27 septembre 2024

413. Tourneur : Cat People

1001 films de Schneider : Cat People
La Féline


Film américain réalisé en 1942 par Jacques Tourneur 
Avec Simone Simon (Irina), Kent Smith (Oliver), Jane Randolph (Alice), Tom Conway, Jack Holt

Film noir typique. ''The darkess is lovely, It's where I feel most at home.''
Le jeu d'ombre et de lumière est le seul outil utilisé par le réalisateur pour créer ce film de terreur. Pas d'effets spéciaux. La caméra fait tout le travail. Dans la même veine qu'Hitchcock, il vaut mieux pour créer le suspense en ne montrant pas l'objet de la terreur.

Simone Simon, en femme-chat, est troublante d'authenticité.

Le personnage joué par Jane Randolph, Alice, l'amoureuse d'Oliver, se démarque des stéréotypes féminins de l'époque. C'est une femme intelligente, indépendante et sûre d'elle même. Disons que ce personnage est dans la suite de ceux joués par Greta Garbo dans les films des années 1930. On pense, entre autre, au film de Rouben Mamoulian, Queen Christina (1933).

Le personnage masculin ne fait pas le poids au centre de ces deux femmes au caractère bien affirmé. 

Scène mémorable : la piscine où, Jane Randolph, seule, est terrorisée par la présence d'un gros félin que l'on ne peut que deviner. Scène inspirée de la presque noyade de Tourneur, seul, dans une piscine.

Un psychiatre s'essaie à la psychologie des profondeurs pour finalement minimiser les fantaisies de la femme-chat et en tomber amoureux. Il en paiera le gros prix, la femme-chat se transformant en panthère.

Si vous souffrez d'ailurophobie, film à éviter ou à confronter. 

Le remake de 1982 par Paul Schrader ne mérite pas le détour sauf pour quelques scènes sulfureuses avec Natassja Kinski.


Visionné, la première fois, le 22 janvier 2007 sur DVD à Montréal
Mon 413ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider

17 septembre 2024

412. Mamoulian : Queen Christina

1001 films de Schneider : Queen Christina

Film américain réalisé en 1933 par Rouben Mamoulian
Avec Greta Garbo, John Gilbert, Ian Keith, Lewis Stone, Elizabeth Young

Garbo à son meilleur dans ce rôle où elle personnifie une concitoyenne (Garbo est suédoise d'origine). Considérée par les aficionados comme étant sa meilleure prestation filmique de toute sa carrière.

Un des grands films des années 1930, incroyablement boudé par les Oscars et le public.

Cette reine Christine de Suède est un personnage tout désigné pour Garbo, personnalité indépendante et revendicative. Dans le film, Garbo s'amuse à jouer sur tous les registres de l'identité sexuelle. Travestie, amante insatiable dont la rumeur publique amplifie la performance, amoureuse transie prête à abdiquer le trône de Suède pour un beau ténébreux espagnol (joué par son ex-fiancé qu'elle a quitté littéralement au pied de l'autel en 1927), relations homosexuelles déguisées. La passage dans l'auberge lorsque, déguisée en garçon, elle doit passer la nuit dans le même lit qu'un homme est un moment marquant de l'histoire du cinéma.

Quelques scènes remarquables :
1. Le baiser sur la bouche qu'elle donne à une courtisane au début du film est très osé pour l'époque. Il faut dire que nous sommes dans la période qui précède le fameux code Hayes qui allait légiférer toutes les relations hommes-femmes et autres pendant les décennies suivantes.

2. Lorsque Christine est fâchée, elle claque les portes comme dans une scène de boulevard sauf que les portes ont 5 mètres de hauteur.

3. La séquence finale, lorsque la reine apparaît à la proue du bateau en partance pour l'Espagne. Le plan est très long. Garbo présente un visage impassible mais déterminée. Cette image de Garbo allait devenir son image de marque pour le reste de sa vie. Elle a abdiqué son rôle de reine comme elle abdiquera son métier d'actrice 10 ans plus tard.


4. De nombreux très gros plans du visage de la reine Garbo.


Le film préféré de Staline. Misère!

Visionné, la première fois, le 22 janvier 2007 sur DVD à Montréal
Mon 412ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider


11 septembre 2024

411. Murnau : Nosferatu, le vampire

1001 films de Schneider : Nosferatu, le vampire


Film allemand réalisé en 1922 par Friedrich Wilhelm Murnau
Adaptation du roman de Bram Stocker non crédité au générique.
Avec Max Schreck dans le rôle-titre. Coïncidence : le nom de l'acteur signifie terreur.

On est en plein expressionisme allemand. Aussi considéré comme un poème métaphysique dans lequel les forces de mort et le forces de vie s'affrontent.

La musique, tirée de plusieurs œuvres du répertoire classique mais transformé, est sublime.

Nosferatu (en roumain, le non-trépassé), a été classé par des experts a Gothic Industrial Mix.

Pas de dialogues. de nombreux textes explicatifs. Des images saisissantes surtout la plus célèbre : Nosferatu se levant de son cercueil droit comme une barre de fer.

Utilisation judicieuse du négatif du film.

Quelques scènes sont tournées en extérieurs avec quelquefois des panoramiques sur les Carpates ce qui contredit le credo expressionniste.

Une des plus magnifiques séquences (en fait, tournée en plusieurs séquences) du cinéma muet : le voyage en bateau qui transporte Nosferatu de son pays à un port allemand où il espère entrer ses canines dans le cou d'une jeune vierge (ou presque!) ce qui aura comme effet la disparition du vampire parce qu'il s'est trop attardé sur sa victime pendant que le soleil se levait. La jeune fille n'en sortira pas vivante, elle non plus, ayant décidé de se sacrifier pour mettre fin à l'épidémie de peste apportée dans son sillage par Nosferatu.

Bon, bien, c'est pas très épeurant vu le décalage technologique. Mais, à l'époque, les spectateurs ont dû littéralement faire dans leur froc tant le personnage de Nosferatu est monstrueux.

Pour des questions de droits d'auteur, Murnau n'a pas pu utilisé le nom de Dracula même si tout le scénario du film est une adaptation du livre de Bram Stocker. Les héritiers ont exigé la destruction de toutes les copies de Nosferatu. Heureusement la Cinémathèque en a sauvé une.

Après Nosferatu, des films de vampire à la pelle.

Visionné, la première fois, le 19 janvier 2007 sur DVD à Montréal
Mon 411ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider




08 septembre 2024

410. Eisenstein : La Grève

1001 films de Schneider : La Grève


Film soviétique réalisé en 1924 par Serguei M. Eisenstein
Chef-opérateur : Édouard Tissé
Basé sur un incident qui eut lieu en 1912.

Premier film d'Eisenstein, connu surtout pour son film célèbre  Le cuirassé Potemkine.

Eisenstein qualifiait ses films de ciné-poing, le montage à certains moments en illustre bien le fait.

Une grande œuvre cinématographique quant à la cinématographie. Mais ce qui en fait un chef-d'œuvre c'est le travail au niveau du montage qui donne au film une énergie sans pareille dans le cinéma muet de l'époque.


La Grève est une illustration éloquente de ce type de cinéma où la violence est explicite entre les classes sociales. Le massacre final des grévistes par l'armée du tsar (l'action se déroule en 1905) est d'une brutalité animale, ce qu'illustre le montage en parallèle avec des scènes d'abattoir.

Film de propagande typique de cette période de conflit latent contre le monde capitaliste et de la montée de la lutte des classes. Un bel exemple de manichéisme idéologique.

Les personnages sont fortement typés pour ne pas dire complètement caricaturés. Le stéréotype du capitaliste fumeur de cigare, gros et coiffé d'un haut de forme ne peut que nous faire sourire si on peut oublier qu'à cette date la machine révolutionnaire qui allait broyer des millions de prolétaires au cours des 30 années suivantes se mettait en marche. 

On dit souvent que les révolutions mangent leurs petits, l'Union soviétique en fut un bel exemple.

Visionné, la première fois, le 15 janvier 2007 sur DVD à Montréal
Mon 410ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider

04 septembre 2024

409. Hitchcock : The 39 Steps

1001 films de Schneider : The 39 Steps
Les 39 marches


Film britannique réalisé en 1935 par Alfred Hitchcock
Avec Robert Donat, Madeleine Carroll, Lucie Mannheim, Godfrey Tearle
Scénario: Adaptation d'un roman de John Buchan, romancier britannique qui fut, par ailleurs, le 15ème Gouverneur-général du Canada où il est mort, à Montréal, en 1940. On comprend mieux pourquoi le héros du film malgré lui (Robert Donat) est un rancher du Manitoba

Une histoire de faux coupable comme Hitchcock les affectionne. Une histoire à la James Bond (avec la Bond-girl incluse) quelques décennies plus tôt.

39 steps: c'est le nom d'un groupe d'espions britanniques à la solde de l'étranger - rien à voir avec le titre du roman de Buchan Thirty-nine Steps qui réfère à un escalier

Une pléthore de séquences emballantes. 
Mes préférées: 
- les numéros de monsieur Memory au début et à la fin du film, 
- l'hébergement du héros dans une maison de la campagne écossaise dont la dame de la maison s'éprend, 
- le héros et sa dénonciatrice menottée ensemble qui doivent se débrouiller pour passer une nuit à l'hôtel. 
- les danseuses de French cancan en arrière-scène de monsieur Memory, se mourant tout en révélant le secret des espions.

Madeleine Carroll, une ash-blonde iceberg maiden - appartient à la même famille de blondes à la Tipi Hedren qu'affectionne Hitchcock qui ne peut résister à nous montrer ses jambes nues dans une autre de ses fameuses scènes de voyeurisme.

Madeleine Carroll et Robert Donat, menottés l'un à l'autre

Hitchcock disait que les blondes font les meilleures victimes. Elles sont comme de la neige blanche sur laquelle il y a des traces de pas sanglants.

Raccord sonore percutant:
Le cri de la dame devient le sifflement de la locomotive

Dans la biographie de Hitchcock, 0n y apprend un fait étonnant: Hitchcock était impuissant sexuellement et, surtout, il l'admettait volontiers quand on abordait ce sujet. Il rigolait souvent à ce sujet en disant que s'il avait réussi à devenir père c'est qu'il avait utilisé une plume-fontaine.

Pour rester dans le même sujet, je me demande combien de fois l'on voit, dans son œuvre, un train entrer dans un tunnel comme dans The 39 Steps et North by Northwest.

Visionné, la première fois, le 12 janvier 2007 sur DVD à Montréal
Mon 409ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider.

02 septembre 2024

408. Bacon : Footlight Parade

1001 films de Schneider : Footlight Parade
Prologue


Film américain réalisé en 1933 par Lloyd Bacon
Avec James Cagney, Joan Blondell, Ruby Keeler, Dick Powell, Frank McHugh

Au début du film, sur une marquise de cinéma, ''Hollywood est 100% parlant''. On annonce ainsi la mort du music-hall, ce que le film veut nous démontrer le contraire.

La première partie est longue : entrecroisés entre de multiples personnages développant une intrigue peu stimulante. On attend impatiemment les numéros de Busby Berkeley. Je me suis un peu ennuyé pendant cette première partie. 

La deuxième partie, dans laquelle on retrouve trois numéros de comédie musicale de Busby Berkeley, vaut, à elle seule, le visionnement de ce film.

Le numéro des nymphes dans la cascade est une prouesse chorégraphique digne des plus beaux numéros de nage synchronisée actuelle. Un des sommets de la chorégraphie filmée.

Quand Cagney danse, on dirait du burlesque.

La même année, deux autres comédies musicales : 42nd Street et Gold Diggers of 1933.

Notons la première apparition au cinéma de Dorothy Lamour dans un rôle anonyme de danseuse. Cette vamp, au nom de scène pas très subtil, fut très populaire dans les années 40 et 50.

Visionné, la première fois, le 12 janvier 2007 sur DVD à Montréal
Mon 408ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider