26 avril 2011

203. Lubitsch : Ninotchka

1001 films de Schneider : Ninotchka



Film américain réalisé en 1939 par Ernst Lubitsch
Avec Greta Garbo, Melvyn Douglas, Ina Claire, Bela Lugosi, Sig Ruman, Felix Bressart, Alexander Granach

Greta Garbo Laughs, disait la pub du film.

Un des rares rôles comiques tenu par la Suédoise lors de son avant-dernier film. On se rappelle que MGM avait utilisé un slogan semblable lors de la sortie du premier film parlant de Garbo, Anna Christie (1930), Garbo Talks.

Ce qui saute aux yeux, c'est à quel point la critique du système soviétique était à point. Évidemment, pendant les 30 années suivantes, on n'y a vu que de l'anticommunisme primaire stéréotypé et de la propagande américaine jusqu'à ce qu'on découvre la vraie figure de ce régime totalitaire. 

Si on en doute encore, on peut toujours jeter un œil sur Le livre noir du communisme, publié en 1997, dont les auteurs sont sûrement à la solde des impérialistes américains, diraient nos camarades du PCF.

Quelque temps avant la sortie de Ninotchka, André Gide sonnait la fin de la récréation communiste dans son Retour de l'U.R.S.S.

« Du haut en bas de l'échelle sociale reformée, les mieux notés sont les plus serviles, les plus lâches, les plus inclinés, les plus vils. Tous ceux dont le front se redresse sont fauchés ou déportés l'un après l'autre. Peut-être l'Armée rouge reste-t-elle un peu à l'abri ? Espérons-le ; car bientôt, de cet héroïque et admirable peuple qui méritait si bien notre amour, il ne restera plus que des bourreaux, des profiteurs et des victimes." André Gide.

L'agent soviétique Garbo n'a pas encore rencontré les joies du capitalisme enchanté.


Voilà, c'est fait!

Ce n'est qu'à la 45ème minute que Garbo s'esclaffe. Curieusement c'est à ce moment que je commence à perdre un peu d'intérêt ; on tombe dans la comédie de sexe assez convenue. Le film s'alanguit, on pédale un peu dans la semoule. J'avais beaucoup aimé la première partie, avec le trio d'espions, pendant soviétique des Three Stooges dont l'un ressemble à Lénine et un autre à Trotsky. 

Toutes les scènes de Paris ont été tournées en studio. On peut aimer, moi pas ; je pense particulièrement à la Tour Eiffel en carton. La reconstitution en studio m'a toujours enragé. Comment a-t'on pu attendre tant de temps (des décennies) avant de tourner en  décor naturel? 

Y a pire que ce Paris bidon, je pense, entre autres,  au  film d'Alexander Korda, Rembrandt, que j'ai vu la semaine dernière - Amsterdam reconstruit en studio - c'est à hurler. On peut y trouver du génie (je  pense à l'esthétique expressionniste) mais moi je préfère le génie du décor naturel.

Ce n'est pas mon Garbo préféré. À des lieues de Queen Christina (1933) de Robert Mamoulian mais c'est du Lubitsch, on s'amuse beaucoup.

Critique. Cahiers du Cinéma. Février 1968. Numéro 198. Par Jean Domarchi. Un bel exemple de critique ratée. En 1968, il ne fait pas bon de rire des communistes.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, le 1er février 1985 à la télévision à Montréal.
Mon 203ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 14 mars 2023

08 avril 2011

202. Forman : Amadeus

1001 films de Schneider : Amadeus



Film américain réalisé en 1984 par Milos Forman
Avec Tom Hulce, F. Murray Abraham, Elizabeth Berridge, Roy Dotrice, Jeffrey Jone
Adaptation de la pièce de Peter Shaffer écrite en 1979, elle-même un plagiat de la courte pièce d'Alexandre Pouchkine, Mozart et Salieri, écrite en 1830.

Jusqu'à 40 ans, que j'ai haï l'opéra. 
Sauf pour quelques moments comme, par La flûte enchantée de Mozart (la porte d'entrée pour l'Opéra) par Bergman, je n'avais aucun intérêt pour cet art que je trouvais  archaïque. Je n'étais pas capable de supporter les aigus des Castafiore, ni les voix sépulcrales des basses sans parler des prestations des surpondérales jouant les faméliques affamées d'une quelconque Bohème ou Traviata. 

Pour moi, à l'évidence, l'opéra m'apparaissait un art pour vieux bourgeois. Pour bourgeois, c'est probable mais pour vieux, certainement. Certains soirs de représentation la moyenne d'âge doit frôler les 98 ans.

Puis, un soir de Noël de 1984, arrive Amadeus, film adapté d'une pièce de théâtre éponyme de Peter Shaffer. Les portes s'ouvrent, quelques murs tombent, une émotion est semée, l'opéra s'introduira lentement dans mon univers musical. Comment ne pas être transporté par les séquences de Don Giovanni ou de La Flute enchantée. J'ai revu plusieurs fois ce film , pas tellement pour la trame dramatique que pour la musique et les extraits des opéras; la finale de Le Nozze di Figaro est troublante, Salieri dirait divine.

Va pour la musique mais la prestation théâtrale ? Eh bien, l'opéra a rajeuni de 100 ans en moins de 20 ans. Pensons seulement à la mise en scène de L'Or du Rhin de Robert Lepage au Metropolitan Opera de New York en septembre 2010.


 

Ou à la prestation de Salomé à l'opéra de Montréal en mars 2011 où l'interprète de celle-ci, après la fameuse danse des sept voiles, apparaît avec pour seul vêtement, un string...  Nicola Beller Carbone dans sa prestation de Salomé à Genève en 2009. Pas tout à fait l'image que l'on s'attend de voir quand on a une vieille vision stéréotypée de l'opéra.




La flûte enchantée de Bergman puis Amadeus de Forman; se donner une chance d'aimer l'opéra.

Trois heures (Director's Cut) de pur plaisir que cet Amadeus si on oublie le rire de crécerelle de Tom Hulce qui me tombe royalement sur les rognons (expression favorite de ma mère) et qui n'a aucun fondement historique comme beaucoup des éléments de ce drame. Mais une belle histoire qui repose toute sur la dichotomie entre l'homme et l'œuvre. Cette dichotomie qui est toujours un grand choc quand, au sortir de nos adolescences passionnées, nous découvrons que l'homme qui porte l'œuvre la mérite peu, comme dirait Salieri (je pense, entre autres, à Léo Ferré dans son château en Toscane !).

Neville Mariner à la direction d'orchestre, Twyla Tharp à la chorégraphie, costumes et décors somptueux avec, en prime, les rues de Prague et la salle d'opéra où Mozart a présenté son Don Giovanni - n'en jetez plus.

Critique. Cahiers du Cinéma. Novembre 1984. Numéro 365. Le regard du sourd par Serge Toubiana.

Oscars 1985. Huit statuettes : film, réalisateur, acteur à F. Murray Abraham, scénario (ce Oscar aurait dû aller à Alexandre Pouchkine, à titre posthume), direction artistique, costumes, son, maquillage.
Césars 1985. Film étranger

Visionné, la première fois, le 25 décembre 1984 au cinéma Le Dauphin à Montréal
Mon 202ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 19 avril 2023