26 décembre 2009

155. Weir : Picnic at Hanging Rock

1001 films de Schneider : Picnic at Hanging Rock


Film australien réalisé en 1975 par Peter Weir
Avec Rachel Roberts, Helen Morse, Kirsty Child, Anne-Louise Lambert, Tom Llewellyn-Jones, John Jarratt

On pourrait dire de ce film que c'est une immense pâtisserie victorienne arrosée par l'imbuvable flûte de pan de Zamfir. Mais trêve de cynisme. Ce film est magnifique.

Ce film est une prouesse esthétique. Quel beau film! Une palette de couleurs étonnamment riche, des plans comme des tableaux de Renoir, des filles à faire rougir les modèles de Botticelli ou Les demoiselles d'Hamilton, une trame musicale de rêve (même si Zamfir me les casse un peu avec sa flûte de pan).


Cette photo qui n'a rien à voir avec le film résume bien l'ambiance érotique du film de Peter Weir. Pas de sexualité exposée mais un volcan érotique qui couve sous une apparence de filles bien sages élevées dans le dogmatisme de l'ère victorienne; comme cette montagne, Hanging Rock, qui est, en fait, un volcan dont la lave n'a jamais atteint la surface et que l'érosion différentielle a dégagé au cours des millénaires, phénomène géologique que l'on retrouve à l'origine du mont Royal à Montréal, voisin de mon lieu de résidence et terrain de prédilection pour mon entraînement en vue de mes treks en montagne.

Visionné, la première fois, le 27 janvier 1978 au cinéma à Montréal
Mon 155ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

22 décembre 2009

154. Lucas : Star Wars

1001 films de Schneider : Star Wars
La guerre des étoiles
Bien traduit, ce serait Les guerres de l'Étoile.


Film américain réalisé en 1977 par George Lucas
Avec Mark Hamill, Carrie Fisher, Harrison Ford, Alec Guinness, Peter Cushing,

Le blockbuster de Noël 1977.
Comment dire ? Quand on aime visionner à multiples reprises des films tels que Cris et chuchotements de Bergman, que peut-on dire d'un tel film ? Que j'avais cédé à la mode du temps ? Que je fus emporté par l'immense publicité qui portait ce film au panthéon de la science-fiction ? J'aime bien la science-fiction mais plutôt dans le style Truffaut (Fahrenheit 451) ou Tarkovsky (Solaris) ou Kubrick (2001, Space Odyssey) mais pas vraiment dans le style guimauve de Star Wars, ce western stellaire de série B.

Par ailleurs, ce qui m'agace au plus haut point : d'où vient cette incapacité d'une pléthore de productions américaines de films catastrophes ou de films de science-fiction à supporter le tragique ? Pourquoi faut-il constamment édulcorer ce tragique de scènes ou de réparties humoristiques ?  Pourquoi faut-il constamment introduire un Han Solo dans la trame dramatique afin d'en alléger la tension ? Trêve de rhétorique. On connaît la réponse. Plaire à un maximum de spectateurs qui viennent au cinéma pour se détendre. Donc, plutôt, un film sage à grosse morale hollywoodienne édifiante : Que la force soit avec toi - un gros pop-corn avec ça ?

Post-scriptum qui n'a rien à voir :
Demain, j'atteindrai mon 940ème film visionné du livre 1001 Movies You Must See Before You Die de Steven Jay Schneider. Au programme, Funny Games version allemande de Michael Haneke. À ce moment-là, j'aurai épuisé toutes les ressources des clubs vidéo de Montréal et de la Bibliothèque nationale du Québec. Je devrai me tourner vers Amazon et Ebay pour continuer ma quête. Mais je vois déjà l'impossibilité de terminer cette liste, à court terme. Quand je pense que Roger Ebert, un des plus grands critiques de cinéma américain, n'en a vu que 943, ça me console.

En parlant de Roger Ebert, je suis en train de lire la critique qu'il fit de Star Wars en janvier 1977. Je vous jure que je ne l'avais pas lue avant d'écrire mon commentaire ci-haut. Tenez-vous bien. Ebert compare l'expérience qu'il a vécu au visionnement de Star Wars avec l'expérience qu'il a vécu en visionnant Cris et chuchotements de Bergman - I Can't Believe That !

Tirée de la même chronique, cette phrase de Roger Ebert qui explique ma "détestation " de ce film : "Star Wars effectively brought to an end the golden era of early-1970s personal filmmaking and focused the industry on big-budget special-effects blockbusters, blasting off a trend we are still living through."

Critique. Cahiers du Cinéma. Décembre 1977. Numéro 283. L'Amérique sans peur et sans reproche par Serge Le Péron.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1978. Six statuettes mais pas celle pour le meilleur film qui est allée à Annie Hall de Woody Allen - yes! Direction artistique, costume, son, effets visuels, montage, musique

Visionné, la première fois, le 31 décembre 1977 au cinéma à Québec
Mon 154ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

14 décembre 2009

153. Laloux : La planète sauvage

1001 films de Schneider : La planète sauvage


Film d'animation de science-fiction franco-tchèque réalisé en 1973 par René Laloux 
Dessins de Roland Topor
Inspiré de l'œuvre de Stefan Wul, Oms en série

Un titre qui n'a rien à voir, en anglais (Fantastic Planet), non plus d'ailleurs.

On a vu dans ce film une allégorie de l'invasion soviétique de la Tchécoslovaquie en 1968 pour mettre un terme au Printemps de Prague. Pourquoi les films d'animation doivent-ils toujours être l'allégorie de quelque chose ? Ne peuvent-ils pas exister que pour eux-mêmes.
 

M'énerve cette entêtante et inutile quête de sens. Ne peut-on pas rester au premier degré : La planète sauvage est l'explication de la création de la planète Terre. Bon, moi ça me va comme ça : Les Oms dont le leader s'appelle Terr quitte une planète hostile pour une planète plus accueillante, inoccupée je suppose, pour créer leur propre civilisation. Pour en terminer avec l'allégorie mentionnée plus haut, se rappeler que l'œuvre de Stefan Wul dont s'inspire ce film a été écrite en 1957, 11 ans avant l'entrée des chars soviétiques à Prague.

La planète sauvage, c'est 72 minutes d'une petite merveille d'animation.

Cannes 1973 : Prix spécial du jury

Visionné, la première fois, le 6 novembre 1977 à Montréal
Mon 153ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

07 décembre 2009

152. Minnelli : An American in Paris

1001 films de Schneider : An American in Paris
Un Américain à Paris


Film américain réalisé en 1951 par Vincente Minnelli
Avec Gene Kelly, Leslie Caron, Oscar Levant, Georges Guétary, Nina Foch

J'avais gardé une meilleure impression de ce film. Quelle tarte à la crème ! Enlevez la musique de Gershwin et les numéros de danse de Gene Kelly, il ne reste plus grand chose à se mettre sous la dent. L'interminable (16 minutes) et assez ennuyante chorégraphie (que je suis de mauvaise foi ! il est excellent ce ballet) qui vient clore le film ne le rachète en rien, non plus que la présence de l'ineffable Georges Guétary.

La revue de cinéma Première a sélectionné ce film parmi les 20 films les plus surévalués de l'histoire du cinéma américain. D'accord

Après de belles images aériennes du Paris d'après-guerre en introduction, deux heures de Paris en carton-pâte avec le plus grand rassemblement de clichés sur Paris jamais mis en film. Un Paris comme voulaient le voir les Américains d'alors.

Le personnage du peintre interprété par Gene Kelly est un clin d'œil aux écrivains américains de la Lost Generation qui ont habité à Paris entre les deux grandes guerres. Entre autres lectures, je vous suggère Paris est une fête d'Ernest Hemingway et Tropique du Cancer d'Henry Miller, par qui tous les scandales arrivent.

Critique. Cahiers du Cinéma. Juillet 1952. Numéro 14. Vers le musifilmdanse par Frédéric Laclos. 
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1951 : Six statuettes. Film, scénario, caméra, direction artistique, costume et musique.

Visionné, la première fois, en octobre 1977 à la télévision à Montréal
Mon 152ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

30 novembre 2009

151. Tati : Les vacances de monsieur Hulot

1001 films de Schneider : Les vacances de monsieur Hulot


Film français réalisé en 1953 par Jacques Tati.
Avec Jacques Tati, Nathalie Pascaud (Martine)

Ça tombe bien, les nôtres de vacances, viennent de se terminer. On n'a pas pu compléter le mini-tour de la Méditerranée (Espagne-Maroc-Algérie-Tunisie-Italie) parce que nous n'avions pas fait de réservation pour le traversier Tunis-Palerme (Sicile) et que tout était complet depuis des lunes. 

Après avoir traversé l'Espagne du nord au sud et le Maroc par le Rif nous nous sommes baladés pendant 14 jours en Algérie (14 jours étant la limite de notre visa de séjour) puis retour à Paris en empruntant la route étroite et cahoteuse des montagnes du Rif (nord du Maroc) et la route qui longe la Costa del Sol en Espagne afin de nous soulager un peu des rigueurs de la vie quotidienne un peu spartiate au pays du socialisme à la Boumediene.

Retenons : Un grand coup de cœur pour l'Algérie et une affection plus particulière pour les Berbères Kabyles. Entendre Idir chanté A Vava Inouva à travers un petit transistor d'un jeune berbère assis sur les bords d'un cours d'eau encastré dans une vallée de l'Aurès fut une expérience émotionnelle bouleversante.

Donc, retour à Paris, vacances terminées. Le soir précédant le retour à Montréal, ces Vacances de monsieur Hulot.

Le facteur de Jour de fête a troqué son vélo pour une Amilcar 1924 pétaradante, annonciatrice des perturbations que subiront les vacanciers de l'Hôtel de la Plage. Tout le monde va écoper, sauf Martine, la jeune blonde imperturbable - dont la princesse Leia de Star Wars a emprunté les rouleaux sur les oreilles - spectatrice comme nous des facéties, des gaffes et des pantalonnades de Hulot.

Ni film muet, ni film parlant, un film sonore. Est-il un son plus représentatif de l'ennui qui règne dans ce type de vacances en pension complète que le bruit, fortement amplifié par Tati, que fait la porte de la salle à manger à chaque fois que quelqu'un y passe. Je vous assure, ce bruit vous poursuivra le restant de vos jours à chaque fois que vous pensionnerez à un quelconque Hôtel de la Plage, ce que je ne vous souhaite pas, évidemment, à moins d'y rejouer Hulot.

Avez-vous reconnu Jean-Sol Partre - clin d'œil au Bison Ravi - l'intello à pipe et lunettes draguant Martine à l'aide de lectures d'articles analysant la conjoncture politique à travers une grille marxiste 

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1953. Numéro 22. Enfin Tati revient par Serge Parmion.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, le 10 août 1977 au cinéma à Paris
Mon 151ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

21 novembre 2009

150. Oshima : L' empire des sens

1001 films de Schneider : L'empire des sens


Film japonais réalisé en 1976 par Nagisa Oshima
Avec Tatsuya Fuji, Eiko Matsuda

C'est le début de l'été de 1977, je viens d'arriver à Paris avec le projet de faire avec Annie, un demi-tour de la Méditerranée en auto : deux mois pour parcourir France-Espagne-Maroc-Algérie-Tunisie-Italie-France. Avons loué une Simca à laquelle nous avons l'intention de mettre 10 000 kilomètres au compteur. En attendant mon amie qui n'arrivera que dans quelques jours, je me balade dans Paris. À cause du décalage horaire, je me lève tôt pour aller me promener dans les dernières échoppes des Halles qui n'ont pas encore été transférées à Rungis. J'aime bien fréquenter les cafés de l'aube, bondés de travailleurs qui viennent de finir leur nuit; la bière et les p'tits rouges de comptoir coulent à flot dans une atmosphère terriblement enfumée à six heures du matin.

J'habite le célèbre hôtel Saint-André-des-Arts (célèbre auprès de la clientèle nord-américaine, parce que bien coté dans le guide Paris on 15$ a Day, ai-je bien dit 15$ par jour ?) sur la rue du même nom au cœur du Quartier Latin à côté du mythique cinéma Saint-André-des-Arts, haut-lieu de la cinéphilie depuis les années 1950. C'est là que je verrai L'Empire des sens.

Je ne connaissais rien de ce film. Imaginez le choc ressenti. Le lieu, le cinéaste me disaient bien que je n'étais pas dans une salle de cinéma porno mais, quand même, je n'avais jamais vu de scènes sexuelles aussi explicites dans toute ma carrière de cinéphile. Cela étant, j'ai été submergé par cette histoire de passion amoureuse, non, pas amoureuse, sexuelle. C'est la radicalité du désir sexuel qui nous bouleverse, qui nous transporte au-delà des différentes exhibitions crues de la mécanique sexuelle.

Ai no corrida signifie littéralement "La corrida de l'amour". Belle métaphore qui illustre bien ce duel entre la femme et l'homme dans lequel les protagonistes échangeront leur rôle. Si, au début, l'homme se positionne comme le maître d'œuvre de la jouissance, peu à peu, cette maîtrise lui échappera au profit de la femme qui, par la multiplication des "encore" - le mot de la jouissance féminine - lui fera rendre armes et bagages et quelques éléments de sa plomberie personnelle, le trophée du toréador, si je peux me permettre de compléter la métaphore de la corrida.

Eiko Matsuda, interprète du personnage historique (puisqu'inspiré d'une affaire criminelle japonaise de 1936) Sada Abe, était une actrice non-professionnelle. Elle restera à jamais étiquetée par ce film, ce qui l'empêchera de continuer sa carrière au cinéma.

Critique. Cahiers du Cinéma. Mars 1976. Numéro 265. Par Pascal Bonitzer. Septembre 1975. Numéro 270. L'Essence du pire par Pascal Bonitzer. Janvier 1977. Numéro 273. Encore sur L'Empire des sens par Sara Rafowicz
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, le 20 juin 1977 au cinéma St-André-des-Arts à Paris
Mon 150ème film visionné des films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

13 novembre 2009

149. Wilder : Some Like It Hot

1001 films de Schneider : Some Like It Hot
Certains l'aiment chaud
En fait, la traduction correcte devrait être : Certains aiment le Jazz Hot

   Affiche originale

Affiche polonaise de 1987

Film américain réalisé en 1959 par Billy Wilder
Avec Marilyn Monroe, Tony Curtis, Jack Lemmon, George Raft, Joe E. Brown

Encore un bon film américain que je n'ai pas su aimer à l'époque. Il faut savoir que les années 1970 ont été pour moi une décennie de cinéphilie intense orientée presque exclusivement sur le cinéma d'auteur et le cinéma du monde (non américain).

Je me souviens avoir vu ce film avec un œil goguenard, sans vraiment être intéressé par cette comédie burlesque interprétée par des acteurs qui me laissaient indifférents, si, si même la "gorgeuse" Marilyn, que je trouvais d'une telle insipidité. Encore une fois, un rôle de nunuche. Pauvre petite, marquée au fer rouge du machisme masculin, à jamais ancrée dans des rôles de plantureuse blonde insignifiante.

Je viens de revoir ce film. Mon commentaire demeure. Je ne sais toujours pas aimer ce type de cinéma américain probablement parce que j'en ai trop vu. Pour moi, ça demeure du gros burlesque qui peut, à l'occasion me faire sourire, mais qui, au grand jamais, ne me fera crier au génie. Au 15ème rang des meilleurs films du 20ième siècle ! je rêve ou quoi. Je le reculerais dans la liste de 200 ou 300 rangs. Mais malgré tout cela, quelques séquences anthologiques : le spot qui déshabille Marilyn dans le plus habillé des stripteases, le tango entre Daphnée (Jack Lemmon) et Osgood (Joe E. Brown) et la réplique qui clôture le film.

Lecture cinéphilique en cours
J'adore, de temps à autre, faire une plongée dans ma collection des Cahiers du Cinéma dont je possède les 400 premiers numéros. J'aime bien relire intégralement un des Cahiers "jaune"; la collection "jaune" s'étend jusqu'au numéro 159 - octobre 1964.
Lecture intégrale du numéro 50 (août-septembre 1955) des Cahiers du Cinéma.
Des textes de Roberto Rossellini, François Truffaut, André Bazin, Jean Epstein, Abel Gance et un long texte sur la mort de Jean Vigo. Du bonbon, tout ça.

Betsy Blair et Ernest Borgnine dans Marty de Delbert Mann

Critique. Cahiers du Cinéma. Novembre 1959. Numéro 101. Faut-il brûler Wilder ? par Jacques Doniol-Valcroze
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1960 : Costumes

Visionné, la première fois, le 10 juin 1977 à la télévision à Montréal
En fait, je devais être dans l'appartement d'Annie à Longueuil (banlieue Rive Sud de Montréal). Nous nous préparions à faire le plus gros voyage de notre vie : rien de moins que le tour de la Méditerranée en auto. Il fallait être totalement ignorant des problèmes géopolitiques de cette partie du globe pour croire une telle chose possible. Ah! la naïveté des jeunes voyageurs qui permet d'ouvrir des fenêtres sur d'autres ailleurs. Mais, quand même, deux semaines à parcourir l'Algérie.
Mon 149ème film des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

04 novembre 2009

148. Lumet : Network

1001 films de Schneider : Network
Main basse sur la TV.
Encore une mauvaise traduction de titre de film.
"Ce que dénonce Lumet, c'est que la télévision fait main basse sur le monde" Jean-Louis Bory. 22 mars 1977


Film américain réalisé en 1976 par Sidney Lumet
Avec Faye Dunaway, William Holden, Peter Finch, Robert Duvall, Beatrice Straight

Film didactique sur la "méchante" télévision.
Le hic, c'est que ça fait 30 ans que les média nous rabâchent ce thème de la poursuite des cotes d'écoute. Alors, comme on n'est plus vraiment des néophytes en la matière, on risque d'être peu ému en visionnant à nouveau ce film qui a dû, par ailleurs, certainement ébranler les consciences, à l'époque.

On a l'impression qu'on n'est jamais sorti de ce film tant la réalité actuelle du monde télévisuel dépasse outrageusement la fiction. Finalement, j'en ai tellement marre de ce sujet de la poursuite des cotes d'écoute par les grandes chaînes télé que ça gâte un peu le plaisir de revoir ce grand film qui osait aborder en profondeur cette plaie du monde des média. Ajouter à cela une dose importante et horripilante de "télévangélisation" et vous avez un film qui m'agace à plusieurs reprises.

Ceci étant dit, ça demeure une sacrée bonne analyse du milieu de la télévision avec des accents prophétiques impressionnants. Impressionné aussi par l'habileté de Lumet à toucher à tant de thèmes : le milieu de la télévision, la course aux cotes d'écoute, la psychose paranoïaque, les gauchistes américains (toutes les séquences de cette partie auraient pu carrément sauter au montage, le film y gagnant en limpidité), la libération sexuelle (Dunaway draguant le vieux Holden, savoureux), les relations extra-maritales, etc.

Le plaisir de revoir le visage de Faye Dunaway; par ailleurs, un peu décontenancé sinon choqué (sous le choc), par ce corps aux limites de l'anorexie. Un corps qui représente bien ce personnage émotionnellement vide - le cœur mangé par les "ratings".

Critique. Cahiers du Cinéma. Mai 1977. Numéro 276. Par Christian Descamps.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1977 : Quatre statuettes. Faye Dunaway (actrice), Peter Finch (acteur), Beatrice Straight (actrice dans un rôle secondaire - une statuette obtenue avec seulement 5 minutes et 40 secondes de présence à l'écran) et une statuette pour le scénario

Visionné, la première fois, le 6 février 1977 au cinéma à Montréal
Mon 148ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

27 octobre 2009

147. Corman : The Masque of the Red Death

1001 films de Schneider : The Masque of the Red Death
Le masque de la mort rouge


Film britannique réalisé en 1964 par Roger Corman 
Avec Vincent Price, Jane Asher, Hazel Court, David Weston

Je ne me souviens plus du tout de ce film qui m'apparaît très mineur, peu intéressant. Vraiment, en 1977, j'évitais ce type de film. La soirée devait être drôlement moche pour que je m'écrase devant la télé pour me taper un film d'horreur, moi qui les avais tellement en... horreur.

Allez, on se farcit à nouveau ce film. Pas toujours rose ce foutu concept de revoir tous les films de Schneider au fil de ma chronologie personnelle. (En fait, j'adore !)

Eh bien, je l'ai vu. Où avais-je la tête lorsque j'ai vu ce film en 1977 ? Enfermé dans mes préjugés contre les films d'horreur, probablement. Bon, ce n'est toujours pas le style de film que je préfère mais j'ai aimé ce film. C'est bien fait, ça rend bien le monde de Poe. Le méchant Prospero (Vincent Price) est méchant à souhait quoique son prêchi-prêcha finit drôlement par m'agacer. Mais plus près du théâtre que du cinéma, tant par le décor, la mise en scène et la déclamation de Prospero qui se prend pour un héros shakespearien.


Des influences évidentes de Hitchcock et de Bergman.

Hitchcock : La maîtresse de Prospero, Juliana (Hazel Court), qui se fait attaquer par des oiseaux noirs. Une scène onirique assez érotique dans laquelle Francesca (Jane Asher), terrorisée, pousse des cris qui sortent directement de la scène de la douche de Psycho.

Bergman : Le personnage encagoulé de la mort est une belle transposition du même personnage que l'on retrouve en joueur d'échecs dans le Septième sceau. La ressemblance entre le Septième sceau (1957) et Le masque de la mort rouge était tellement évidente pour Roger Corman qu'il retarda de quelques années la production de son film pour marquer un décalage entre les deux films.

Visionné, la première fois, le 22 janvier 1977 à la télévision à Montréal
Mon 147ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

23 octobre 2009

146. Rafelson : Five Easy Pieces

1001 films de Schneider : Five Easy Pieces
Cinq pièces faciles


Film américain réalisé en 1970 par Bob Rafelson
Avec Jack Nicholson, Karen Black, Susan Anspach

Séquence de cinéma américain que j'aime :
Cols bleus, derricks de pétrole, végétation semi-désertique, grosse bagnole, une chanson country à la radio (Tammy Wynette singing for the lonely), mobil home, bière en canettes. Maintenant, ajoutez Jack Nicholson (loin de ses débuts - 1956 - contrairement à ce que l'on pourrait penser) et Karen Black aux yeux noirs dont le strabisme est tellement émouvant, (jadis, une courte passion amoureuse pour cette comédienne, agréablement retrouvée dans Nashville d'Altman) qui sont constamment en porte-à-faux, sur deux rails parallèles sans espoir de croisement.

Les cinq petites pièces faciles réfèrent à un cahier d'exercices de piano pour débutants.
Débutant comme ce Robert Dupea (Nicholson) qui trimbale sa vie comme un ado attardé sur le chemin de la croissance, qui frappe tout ce qui bouge pour déclencher une expérience émotionnelle qu'il n'atteindra finalement qu'auprès de son père, muet. Après cette scène où Dupea touche enfin au cœur de sa vie, il ne lui reste plus qu'à tout recommencer. Éloge de la fuite.

Bob Rafelson, après ce film tant prometteur, disparaît des écrans-radar. Peu de films et sans intérêt.

Parti il y a 25 ans, Truffaut au cœur de ma passion cinéma.

Visionné, la première fois, le 9 janvier 1977 à la télévision à Montréal
Mon 146ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

13 octobre 2009

145. Julian : The Phantom of the Opera

1001 films de Schneider : The Phantom of the Opera



Film américain réalisé en 1925 par Rupert Julian
Avec Lon Chaney, Mary Philbin, Norman Kerry.

J'ai horreur de ce type de publicité que l'on retrouve régulièrement sur les enveloppes des dvd. Ainsi, The Phantom of the Opera serait le premier grand film d'horreur de l'histoire du cinéma. Comment peut-on ignorer Le cabinet du Docteur Caligari de Wiene et le Nosferatu de Murnau pour ne nommer que ces deux-là qui écrasent littéralement le fantôme dans son 5ème sous-sol.

Un film muet, la belle affaire, mais la colorisation, quelquefois me fatigue. Dix ans après les Vampires de Feuillade dans laquelle série il utilisait les changements de couleur de pellicule pour distinguer le jour de la nuit ou la clarté de la noirceur, Julian répète la même technique. Ah, que j'adore les quelques plans, trop rares, en noir et blanc; à la limite le jaune et brun est supportable mais le monochrome vert, rouge ou bleu m'agace.

Une autre forme de colorisation, par ailleurs, représente un gain esthétique net. Il s'agit d'ajouts de couleurs à certains éléments qui composent les plans d'une séquence. À ce titre, la scène du bal masqué, filmée dans l'escalier de l'opéra de Paris, est, en soi, un petit chef d'œuvre.

Tout ça étant dit, un des grands films d'horreur de la période du muet dont l'histoire, simpliste à souhait, est menée rondement sans les longueurs habituelles des films muets.

Belle surprise sur la copie que j'ai visionnée. La musique a été composée par Gabriel Thibaudeau, pianiste attitré à la Cinémathèque québécoise lors de projections de films muets et interprétée par I Musici de Montréal et la soprano Claudine Côté.

Visionné, la première fois, le 5 janvier 1977 à la télévision à Montréal
Mon 145ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

03 octobre 2009

144. Clouzot : Le salaire de la peur

1001 films de Schneider : Le salaire de la peur


Film français réalisé en 1953 par Henri-Georges Clouzot
Avec Yves Montand, Charles Vanel, Folco Lulli, Peter van Eyck et Véra Clouzot

J'avais oublié la première partie du film tellement l'intensité de la deuxième partie avait oblitéré tout esprit critique lors d'un premier visionnement, il y a plus de trente ans.

Donc, première partie que j'aime.
Une mise en place des personnages qui s'éternise et qui distille l'ennui (mais cet ennui est nécessaire de même que les dialogues en anglais, en espagnol et italien, tous non sous-titrés) et que j'intitulerais L'aquarium (en souvenir d'un roman du Québécois Jacques Godbout qui portait le même titre et qui décrivait, si je me souviens bien, une petite société de colonisateurs mourant d'ennui et de palu dans un coin perdu de la tropicalité africaine.). Un paquet de petits blancs paumés tournent en rond dans un coin pourri de la planète en quête d'une impossible échappatoire : pas de jobs mais pas de billets de sortie non plus. Englués...comme dans un bain de pétrole.

Qui de Arnaud (auteur du roman dont a été tiré le film) ou de Clouzot s'est amusé a maltraiter à ce point la Femme dans ce film. On a rarement atteint, dans un film, un tel niveau de misogynie. En fait, que vient faire le personnage de Véra Clouzot dans cette histoire à peine déguisée d'homosexualité masculine sinon à titre de matériel de projection machiste. Oublions également les remarques au sujet des femmes noires... à hurler.

Deuxième partie : Confronter ou fuir.
Je pense à L'éloge de la fuite d'Henri Laborit et sa mise en cinéma par Alain Resnais dans Mon oncle d'Amérique.

Je me suis surpris à aimer le personnage du "lâche" interprété par Charles Vanel et à le préférer à celui, monobloc, interprété par Yves Montand, le "John Wayne" des routiers. C'est vrai que Montand a une gueule du tonnerre dans ce film, me touchant particulièrement lorsqu'il parle italien, mais je n'étais pas disposé à recevoir ce super-héros.

M. Jo (Vanel) me touche beaucoup plus par son itinéraire émotionnel ; on le voit passer par toute la gamme des émotions que l'on vit lorsqu'on est confronté à une situation éminemment anxiogène : de la position de crâneur à la plus lamentable panique qui mène inexorablement à la fuite.

Ma réaction a certainement à voir avec une expérience récente à l'Aiguille du Midi à Chamonix. Je m'étais aventuré dans l'arête étroite et vertigineuse qui part de la station de l'Aiguille (3800 m.) et qui descend dans la Vallée Blanche, sans crampons, sans piolet, sans corde, en bottes de randonnée (en imbécile heureux, quoi ! et je suis gentil avec moi en disant cela). Ce qui devait être une belle balade dans la neige s'est rapidement transformé, vu mon sous-équipement, en une situation hautement anxiogène. Pas de Vallée Blanche mais plutôt, une bonne frousse.

Dans le générique (j'aime les lire au complet; je suis souvent seul à le faire dans les salles de cinéma, les nettoyeurs de salle agacés de ce comportement délinquant) : Des remerciements à La Société Française des Glycérines (au choix, avec de la glycérine on peut faire de la nitroglycérine ou des bulles de savon) et à la Société Française de l'Amiante (pauvre gouvernement du Québec qui a nationalisé une mine d'amiante en 1978 au moment où on commençait à bannir ce produit en Europe; les anciens propriétaires de la mine se tordent encore de rire !).

Ah oui, j'oubliais. Dans ce film, on y retrouve des capitalistes américains, méchants à souhait, qui exploitent les damnés de la Terre. Au temps de la "guerre froide", on ne rigole pas avec ces choses, donc censure du film en terre américaine.

Critique. Cahiers du Cinéma. Mai 1953. Numéro 23. Un Grand film athée par Pierre Kast
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Berlin 1953 : Ours d'or
Cannes 1953 : Grand prix du festival et mention spéciale pour Charles Vanel

Visionné, la première fois, en 1976 à la télévision à Montréal
Mon 144ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

18 septembre 2009

143. Saura : Cria Cuervos

1001 films de Schneider : Cria Cuervos


Film espagnol réalisé en 1975 par Carlos Saura
Avec Ana Torrent, Geraldine Chaplin, Monica Randall, Florinda Chico.

On peut voir dans ce film toutes sortes de références au régime fasciste espagnol dans ses derniers kilomètres - Francisco Franco, agonisant littéralement pendant la réalisation du film, sorti en janvier 1976, 2 mois après le décès du caudillo

L'enfance, donc...la malheureuse.
Les pertes de l'enfance, énormes, et le travail du deuil qui n'arrive pas à se faire; le cœur se bronze. La colère rentrée et la haine froide. À jamais contre. N'attendez surtout pas de reconnaissance de cette enfant. Proverbe espagnol : "Cria cuervos y te sacaran los ojos". Élève des corbeaux et ils t'arracheront les yeux.

Ana Torrent inonde l'écran. Ce visage, une esquisse en fait, une ligne pour la bouche, deux points pour le nez et deux perles noires pour les yeux, d'une telle impassibilité, c'est Greta Garbo à 9 ans. 
Ana Torrent
Greta Garbo à plus de...9ans

La scène de la mère se tordant de douleurs devant les yeux impassibles de la petite Anna, c'est Harriet Andersson agonisant dans Cris et chuchotements de Bergman devant le désarroi de ses soeurs.

Lecture cinéphilique
Le lièvre de Patagonie. Mémoires de Claude Lanzmann, auteur du film Shoah, le plus grand film jamais tourné sur la destruction des Juifs d'Europe. Vous ne sortirez pas indemne de ce documentaire de 9,5 heures.
Probablement les mémoires le plus passionnantes, les mieux écrites et les plus intelligentes qu'il m'ait été donné de lire. 

Une grande partie des Mémoires (120 pages) est consacrée à la description de la réalisation de Shoah qui s'est échelonnée sur une période de 12 ans - épique et bouleversant.

Un chapitre pour cinéphile.
1958. Claude Lanzmann part en reportage en Corée du Nord avec la 1ère délégation occidentale invitée dans ce pays depuis la fin de la guerre. Il y tombe passionnément amoureux d'une infirmière nord-coréenne. Bravant tous les interdits, ils réussissent à s'isoler quelques minutes de l'escorte continuelle des policiers qui les traquent en permanence. Fin abrupte et sans retour de cette rencontre. Lanzmann n'oubliera jamais Kim Kum-sun. Le film de David Lean , Brief Encounter, deviendra emblématique de cette période de sa vie.

2005. Lanzmann, à 80 ans, retourne pour 4 jours (limite maximum de séjour) en Corée du Nord avec l'idée, totalement fantasmatique, d'y évaluer la possibilité d'y tourner sa "brève rencontre" sur fond documentaire. "J'aurais réalisé un film documentaire sur la Corée du Nord aujourd'hui, en donnant à voir, Pyongyang, le vide, la monumentalisation, la mobilisation permanente, la faim, la terreur, la suspension du temps pendant 50 ans, montrant que tout a changé, rien n'a changé, tout a empiré." Est-il vraiment utile d'ajouter que ce film ne se fit jamais ?

Cannes 1976 : Grand prix du jury.

Visionné, la première fois, en décembre 1976 au cinéma à Montréal
Mon 143ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

12 août 2009

142. Scorsese : Taxi Driver

1001 films de Schneider : Taxi Driver


Film américain réalisé en 1976 par Martin Scorsese 
Avec Robert De Niro, Cybil Shepherd, Jodie Foster, Harvey Keitel, Peter Boyle, Albert Brooks, Leonard Harris.

J'aime beaucoup les passerelles - en voici une.
Taxi Driver, comme une chanson de Bruce Springsteen - celle-ci par exemple, tiré de l'album Born To Run, sorti en 1975 : Backstreets (le piano du début suivi de l'orgue "dylanesque" - émouvant). Les paroles et une interprétation fabuleuse.

Ce soir-là, Springsteen c'est Travis Bickle qui a quitté son taxi pour monter sur les planches au Madison Square Garden à New York. À certains moments, on croirait vraiment voir Robert De Niro à 50 ans.

En fait, tout l'album Born to Run est le frère artistique de Taxi Driver. Deux productions artistiques, produites au même moment, qui commentent le même monde des "urbans losers".

Du même album, ces deux dernières lignes de Thunder Road, chanson qui me bouleverse tellement, et qui disent Taxi Driver
"It's a town full of losers,
And I'm pulling out of here to win."

Taxi Driver, plongeon au cœur de la période la plus noire de New York. Au moment où la ville, en faillite, ressemble à un dépotoir de toutes les détresses humaines. Dans les années 1970, New York était sale, corrompue, violente, inhabitable, le royaume des sans-abris pour lesquels on inventa une thérapie spécifique, la Greyhound Therapy (fournir à un SDF un billet d'autobus, aller seulement, pour une autre ville; Greyhound étant une compagnie d'autocars spécialisée dans le transport interurbain). C'est l'écosystème dans lequel évolue Travis Bickle, cab driver nocturne, fuyant l'insomnie et la solitude têtue.

Ce qui fait la beauté et la grandeur de ce film c'est plus son traitement que son histoire de loser cherchant la rédemption dans de quelconques actes de justicier qu'on appelle aux USA, des vigilantes.

Me touchent plus particulièrement :
1. La voix off du narrateur. Dès le début, plongée au cœur des films noirs des années 1940. Cette voix nous compromet dès le début - on va vivre et mourir avec ce personnage. Ne vous laissez pas abuser par la dernière séquence, Travis Bickle est bel et bien mort dans la chambre d'Iris.
2. Les multiples prises de vue du taxi et à partir du taxi de Travis.
3. La performance de De Niro digne des plus grands Brando.
4. Jodie Foster - "twelve and a half years old going on thirty"
5. Cybil Shepherd, une jeune Catherine Deneuve (le même glacier), qui surnage dans ce cloaque.
6. La musique de Bernard Hermann...le saxe (ouf)
7. Harvey Keitel, encore dans un rôle de tordu dans lesquels il est le meilleur.
8. Les arrière-plans truffés d'affiches de cinéma porno. Qui a déjà vu Anita : Swedish Nymphet (Les impures) avec la playmate de Playboy, Christina Lindberg ? On voit aussi l'affiche de The Texas ChainSaw Massacre.
9. Et toutes les passerelles sur lesquelles ce film ouvre : psychopathologie, urbanisme, vie nocturne, musique rock. Tous domaines que j'aime.

Lecture cinéphilique 
Un amour sans paroles de Didier Blonde.
À la recherche de Suzanne Grandais, actrice populaire du cinéma muet français, décédée dans un accident de la route le 28 août 1920 à l'âge de 27 ans.
Ce petit roman frôle le pastiche des romans de Patrick Modiano. Amour et nostalgie. Pour connaître Modiano, commencez par Rue des boutiques obscures, paru en 1978. Il se peut que vous ne soyez plus capable de vous extirper de ce monde pendant plusieurs mois. Bien fait pour vous.

Cannes 1976 : Palme d'or

Visionné, la première fois, le 4 décembre 1976 au cinéma à Montréal
Mon 142ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

07 août 2009

141. Schaffner : Planet of the Apes

1001 films de Schneider : Planet of the Apes
La planète des singes


Film américain réalisé en 1968 par Franklin J. Schaffner
Avec Charlton Heston, Roddy McDowall, Kim Hunter, Maurice Evans, Linda Harrison

Pas de chance pour les singes, sortie simultanée en avril 1968 de 2001: Odyssée de l'Espace, de Stanley Kubrick, le plus grand film de science-fiction de l'histoire du cinéma.

Euh! non, ce fut quand même (la campagne publicitaire monstre aidant) un très grand succès pour La planète des singes à sa sortie. Mais 40 ans après, Planet of the Apes n'est plus qu'un vieux film de science-fiction qui a très mal vieilli dont les décors et les costumes ont l'air d'avoir été loués dans un magasin de "farces et attrapes" et dont l'acteur principal, Charlton Heston, est marqué à jamais par sa prestation minable dans le film de Michael Moore (le faux documentariste - comment a-t-il pu berner le jury du Festival de Cannes avec son Fahrenheit 9/11!), Bowling for Colombine - terminé Ben-Hur! on n'a plus qu'un vieil acteur en marche vers la démence et essayant de justifier l'injustifiable. Je n'arrive pas à oublier ce Charlton Heston, président sortant de la National Rifle Association, qui vient oblitérer tous les autres qui l'ont précédé.

J'avais été très ému, lors du premier visionnement de ce film, il y a plus de 30 ans, par le plan final du film. J'étais resté un peu estomaqué par la leçon que nous enseignait ce plan final. En le revoyant cette semaine, j'ai été un peu déçu de mon manque de perspicacité d'alors tant les indices qu'on nous jette en pleine figure tout au long du film pointent vers cette "statue de la liberté" enfouie dans le sable.

On a beaucoup pérorer sur les grandes leçons que nous enseignent ce film. Moi, je retiens surtout, qu'avec leur système de castes : les orang-outangs en politiciens, les chimpanzés en scientifiques et les gorilles en policiers (un peu facile celle-là), bien, ils sont dans les traces des humains et courent, également, vers l'holocauste nucléaire après un détour possible par quelques génocides simiens.

Les premières paroles de Taylor après qu'il eut retrouvé l'usage de la voix : "Get your stinking paws off me, you damned dirty apes". Parmi les 100 meilleures tirades du cinéma américain selon l'American Film Institute.

À l'origine du film, le roman de l'écrivain français Pierre Boulle. Deux autres romans de ce dernier ont été adaptés au cinéma : Le pont de la rivière Kwaï et Le photographe (Titre du film : Le point de mire de Jean-Claude Tramont avec Annie Girardot et Jacques Dutronc).

La saga de la Planète des singes a été produite dans le désordre chronologique. Il faut voir les films dans cet ordre suivant si une telle chose a un quelconque attrait pour vous - y a pire.
1968. La planète des singes. 8,0/10 sur IMDB
1972. La conquête de la planète des singes. 6,1/10
1973. La bataille de la planète des singes 5,4/10
1971. Les évadés de la planète des singes. 6,3/10
1970. Le secret de la planète des singes 6.0/10

Oscars 1969 : Maquillage

Visionné, la première fois, le 1er novembre 1976 à la télévision à Montréal
À deux semaines du plus grand et du plus "tripatif" (bonjour monsieur Languirand) bouleversement politique québécois du 20ème siècle - l'élection du Parti Québécois à la tête du gouvernement du Québec. En prime : la défaite du premier ministre sortant (Robert Bourassa) aux mains du poète Gérald Godin - pur bonheur.
Mon 141ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

26 juillet 2009

140. Renoir : La chienne

1001 films de Schneider : La chienne

Retiré de la liste de Schneider en 2013.



Film français réalisé en 1931 par Jean Renoir
Avec Michel Simon (Legrand), Janie Marèse (décédée dans un accident d'automobile à la fin du tournage), Georges Flamant (au volant de l'auto où se trouvait Janie Marèse).
D'autres comédiens dont seul le nom de famille apparaît au générique - pratique courante au cinéma français avant les années 40 : Gaillard, Mlle Doryans, Mancini, Argentin, Dalbon, Gehret. Pourquoi une telle chose ?

De fait, La Chienne (1931) forme un diptyque avec Boudu, sauvé des eaux (1932).

Dans La Chienne, on y voit comment Legrand (Michel Simon), un rond-de-cuir petit-bourgeois maltraité par sa femme, devient le clochard, heureux et retors, du Boudu, sauvé des eaux après avoir dégringolé l'escalier de la respectabilité en s'entichant d'une prostituée qui le manipule et le lessive jusqu'aux derniers ronds et qui lui fait comprendre qu'il n'était qu'un pauvre tordu s'il a cru qu'elle l'avait déjà aimé - donc, crime passionnel. S'ensuit déchéance de Legrand qui se retrouve littéralement à la rue, enfin heureux...Boudu est né.

Michel Simon écrase le casting. Il y a deux films : avec et sans Simon.
Quand Simon n'est pas là, le film tombe à plat. Toute la partie de l'enquête judiciaire et du procès..."d'un sans intérêt". La séquence finale sauve le film qui s'en allait vers la banalité.

Encore deux choses qui me plaisent au plus haut point : la vivacité des mouvements de la caméra (perception probablement magnifiée par le fait que je venais de voir 2 films de Yasujiro Ozu - 4 heures de plans fixes ) et le tournage en extérieurs (Montmartre).

Je suis resté franchement estomaqué d'apprendre que dans les années 1930, les exécutions de la peine capitale avaient toujours lieu sur les places publiques des villes françaises.
"Alors, ma chérie, on va à l'exécution cet aprem' ?
Ah, non, pas encore une décapitation. Y en a marre, c'est la troisième qu'on irait voir ce mois-ci. Non, aujourd'hui, j'ai des courses à faire à la Samaritaine; vas-y avec tes potes."
(Inspiré de la séquence de la lapidation dans Monty Python : The Life of Brian)

Ce n'est que le 24 juin 1939 que le président de la République, Albert Lebrun (le dernier de la 3ème République), décréta la fin des exécutions publiques. Document inouï sur la peine capitale en France : La vie étonnante de la guillotine.

Visionné, la première fois, le 27 octobre 1976 à la télévision à Montréal
Mon 140ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

20 juillet 2009

139. Stroheim : Foolish Wives

1001 films de Schneider : Foolish Wives
Folies de femmes


Film américain réalisé en 1922 par Erich von Stroheim
Avec Erich von Stroheim (Count Wladislaw Sergius Karamzin), Miss DuPont, Rudolph Christians, Maude George, Mae Busch, Dale Fuller

D'abord, savoir que le film que l'on peut visionner (2,25 heures - déjà mieux que les 85 minutes de la version décrite dans Schneider) n'est qu'une version écourtée, charcutée (à l'encontre de la volonté de Stroheim), d'une œuvre qui devait durer 8 heures. Ce film n'existe plus; nous n'avons plus qu'un montage très imparfait de différentes séquences fait sans l'autorisation du réalisateur.

Malgré tout le dépeçage opéré par les producteurs, les distributeurs et les propriétaires de salles, Folies de femmes demeure l'un des monuments du cinéma muet. J'ai été carrément estomaqué par le défi aux normes morales de l'époque porté par ce film. Violence, voyeurisme, fétichisme, viol, abus de toutes sortes ne sont pas des thèmes que l'on associe habituellement au cinéma muet du début des années 20. En ce sens, Folies de femmes est carrément à l'avant-garde.

Énigme : Pourquoi l'interprétation toute en retenue des acteurs de ce film n'a pas fait école ?
Pourquoi les jeux de face et le grimaçage pour exprimer les émotions ont-ils continués à empoisonner l'interprétation des personnages même après l'invention du parlant ? (Pensons à Emil Jannings dans L'ange bleu).

"L'homme qu'on aime détester" (tel est l'attribut que Stroheim s'est vu attribuer au cours de sa carrière d'acteur) dans une de ses plus grandes performances de "gros méchant".

Dans ce film, Stroheim atteint un sommet dans l'art de faire détester un personnage créant ainsi le modèle absolu du vilain, de l'homme à abattre.

J'imagine la terrible jouissance des spectateurs lorsqu'ils ont découvert, à la fin du film, la destinée du Comte Karamzin. La haine de ce personnage a du être renforcée par le fait que les spectateurs ne pouvaient aucunement s'y identifier - un aristocrate russe étant à des années-lumière des classes populaires américaines des années 1920.

Le lendemain des premières projections : chute dramatique de la vente de monocles et de porte-cigarettes, à jamais associés au mépris de classe comme le cigare a longtemps été associé aux "gros méchants capitalistes" - perception que même les cigares de Fidel ne parviendront pas à renverser.

Visionné, la première fois, le 13 octobre 1976 à la télévision à Montréal
Mon 139ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

13 juillet 2009

138. Hamilton : Goldfinger

1001 films de Schneider : Goldfinger


Film britannique réalisé en 1964 par Guy Hamilton
Avec Sean Connery, Honor Blackman (Pussy Galore), Gert Fröbe (Auric Goldfinger), Harold Sakata (Oddboy)

Après avoir revu ce film, j'ai pensé au mélodramatique titre du film de Luigi Comencini ; "Mon Dieu, comment suis-je tombé si bas ? " Passer de Fellini à Guy Hamilton, on parle bien de chute.

Attaché à mon concept de revoir tous les films de Schneider en suivant l'ordre chronologique de leur apparition dans ma vie de cinéphile, je me retrouve, quelquefois, dans l'obligation de faire un commentaire sur un film sans intérêt, pour moi.

Ne boudons pas notre plaisir, on s'amuse quand même un peu à revoir un Bond, surtout ceux de la première cuvée avec Sean Connery, en macho extrême. En une seule galipette dans le foin, il réussit le tour de force de faire changer de camp Pussy Galore en plus de lui faire changer d'orientation sexuelle. Fort, le mec.

Le comble du manque d'à-propos, cette phrase de Bond : "Boire du Dom Pérignon pas assez froid c'est comme écouter les Beatles sans boules-quiès". Toute la bêtise du personnage ramassée dans ce "one-liner".

Basta. R.A.S.

À ne pas mettre au même programme : Goldfinger et Shoah (9,5 heures) dans lequel je suis plongé depuis quelques jours.

Oscars 1965 : Une statuette pour les effets spéciaux.

Visionné, la première fois, le 30 septembre 1976 à la télévision à Montréal
Se farcir un James Bond à la télévision !!!
Mon 138ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

06 juillet 2009

137. Fellini : Amarcord

1001 films de Schneider : Amarcord


Film italien réalisé en 1973 par Federico Fellini
Avec Magali Noël, Bruno Zanin, Pupella Maggio, Armando Brancia, Luigi Rossi,

Fans de Fellini, évitez ce message...sinon vous allez hurler.

Fellini fait partie d'un petit groupe de réalisateurs (pour le moment, je pense à Antonioni et à Godard) dont le déroulement de la carrière m'a graduellement éloigné d'eux.

La carrière de Fellini est un exemple patent de ce phénomène.
Autant je suis éperdu d'admiration pour des films tels La strada, La dolce vita ou Otto e mezzo, autant la deuxième partie de la carrière de Fellini (qui commence, mettons, avec Juliette des esprits), que j'appellerais "le cirque arrive en ville" ou bien "la cour des miracles à Cinecitta", me touche peu - à la limite m'agace.

Amarcord (Je me souviens) est un exemple, en mode mineur (par rapport à Satyricon ou Casanova, par exemple), de cette production fellinienne. Un amoncellement de gros seins, de grosses fesses, de pets, de merde, de monstres humains, d'handicapés physiques, de malades mentaux, tout ça arrosé d'onirisme et d'ésotérisme. Il est évident qu'il faut voir au-delà de cet écran tapageur. Mais, justement, a-t-on vraiment besoin de cette mascarade pour décrire une année de la vie tranquille d'une petite ville à l'époque du fascisme glorieux ? Surtout que Fellini n'arrête pas, d'un film à l'autre, de se complaire dans ce genre d'esthétisme baroque. N'aurait-il pas pu nous amener au cœur de ses sujets, de ses angoisses, de ses questionnements, sans emprunter, sempiternellement, la piste du cirque ?

Avec Amarcord, il nous raconte la vie du village de son enfance. On se prend à rêver du film qu'il aurait réalisé à l'école du néo-réalisme.

Je me souviens que j'étais demeuré de glace devant cette œuvre lors de sa sortie, contrairement à la critique et aux cinéphiles de l'époque qui était transporté d'admiration par le cirque fellinien. Et cette deuxième visite confirme ma réception (ma déception) d'alors. Je n'aime pas ce type de cinéma...alors toute ma critique est, alors, totalement biaisée et sans intérêt pour les amateurs de Fellini.

Oscars 1975 : Meilleur film en langue étrangère

Visionné, la première fois, le 29 septembre 1976 au cinéma à Montréal
Visionné, le même jour, Les noces rouges de Claude Chabrol. Une question que je me pose au sujet du scénario : Pourquoi tuer le mari alors qu'il était si simple de divorcer ? Pour faire du Chabrol, pardi !
Mon 137ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

30 juin 2009

136. Visconti : Le guépard

1001 films de Schneider : Le guépard



Film italien réalisé en 1963 par Luchino Visconti
Avec Burt Lancaster, Alain Delon, Claudia Cardinale, Paolo Stoppa, Rina Morelli, Romolo Valli, Terence Hill, Pierre Clementi, Lucilla Morlacchi, Serge Reggiani

Le casting du siècle : Burt Lancaster en improbable aristocrate sicilien du 19ème siècle. Cet acteur américain plutôt habitué des westerns et des films d'action a été imposé à Visconti par le coproducteur américain à des fins de rentabilité commerciale. Visconti transforma littéralement cet acteur - ce cowboy comme il disait. Mais on pouvait soupçonner un génie de la composition dans cet acteur qu'on peut voir dans l'interprétation qu'il fit du prisonnier Robert Franklin Stroud dans Birdman of Alcatraz (1962).

Une immense pâtisserie que ce Guépard.
Comment peut-on supporter tant de beauté cinématographique pendant 3 heures !
Tout dans la forme : de multiples plans comme autant de toiles de maître; des paysages jaunes, oranges, ocres d'un dépouillement qui frôle l'ascèse ; des costumes, ceux du bal en particulier, à faire pâlir tous les carnavals de Venise ; l'éclatante Claudia Cardinale qui débarque après 1 heure de métrage pour injecter de la passion, de la beauté, de la vie dans ce monde moribond - le premier gros plan de Claudia qui se mord les lèvres... anthologique.

Au beau milieu d'une époque marquée par l'émancipation des colonies, la montée de la démocratie et la multiplication des partis de gauche, il a eu du culot ce Visconti, ancien aristocrate (comte de Lonate Pozzolo) converti au communisme, de traduire en film le roman Il Gattopardo de Giuseppe Tomasi di Lampedusa tout à la gloire de l'aristocratie sicilienne.

Beaucoup ne lui ont pas pardonné de nous avoir, pendant trois heures, plongé dans la grandeur et les misères de l'aristocratie en réussissant le tour de force de rendre le personnage du Prince Salina, le plus attachant de tous. Bon, d'accord, Angelica (Claudia Cardinale) est terriblement attachante aussi, mais sur un autre registre.

Le comble de la mauvaise foi : Michel Delahaye et Jacques Rivette des Cahiers du Cinéma d'août 1963 classent le film dans la catégorie à voir à la rigueur. Position idéologique ?

La perfection au cinéma ? La séquence du bal. La vie, l'amour, la mort en 50 minutes.

Lecture cinéphilique en cours
La vie passera comme un rêve de Gilles Jacob, directeur ou président du festival de Cannes de 1977 à 2007.
Un tiers de parcouru : immense déception.
Des mémoires en 74 chapitres présentées dans le désordre (un vieux truc d'éditeurs pour camoufler quoi ? les faiblesses de l'écriture ?). Un immense fouillis de flashbacks et de flashforwards dont les contenus annoncés s'avèrent, finalement, de peu d'intérêts.
Achat suite à la lecture d'une critique. Apparemment, encore une critique faite à partir de la 4ème de couverture. "J'horreure"
Si vous adorez les coulisses du Festival de Cannes, la meilleure partie de ce livre un peu brouillon, commencez à lire à partir de la page 166.

Critique. Cahiers du Cinéma. Aout 1963. Numéro 146. Le Prince par Jean-André Fieschi
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Cannes 1963 : Palme d'or

Visionné, la première fois, le 12 septembre 1976 au cinéma à Montréal
Mon 136ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

22 juin 2009

135. Preminger : Anatomy of a Murder

1001 films de Schneider : Anatomy of a Murder
Autopsie d'un meurtre


Film américain réalisé en 1959 par Otto Preminger 
Avec James Stewart, Lee Remick, Ben Gazzara, George C. Scott, Arthur O'Connell, Eve Arden
Musique de Duke Ellington. Il faut voir le Duke jouer en duo avec Stewart dans un pub du Upper Michigan. Mémorable pour tout fan de jazz.

Pas encore un film de procès !
J'en ai tellement marre des films de procès que j'avais plein d'appréhension à revoir ce film dont je n'avais, bizarrement, gardé aucun souvenir. Mais, surprise, j'ai plongé avec appétit dans cette belle représentation détaillée de la justice-spectacle où l'on découvre que les faits, finalement peu importants, sont totalement balayés par la rhétorique des avocats. Il est curieux, en ce sens, que le réalisateur n'ait pas jugé bon de nous faire assister à la plaidoirie finale des deux parties, ce qui est, habituellement, le point d'orgue d'un procès.

Fin surprenante, tant elle est abrupte. On a l'impression que le producteur, regardant sa montre et découvrant qu'on en était rendu à 160 minutes de métrage, sort le drapeau à damier et somme le réalisateur de rentrer à l'écurie. Donc pas de plaidoiries finales, ni de blablabla moralisateur, mais plutôt, à titre de dernière séquence, un drôle de rendez-vous autour d'une poubelle dans un parc de maisons-mobiles dans un coin perdu du Michigan près de la frontière canadienne - j'adore.

Une des grandes performances de James Stewart en avocat décontracté, amateur de jazz et de pêche à la ligne, qui réussit à protéger sa virginité (mais pourquoi donc ?) malgré les attaques répétées de Lee Remick qui utilisent ses dessous à titre d'armes de séduction massive.

Le juge du procès est interprété par Joseph N. Welch, renommé pour avoir été le juge qui initia la chute en disgrâce du sénateur McCarthy, le grand inquisiteur de la chasse aux communistes dans les années 1950. Lors d'une audience sénatoriale (9 juin 1954), transmise à la télévision, lorsque McCarthy s'attaqua à un membre du cabinet d'avocats dirigé par Welch, celui-ci répliqua en ces termes :
" Senator, may we not drop this? We know he belonged to the Lawyers Guild...Let us not assassinate this lad further, Senator. You have done enough. Have you no sense of decency, sir? At long last, have you left no sense of decency? " Les applaudissements nourris des spectateurs qui suivirent cet échange ne laissèrent aucun doute : l'ère de Joseph McCarthy touchait à sa fin. (On peut voir cet échange sur YouTube).

Critique. Cahiers du Cinéma. Novembre 1959. Numéro 101. Ottobiographie par Luc Moulet
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Venise 1959. Meilleur acteur : James Stewart
Oscars 1960. Sept nominations. Aucune statuette

Visionné, la première fois, le 8 septembre 1976 à la télévision à Montréal
Mon 135ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022