07 août 2013

257. Cukor : Gaslight

1001  films de Schneider : Gaslight
Hantise



Film américain réalisé en 1944 par George Cukor
Avec Ingrid Bergman, Charles Boyer, Joseph Cotten et Angela Lansbury, (Murder, She Wrote), 17 ans, qui pète le feu dans sa première présence au cinéma qui lui valut une nomination pour l'oscar de la meilleure actrice de soutien.

Deuxième version au cinéma en 4 ans de la pièce 5 Chelsea Lane (1939) du dramaturge britannique Patrick Hamilton.

Un sacrilège cinéphilique de la part des producteurs de MGM: ils ont essayé de se procurer toutes les copies de la première version (Gaslight sous la direction de Thorold Dickinson - 1940) afin de les détruire - coutume habituelle chez les producteurs hollywoodiens lorsqu'ils font un remake.

Je craque pour le décor - j'adore le petit parc éclairé par des lampadaires au gaz dans le brouillard londonien, en fait un composé de brouillard et de particules fines provenant de la combustion du charbon - on inventa le mot "smog" pour qualifier ce type de phénomène.

À la suite de la pièce de théâtre et surtout à la suite de la diffusion des films de Dickinson et de Cukor, le terme Gaslighting prit la signification d'une sorte d'abus mental dans lequel de fausses informations sont présentées à la victime dans l'intention de mettre en doute sa mémoire, sa perception et sa santé mentale.

Oscars 1944. Deux statuettes: une pour Ingrid Bergman, meilleure actrice et une pour la direction artistique

Visionné, la première fois, le 23 février 1989 à la télévision à Montréal
Mon 257ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 17 avril 2023

25 mai 2013

256. Berbeley : Babes in Arms

1001 films de Schneider : Babes in Arms
Place au rythme

Retiré de la liste de Schneider en 2013



Film américain réalisé en 1939 par Busby Berkeley
Avec Judy Garland (16 ans), Mickey Rooney (18 ans), Charles Winninger, June Preisser, Grace Hayes

Une comédie musicale typique des années 30 - scénario simple, chansons et danses avec une grande finale tout feu tout flamme dans un théâtre de Broadway. 

Du Busby Berkeley 100% pur "musical". Suffisamment de numéros de musique et de danse pour soutenir l'intérêt, si on aime le genre, évidemment.

Autant j'adore Judy Garland, autant Mickey Rooney m'a toujours "tombé sur les nerfs". De la difficulté avec son approche hystérique du jeu de comédien. Mais, bon, il doit avoir un sacré talent quand même puisqu'il a joué dans 337 films et qu'il est toujours actif après 87 ans de carrière (décédé en 2014). Garland, décédée à 47 ans, n'a tourné que dans 36 films.
À voir : le numéro de danse contorsionniste de June Preisser.

Une chouette chanson
"Good Morning" (1939). Musique de Nacio Herb Brown. Texte de Arthur Freed
Chantée par Judy Garland et Michey Rooney



Visionné, la première fois, le 22 février 1989 à la télévision à Montréal
Mon 256ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 11 avril 2023

20 mai 2013

255. Minnelli : Meet Me in St. Louis


1001 films de Schneider : Meet Me in St. Louis
Le chant du Missouri




Film américain réalisé en 1944 par Vincente Minnelli
Avec Judy Garland, Margaret O'Brien, Mary Astor, Lucille Bremer, Leon Aymes

Premier film enregistré sur mon premier lecteur VHS. Découverte en même temps de Judy Garland que je ne connaissais pas vraiment. Tant emballé par elle que j'enregistrerai 5 de ses films lors d'une rétrospective de ses œuvres sur le canal public américain PBS. Avec ce lecteur VHS, ma cinéphilie va passer à une vitesse supérieure.

Les USA sont pleine guerre (1944) sur le front européen et sur le front asiatique, le "body count" prend des proportions astronomiques, alors quoi de plus thérapeutique que de se remémorer le "bon vieux temps".

Un mot vient à l'esprit en regardant ce film - mièvrerie. Les cinq premières minutes du film sont un classique de ce genre : le bonheur chantant dans un décor de studio surchargé.

Je suis un grand fan de comédies musicales, mais celle-là, elle passe pas.

"There's no place like home" Judy Garland reprend là où elle avait laissé après The Wizard of Oz.

Décidément, sortir de son "trou" (à utiliser dans le sens hobbit du terme) n'est pas une chose souhaitable pour la famille moyenne américaine. 

Ce n'est pas pour rien qu'en réaction à ce repli sur soi s'est développé un genre cinématographique devenu très populaire - le "road movie" - On pourrait dire pour paraphraser Judy : There's no place like to be gone.

Bon, d'accord, je n'ai pas été touché par ce film qui semble faire l'unanimité chez les critiques comme étant un des plus merveilleux films familiaux jamais tourné. Je lui préfère, dans le genre, et de loin, It's a Wonderful Life de Frank Capra.

Meet Me in St-Louis, c'est ce rendez-vous fixé pour l'Exposition universelle de 1904. En même temps et au même endroit, eurent lieu les 3ème Jeux olympiques qui ont été disputés sur une période de 6 mois et qui furent un tel fiasco auprès du public qu'ils mirent pratiquement fin au mouvement olympique lui-même.

Oscars 1945. Statuette pour une actrice enfant à Margaret O'Brien

Visionné, la première fois, le 17 février 1989 à la télévision à Montréal
Mon 255ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 11 avril 2023

07 mai 2013

254. Cukor : Camille

1001 films de Schneider : Camille
Le roman de Marguerite Gautier
Camille est le titre de l'adaptation américaine, en 1855, de la pièce La Dame aux camélias par une actrice du nom de Matilda Heron. Camille à cause de camélia.



Film américain réalisé en 1936 par George Cukor
Avec Greta Garbo, Robert Taylor, Lionel Barrymore

Comme on dit en anglais : Garbo rules. Un film avec Garbo ? Un Garbo, tout simplement. Dans les années 30, elle est la reine et comme la reine Christine de Suède (qu'elle interpréta, par ailleurs), elle se retirera des feux de la scène assez jeune, à 36 ans. Christine abdiquera à 28 ans pour consacrer le reste de sa vie aux activités culturelles sur le continent européen. 

Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans ce film. Garbo ne peut pas jouer une prostituée. Sa Camille est largement au-dessus de la condition sociale de la Camille de Dumas : intelligente, sophistiquée, nuancée, altière. 

On ne retrouve pas la Dame aux camélias traditionnelle - on retrouve Garbo qui transcende ce personnage. C'est peut-être ce qui fait la force de cette adaptation.

On a beaucoup tourné cette Camille avant Garbo. Après elle, on n'ose plus. Que pourrait-on ajouter de plus à cette performance magistrale ?

O.K. tout le monde a compris; pour moi, Garbo "is the best ever".

Visionné, la première fois, le 5 février 1989 à la télévision à Montréal  
Mon 254ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 11 avril 2023

29 avril 2013

253. Pagnol : La femme du boulanger

1001 films de Schneider : La femme du boulanger



Film français réalisé en 1938 par Marcel Pagnol
Avec Raimu (le boulanger), Ginette Leclerc (la femme du boulanger), Fernand Charpin (le marquis), Robert Vattier, Charles Blavette, Robert Bassac
Adaptation à l'écran de la nouvelle de Jean Giono, Jean le Bleu

Je tombe toujours sous le charme des films de Pagnol, ceux des années 30, même si je les ai vus plusieurs fois. 

D'abord, pour Raimu et Charpin, puis pour les paysages des hameaux de la Provence et pour cette vieille France disparue.

À une époque, dans les années 1990, suite à mes randonnées dans les Alpes françaises et un soudain besoin de me brancher à la nature (moi, qui suis un irrémédiable urbain), je me suis passionné pour l’œuvre de Giono. En un été, j'ai lu les trois premiers tomes de ses œuvres complètes dans la Pléiade - le plus beau de mes voyages de cet été-là. 
 
On avait approché Joan Crawford pour jouer la femme du boulanger. Peut-on imaginer plus contre-emploi que ça. Heureusement, sa connaissance du français, avoisinant le degré zéro, l'écarta de ce rôle.

Ce film a tenu l'affiche plus d'un an à New York - Orson Welles qui le vit plusieurs fois décréta Raimu, le plus grand comédien de tous les temps.

Le boulanger (Raimu) : "Évidemment, toi, tu ne risques pas de devenir cocu. Ta femme a plus de poils au menton que de rose au téton."

Lecture cinéphilique.
Napoléon de Kevin Brownlow
Ce livre retrace l'épopée du Napoléon de Abel Gance, réalisé en 1925-27 qui, par un concours incroyable de circonstances, n'a jamais pu être distribué adéquatement, privant des millions de spectateurs d'une des plus grandes œuvres de l'histoire du cinéma.

Savez-vous que, depuis la première du film à l'Opéra Garnier à Paris le 7 avril 1927, il y eut 21 autres versions de ce film. Le dernier, le plus complet à 5h.31min. par Kevin Brownlow et Patrick Stanbury pour le British Film Institute

La version originale de sept heures du film fait l'objet d'un travail depuis 2008 à la Cinémathèque française. Sortie prévue : 2024 (d'après une information du 13 juin 2022).

Visionné, la première fois, le 13 février 1989 à la télévision à Montréal
Mon 253ème film visionné de la  liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 10 avril 2023

07 avril 2013

252. Ford : Rio Grande

1001 films de Schneider : Rio Grande


Film américain réalisé en 1950 par John Ford
Avec John Wayne, Maureen O'Hara, Victor McLaglen, Ben Johnson, Claude Jarman Jr.

Les films de cavalerie de Ford me laissent pantois par la vacuité de leur scénario et Rio Grande, le troisième de la série, n'améliore pas les choses. Quel scénario simpliste !

J'ai beaucoup de difficultés avec les gloires de la cavalerie américaine fondées sur l'extermination des autochtones. Ça devait être dit...je me sens mieux.

On peut être un très grand réalisateur et se fourvoyer dans le choix des sujets à traiter. Vivent les westerns fordiens. Rio Grande est le dernier de la trilogie des films de cavalerie de Ford après Fort Apache (1948) et She Wore a Yellow Ribbon (1949). 

La scène initiale, après les crédits, l’une des plus belles de la filmographie de Ford, dans laquelle on voit la patrouille de retour au camp avec son contingent de soldats fourbus ou blessés.

De très belles images des "Mittens" dans Monument Valley, Utah : lieu mythique du western.


Les Sons of the Pioneers, groupe de chanteurs de westerns, fondé en 1933 par Roy Rogers, sont mis à contribution à plusieurs reprises au cours du film. Ce qui donne souvent l'impression qu'on est plus en présence de joyeux troubadours que d'un régiment sur un pied de guerre. Une belle ballade irlandaise : I'll Take You Home Again, Kathleen.

Lecture cinéphilique : The Story of Film par Mark Cousins
Je sais, en général, les histoires du cinéma sont assez imbuvables quoiqu'un de mes plus beaux moments de lecture sur le cinéma fut de lire l'Histoire du cinéma de Georges Sadoul en 6 volumes (3000 pages) que j'ai lu avidement à l'aube de ma vingtaine (quand je rêvais de m'inscrire à l'IDHEC de Paris). Mais quelle frustration ce fut de lire la description de tous ces films sans avoir accès à leur visionnement. À refaire avec YouTube en support- non je n'en ai pas le courage. Mais me les procurer ? 

Pour revenir à Cousins, il s'intéresse à l'histoire des innovations quant au langage cinématographique. Ce n'est pas exhaustif, il choisit quelques réalisateurs par période, les plus innovateurs, et s'intéressent à ce qu'ils apportent de nouveau. Pour tout cinéphile, un passage obligé.

Visionné, la première fois, le 7 février 1989 à la télévision à Montréal
Mon 252ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 10 avril 2023

26 mars 2013

251. Mackendrick : Sweet Smell of Success

1001 films de Schneider : Sweet Smell of Success
Le grand chantage


Film américain réalisé en 1957 par Alexander Mackendrick
Avec Burt Lancaster (J.J. Hunsecker), Tony Curtis (Sidney Falco), Susan Harrison (la sœur de J.J.), Martin Milner, Jeff Donnell

"I love this dirty town (New York)". C'est beau quand c'est dit par l'un des personnages les plus sales de l'histoire du cinéma, J. J. Hunsecker, le sale journaliste. 

Mais il y a pire que J.J. : Sidney Falco, l'agent de presse de Hunsecker, avec Tony Curtis dans un contre-rôle, la plus grande performance de sa carrière.

Ce film, c'est à vous jeter en bas de votre chaise. Cynisme et perversité imbibent ce film de la première à la dernière image, jamais de répit. On dirait la série Dallas 20 ans plus tôt.

C'est pas tout à fait un film glorifiant pour le 4ème pouvoir (notion créée par Alexis de Tocqueville dans son célèbre livre, De la démocratie en Amérique, publié en 1833). Hunsecker est un "columnist" d'un grand quotidien newyorkais et, à ce titre, construit et détruit les réputations selon son bon vouloir. Un personnage-type qui sévit dans tous les quotidiens du monde à toutes les époques.

Et le 5ème pouvoir ? Un terme créé par Ignacio Ramonet du Monde Diplomatique pour contrebalancer tous les Hunsecker de ce monde qui aujourd'hui ne se satisfont plus d'une colonne dans un quotidien mais contrôlent des grands pans de la sphère médiatique.

Critique. Cahiers du Cinéma. Février 1958. Numéro 80. Une tragédie de l'humiliation par Étienne Loinod
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Lecture cinéphilique.
Ruan Ling-Yu. The Goddess of Shanghai de Richard J. Meyer (livre qu'on peut trouver sur Amazon, il vient avec le dvd The Goddess, le plus grand film de Ruan Ling-Yu.)

Ruan Ling-Yu est une des plus grandes icônes du cinéma chinois. On l'appelait la Garbo chinoise. Sa carrière, très courte, s'étend de 1927 à 1935, l'année de son suicide, à 24 ans.  Vingt-neuf films, tous muets, dont la plupart sont disparus - seulement 6 films seraient visibles selon IMDB.

À voir de toute urgence, le merveilleux film de Stanley Kwan, Ruan Lingyu aussi connu sous le titre Center Stage avec la merveilleuse Maggie Cheung dans le rôle-titre.

Visionné, la première fois, le 25 janvier 1989 à la télévision à Montréal
En ce mois de janvier 1989, grande révolution dans ma vie de cinéphile : l'achat de mon premier lecteur VHS. 
Mon 251ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 9 avril 2023

13 mars 2013

250. Hitchcock : Notorious

1001 films de Schneider : Notorious
Les enchaînés


Film américain réalisé en 1946 par Alfred Hitchcock
Avec Ingrid Bergman, Cary Grant, Claude Rains, Louis Calhern

J'ai beaucoup de difficultés avec Cary Grant, que j'appelle monsieur plastique. Et c'est pas avec ce film que je changerai d'avis. 

Dans ce film, on a l'impression qu'on a affaire à un robot tant au niveau du personnage qu'au niveau de sa prestation d'acteur. Évidemment, à cause d'une performance incroyable d'Ingrid Bergman, (son plus grand rôle ?), le pauvre Cary n'en paraît que plus largué.

Hitchcock nous mène en bateau. Il nous oriente vers une histoire d'ex-nazis cachés dans la société brésilienne qui sont en train de préparer, avec de l'uranium, on ne sait trop quel comeback apocalyptique. Mais tout ça, c'est de l’esbroufe pour nous cacher une histoire d'amour entre un agent de la CIA et la fille d'un Américain qui espionnait pour le compte de l'Allemagne. 

La bouteille de vin dans lequel serait cachée une quantité suffisante d'uranium pour fabriquer une bombe atomique est, en fait, un MacGuffin, terme qui désigne tout objet qui détourne le spectateur de la vraie histoire du film. Hitchcock fut un expert du MacGuffin.

Trois secondes : la limite permise d'un baiser à l'époque du code Hays


Critique. Cahiers du Cinéma. Mars 1980. Numéro 309. Par Pascal Bonitzer

Visionné, la première fois, le 25 janvier 1989 à la télévision à Montréal
Terminé, le six-mois sabbatique à Paris. Revenu au Québec le 30 décembre.
Mon 250ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 9 avril 2023

05 mars 2013

249. Preminger : Laura

1001 films de Schneider : Laura


Film américain réalisé en 1944 par Otto Preminger
Avec Dana Andrews, Gene Tierney, Clifton Webb, Vincent Price 

Quand on regarde des films "noirs" des années 1940, surtout les premières fois, on est estomaqué de voir la façon dont les forces de l'ordre dirigent l'enquête. 

Dans Laura, on tombe en bas de sa chaise en entendant l'inspecteur (Andrews) accepté que l'un des suspects (Webb) l'accompagne dans sa démarche d'enquête. 

Comment, non plus, ne pas être sidéré de voir l'enquêteur installé confortablement dans l'appartement de la victime avérée en train de picoler tranquillement son whisky, en fait celui de la victime. 

Et que dire du détective qui trouve l'arme du crime dans l'horloge de l'appartement de la victime et qui décide de la remettre là afin de venir la chercher le lendemain matin. 

Ce film est plein d'incohérences mais comme dit Roger Ebert "That Laura continues to weave a spell -- and it does -- is a tribute to style over sanity."

Dans le même ordre d'idée, ça me rappelle une scène tout aussi absurde (selon nos critères actuels) du film d'Howard Hawks, The Big Sleep, où l'on voit un interpellé assis confortablement, sans menottes, sur le siège avant à côté du policier alors que l’acolyte de ce dernier est sur la banquette arrière.

Premier film important d'Otto Preminger, Laura, malgré ses incohérences policières, est un film envoûtant dont le personnage principal, curieusement, n'est pas cette Laura (si belle Gene Tierney) disparue et ressuscitée, mais le personnage du chroniqueur radiophonique (Clifton Webb), amoureux de Laura ou peut être bien du détective si on décode le film autrement. 

Il est difficile d'oublier la première séquence où l'on voit le chroniqueur sortant de son bain nu en présence du détective, le regard de ce dernier clairement orienté vers le sexe du chroniqueur.

Laura, un film gai ? Probablement.  Remplacez Laura par Laurent et on y est. Ah oui, le producteur Zanuck ne voulait pas voir Clifton Webb dans ce film parce qu'il était reconnu à Hollywood comme appartenant à la communauté homosexuelle.

Le fameux thème de Laura, composé par David Raksin, est devenu un standard que Charlie Parker, Duke Ellington et Frank Sinatra ont interprété tour à tour.

Critique. Cahiers du Cinéma. Juin 1962. Numéro 133. Cinéma fantastique par Jean-André Fieschi
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscar 1945. Meilleure photographie

Visionné, la première fois, le 25 décembre 1988 à la télévision à Paris
Mon 249ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 9 avril 2023

01 mars 2013

248. Bergman : Les fraises sauvages

1001 films : Les fraises sauvages


Film suédois réalisé en 1957 par Ingmar Bergman
Avec Victor Sjöstrom, Ingrid Thulin, Gunnar Björnstrand, Bibi Andersson

Dernière présence au cinéma de Victor Sjöstrom qui avait commencé sa carrière d'acteur et de réalisateur la même année en 1912.

C'est la cinquième fois que je vois ce film. Toujours autant d'affection pour cet ancien  professeur d'université, le fait que je sois moi-même un prof à la retraite n'est sûrement pas étranger à cette affection.

Un film qui commence comme un film d'horreur. Monsieur Borg, professeur d'université à la retraite, fait un cauchemar qui va ébranler sa forteresse intérieure, ce qui bouleversera tout au moins sa journée sinon le reste de sa vie.  Sur YouTube, sur une musique du compositeur de musique électronique danois, Anders Trentemoller : Haxan

Ce film, une sorte de road-movie sur les routes de Suède à la période du solstice d'été, c'est l'histoire d'un vieux grognon rigide qui, grâce à des incursions, par le souvenir, dans les moments émouvants de son adolescence fait une découverte désespérée à la fin de sa vie : le bonheur est dans le pré...sent de l'émotion ressentie.

Je retiens avec beaucoup d'émotion ce visage de marbre d'Ingrid Thulin (1ère apparition chez Bergman) - qui a dit que froideur et dureté éloignaient la beauté ?



Critique. Cahiers du Cinéma. Mai 1959. Numéro 95. Le Plus grand anneau de la spirale par Fereydoun Hoveyda
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Berlin 1958 : Ours d'or. Prix de la critique internationale à Victor Sjostrom
Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1959
Venise 1958. Prix de la critique.

Visionné, la première fois, le 23 décembre 1988 au cinéma St-André-des-Arts à Paris
Dans 5 jours, retour à Montréal après six mois inoubliables passés à Paris. 
Mon 248ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 8 avril 2023

17 février 2013

247. Wilder : Sunset Boulevard

1001 films de Schneider : Sunset Boulevard
Boulevard du crépuscule


Film américain réalisé en 1950 par Billy Wilder
Avec Gloria Swanson, William Holden, Erich von Stroheim, Nancy Olson, Cecil B. DeMille, Buster Keaton

Hollywood par Hollywood. 418 plans qui jettent un éclairage glauque sur le cinéma selon Hollywood.

Si vous vous intéressez quelque peu à l'histoire du cinéma, ce film est un incontournable. Sunset Boulevard dépeint crûment le naufrage dans les abysses de la mémoire des 30 ans du cinéma muet. 

La présence silencieuse et furtive à une table de bridge de Buster Keaton, l'un des plus grands créateurs de cette époque, n'en est-il pas l'exemple le plus probant. Et que dire d'Erich von Stroheim, ce monument mégalomaniaque de la réalisation des années 20 qui n'a jamais franchi la barrière du parlant, sauf pour jouer les méchants allemands et qui interprète le rôle du majordome silencieux. Et Gloria Swanson, grande vedette du muet, qui n'a plus jamais atteint une telle gloire après l'arrivée du parlant sauf dans ce film-tombeau.

Cette idée de tombeau me fait penser à la dernière partie de Citizen Kane : Norma Desmond, à l'instar de Kane, est seule dans son château, abandonnée et ignorée de tous.

Une phrase du film qui le résume: "A silent movie queen still waving proudly to a parade which had long since passed her by" On pense tout de suite au titre du grand livre sur le cinéma muet de Kevin Brownlow, The Parade's Gone By...

Sur YouTube, Gloria Swanson en entrevue au The Dick Cavett Show du 3 août 1978. Elle parle du désastreux tournage de Queen Kelly (extrait présenté dans Sunset) dirigé par nul autre que Erich von Stroheim. Vers la fin de l'entrevue, un moment émouvant lorsque madame Swanson frissonne en entendant l'animateur lui dire qu'on avait déjà utilisé des films muets pour créer un incendie dans un film en tournage, les bandes d'alors étant hautement inflammables.  Au passage, dans la même émission, entrevue avec Janis Joplin, deux mois avant son décès.

On retrouve cette image sur la page couverture du 
premier numéro des Cahiers du cinéma d'avril 1951

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1951. Numéro 1. Terminus : Sunset Boulevard par François Chalais
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1951. Trois statuettes: décor, musique et scénario
Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1951

Visionné, la première fois, le 15 décembre 1988 au cinéma à Paris
Mon 247ème film visionné de la  liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 8 avril 2023

09 février 2013

246. Zemeckis : Who Framed Roger Rabbit

1001 films de Schneider : Who Framed Roger Rabbit
Qui veut la peau de Roger Rabbit ?


Film américain réalisé en 1988 par Roger Zemeckis 
Avec Bob Hoskins, Christopher Lloyd, Joanna Cassidy et la voix de Mel Blanc qui a été la voix de Bugs Bunny, Daffy Duck, Porky Pig, Tweety et beaucoup d'autres Toons dans 1229 dessins animés recensés à ce jour sur IMDB.

J'avais été totalement fasciné par ce film d'animation qui mixait, dans une même histoire, des acteurs réels avec des personnages de dessins animés. À l'époque c'était toute une prouesse technologique - a breakthrough comme on dit. J'avais été complètement impressionné par la première séquence - tournage d'une séquence de cinéma avec les toons en tant qu'acteurs : génial.

J'avais peur, en revoyant ce film, à cause surtout des progrès du cinéma d'animation par ordinateur, de trouver cette production banale et ennuyante. Au contraire, j'ai été surpris de voir à quel point ce film n'avait pas vieilli tant au niveau de l'animation qu'à celui du scénario.

J'ai aimé revoir Betty Boop, disparue de la circulation en 1939 après 112 performances. Évidemment elle débarque en noir et blanc n'ayant jamais connu la couleur.

Pas besoin d'analyses sémiotiques sophistiquées pour voir dans Betty Boop, qui se présentait régulièrement à l'heure d'écoute pour enfants, une synthèse de fantasmes érotiques. Sans oublier que cette Betty Boop se trouvait régulièrement enlevée puis attachée à une voie ferrée par le gros méchant loup - de quoi former chez cette génération en devenir - les baby-boomers - un bagage de fantasmes sadomasochistes à côté duquel 50 Nuances de gris est une bluette. 




Jessica Rabbit avec la voix de Kathleen Turner
Jessica Rabbit, une Betty Boop contemporaine avec la voix de Kathleen Turner

Oscars 1989. Trois statuettes pour effets visuels, montage sonore et montage
Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de 1988
Venise 1988. Prix du Cinéma pour enfants.

Visionné, la première fois, le 14 décembre 1988 au cinéma à Paris
Mon 246ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 7 avril 2023

20 janvier 2013

245. Bergman : Les communiants

1001 films de Schneider : Les communiants

Retiré de la liste de Schneider en 2013
 

Film suédois réalisé en 1962 par Ingmar Bergman
Avec Gunnar Björnstrand (pasteur), Ingrid Thulin (l'ex-maitresse du pasteur), Max von Sydow (le pêcheur), Gunnel Lindblom (la femme du pêcheur)
Ce film fait partie de la trilogie qu'on appelle le "silence de Dieu" : précédé par À travers le miroir et suivi par Le silence

J'essaie d'imaginer la réaction du public qui verrait ce film dans un multiplex du centre-ville, un samedi soir. Déjà l'an dernier ça sortait en masse lors de la projection du film muet L'artiste à laquelle j'ai assistée.  Alors, imaginez la réaction des spectateurs après la séquence initiale de 12 minutes en noir et blanc d'un prêtre en train de dire la messe dans une chapelle déserte du nord de la Suède - hécatombe au box-office.

Pourtant plus je vois ce film, c'est ma 5ième fois, plus je découvre un chef-d’œuvre traitant de la condition existentielle de l'homme.

Le plus noir, le plus désespéré des films de Bergman. Même l'amour ne peut rien contre le silence de Dieu... qui n'existe pas. Tout est à désespérer de la condition humaine dans ce film : le pasteur qui perd la foi, sa maîtresse qu'il rejette ignominieusement - l'amour ne nous sauvera pas -, le suicide d'un pêcheur obsédé par l'imminence d'un conflit nucléaire annoncée par les essais nucléaires chinois. Tout ça dans un paysage d'hiver glauque que le soleil semble avoir déserté à jamais.

Le silence de Dieu mais pour les paroissiens c'est surtout le silence du pasteur
Critique. Cahiers du Cinéma. Juillet 1965. Numéro 168. Bergman à la trace par Jean Collet
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1965

Visionné, la première fois, le 14 décembre 1988 au cinéma St-André-des-Arts à Paris
Un peu comme dans Les Communiants, en ce mois de décembre à Paris, le soleil n'existe pas. On a droit aux sempiternelles brumes matinales suivi d'un ciel gris mur à mur... "Avec un ciel si gris qu´un canal s´est pendu". Pendant un mois, jusqu'à notre retour au Québec le 30 décembre, aucun rayon de soleil. Puis, le plaisir de retrouver les ciels bleu d'acier du Québec de janvier par moins 20 degrés. Bon, bien, après dix jours de ce régime, vivement les brumes matinales de Paris.
Mon 245ème film visionné de la  liste des 1001 films du livre de Schneider 
Mis à jour le 5 avril 2023

15 janvier 2013

244. Carné : Les enfants du paradis

1001 films de Schneider : Les enfants du paradis


Film français réalisé en 1945 par Marcel Carné
Avec Arletty (Garance), Jean-Louis Barrault (Baptiste), Pierre Brasseur (Frédérick Lemaître), Pierre Renoir, Maria Casarès, Marcel Herrand

C'est dommage pour nous Québécois de la génération du baby-boom mais  Les Enfants du paradis nous rappelle une période de l'histoire québécoise tristement célèbre qu'on a appelé "la grande noirceur" (pendant le règne du premier ministre québécois Maurice Duplessis de 1936 à 1939 puis de 1944 à 1959) pendant laquelle la religion catholique exerçât un pouvoir abusif sur la culture. 

En effet, ce film fut interdit de projection au Québec lors de sa sortie en 1947. Cette année-là, Les enfants du paradis doit être projeté à l'Université de Montréal dans le cadre d'un festival de films français. Le Bureau de la censure l'interdit jugeant le film pornographique parce que l'actrice Arletty y dégrafe son corsage. Le délégué de la France interprète ce refus comme une insulte à son pays.

On parle ici d'un grand poème de Prévert mis en images, d'un sommet du réalisme poétique. Une autre collaboration fructueuse du tandem Carné-Prévert (Quai des brumes, Le jour se lève, Les visiteurs du soir). 

C'est Paris 1830, le boulevard du crime (la rue canaille de l'époque), un trio amoureux et un magistral hymne au théâtre à travers ses acteurs.
 
La réalisation de cette œuvre majeure s’est faite en pleine Occupation. Des débuts du tournage, en 1943, aux studios de la Victorine à Nice (le clin d’œil de Truffaut dans La Nuit américaine), puis aux studios Francoeur à Paris, jusqu’à la sortie du film le 15 mars 1945, le tournage des Enfants du Paradis connaîtra de nombreuses vicissitudes liées à la situation politique que traversait la France à cette époque. 

Arletty sera absente lors de la première du film étant mise en accusation à cause de sa relation amoureuse avec un officier allemand ce qui lui fit dire lors de son arrestation : "Si mon cœur est français, mon cul, lui, est international ! »
 
Arletty, le degré zéro de l'interprétation. Mais on lui pardonne tout à cause de répliques comme : "On m'appelle Garance. Garance, c'est le nom d'une fleur" dites sur le ton le plus automate possible. Bresson a dû l'aimer cette Artletty, lui qui a toujours chercher chez ses comédiens amateurs une déclamation mécanique. Il devait leur dire : vous voulez faire comédien eh bien imitez Arletty.

On retrouve Jacques Prévert dans ces multiples jeux de mots faciles qui pimentent le scénario. En voici un célèbre : (Le commissaire à Garance) : "Comment vous appelez-vous?" " Moi, je ne m'appelle jamais, je suis toujours là. J'ai pas besoin de m'appeler. Mais les autres m'appellent Garance, si ça peut vous intéresser."

Baptiste le mime (Jean-Louis Barrault) et Garance (Arletty, à 47 ans quand même)

Une séquence qui est à se tordre de rire : la représentation de la pièce L'Auberge des Adrets (dessins et texte complet sur Gallica) et la bouffonnerie qu'en fait Frédérick Lemaitre (Pierre Brasseur).

Venise 1946. Prix pour le film

Visionné, la première fois, le 2 décembre 1988 au cinéma à Paris 
Mon 244ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 5 avril 2023

03 janvier 2013

243. Bergman : À travers le miroir

1001 films : À travers le miroir


Film suédois réalisé en 1961 par Ingmar Bergman
Avec Harriet Andersson (Karin), Gunnar Björnstrand (David), Max von Sydow (Marin), Lars Passgard (Minus)

Encore un Bergman. Il faut dire que nous sommes en novembre 1988 et que je suis en plein milieu d'une grande rétrospective Bergman au cinéma St-André-des-Arts à Paris.

Le début de la décennie 1960 est marquée chez Bergman par des œuvres qui abordent le thème de la psychose (Le silence, Les communiants, Persona, L'heure du loup).
 
À travers le miroir est une œuvre magistrale qui atteint des abysses de dépression et de désespoir avec une performance homérique de Harriet Andersson que je rêvais de rencontrer en Suède, à l'été 2012. Harriet, à 80 ans, en train de siroter un café, seule, au fond d'un café d'Uppsala - pur moment de grâce dans mon imagination.

Le grand thème de ce film, c'est évidemment la schizophrénie. Où il appert que Dieu est un symptôme obligé de cette maladie mentale. Traverser le miroir dans ce cas-ci, c'est entrer dans un monde hallucinatoire où Dieu est présent mais qu'il peut aussi se transformer en araignée - moment d'horreur absolu.

L'autre thème important de ce film, c'est la culpabilité du père de Karin. Il se sent affreusement coupable de recycler du matériel biographique - la maladie de sa fille - en production littéraire. Ce personnage du père incarne la culpabilité de Bergman dont la carrière théâtrale et cinématographique  a phagocyté sa vie familiale. Quatre épouses (on ne compte pas ses maitresses - la plupart des rôles principaux féminins de ses films) et sept enfants pendant la période qui précède ce film. Cette phrase de David, le père de Karin, qui résume cette culpabilité : "It makes me sick to think of the lives, sacrificed to my so-called art."

Luc Moullet des Cahiers du Cinéma devait dormir au gaz quand il a vu À travers le miroir : "Propos vagues sur Dieu et l'humanité, d'un niveau primaire assez provocant, photo atrocement terne, c'est du Wyler fatigué. L'accumulation des effets est indispensable à la réussite de Bergman (???); or ici, malheureusement, il reste très honnête et très simple." Cahiers du Cinéma numéro 135 de septembre 1962. L'art de passer complètement à côté d'un film.

En mai-juin 2011, au New York Theatre Worshop, ma jeune actrice préférée, Carey Mulligan (inoubliable dans Never Let Me Go), jouait le rôle de Karin, interprétée dans le film de Bergman par Harriet Andersson.


Critique. Cahiers du Cinéma. Novembre 1962. Numéro 137. Ouvert sur ces oiseaux uniques par Jacques Doniol-Valcroze.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1962. Meilleur film en langue étrangère
Berlin 1962. Meilleur film selon International Catholic Organisation for Cinema

Visionné, la première fois, le 15 novembre 1988 au cinéma St-André-des-Arts à Paris
Mon 243ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 5 avril 2023