25 octobre 2010

188. Donen et Kelly : Singin' in the Rain

1001 films de Schneider : Singin' in the Rain
Chantons sous la pluie


Film américain réalisé en 1952 par Stanley Donen et Gene Kelly
Avec Gene Kelly, Donald O'Connor, Debbie Reynolds, Jean Hagen, Cyd Charisse

Soyons un peu iconoclaste.
Le douzième meilleur film du 20ème siècle ? Alors là, pas d'accord. Je ne suis même pas certain que je le classerais parmi les 50 premiers.

Beaucoup de scènes musicales dont on avait déjà vu l'équivalent dans des comédies musicales tournées dans les années 1930 ; je pense, entre autres, aux films de Lloyd Bacon :  42nd Street et Footlight  Parade. Sauf, évidemment, les deux pièces les plus célèbres du répertoire de la comédie musicale, la danse sous la pluie de Gene  Kelly et celle de Donald O'Connor,"Make 'em Laugh'', une impressionnante performance de danse acrobatique qui me ravit à chaque visionnement.

Quand j'étais jeune, je détestais ce type de film. Les Fred Astaire, Gene Kelly et  consorts me tombaient royalement sur les nerfs avec leurs steppettes sur de la musique édulcorée aux paroles insipides et  insignifiantes. 

Longtemps, je n'ai aimé qu'un seul film musical, et non ! ce n'était pas The Sound of Music que j'ai toujours eu de la difficulté à aimer mais plutôt, West Side Story. Enfin, on  sortait de la comédie  musicale traditionnelle héritée de l'âge d'or des années 1930. Il fallait Leonard Bernstein (musique) et Jerome Robbins (chorégraphie) pour remettre en question les vieilles lunes.

Aujourd'hui, l'âge affaiblissant l'armure, j'ai du plaisir à voir les anciennes comédies musicales dont la plupart m'étaient inconnues avant de commencer cette expédition au cœur des 1001 films.

Un peu de fantaisie.
J'ai ma propre interprétation du titre de ce film. Singing in the Rain convoque l'Amérique à s'amuser pendant une des périodes les plus tendues de la la Guerre froide. Rain, évidemment, est une métaphore pour retombées nucléaires. Alors, chers concitoyens, glissez la tête sous le tapis et faites des galipettes pendant qu'Armageddon se prépare.  Dylan n'a-t-il pas utilisé cette métaphore dans sa chanson épique A Hard Rain's A-Gonna Fall, écrite pendant la Crise des missiles de Cuba en 1962 ?

Probablement la plus belle interprétation de cette chanson par Dylan à Nara au Japon, le 22 mai 1994, avec orchestre symphonique.


Critique. Cahiers du Cinéma. Novembre 1953. Numéro 28. Que ma joie demeure par Claude Chabrol
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1953. Même pas en nomination pour le meilleur film ni dans aucune catégorie importante. Surprenant.

Visionné, la première  fois, le 13 février 1983 à la télévision à Montréal
En pleine grève de la fonction publique qui se terminera après 22 jours par la loi 111 nous forçant à retourner au travail. Le pire échec syndical vécu de toute ma carrière de professeur et tout ça sous le gouvernement du Parti Québécois que 70% des syndiqués avaient reconduit au pouvoir deux années auparavant. On peut dater de cette grève le début de la dégradation irrémédiable de la force syndicale québécoise. Aujourd'hui, les syndicats ne sont plus qu'un groupe de pression parmi tant d'autres. Quand je vois la mobilisation vigoureuse des Français pour des luttes sociales légitimes, je me noie dans la nostalgie.
Mon 188ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023

09 octobre 2010

187. Cimino : The Deer Hunter

1001 films de Schneider : The Deer Hunter
Voyage au bout de l'enfer.


Film américain réalisé en 1978 par Michael Cimino
Avec Robert De Niro, John Cazale, John Savage, Christopher Walken, Meryl Streep

J'ai beaucoup aimé ce film à son premier visionnement dans les années 80. J'aime toujours beaucoup ce film.

Ce qui m'avait exaspéré la première fois, cette longue séquence de la noce qui n'en finit plus de distiller notre attente du drame vietnamien, m'a beaucoup plu cette fois-ci. Tout le drame de cette guerre réside dans cette séquence. La vie ordinaire de gens ordinaires qui, soudainement conscrits, sont plongés brutalement dans un voyage au bout de l'enfer.

Voyage sans retour - l'innocence à jamais perdue. Il n'y aura jamais de retour pour ces conscrits. Je pense à Coming Home, tourné au même moment par Hal Ashby avec Jon Voight qui, lui non plus, ne réussira pas à revenir de cet enfer.

On peut être certain que cet enfer s'incrustera au cœur de leur vie. Contrairement aux conscrits de la Seconde guerre mondiale, les vétérans du Vietnam ne seront jamais des héros. Battus deux fois : au Vietnam et dans leur propre communauté où ils apparaîtront comme les représentants du déshonneur américain.

Ce film a suscité beaucoup de controverses parmi la société libérale américaine à cause du traitement partial et très partiel de la guerre du Vietnam.

Agaçant. La représentation unidimensionnelle des combattants du Vietcong me rappelle celle des Japonais des films de mon enfance. Dans les films de guerre des années 1950, tous les Japonais étaient des êtres cruels et impitoyables qui donnaient des frissons et des cauchemars à tous les enfants de mon quartier à telle enseigne que tous les Asiatiques que nous croisions, peu nombreux dans le Limoilou de mon enfance, suscitaient peur et dégoût. J'aimerais bien revoir quelques-uns de ces films dont il m'est impossible de me rappeler les titres.

À cause de cette caricature des soldats Vietcongs, pas besoin de vous faire un dessin sur la façon dont ce film  a été accueilli, au Festival de Berlin, par la gauche qui a hurlé au scandale en plus de susciter le boycottage du Festival par l'URSS et les pays d'Europe de l'Est, ces fausses vierges offensées - une vraie rigolade. 

Atteint d'un cancer incurable, John Cazale est en train de mourir devant nous. Il n'a tourné que dans quatre autres films avant celui-là, mais quels films ! : Le Parrain 1 et 2, The Conversation, Dog Day Afternoon.

Touchant. Le God Bless America chanté sans fierté en fin de programme, sorte de baume sur les malheurs de l'Amérique. J'adore cet hymne que j'associe au spectacle donné par des artistes américains au lendemain de l'attaque du World Trade Center. Céline Dion y chante divinement God Bless America - frissons garantis si votre carapace antiaméricaine n'est pas trop blindée.



Oscars 1979. Cinq statuettes pour le film, la réalisation, l'acteur de soutien à Christopher Walken, le montage et le son.

Visionné, la première fois, en janvier 1983 à la télévision à Montréal
Mon 187ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023