l'affiche du film.

J'aime les performances de Cher-la-Belle et de Nicolas Cage-la-Bête. Le premier titre du film n'était-il pas The Bride and the Wolf.

J'aime les extraits de La Bohème avec Renata Tebaldi en Mimi.
 
J'aime tous les rôles secondaire, particulièrement, celui de Chaliapin en vieux, naviguant dans le grand âge (plus de 90 ans) et qui n'en a rien à cirer de cette famille toxique et qui lui  préfère sa promenade avec ses cinq chiens - non tirare.

Pratique non connue de ma parenté italienne : Un carré de sucre dans le champagne...ouache...pour le rabaisser au niveau de l'horrible asti spumante, je suppose. Chez nous, lors des fêtes, les enfants pouvaient boire du vin. Il était coupé de 7up ou de coca...Ça améliorait nettement l'horrible piquette produite par mon grand-oncle de Montréal.
 
La pleine lune.... Était-ce vraiment nécessaire ?

Cette phrase qui résume  tout ce que je déteste du cinéma hollywoodien obsédé par les ratings : "The opening title sequence was originally played on the score from La Bohème opera but was changed to the Dean Martin track That's amore as the preview drew negative test audience reaction. Many shifted uncomfortably on their seats thinking that they had been lured into an art film."

Oscar 1987. Trois statuettes : Cher, actrice. Olympia Dukakis, actrice de soutien et scénario.
Berlin 1988. Ours d'argent à Norman Jewison

Visionné, la première fois, le 21 avril 1988 au cinéma Berri à Montréal
Mon 232ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 31 mars 2023


11 septembre 2012

231. Lyne : Fatal Attraction

1001 films de Schneider : Fatal Attraction
Liaison fatale


Film américain réalisé en 1987 par Adrian Lyne
Avec Glenn Close (Alex Forrest), Michael Douglas (Dan Gallagher), Anne Archer (Beth Gallagher), Ellen Hamilton Latzen (Ellen Gallagher, 8 ans - rare présence au cinéma d'une petite fille non déguisée en petite fille)

On sait qu'Adrian Lyne a l'habitude d'en beurrer épais et il ne nous prive pas de sa tartinade pour ce film, mais il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas voir un excellent thriller dans ce Fatal Attraction ; probablement parce qu'on a tous, à un moment ou à un autre dans notre vie, joué dans ce film, tant les affres de la dépendance affective sont choses courantes. 

Impossible dans ces circonstances où le film vient faire une incursion dans notre mémoire émotionnelle de ne pas sentir poindre les flèches de l'anxiété.

Des gens sont montés aux barricades du combat contre la misogynie - soyons sérieux, ce film illustre d'abord la dépendance affective pathologique, qui elle, est bien portante chez les deux sexes.

Comptez sur Lyne pour bousiller son film en nous entraînant, dans les dernières séquences, dans un film d'horreur à la Friday the 13th. Triste

Glenn Close y joue le rôle de sa carrière - une performance époustouflante dans le rôle d'une "bunny boiler" - je vous laisse le plaisir de découvrir la définition de ce terme qui prend son origine dans ce film.

Un autre film dans le même genre que je préfère est Play Misty for Me (1971) de Clint Eastwood avec Eastwood et Jessica Walter. C'était  le premier film d'Eastwood - bien avant que Clint ne se mette à  parler à des chaises vides.

Dans Crimes and Misdemeanors, Woody Allen nous entraîne encore dans ce scénario mais, au grand dam de toute  morale, le personnage trucide la maîtresse dès ses premières velléités de venir briser le cocon familial de son amant. Ce film est un sacré coup de feu dans la morale traditionnelle - on peut faire exécuter quelqu'un sans finalement en éprouver ni remords, ni culpabilité et s'en tirer sans conséquences judiciaires.

Tiré des trivia de IMDB : "According to Glenn Close, people still come up to her to tell her "thanks, you saved my marriage!"

Visionné, la première fois, le 9 février 1988 à la télévision à Montréal
Mon 231ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 31 janvier 2023

27 août 2012

230. Allen : Hannah and Her Sisters

1001 films de Schneider : Hannah and Her Sisters
Hannah et ses soeurs


Film américain réalisé en 1986 par Woody Allen
Avec Woody Allen, Mia Farrow, Dianne Wiest, Barbara Hershey, Michael Caine, Carrie Fisher, Max von Sydow

Je ne sais pas pour vous mais, pour moi, il me semble que j'aurais préféré faire l'impasse sur notre hypochondriaque préféré (dont j'aime beaucoup la prestation, par ailleurs) en  le coupant au montage et en ne gardant et développant que le labyrinthe des relations amoureuses de nos trois beautés désespérées. 

C'était une belle occasion de faire un film de Woody Allen sans Woody Allen. À toutes les fois qu'il apparaît à l'écran, on a l'impression d'entrer dans une séquence de stand-up comique complètement dissonant par rapport au drame en développement.

Ne faisons pas trop la bouche fine : j'aime beaucoup ce film en particulier le personnage joué par Michael Caine qui bafouille entre deux relations amoureuses - l'histoire que j'aime dans ce film.

Un grand casting pour cette histoire qu'Allen développe en "feel-good movie". Max von Sydow - encore un clin d'œil d'Allen à son maître Bergman - mais il  me semble sous-employé.

Critique. Cahiers du Cinéma. Juin 1986. Numéro 385. Par Antoine de Baecque.

Oscars 1987. Trois statuettes : scénario, acteur de soutien à Michael Caine, actrice de soutien à Dianne Wiest

Visionné, la première fois, le 3 janvier 1988 au cinéma Ouimetoscope à Montréal
Le Ouimetoscope (fondé par Léo-Ernest Ouimet) fut la première salle de cinéma permanente au Canada. Elle fut inaugurée le 1er janvier 1906 sur la rue Ste-Catherine au coin de la rue Montcalm.


La 2ème mouture du Ouimetoscope que j'ai fréquenté dans les années 1980. 
Il sera transformé prochainement en condos de luxe - êtes-vous surpris?

Mon 230ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 22avril  2023

14 août 2012

229. Brooks : Broadcast News

1001 films de Schneider : Broadcast News
J'ose à peine vous donner le titre français. Pleure pas, t'es en direct.


Film américain réalisé en 1987 par James L. Brooks
Avec Holly Hunter (Jane), William Hurt (Tom), Albert Brooks (Aaron)

Beaucoup de critiques ont haché menu ce film. Pourtant, après un 4ème visionnement, je continue à beaucoup aimé ce film même si je suis d'accord avec la plupart de ces critiques. Mais, comme j'ai toujours préféré l'approche émotionnelle à l'approche rationnelle quant à l'évaluation des films, ce porte-à-faux se produit régulièrement. Je pense, entre autres, à Terms of Endearment  du même James Brooks, un film à faire brailler dans les chaumières.
 
Quand je regarde un film, ce que je sens c'est ce qui compte, l'analyse filmique passe au second rang. Je sais que ce que je sens est vrai et authentique alors que mon analyse...bof...des analyses, il y en a plein les pages de revues de cinéma et des blogs et, en général, je trouve ça plutôt rasoir - assez ennuyant à lire.

Alors Broadcast News ?  J'aime beaucoup les trois personnages fortement typés et le triangle amoureux qui n'est pas s'en rappeler celui de Crimes and Misdemeanors de Woody Allen, film tourné deux ans plus tard (Vous souvenez-vous de l'intellectuel (joué par Allen) qui se fait voler sa flamme par son frère, apparemment belle coquille vide, comme Tom?). L'amour n'y retrouve pas ses petits dans ce film où le travail occupe toute la place tant est palpitante cette éternelle course vers les "deadlines".

C'était l'époque où l'anchorman des journaux télévisés du début de soirée était la prima donna du réseau : Peter Jennings (décédé en 2005) à ABC, Tom Brokaw à NBC et Dan Rather à CBS. Terminée cette époque; les cotes d'écoute des journaux télévisés sont actuellement en bas de la ligne de flottaison  et plongent de plus en plus vite vers les abîmes année après année. 

Émouvant : dernière apparition de Peter Jennings à World News Tonight
Il décédera 3 mois plus tard

Deux grands jeux d'acteur par Holly Hunter et William Hurt. Mais, c'est surtout la prestation de ce dernier qui m'a fasciné. Il interprète parfaitement ce "beau gosse, rien dans la tronche" tout en demeurant dans les limites de la crédibilité. 



Berlin 1988. Ours d'argent pour l'actrice Holly Hunter

Visionné, la première fois, en 1988 au cinéma à Montréal 
Mon 229ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 31 mars 2023

18 juillet 2012

228. Malle : Au revoir, les enfants

1001 films de Schneider : Au revoir, les enfants


Film français réalisé en 1987 par Louis Malle
Avec Gaspard Manesse (Quentin), Raphaël Fejto (Bonnet),
Francine Racette (la mère de Quentin), Philippe Morier-Genoud (le père Jean)

Scénario basé sur des faits vécus par Louis Malle, à 11 ans, dans un collège qui a abrité des Juifs au temps de l'Occupation. Le dénouement du film relève de la fiction.

Attention : déboulonnage de chef-d'œuvre
Je suis embêté après avoir revu ce film. Je n'ai pas du tout retrouvé ce qui a pu susciter tant d'emballement de ma part à l'époque et aussi de la part de  la communauté cinéphilique.

Le traitement que Malle fait de la vie en pensionnat n'a vraiment rien d'original. Plusieurs films, dont Zéro de conduite de Vigo ou If de Lindsay Anderson, pour ne nommer que ceux-là, avaient déjà, avec une approche moins académique, traité de ce sujet avec brio. Malle n'apporte rien de nouveau. 

Quant à la question de l'utilisation des pensionnats catholiques pour y cacher des jeunes de la communauté juive pendant l'Occupation, je suppose que ça méritait d'être le sujet d'un film. Mais n'y a-t-il pas une certaine complaisance dans ce film envers une image surannée de "vieille France" ? 

Malle n'évite pas le piège de la nostalgie. Comme si le passé, comme c'est le cas pour tous les souvenirs d'enfance, était remaquillé.  Il faut dire que c'est souvent le cas pour les sujets autobiographiques sur lesquels les auteurs ont tendance à manquer de distance critique.

C'est vrai qu'il est difficile pour un Québécois qui a vécu son enfance dans les années 50 et 60 de voir dans ces images de pensionnat des moments heureux tant les abus sexuels qu'ont subis des dizaines de milliers de jeunes Québécois et de jeunes Autochtones de la part de religieux catholiques dans ces types de pensionnat (et les dossiers sont loin d'être clos) en ont fait des lieux maudits. 

Ces pratiques ont été reconnus dans de nombreux pays : Canada, États-Unis, Pays-Bas, Irlande...en fait, dans tous les endroits où il y avait des religieux catholiques, on devait retrouver ce type de délinquance - quid de la France ?

Vaut le détour : la séquence dans le restaurant où le jeune Quentin découvre l'antisémitisme. On pourrait ressentir une petite gêne, quand même, dans cette scène où les méchants sont les milices françaises et les gentils sont les soldats allemands, mais c'est cette ambiguïté qui donne toute la force à cette scène.

Le point d'orgue du film qui a bluffé les critiques : la dénonciation, par inadvertance, de Bonnet par Quentin - un regard qui conduit au camp de la mort.

Francine Racette qui joue le rôle de la mère de Quentin, épouse de Donald Sutherland, est née à quelques rues de chez-moi à peu près à la même époque. Elle n'a joué que dans quatre films dont celui-ci était le dernier.

Anachronisme. Ce volume, Le parfum de la dame en noir de Gaston Leroux, que Quentin trouve dans les affaires de Bonnet n'a été publié, dans la collection de la Bibliothèque verte (collection chérie de mon enfance), qu'en 1949.


Critique. Cahiers du Cinéma. Octobre 1987. Numéro 400. Regards d'enfants par Serge Toubiana

Venise 1987. Cinq prix dont le Lion d'or.
Césars 1988. Sept prix : film, réalisateur, scénario, caméra, décors, montage et son.

Visionné, la première fois, le 28 décembre 1987 au cinéma de la Place Charest à Québec
Cinéma disparu qui était situé dans le quartier St-Roch à Québec, le quartier de mes origines, le plus pauvre de Québec lorsque j'y suis né. Transformé depuis quelque temps par le phénomène de la gentrification. Nouveau vocable : Nouvo St-Roch. (Misère!)
Mon 228ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 22 avril 2023