27 octobre 2009

147. Corman : The Masque of the Red Death

1001 films de Schneider : The Masque of the Red Death
Le masque de la mort rouge


Film britannique réalisé en 1964 par Roger Corman 
Avec Vincent Price, Jane Asher, Hazel Court, David Weston

Je ne me souviens plus du tout de ce film qui m'apparaît très mineur, peu intéressant. Vraiment, en 1977, j'évitais ce type de film. La soirée devait être drôlement moche pour que je m'écrase devant la télé pour me taper un film d'horreur, moi qui les avais tellement en... horreur.

Allez, on se farcit à nouveau ce film. Pas toujours rose ce foutu concept de revoir tous les films de Schneider au fil de ma chronologie personnelle. (En fait, j'adore !)

Eh bien, je l'ai vu. Où avais-je la tête lorsque j'ai vu ce film en 1977 ? Enfermé dans mes préjugés contre les films d'horreur, probablement. Bon, ce n'est toujours pas le style de film que je préfère mais j'ai aimé ce film. C'est bien fait, ça rend bien le monde de Poe. Le méchant Prospero (Vincent Price) est méchant à souhait quoique son prêchi-prêcha finit drôlement par m'agacer. Mais plus près du théâtre que du cinéma, tant par le décor, la mise en scène et la déclamation de Prospero qui se prend pour un héros shakespearien.


Des influences évidentes de Hitchcock et de Bergman.

Hitchcock : La maîtresse de Prospero, Juliana (Hazel Court), qui se fait attaquer par des oiseaux noirs. Une scène onirique assez érotique dans laquelle Francesca (Jane Asher), terrorisée, pousse des cris qui sortent directement de la scène de la douche de Psycho.

Bergman : Le personnage encagoulé de la mort est une belle transposition du même personnage que l'on retrouve en joueur d'échecs dans le Septième sceau. La ressemblance entre le Septième sceau (1957) et Le masque de la mort rouge était tellement évidente pour Roger Corman qu'il retarda de quelques années la production de son film pour marquer un décalage entre les deux films.

Visionné, la première fois, le 22 janvier 1977 à la télévision à Montréal
Mon 147ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

23 octobre 2009

146. Rafelson : Five Easy Pieces

1001 films de Schneider : Five Easy Pieces
Cinq pièces faciles


Film américain réalisé en 1970 par Bob Rafelson
Avec Jack Nicholson, Karen Black, Susan Anspach

Séquence de cinéma américain que j'aime :
Cols bleus, derricks de pétrole, végétation semi-désertique, grosse bagnole, une chanson country à la radio (Tammy Wynette singing for the lonely), mobil home, bière en canettes. Maintenant, ajoutez Jack Nicholson (loin de ses débuts - 1956 - contrairement à ce que l'on pourrait penser) et Karen Black aux yeux noirs dont le strabisme est tellement émouvant, (jadis, une courte passion amoureuse pour cette comédienne, agréablement retrouvée dans Nashville d'Altman) qui sont constamment en porte-à-faux, sur deux rails parallèles sans espoir de croisement.

Les cinq petites pièces faciles réfèrent à un cahier d'exercices de piano pour débutants.
Débutant comme ce Robert Dupea (Nicholson) qui trimbale sa vie comme un ado attardé sur le chemin de la croissance, qui frappe tout ce qui bouge pour déclencher une expérience émotionnelle qu'il n'atteindra finalement qu'auprès de son père, muet. Après cette scène où Dupea touche enfin au cœur de sa vie, il ne lui reste plus qu'à tout recommencer. Éloge de la fuite.

Bob Rafelson, après ce film tant prometteur, disparaît des écrans-radar. Peu de films et sans intérêt.

Parti il y a 25 ans, Truffaut au cœur de ma passion cinéma.

Visionné, la première fois, le 9 janvier 1977 à la télévision à Montréal
Mon 146ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

13 octobre 2009

145. Julian : The Phantom of the Opera

1001 films de Schneider : The Phantom of the Opera



Film américain réalisé en 1925 par Rupert Julian
Avec Lon Chaney, Mary Philbin, Norman Kerry.

J'ai horreur de ce type de publicité que l'on retrouve régulièrement sur les enveloppes des dvd. Ainsi, The Phantom of the Opera serait le premier grand film d'horreur de l'histoire du cinéma. Comment peut-on ignorer Le cabinet du Docteur Caligari de Wiene et le Nosferatu de Murnau pour ne nommer que ces deux-là qui écrasent littéralement le fantôme dans son 5ème sous-sol.

Un film muet, la belle affaire, mais la colorisation, quelquefois me fatigue. Dix ans après les Vampires de Feuillade dans laquelle série il utilisait les changements de couleur de pellicule pour distinguer le jour de la nuit ou la clarté de la noirceur, Julian répète la même technique. Ah, que j'adore les quelques plans, trop rares, en noir et blanc; à la limite le jaune et brun est supportable mais le monochrome vert, rouge ou bleu m'agace.

Une autre forme de colorisation, par ailleurs, représente un gain esthétique net. Il s'agit d'ajouts de couleurs à certains éléments qui composent les plans d'une séquence. À ce titre, la scène du bal masqué, filmée dans l'escalier de l'opéra de Paris, est, en soi, un petit chef d'œuvre.

Tout ça étant dit, un des grands films d'horreur de la période du muet dont l'histoire, simpliste à souhait, est menée rondement sans les longueurs habituelles des films muets.

Belle surprise sur la copie que j'ai visionnée. La musique a été composée par Gabriel Thibaudeau, pianiste attitré à la Cinémathèque québécoise lors de projections de films muets et interprétée par I Musici de Montréal et la soprano Claudine Côté.

Visionné, la première fois, le 5 janvier 1977 à la télévision à Montréal
Mon 145ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

03 octobre 2009

144. Clouzot : Le salaire de la peur

1001 films de Schneider : Le salaire de la peur


Film français réalisé en 1953 par Henri-Georges Clouzot
Avec Yves Montand, Charles Vanel, Folco Lulli, Peter van Eyck et Véra Clouzot

J'avais oublié la première partie du film tellement l'intensité de la deuxième partie avait oblitéré tout esprit critique lors d'un premier visionnement, il y a plus de trente ans.

Donc, première partie que j'aime.
Une mise en place des personnages qui s'éternise et qui distille l'ennui (mais cet ennui est nécessaire de même que les dialogues en anglais, en espagnol et italien, tous non sous-titrés) et que j'intitulerais L'aquarium (en souvenir d'un roman du Québécois Jacques Godbout qui portait le même titre et qui décrivait, si je me souviens bien, une petite société de colonisateurs mourant d'ennui et de palu dans un coin perdu de la tropicalité africaine.). Un paquet de petits blancs paumés tournent en rond dans un coin pourri de la planète en quête d'une impossible échappatoire : pas de jobs mais pas de billets de sortie non plus. Englués...comme dans un bain de pétrole.

Qui de Arnaud (auteur du roman dont a été tiré le film) ou de Clouzot s'est amusé a maltraiter à ce point la Femme dans ce film. On a rarement atteint, dans un film, un tel niveau de misogynie. En fait, que vient faire le personnage de Véra Clouzot dans cette histoire à peine déguisée d'homosexualité masculine sinon à titre de matériel de projection machiste. Oublions également les remarques au sujet des femmes noires... à hurler.

Deuxième partie : Confronter ou fuir.
Je pense à L'éloge de la fuite d'Henri Laborit et sa mise en cinéma par Alain Resnais dans Mon oncle d'Amérique.

Je me suis surpris à aimer le personnage du "lâche" interprété par Charles Vanel et à le préférer à celui, monobloc, interprété par Yves Montand, le "John Wayne" des routiers. C'est vrai que Montand a une gueule du tonnerre dans ce film, me touchant particulièrement lorsqu'il parle italien, mais je n'étais pas disposé à recevoir ce super-héros.

M. Jo (Vanel) me touche beaucoup plus par son itinéraire émotionnel ; on le voit passer par toute la gamme des émotions que l'on vit lorsqu'on est confronté à une situation éminemment anxiogène : de la position de crâneur à la plus lamentable panique qui mène inexorablement à la fuite.

Ma réaction a certainement à voir avec une expérience récente à l'Aiguille du Midi à Chamonix. Je m'étais aventuré dans l'arête étroite et vertigineuse qui part de la station de l'Aiguille (3800 m.) et qui descend dans la Vallée Blanche, sans crampons, sans piolet, sans corde, en bottes de randonnée (en imbécile heureux, quoi ! et je suis gentil avec moi en disant cela). Ce qui devait être une belle balade dans la neige s'est rapidement transformé, vu mon sous-équipement, en une situation hautement anxiogène. Pas de Vallée Blanche mais plutôt, une bonne frousse.

Dans le générique (j'aime les lire au complet; je suis souvent seul à le faire dans les salles de cinéma, les nettoyeurs de salle agacés de ce comportement délinquant) : Des remerciements à La Société Française des Glycérines (au choix, avec de la glycérine on peut faire de la nitroglycérine ou des bulles de savon) et à la Société Française de l'Amiante (pauvre gouvernement du Québec qui a nationalisé une mine d'amiante en 1978 au moment où on commençait à bannir ce produit en Europe; les anciens propriétaires de la mine se tordent encore de rire !).

Ah oui, j'oubliais. Dans ce film, on y retrouve des capitalistes américains, méchants à souhait, qui exploitent les damnés de la Terre. Au temps de la "guerre froide", on ne rigole pas avec ces choses, donc censure du film en terre américaine.

Critique. Cahiers du Cinéma. Mai 1953. Numéro 23. Un Grand film athée par Pierre Kast
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Berlin 1953 : Ours d'or
Cannes 1953 : Grand prix du festival et mention spéciale pour Charles Vanel

Visionné, la première fois, en 1976 à la télévision à Montréal
Mon 144ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022