22 septembre 2010

186. Herzog : Fitzcarraldo

1001 films de Schneider : Fitzcarraldo


Film allemand réalisé en 1982 par Werner Herzog
Avec Klaus Kinski, Claudia Cardinale, José Lewgoy, Paul Hittscher et une impressionnante cohorte de figurants amérindiens.

Quand j'ai vu ce film, la première fois, il y a près de 30 ans, j'ai été complètement soufflé. Pas tellement par l'entreprise du bateau à travers la montagne, quoique..., mais par Klaus Kinski que je connaissais peu à cette époque. Un visage de folie mais ambivalent : fureur et angélisme se côtoient à tour de rôle. On est transporté par la folie de ce personnage improbable. Je n'ai vu que récemment Aguirre, colère de Dieu du même Herzog, on peut y voir une autre performance monumentale de Kinski et ne pas comprendre que Herzog n'ait pas fait appel à lui, en premier, pour le personnage de Fitzcarraldo.
  
Mick Jagger et Jason Robarts avaient été pressentis pour personnifier Fitzcarraldo; ils ont décliné l'offre pour notre plus grand bonheur. Qui pourrait imaginer Fitzcarralo sans Klaus Kinski ?

Au début du film, Fitzcarraldo est traité de "conquérant de l'inutile" par un ponte local à Iquitos. Impossible, pour moi, de ne pas penser au livre de Lionel Terray, Les conquérants de l'inutile, que j'ai lu avidement il y a une trentaine d'années quand je me rêvais en train de grimper les hauts sommets alpins. Le titre, évidemment, réfère aux alpinistes. Dans ce bouquin, Terray nous raconte sa vie d'alpiniste. Je me souviens d'un passage cocasse. Lors d'un séjour qu'il fit au Québec en tant que moniteur de ski alpin dans les années 40, il remarqua la beauté des Québécoises mais il ne put établir de relations avec elles parce que, en plus de ne pas les comprendre, leur accent lui donnait le fou rire.

Voir l'épique Burden of Dreams de Les Blank : le "making of" de Fitzcarraldo. On est complètement bluffé de voir que Herzog a vraiment essayé de grimper un bateau sur une montagne. Ce film nous montre la folie d'un réalisateur et de son alter ego, Kinski.

Pour les rapports orageux (un euphémisme) entre Kinski et Herzog, voir le film tourné par Herzog en 1999, Mon ennemi intime. Film troublant que j'ai vu au défunt Ex-Centris (une des plus belles salles pour cinéphiles) à Montréal.

À l'heure de la disparition de la Géographie dans l'enseignement secondaire et collégial au Québec, j'adore cette phrase de Fitzcarraldo : "I'm planning something geographical".

Cannes 1982. Réalisation.

Visionné, la première fois, le 7 janvier 1983 au cinéma Dauphin à Montréal
Mon 186ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023

15 septembre 2010

185. Beatty : Reds

1001 films de Schneider : Reds


Film américain réalisé en 1981 par Warren Beatty
Avec Warren Beatty, Diane Keaton, Jack Nicholson, Maureen Stapleton, Paul Sorvino, Jerzy Kosinski, Gene Hackman

Reds, c'est le Docteur Zhivago de la Gauche.

J'avais oublié que ce film est, avant tout, l'histoire d'une relation amoureuse, le titre, en ce sens, est assez abusif. Des "Rouges", il en est question, mais en mode mineur. En fait, on assiste plutôt à l'histoire d'amour très tumultueuse entre John Reed (journaliste et militant communiste américain du début du 20ème siècle) et Louise Bryant (socialiste et féministe américaine).

La partie documentaire du film est présentée par une vingtaine de témoins de l'époque qui apparaissent à l'écran de temps à autre pour dire en quelques lignes leurs souvenirs à propos  de Reed et Bryant. Mais, comme Beatty ne voulait pas détruire l'aspect Zhivago du film, il s'organise pour enlever l'aspect documentaire en n'identifiant pas les témoins à l'écran. On a l'impression que ce sont des acteurs qui récitent des textes soumis par le réalisateur, donc on nage un peu dans la confusion. En regardant les extras accompagnant ce film, on apprend que les témoins sont vraiment des gens qui ont connu les protagonistes du film. Beatty les a enregistrés au début des années 1970; heureusement, parce que la plupart était décédé à la sortie du film en 1981.

Diane Keaton dans le rôle de sa vie. Jamais vu un Nicholson tiède comme dans ce rôle - il avait bouffé des benzo quoi !

Après cette séquence, vous n'oublierez plus jamais l'air de l'Internationale. 
Mais, malheureusement, vous n'oublierez jamais, non plus, l'arrivée de Lénine, le dictateur rouge, qui a détruit ce rêve à jamais.


Et comme dit Roger Ebert, le célèbre critique de cinéma américain : "at the end of the credits, a wonderful line that reads: Copyright copy MCMLXXXI Barclays Mercantile Industrial Finance Limited".  Je ne suis pas sûr que John Reed aurait apprécié.

Un tel film, glorifiant la Révolution russe, produit par un major d'Hollywood et sorti sous la présidence ultra-conservatrice de Ronald Reagan fut un sacré pied-de-nez aux Soviétiques enferrés dans la censure jusqu'au cou.

Le film soviétique Red Bells (1982) de Sergui Bondarchuk, avec Franco Nero dans le rôle de John Reed, est une autre adaptation de sa vie.

Oscars 1981. Trois statuettes : réalisation, caméra et Maureen Stapleton pour l'actrice de soutien

Visionné, la première fois, le 6 janvier 1983 au cinéma Parisien à Montréal
1983 :  grosse année. Acquisition d'un appartement à Outremont ; à cause de la précarité de mon emploi, entreprise d'un baccalauréat en Psychologie à l'Université du Québec à Montréal ; début d'une nouvelle relation amoureuse ; plus grande activité sur le front cinéphilique, profitant de la proximité de mon domicile du Cinéma Outremont. 
Mon 185ème visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023