26 décembre 2011

216. Babenco : Kiss of the Spider Woman


1001 films de Schneider : Kiss of the Spider Woman
Le baiser de la femme-araignée



Film brésilien réalisé en 1985 par Hector Babenco
Avec William Hurt et Raul Julia

À voir pour l'incroyable travail de composition de William Hurt en homosexuel efféminé (en fait, comme préférait l'imaginer Hurt, une femme emprisonnée dans un corps d'homme) dans la transposition à l'écran du roman de l'écrivain argentin Manuel Puig. 

Le contenu un peu plus explicite que de coutume des comportements homosexuels, et ce, en pleine période d'explosion du sida, a dû faire frissonner bien des spectateurs.

Ce film m'avait agacé lors d'un premier visionnement. J'y cherchais constamment les éléments de la lutte politique en Amérique latine, si omniprésente à l'époque de la sortie  du film, alors que le contenu du film me renvoyait sans cesse à une histoire relationnelle boiteuse à laquelle je refusais de m'intéresser et qui était pourtant l'objet du film.

L'introduction d'un faux film pro-nazi n'arrangeait sûrement pas l'affaire.

Mais bon, on ne se refait pas ; je trouve toujours ce film un peu de guingois et naïvement didactique en nous révélant nos préjugés homophobes.

Cannes 1985. William Hurt, meilleur acteur
Oscars 1986. William Hurt, meilleur acteur

Visionné, la première fois, le 27 septembre 1986 au cinéma Outremont à Montréal
Mon 216ème visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 23 mars 2023

14 décembre 2011

215. Zemeckis : Back to the Future

1001 films de Schneider : Back to the Future


Film américain réalisé en 1985 par Robert Zemeckis
Avec Michael J. Fox, Christopher Lloyd, Lea Thompson, Claudia Wells

Le jour anniversaire de mes 40 ans, au cinéma pour voir Back to the Future, ça ne s'invente pas. Y avait pas meilleur timing pour voir ce film qui parle justement des années 50 - on était jeune, on était fou...blablabla. Je vous dis pas le plaisir que j'ai eu à voir ce film, un des premiers à si bien recomposer le monde de mon enfance.

Film amusant que je me suis plu à revoir régulièrement avec ma fille, au cours de son enfance, lui bassinant, à chaque occasion,  les mêmes souvenirs de plus en plus embellis comme il sied aux gens devenus vieux qui trouvent toujours que le passé, leur passé, était l'âge d'or.

Exemple : Dans le film, les 4 pompistes qui accueillent les clients à la station-service; en vérité, il n'y en avait qu'un, bougonneux qui, systématiquement, dégobillait une partie de l'essence à côté du réservoir.

Sympathique ce film. Touchant, cette illustration embellie du paysage américain des petites villes des années 50 : le début des banlieues avec leur maison individuelle, le "diner" du centre-ville, le "college" et sa salle de bal, l'hôtel de ville et son horloge qui borde une petite place arborée.

Politique : On est en plein mandat Reagan (deux rappels dans le film) qui, par ses politiques militaires, nous ramènent en pleine guerre froide des années 50  avec le projet de la Guerre des étoiles et une accélération de l'armement nucléaire : deux actions qui mettront littéralement les Soviétiques à genoux, incapables économiquement de tenir le rythme. Exit le communisme soviétique; même dans ses plus beaux rêves, Reagan n'aurait jamais cru à un aussi rapide dénouement.

Couverture du Time Magazine du 19 mai 1986
 
Donc, cette année (2011) les baby boomers turn 65, d'où l'appellation papy boomers; dans quelques années ce sera, "au tapis" boomers.

Venise 1985. Mention spéciale pour Zemeckis
Oscars 1986. Une statuette pour les effets sonores

Visionné, la première fois, le 25 juillet 1986 au cinéma Desjardins à Montréal
Mon 215ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 22 mars 2023

08 décembre 2011

214. Huston : Prizzi's Honor

1001 films de Schneider : Prizzi's Honor


Film américain réalisé en 1985 par John Huston
Avec Jack Nicholson, Kathleen Turner, Anjelica Huston (la fille de John), William Hickey

Mon problème avec ce film c'est que je l'ai vu dans un des ces grands hôtels de Puerto Plata en République Dominicaine en juillet 1986. Un hôtel qui faisait partie d'un regroupement d'hôtels de luxe entouré de clôtures pour empêcher les autochtones de venir y fureter. 

Les clôtures qui s'ouvrent le matin et le soir pour laisser entrer et sortir, par camion, les travailleurs et les travailleuses qui vaquent à tous les travaux de bas de gamme afin de nous permettre, nous les gringos du Nord, d'avoir un séjour agréable. 

Sans parler de ces grappes d'enfants qui nous assaillent dès que nous sortons de notre ghetto afin de soutirer quelques pesos et y parvenant grâce à notre mauvaise conscience, gagnant souvent, ainsi, en une journée plus que leur père pêcheur en une semaine. Des revenus faciles et rapides pour une société mais qui entraîne souvent des dommages collatéraux irréparables. Amen.

J'ai décidé à ce moment-là que les destinations Soleil, ce n'était pas pour moi; ça tombait bien parce que le Soleil ou plutôt la chaleur, j'aime pas trop. Je révise ce texte le 17 mars 2023 et je ne suis toujours pas retourné dans une destination Soleil, 37 ans après. 

Et si on revenait à l'honneur des Prizzi quoique les crimes d'honneur j'ai en carrément ma claque because, en ce moment, au Canada on est en plein dedans avec le procès de la famille Shafia - 4 femmes tuées pour sauver l'honneur de la famille...si, si, en 2011. Curieusement ces prétendants à l'honneur ne l'ont pas suffisamment pour assumer dignement leurs actes.

L'honneur des Prizzi.
Un bon film sur la mafia, peut-être mon préféré, oui, oui, plus que le tonitruant Godfather. William Hickey, dans le rôle du parrain, pèse au moins 75 kilos de moins que Marlon Brando et n'en est pas moins aussi crédible. Personnage moins caricatural que Brando. J'adore l'impression qu'il nous donne d'avoir un pied dans la tombe (cet acteur n'a que 58 ans! ) alors qu'il dirige tout son monde avec une poigne de fer.

William Hickey. Pas tout à fait l'image attendu d'un godfather de la mafia. Surtout après l'avoir vu dans National's Lampoon Christmas Vacation (Le Sapin a des boules, en traduction québécoise)

Je n'ai jamais vu Nicholson avoir une telle gueule de taré sauf dans quelques plans de One Flew Over the Cuckoo's Nest. On dit que Huston lui répétait avant le début de chaque scène : "Remember, he's stupid"

Un beau moment : déclaration d'amour entre deux tueurs à gage, Nicholson et Turner, filmé avec un zoom-in au ralenti.

Critique. Cahiers du Cinéma. Janvier 1986. Numéro 379. Boeing Boeing par Antoine de Baecque

Venise 1985. Meilleur film
Oscars 1986. Meilleure actrice de soutien à Anjelica Huston

Visionné, la première fois, en juillet 1986 à la télé dans un hôtel de Puerto Plata en République Dominicaine
Mon 214ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour 17 mars 2023

04 novembre 2011

213. Varda : Sans toit ni loi

1001 films de Schneider : Sans toit ni loi

Film français réalisé en 1985 par Agnès Varda
Avec Sandrine Bonnaire et plusieurs acteurs non-professionnels mis à part Yolande Moreau, toujours aussi lunaire, et Macha Méril.

Titre qui pourrait être traduit en anglais par The Road. En effet, au pense au roman de Cormac McCarthy publié en 2006 dont on a tiré un film réalisé en 2009 par John Hillcoat avec Viggo Mortensen.

Cette Simone Bergeron (nom très québécois, rare dans un film français) nous apparaît comme une survivante d'un monde post-apocalyptique parcourant un monde factice dont les individus, ignorant cette fin du monde, continueraient, par habitude, à mener leur routine quotidienne.

On est assis là, tranquille, devant une toile, entouré de gens qui bouffe du pop-corn, puis, tout à coup, un premier choc, cette fille, ce cadavre gelé comme une statue tombée dans le caniveau.


Puis ça repart, sous la forme documentaire, petite enquête chez les bonnes gens - des on-dit, des quant-à-moi, des vous-savez. Et discrètement, Sandrine Bonnaire commence une prestation qui vous atteint au cœur. À 17 ans, dans ce film, Sandrine Bonnaire, c'est comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu d'été.

Une belle relation d'amour  entre cette actrice et moi qui dure depuis ce temps. Ma fille unique, née en 1991, ne s'appelle-t-elle pas Sandrine?...prénom peu usuel au Québec, à cette époque.

Direction d'acteurs inspirée de Robert Bresson : acteurs non-professionnels qui récitent des textes sans aucune émotion.

Critique. Cahiers du Cinéma. Décembre 1985. Numéro 378. La repousse par Alain Bergala

Venise 1985. Trois prix : Lion d'or, prix de la critique internationale, prix de la critique italienne
César 1986. Meilleure actrice à Sandrine Bonnaire

Visionné, la première fois, le 19 mai 1986 à L'Autre Cinéma à Montréal
Mon 213ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 17 mars 2023

26 octobre 2011

212. Reitman : Ghostbusters

1001 films de Schneider : Ghostbusters
S.O.S. fantômes.


Film américain réalisé en 1984 par Ivan Reitman
Avec Bill Murray, Dan Aykroyd, Sigourney Weaver, Harold Ramis

Faut-il vraiment que je fasse un commentaire sur cette comédie (J'avais écrit nullité avant de l'effacer pour ménager la susceptibilité de certains lecteurs plus jeunes, en fait, ils sont tous plus jeunes !) qui a terriblement mal vieilli ? On dit parfois de certains films qu'ils sont franco-français ;   alors celui-là il est américano-américain; du cinéma directement sorti de la manufacture de conserve aussi connu sous le nom d'Hollywood.

Je me souviens qu'à l'époque, il faisait partie de cette nouvelle approche du cinéma estival - le blockbuster : un gros (dans le sens budgétaire)  film insignifiant avec des gros pétards techno mené à un rythme d'enfer (Aujourd'hui, ça se traîne comme La pavane d'une infante défunte - salut Philippe Clay - pour les plus de 80 ans) parsemé de blagues plus ou moins drôles.

Pourquoi Schneider a-t-il foutu ce film dans son bouquin ? Je sais, le livre de Schneider n'a pas pas pour objet (Contrairement à ma liste des 1000 meilleurs films du 20ème siècle) de nous présenter les meilleurs films de tous les temps mais, plutôt, les films qui ont marqué différentes époques et pas nécessairement par leur qualité artistique (Je pense, par exemple, à Rocky ou à Saturday Night Fever).

Depuis 2001, à chaque fois que je visionne un film tourné à New York, j'essaie d'y voir les tours du World Trade Center. Elles sont présentes dans ce film.

Visionné, la première fois, en 1985 au cinéma à Montréal
Mon 212ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 17 mars 2023

12 octobre 2011

211. Cameron : The Terminator

1001 films de Schneider : The Terminator



Film américain réalisé en 1984 par James Cameron
Avec Arnold Schwarzenegger, Linda Hamilton, Michael Biehn, Lance Henriksen (le Frank Black de la série Millennium)

Encore une fois, le futur de la planète est présenté sous un mode apocalyptique avec d'énormes erreurs chronologiques. En effet, quand on arrive à ce futur (Je pense à 1984 ou a Blade Runner en 2019), eh bien, non ces horreurs-là ne se sont pas produites. Et en 2029, les humains ne seront pas traqués par un peuple de cyborgs comme on le prédit dans Terminator.  

Mais le futur, on y est déjà, le pire a déjà été joué à plusieurs reprises dans l'histoire de l'humanité alors pas de surprise à l'horizon. 

On a tellement annoncé de catastrophes à venir qui ne finissent pas d'arriver ; l'holocauste nucléaire, la submersion des littoraux de dizaines de pays. Par ailleurs, les pires, on ne les prévoit pas ou on détourne la tête : le génocide arménien, la shoah, l'horreur des Khmers rouges, l'extermination des Tutsis au Rwanda.

Première séquence, Arnold  tout en muscles et tout nu, un sacré morceau monsieur le gouverneur à cette époque..

Linda Hamilton (bonjour la coiffure),  pas un canon de beauté mais un je ne sais quoi de sexy tomboy que j'aime et qui me fait penser à Maria Schneider dans Le dernier tango à Paris aux prises avec Brando, un terminator en son genre.

Maria Schneider


Linda Hamilton













Entre deux poursuites en automobile, son futur amant venu du futur explique à Sarah Connor (Hamilton) le génocide des humains commis par des cyborgs dans un proche futur - on pense un peu à la Shoah.

Séquence délicieuse : l'ouverture de l'avant-bras ainsi que de l'œil (clin d'œil, si je puis dire, à Un chien andalou) du terminator à l'aide d'un exacto.

Une belle image : des enfants du futur qui regardent en direction d'un téléviseur qui, en fait, n'est qu'un brasero. Un téléviseur vide de contenu, un stéréotype qu'on traîne depuis la naissance de la télévision.

Des tonnes de poursuites - n'en jetez plus la cour est pleine mais pas assez, apparemment, puisqu'on va en remettre une sacrée couche lors de la suite, 7 ans plus tard.

Sarah Connor, la Vierge contemporaine, donnera naissance au Sauveur de l'humanité; enfant qu'elle doit cacher et protéger, fuyant au Mexique à défaut d'Égypte.

En passant, que vaut la série Terminator : The Sarah Connor Chronicles, tournée en 2008-2009 ?
I'll be back

Visionné, la première fois, le 15 septembre 1985 à la télévision à Outremont
Mon 211ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 16 mars 2023

12 septembre 2011

210. Wenders : Paris, Texas

1001 films de Schneider : Paris, Texas



Film germano-français réalisé en 1984 par Wim Wenders
Avec Harry Dean Stanton, Natassja Kinski, Aurore Clément, Dean Stockwell

Commençons par la fin
: je ne sais pas si c'est pour éviter de faire hollywoodien mais je ne comprends pas pourquoi ce couple tant amoureux ne reviendrait pas ensemble à la fin du film avec leur adorable blond petit garçon.

C'est sûr que la communauté cinéphilique aurait crié au loup hollywoodien mais, il me semble, que c'est la seule conclusion réaliste. 

D'ailleurs, le Travis, lors de la dernière séquence, dans sa voiture avec un sourire satisfait m'apparaît plutôt comme l'héroïque John Wayne de The Man Who Shot Liberty Valance. Non mais, avec la gueule qu'il a le mec Travis (58 ans !), il ne peut quand même pas s'attendre à ce qu'une autre Natassja Kinski (24 ans) déboule au prochain tournant... Alors, montrons un peu de compassion pour ce type : lors de la séquence suivante non montée, il fera un u-turn et retournera rejoindre le giron familial à l'hôtel Méridien de Houston.


Travis (Harry Dean Stanton)




Jane (Natassja Kinski)



La longueur du film fait problème pour plusieurs alors que toute la démarche artistique réside dans cette longueur des séquences. Monter ce film en 90 minutes et vous avez un beau petit scénario sans envergure.

Mais les longues séquences de Travis émergeant lentement d'une région semi-désertique du Texas en même temps qu'il refait graduellement surface dans la brutale réalité de la vie quotidienne, tout ça accompagnée par l'envoûtante guitare de Ry Cooder est un des grands moments du cinéma des années 1980. On n'oublie jamais un tel moment.

Un autre grand moment inoubliable de ce film demeure, à coup sûr, la rencontre de Travis et de Jane dans une sorte de bordel où le client voit la prostituée alors que celle-ci ne peut le voir. Durant laquelle rencontre Travis raconte à Jane leur propre vie. Émouvant et un peu abyssal.

Est-ce que ça vous émeut si je vous dis que Paris, Texas fut le film préféré de Kurt Cobain ?

Le titre. C'est la ville européenne, selon les calculs de Wenders, dont le nom est le plus utilisé pour désigner une ville aux États-Unis : 22 fois, Berlin est au deuxième rang avec 16. Nous ici, au Québec, nous avons une Venise : Venise-en-Québec (un tel nom, un sommet dans la stupidité), qui se fait régulièrement inondée au printemps.

J'aime beaucoup cette Amérique présentée par Wenders à des lieues de celle très carte postale que l'on retrouve dans Zabriskie Point d'Antonioni, par exemple. L'Amérique de Wenders est plus près de l'Amérique un peu glauque que l'on retrouve dans les films de Jim Jarmusch. Est-ce un hasard s'ils emploient le même directeur photo, Robert Müller.

Critique. Cahiers du Cinéma. Été 1984. Numéros 360/361. The Day of the Hunter par Alain Philippon

Cannes 1984. Trois prix : la Palme d'o, la critique internationale, prix œcuménique du jury
Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1984

Visionné, la première fois, le 30 août 1985 au cinéma Outremont à Montréal
Mon 210ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 16 mars 2023

22 août 2011

209. Allen : The Purple Rose of Cairo

1001 films de Schneider : The Purple Rose of Cairo
La rose pourpre du Caire



Film américain réalisé en 1985 par Woody Allen
Avec Mia Farrow, Jeff Daniels, Danny Aiello

Un fantasme d'enfance : le héros qui traverse la toile pour s'adresser à moi ou, encore mieux, moi qui traverse la toile pour tuer le gros méchant qui a attaché la fille à la voie ferrée. 

Parce que des filles courtement vêtues attachées à la voie ferrée, les dessins animés de mon enfance en regorgeaient, si je puis m'exprimer ainsi. Dans les mêmes dessins animés destinés aux enfants, on voyait régulièrement, sur le côté de la route, une fille faisant du stop qui, pour attirer le client, retroussait sa jupe et v'là-t'y pas le méchant loup au volant d'une décapotable la langue pendue à terre qui s'arrêtait pour la faire monter, ça finissait, invariablement sur la voie ferrée. 

Heureusement, le héros se pointait à moins une avant l'arrivée du train pour la sauver ce qui faisait bien notre affaire parce qu'on reverrait, pour sûr, la même fille refaire du stop  le lendemain, à la même heure, au même poste. C'était drôlement plus excitant que Passe-Partout et comme éducation sexuelle, ça partait sur les chapeaux de roue.

Donc, La Rose pourpre du Caire.
Petit film amusant sans prétention. J'avais été très emballé lors de mon 1er visionnement en 1985, probablement à cause du concept - le héros qui descend de l'écran pour s'enticher d'une spectatrice et son incapacité à s'adapter à la vraie vie puisque toutes ses connaissances se limitent à celles apprises pour son rôle à l'écran. Le concept connu ajouté à un scénario un peu squelettique, eh bien, ça s'effondre quelque peu lors d'un nouveau visionnement.

Allen, faisant dans la nostalgie (le temps de la crise, les vieux cinémas d'antan, Fred Astaire chantant Cheek to Cheek, etc.), séduit toujours une large part de public. Il nous la joue quelquefois. Scénario mince + le bon vieux temps = succès public assuré. Minuit à Paris est le dernier produit de cette pratique.

Mais La Rose pourpre du Caire, c'est aussi un petit cours sur le cinéma en tant que meilleure option pour survivre à sa vie quotidienne.

Ce film est aussi un hommage amoureux d'Allen pour les pommettes saillantes de Mia d'où cette chanson-thème du film : Cheek to Cheek avec Fred Astaire et Ginger Rogers, extrait de Top Hat, film réalisé en 1935 par Mark Sandrich. 




Critique. Cahiers du Cinéma. Juin 1985. Numéro 373. Par Marc Chevrie

Césars 1986. Meilleur film étranger
Cannes 1985. Prix de la critique internationale

Visionné, la première fois, au cinéma Odéon à Paris le 21 juillet 1985
Troisième visite à Paris lors d'un voyage qui me mena en Toscane (Lucca, lieu de naissance de mon grand-père maternel) et à Venise.  Mais, surtout, ce fut mon premier contact avec les Alpes françaises - total coup de foudre qui résultera en une randonnée autour du Mont Blanc à l'été 1987.
Mon 209ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 16 mars 2023

13 août 2011

208. Joffé : The Killing Fields

1001 films de Schneider : The Killing Fields
La déchirure


Film britannique réalisé en 1984 par Roland Joffé
Avec Haing S. Ngor, Sam Waterston, John Malkovich, Julian Sands

The Killing Fields sont les endroits où ont été tués et enterrés les victimes du massacre perpétré par les Khmers Rouge lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1975 et 1979. On a trouvé 20 000 de ces sites contenant en tout 1,4 millions de victimes. L'invasion du Kampuchéa Démocratique (Cambodge) par le Vietnam a mis fin au génocide de son propre peuple par un gouvernement qui se proclamait communiste. Les dictatures communistes ont développé au cours du 20ème siècle (et ça se poursuit en Corée du Nord) la triste habitude d'exterminer leur propre citoyen.















Contrairement à ce que laisse entrevoir le titre, l'horreur khmère rouge n'occupe pas la partie importante du scénario (Environ 40 min sur 2h.21), loin s'en faut. 

J'en fus déçu lors de ce nouveau visionnement. Je me souvenais de ce film comme une grande manifestation contre les dictatures rouges qui furent les plus grandes machines à tuer du 20ème siècle. Lire à ce sujet Le livre noir du communisme.

En fait, il y deux histoires dans ce film. D'abord l'histoire (fait vécu) d'une relation amicale entre un journaliste du New York Times (Sydney Schanberg) en poste au Cambodge et un journaliste cambodgien (Dith Pran) qui lui sert de traducteur et l'histoire du séjour en camp d'internement de ce dernier puis de son évasion de ce camp.

Donc, le film sur l'horreur khmère rouge reste à faire avant que tout ça sombre dans l'oubli, enterré par la succession ininterrompu de ce type de manifestation de la grandeur de l'homme : Rwanda, Somalie, Kenya, Corée du Nord...ad nauseam.

Scénario du film tiré d'un article du New York Times Magazine écrit par Sydney Schanberg en 1980 : The Death and Life of Dith Pran.

Agaçant : on échangerait bien les parties concernant les petites misères égocentriques du journaliste américain pour un plus long passage sur le goulag khmère et la terrible aventure de Dith Pran.

Oscars 1985. Trois statuettes pour l'acteur de soutien à Haing S. Ngor, la caméra, le montage.

Visionné, la première fois, le 16 juin 1985 au cinéma Outremont à Montréal
Mon 208ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 16 mars 2023

19 juillet 2011

207. Scott : Alien

1001 films de Schneider : Alien
Alien : Le huitième passager


Film américain réalisé en 1979 par Ridley Scott
Avec Sigourney Weaver, Tom Skerritt, Veronica Cartwright, Harry Dean Stanton, John Hurt, Ian Holm, Yaphet Kotto

Un vendredi soir de juin 1985, minuit, je m'aventure seul dans un cinéma presque vide pour voir Alien de Ridley Scott. 

J'aime les films de science-fiction même les plus stupides style Plan 9 from Outer Space de Ed Wood - bon, d'accord, j'exagère - mais cette merde est quand même à voir si vous voulez rigoler ; mais, pour moi, le plus hallucinant des Ed Wood demeure Glen or Glenda - laissez vos Kurosawa ou autre Tarkovsky et plongez-vous dans cette œuvre - vous ne sortirez pas indemne de cette œuvre hautement pédagogique ! Vous êtes prévenus.

J'étais prêt pour un film de science-fiction pas pour un film d'horreur tel que Alien. Alors le choc n'en fut que plus violent lors de la scène de la naissance de ce type.


Le moment de cinéma le plus effrayant que j'aie jamais vécu... des jours à m'en remettre. Je ne vous dis pas la trouille que j'avais, après la projection, en rentrant chez-moi, seul, à 3 heures du matin, tout en chantonnant. Jamais l'expression "siffler dans un cimetière" ne fut plus adéquate.

La scène de la sortie de la chose de l'estomac de Kane (John Hurt) est considérée comme le deuxième moment le plus effrayant du cinéma. Voir The 100 Scariest Movie Moments.

Autre moment frappant : Ash (Ian Holm, le Bilbo du Seigneur des anneaux) que nous croyions être un humain se trouve, en fait, être un robot - sa tronche éclatée quelques instants plus tard convaincront tous les sceptiques.

Les auteurs de It! The Terror from Beyond Space  ont accusé Scott et sa gang de plagiat. À vérifier.

La saga Alien :
Dernièrement, j'ai vu la quadrilogie (sic). Globalement, ça vaut l'effort même si l'intérêt baisse rapidement. On parle quand même de trois réalisateurs majeurs : Cameron pour Aliens, le meilleur de la suite, Fincher pour Alien3, le côté sombre de ce film me plaît beaucoup et Jeunet pour Alien : Resurrection, à oublier.

Critique. Cahiers du Cinéma. Octobre 1979. Numéro 304. Par Pascal Bonitzer

Oscars 1980. Une statuette pour les effets spéciaux

Visionné, la première fois, le 14 juin 1985 au Cinéma du Parc à Montréal
Le 23 juin, attentat terroriste sur le vol Montréal-Bombay : 323 victimes. Deux jours plus tard, je prenais le vol Montréal-Paris : plus effrayant qu'Alien.
Mon 207ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 15 mars 2023

09 juillet 2011

206. Clément : Jeux interdits

1001 films de Schneider : Jeux interdits



Film français réalisé en 1952 par René Clément
Avec Georges Poujouly et Brigitte Fossey.

Nostalgie d'une France qui n'est plus.

J'avais été vraiment secoué lorsque j'avais vu la longue séquence du Débarquement de Saving Private Ryan de Spieberg. On n'avait jamais vu le Débarquement présenté avec une telle horreur.

Quand j'ai revu la séquence d'ouverture du bombardement d'une colonne de réfugiés dans Jeux interdits, je me suis dit que les spectateurs de l'époque ont dû rester sur le choc pendant plusieurs minutes en voyant cette séquence. L'horreur de cette séquence est accentuée par le fait qu'elle se passe par une belle journée ensoleillée au cœur de la paisible campagne au sud de Paris. Pas un son, hormis la mitraillade.

Après cette longue séquence, la guerre disparaît complètement du film sauf quelques références lointaines à des engagés. Ceci a pu contribuer à la mauvaise réception du film par le public d'alors. 

Empruntons ce chemin de traverse. Hiroshima, mon amour avait également suscité de telles réticences à sa sortie - comment osait-on "broder" une histoire d'amour sur fond d'holocauste nucléaire.

Narciso Yepes cartonne avec sa mélodie qui était devenu au temps de ma jeunesse l'emmerdant solo de guitare que tout débutant guitariste nous gratifiait inlassablement à chacun de nos partys.

Grande prestation de Georges Poujouly. Brigitte Fossey est admirablement bien dirigée mais on ne peut pas parler de performance artistique dans son cas.

La Ponette de Doillon, c'est un peu la sœur de la Paulette de Clément.

Critique. Cahiers du Cinéma. Juin 1952. Numéro 13. Le jeu de grâce des petits anges par Pierre Kast. Avril 1953. Numéro 22. De la malédiction au triomphe par Jacques Doniol-Valcroze
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1953. Meilleur film en langue étrangère
Venise 1952. Lion d'or

Visionné, la première fois, le 2 juin 1985 à la télévision à Montréal.
Mon 206ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 15 mars 2023

17 juin 2011

205. Curtiz : Casablanca

1001 films de Schneider : Casablanca


Film américain réalisé en 1942 par Michael Curtiz
Avec Humphrey Bogart, Ingrid Bergman, Paul Henreid, Claude Rains, Conrad Veidt, Peter Lorre, Marcel Dalio

Je trouve qu'on a tendance, surtout dans la communauté anglosaxonne, à surévaluer ce film. Quand un film devient un tel emblème, il vaut peut-être mieux ne pas le revoir et demeurer sur nos premières impressions qui, au cours des ans, ont été peaufinées cent fois par une logorrhée de stéréotypes liés à ce film.

Puis, on le revoit 25 ans plus tard et, surprise, on retombe sous le charme. Les célèbres répliques sont au rendez-vous et sont toujours aussi percutantes. Les personnages, surtout les rôles secondaires (Merveilleux Peter Lorre et Marcel Dalio, 177 films sur 50 ans de carrière, celui-ci), sont devenus quasiment des stéréotypes cinématographiques.

Si Bogart prend l'avion avec Bergman, la ferveur populaire n'est plus aussi importante et ce film ne devient jamais une légende et sort probablement de la liste des 100 meilleurs films du 20ème siècle.


La petite histoire entourant le film dit que, jusqu'à la fin, Ingrid Bergman ne savait avec qui elle allait prendre l'avion. 

Mais on connaît les désastres causés par le Code Hayes dans la production hollywoodienne. Les producteurs, eux, savaient avec qui elle allait monter dans l'avion et Curtiz n'avait d'autre choix que de se plier à cette décision. Selon le dit Code, l'adultère peut, peut-être, faire partie de la trame dramatique mais il ne peut pas, en aucun cas, être récompensé. Alors, cette fin qui a déchiré tant de cœurs ne serait, finalement, qu'une autre des manifestations du Code Hayes, responsables d'une multitude de dénouement de films? (Je viens de voir The Woman in the Window de Fritz Lang, tout est extra jusqu'à l'entourloupette imposée par le Code dans le dénouement - c'est à hurler de bêtise).

Tout ça étant dit, Casablanca est un sapré bon film et chaque visionnement ne fait que le confirmer. Mais c'est le scénario et les personnages plus que la réalisation (Flashback parisien, un vrai ovni) qui catapulte ce film aux premiers rangs de la majorité des listes.

Maintenant, les trois mots les plus populaires du cinéma américain : Play It, Sam. et non pas Play It Again, Sam qui vient du film des Marx Brothers, A Night in Casablanca tourné en 1946.

As Time Goes By, chanson composée en 1933 par Herman Hupfeld pour la comédie musicale Everybody's Welcome.

Frissons garantis : dans le café, le chant improvisé de La Marseillaise par les clients qui vient enterrer Wacht am Rhein (Un chant ayant eu parmi le peuple allemand un statut non-officiel d'hymne national) entonné par les nazis.

Oscars 1944. Trois statuettes : le film, la réalisation et le scénario

Visionné, la première fois, le 17 mars 1985 à la télévision à Montréal
Mon 205ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 15 mars 2023

19 mai 2011

204. Lynch : The Elephant Man

1001 films de Schneider : The Elephant Man
L'homme éléphant


Film américano-britannique réalisé en 1980 par David Lynch
Avec John Hurt, Anthony Hopkins, Anne Bancroft, John Gielgud, Wendy Hiller

J'aurais préféré entrer dans le monde de Lynch par Eraserhead que par cet académique The Elephant Man.

Eraserhead, que je ne verrai que 22 ans plus tard, me jettera carrément à terre. Tant qu'à rouler dans la sciure aussi bien en profiter pour faire le lien avec Freaks (1933) de Tod Browning auquel nous ramène constamment John Merrick, l'éléphant en question, qui n'aurait pas déparé cette sacrée gang d'amochés. Freaks, à voir toutes affaires cessantes, un kilomètre au-dessus de ce bienveillant The Elephant Man.

Joseph Merrick (1862-1890), citoyen anglais 

Un lien entre Eraserhead et The Elephant Man : le monde industriel. Dans les deux films, Lynch s'attarde à nous plonger dans le paysage urbain de la révolution industrielle, le Coke Town : fumées, vapeurs, voies ferrées, machineries inquiétantes, un maximim de pollution et pas un arbre à l'horizon et tout ça en noir et blanc.


Film globalement surévalué.  En fait, Lynch nous présente une histoire improbable d'un personnage de foire qui, tout à coup, se met à parler et à discuter comme s'il avait été élevé au sein d'une famille bourgeoise victorienne cultivée.

La scène d'ouverture nous présente la mère de John Merrick attaquée par un éléphant ; ce qui expliquerait la difformité de son fils. Faut quand même pas nous prendre pour des idiots - bon, d'accord, j'exagère volontiers, je sais que c'est une figure de style. Il fallait bien trouver une intro pour ce qui suit : Ça m'a fait penser à un film avec Fernandel que j'ai vu lorsque j'avais 5-7 ans (Mon premier souvenir de cinéma chez mes grands-parents qui étaient les seuls, dans la famille, à posséder la télé) dans lequel l'un des personnages, pour expliquer le visage déformé de Fernandel, disait que sa mère avait trop souvent regardé des chevaux lorsqu'elle était enceinte. Quelqu'un en connaît le titre ?

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1981. Numéro 322. Le monstre a peur par Serge Daney.

Césars 1982. Meilleur film étranger

Visionné, la première fois, le 16 février 1985 au cinéma Outremont à Montréal
Mon 204è film visionné de la liste des 1000 films du livre de Schneider
Mis à jour le 19 avril 2023

26 avril 2011

203. Lubitsch : Ninotchka

1001 films de Schneider : Ninotchka



Film américain réalisé en 1939 par Ernst Lubitsch
Avec Greta Garbo, Melvyn Douglas, Ina Claire, Bela Lugosi, Sig Ruman, Felix Bressart, Alexander Granach

Greta Garbo Laughs, disait la pub du film.

Un des rares rôles comiques tenu par la Suédoise lors de son avant-dernier film. On se rappelle que MGM avait utilisé un slogan semblable lors de la sortie du premier film parlant de Garbo, Anna Christie (1930), Garbo Talks.

Ce qui saute aux yeux, c'est à quel point la critique du système soviétique était à point. Évidemment, pendant les 30 années suivantes, on n'y a vu que de l'anticommunisme primaire stéréotypé et de la propagande américaine jusqu'à ce qu'on découvre la vraie figure de ce régime totalitaire. 

Si on en doute encore, on peut toujours jeter un œil sur Le livre noir du communisme, publié en 1997, dont les auteurs sont sûrement à la solde des impérialistes américains, diraient nos camarades du PCF.

Quelque temps avant la sortie de Ninotchka, André Gide sonnait la fin de la récréation communiste dans son Retour de l'U.R.S.S.

« Du haut en bas de l'échelle sociale reformée, les mieux notés sont les plus serviles, les plus lâches, les plus inclinés, les plus vils. Tous ceux dont le front se redresse sont fauchés ou déportés l'un après l'autre. Peut-être l'Armée rouge reste-t-elle un peu à l'abri ? Espérons-le ; car bientôt, de cet héroïque et admirable peuple qui méritait si bien notre amour, il ne restera plus que des bourreaux, des profiteurs et des victimes." André Gide.

L'agent soviétique Garbo n'a pas encore rencontré les joies du capitalisme enchanté.


Voilà, c'est fait!

Ce n'est qu'à la 45ème minute que Garbo s'esclaffe. Curieusement c'est à ce moment que je commence à perdre un peu d'intérêt ; on tombe dans la comédie de sexe assez convenue. Le film s'alanguit, on pédale un peu dans la semoule. J'avais beaucoup aimé la première partie, avec le trio d'espions, pendant soviétique des Three Stooges dont l'un ressemble à Lénine et un autre à Trotsky. 

Toutes les scènes de Paris ont été tournées en studio. On peut aimer, moi pas ; je pense particulièrement à la Tour Eiffel en carton. La reconstitution en studio m'a toujours enragé. Comment a-t'on pu attendre tant de temps (des décennies) avant de tourner en  décor naturel? 

Y a pire que ce Paris bidon, je pense, entre autres,  au  film d'Alexander Korda, Rembrandt, que j'ai vu la semaine dernière - Amsterdam reconstruit en studio - c'est à hurler. On peut y trouver du génie (je  pense à l'esthétique expressionniste) mais moi je préfère le génie du décor naturel.

Ce n'est pas mon Garbo préféré. À des lieues de Queen Christina (1933) de Robert Mamoulian mais c'est du Lubitsch, on s'amuse beaucoup.

Critique. Cahiers du Cinéma. Février 1968. Numéro 198. Par Jean Domarchi. Un bel exemple de critique ratée. En 1968, il ne fait pas bon de rire des communistes.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, le 1er février 1985 à la télévision à Montréal.
Mon 203ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 14 mars 2023

08 avril 2011

202. Forman : Amadeus

1001 films de Schneider : Amadeus



Film américain réalisé en 1984 par Milos Forman
Avec Tom Hulce, F. Murray Abraham, Elizabeth Berridge, Roy Dotrice, Jeffrey Jone
Adaptation de la pièce de Peter Shaffer écrite en 1979, elle-même un plagiat de la courte pièce d'Alexandre Pouchkine, Mozart et Salieri, écrite en 1830.

Jusqu'à 40 ans, que j'ai haï l'opéra. 
Sauf pour quelques moments comme, par La flûte enchantée de Mozart (la porte d'entrée pour l'Opéra) par Bergman, je n'avais aucun intérêt pour cet art que je trouvais  archaïque. Je n'étais pas capable de supporter les aigus des Castafiore, ni les voix sépulcrales des basses sans parler des prestations des surpondérales jouant les faméliques affamées d'une quelconque Bohème ou Traviata. 

Pour moi, à l'évidence, l'opéra m'apparaissait un art pour vieux bourgeois. Pour bourgeois, c'est probable mais pour vieux, certainement. Certains soirs de représentation la moyenne d'âge doit frôler les 98 ans.

Puis, un soir de Noël de 1984, arrive Amadeus, film adapté d'une pièce de théâtre éponyme de Peter Shaffer. Les portes s'ouvrent, quelques murs tombent, une émotion est semée, l'opéra s'introduira lentement dans mon univers musical. Comment ne pas être transporté par les séquences de Don Giovanni ou de La Flute enchantée. J'ai revu plusieurs fois ce film , pas tellement pour la trame dramatique que pour la musique et les extraits des opéras; la finale de Le Nozze di Figaro est troublante, Salieri dirait divine.

Va pour la musique mais la prestation théâtrale ? Eh bien, l'opéra a rajeuni de 100 ans en moins de 20 ans. Pensons seulement à la mise en scène de L'Or du Rhin de Robert Lepage au Metropolitan Opera de New York en septembre 2010.


 

Ou à la prestation de Salomé à l'opéra de Montréal en mars 2011 où l'interprète de celle-ci, après la fameuse danse des sept voiles, apparaît avec pour seul vêtement, un string...  Nicola Beller Carbone dans sa prestation de Salomé à Genève en 2009. Pas tout à fait l'image que l'on s'attend de voir quand on a une vieille vision stéréotypée de l'opéra.




La flûte enchantée de Bergman puis Amadeus de Forman; se donner une chance d'aimer l'opéra.

Trois heures (Director's Cut) de pur plaisir que cet Amadeus si on oublie le rire de crécerelle de Tom Hulce qui me tombe royalement sur les rognons (expression favorite de ma mère) et qui n'a aucun fondement historique comme beaucoup des éléments de ce drame. Mais une belle histoire qui repose toute sur la dichotomie entre l'homme et l'œuvre. Cette dichotomie qui est toujours un grand choc quand, au sortir de nos adolescences passionnées, nous découvrons que l'homme qui porte l'œuvre la mérite peu, comme dirait Salieri (je pense, entre autres, à Léo Ferré dans son château en Toscane !).

Neville Mariner à la direction d'orchestre, Twyla Tharp à la chorégraphie, costumes et décors somptueux avec, en prime, les rues de Prague et la salle d'opéra où Mozart a présenté son Don Giovanni - n'en jetez plus.

Critique. Cahiers du Cinéma. Novembre 1984. Numéro 365. Le regard du sourd par Serge Toubiana.

Oscars 1985. Huit statuettes : film, réalisateur, acteur à F. Murray Abraham, scénario (ce Oscar aurait dû aller à Alexandre Pouchkine, à titre posthume), direction artistique, costumes, son, maquillage.
Césars 1985. Film étranger

Visionné, la première fois, le 25 décembre 1984 au cinéma Le Dauphin à Montréal
Mon 202ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 19 avril 2023