23 juillet 2023

326. Noonan : Babe

1001 films de Schneider : Babe
Babe, le cochon devenu berger


Film australien réalisé en 1995 par Chris Noonan
Avec James Cromwell, Magda Szubanski,
D'après le livre de Dick King-Smith

Tiré du livre de Schneider : ''Un critique a dit que c'était le Citizen Kane des films de cochons qui parlent.''

Des animaux qui parlent : encore un complot de végétariens contre les carnivores. Ma fille qui avait 5 ans lorsqu'elle a vu ce film, en fut marquée pendant quelques jours - mais, après quelque temps, la carnivore a refait surface.

Il y a une suite à ce film : Babe, un cochon dans la ville par George Miller (le réalisateur de Mad Max!!!!). Que Dieu nous en protège !

Oscars 1996. Meilleurs effets visuels

Visionné, la première fois, le 4 février 1996 au cinéma de la Maison de la culture de Pointe-aux-Trembles à Montréal. 
Mon 326ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

22 juillet 2023

325. Kazan : On the Waterfront

1001 films de Schneider : On the Waterfront
Sur les quais


Film américain réalisé en 1954 par Elia Kazan
Avec Marlon Brando (Terry Malloy), Eva Marie Saint (Edie), Karl Malden (le curé), Lee J. Cobb (Johnny), Rod Steiger (Charley Malloy), Pat Hening, Leif Erikson, James Westerfield
Musique de Leonard Bernstein, magistral.

On doit un des plus beaux films tournés en noir et blanc à Boris Kaufman, le caméraman de L'Atalante. C'est lui qui signera les merveilleuses images des extérieurs de On the Waterfront. 

Kazan s'attaque à un sujet qui fait les manchettes des journaux depuis au moins une quinzaine d'années : la corruption des syndicats des dockers de New York et du New Jersey.
Elia Kazan nous dit, par ce film, qu'il est, quelquefois, éthiquement nécessaire de dénoncer.

On the Waterfront, c'est l'histoire de Terry Malloy confronté à sa conscience. Déchiré entre sa copine et le curé qui l'incitent à dénoncer un meurtre et son frère et les membres criminels du syndicat qui le menacent de n'en rien faire. Que doit-il faire. Que va-t-il faire ? Une prestation exceptionnelle de Brando qui jouent sur toutes les cordes de l'émotion.

Dans cette histoire de criminels, il est agréable de voir se dessiner une idylle amoureuse entre le bum (Brando) et la sainte-nitouche (Eva Marie Saint - quel nom œcuménique !)

Par ailleurs, le rôle du curé est insupportable par son omniprésence et sa condescendance chrétienne. Quand il arrive à la dernière scène du film on a une envie féroce de le pousser à l'eau.

Kazan, évidemment, envoie un message gros comme une maison à ses détracteurs suite à ses dénonciations de ses anciens collègues communistes devant le comité des affaires anti-américaines.  

Sa contribution critiquée à l'enquête sur les activités anti-américaines (HUAC) au début des années 1950 marquera son œuvre dans laquelle l'on retrouvera de nombreuses références à cette période sombre de sa vie. Sombre parce que difficile de supporter l'opprobre qui l'entoura pendant des décennies et non pas parce qu'il était en désaccord avec la dénonciation de ses ex-camarades d'un  groupuscule communiste clandestin  auquel il avait appartenu pendant quelques années dans les années 30. Il  n'a jamais regretté ce geste avant tout politique même si on a tenté de salir sa réputation en l'accusant de s'être vendu à la Commission en échange d'une carrière à Hollywood, qu'il détestait royalement, en passant


Pour moi, deux séquences d'anthologie :
1. La scène du gant échappé involontairement par Eva Marie Saint (Edie) que Brando ramasse, regarde et revêt. Certains y voit une façon métaphorique d'entrer dans la peau d'Edie : du grand n'importe quoi.



2. La scène du taxi où a lieu la confrontation entre les deux frères avec "le store vénitien" en arrière-fond. 


Un bateau célèbre fait un cameo dans le film : 
SS. Andrea Doria qui sombrera deux ans plus tard. Au moment où il apparait dans le film, il n'était en service que depuis 7 mois.


Oscars 1955. Huit statuettes : film,  réalisation, scénario, acteur à Marlon Brando, actrice dans un second rôle à Eva Marie Saint, caméra, direction artistique, montage.
Venise 1954. Trois prix dont le Lion d'argent pour le film.

Critique. Cahiers du Cinéma. Février 1955. Numéro 44. En un combat douteux par Jacques Doniol-Valcroze
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org.

Visionné, la première fois, le 31 aout 1995 sur VHS à Montréal.
Mon 325ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

19 juillet 2023

324. Stone : Natural Born Killers

1001 films de Schneider : Natural Born Killers
Le Meurtre dans le sang 


Film américain réalisé en 1994 par Oliver Stone
Avec Woody Harrelson (Mickey), Juliette Lewis (Mallory), Robert Downey Jr., Rodney Dangerfield, Tommy Lee Jones.
D'après une histoire de Quentin Tarantino.

Disons que le thème du film, l'apologie du mass shooting (plus de 3 personnes tuées ou blessées), n'est pas tout à fait dans les valeurs du jour. Aux États-Unis, en ce 19 juillet 2023 on a atteint les 389 tueries cette année, en route vers un record jamais imaginé au moment du tournage de ce film qui fait joujou avec l'abattage d'êtres humains. Un site pour vous garder à jour sur les tueries aux USA.

À titre d'informations : En 2023, 5 États ont, à ce jour, plus de 20 tueries : Texas (36), Californie (28), Illinois (25), Louisiane (21) et Caroline du Nord (21). Seulement neuf États n'ont pas été l'objet de tueries jusqu'ici, cette année.

Cela étant dit, on assiste à un feu d'artifice cinématographique.  Les 20 premières minutes sont un patchwork d'effets visuels ahurissants. On se fait bousculer d'une scène à l'autre, passant d'une scène d'abattage de personnes à une séquence de télésérie abominable, à une scène romantique qui culmine par le meurtre d'un innocent cycliste le long d'une route. On dirait que Tarantino n'avait pas eu son content de violence avec Pulp Fiction.

Le joli couple Mallory/Mickey est finalement mis aux arrêts après 52 meurtres. 

Quand le journaliste qui fait un reportage sensationnel sur le couple qualifie Mallory et Mickey de serial killers, Mickey rectifie, pas serial killers mais mass murderers, prophétisant les décennies à venir.

Je n'ai jamais vécu un trip sur l'acide mais je pense que ce film, c'est probablement ce qui pourrait le plus s'approcher de l'idée que je m'en fais.

À cause de la prestation de Juliette Lewis, je ne pourrai plus revoir le Sapin a les boules sans penser aux horreurs de Natural Born Killers.

Venise 1994. Deux prix : Grand prix spécial du jury et meilleure actrice à Juliette Lewis 

CritiqueCahiers du Cinéma. Octobre 1994. Numéro 484. Les tueurs de l'image par Thierry Jousse

Visionné, la première fois, le 31 mars 1995 sur VHS à Montréal.
Mon 324ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

323. Kazan : A Streetcar Named Desire

1001 films de Schneider : A Streetcar Named Desire
Un Tramway nommé désir

Film américain réalisé en 1951 par Elia Kazan
Avec Vivien Leigh (Blanche DuBois), Marlon Brando (Stanley), Kim Hunter (Stella DuBois) et Karl Malden (Mitch)
Adapté de la pièce de théâtre de Tennessee Williams,

Mettons tout de suite ça au clair. Ce film, c'est l'histoire de Blanche DuBois et Marlon Brando ne joue qu'un rôle secondaire dans cette histoire. Alors, toute la lumière sur la prestation de Vivien Leigh.

Une pièce très charcutée à cause du Code Breen (Motion Picture Production Code en vigueur dans les grands studios de 1934 à 1968) : pas d'ex-mari homosexuel pour Blanche, pas de viol non plus (il faut connaître  la pièce pour savoir qu'il y en a eu un), pas d'attirances sexuelles entre Blanche et Stanley - ça fait un sacré coup de ciseau dans la pièce.

Kazan avait déjà monté cette pièce à Broadway avec les mêmes acteurs sauf pour le rôle de Blanche (Jesssica Tandy a été remplacée par Vivien Leigh qui avait joué ce rôle dans la pièce montée par son mari Laurence Olivier à Londres).

Kazan était rébarbatif à réaliser ce film disant que c'était comme marié la même femme, deux fois. Il est vrai que le film souffre un peu de l'empreinte théâtrale, l'unité de lieu de la pièce enfermant à nouveau Kazan dans le monde des studios, lui qui avait tant apprécié le grand large du tournage en extérieurs  de Panic in the Streets (réalisé l'année précédente). Je crois que l'on n'y reprendra plus d'ici la fin de sa carrière.

Oubliez ce qui précède. Ce qui fait la grandeur de ce film, ce sont les interprétations de Marlon Brando et de Vivien Leigh. C'est une grande démonstration de l'école dramatique de Kazan, l'Actor's Studio : aller chercher en soi ses expériences émotives du passé pour les transmettre au personnage. 

C'est le premier grand rôle de Brando et il ne rate pas son entrée en jouant ce personnage brutal, à la limite de l'abime. On a toujours l'impression qu'il va exploser, faire une décompensation psychotique. 

Vivien Leigh joue le rôle de sa vie à travers ce personnage qui, toujours au bord de la crise de nerfs, se démonte pièces par pièces jusqu'à la schizophrénie finale. ''I don't want realism... I want magic''

C'est le dernier grand rôle pour Vivien Leigh, accablée par des crises bipolaires qui mettront un terme à sa carrière.  Seulement 5 petits rôles jusqu'à son décès en 1967 à l'âge de 53 ans. Abandonnée par son mari, Laurence Olivier, en 1961, au profit de Joan Plowright qui, incidemment, jouait sa fille, dans le film de Tony Richardson, The Entertainer, tourné en 1960 et que je viens de voir. Assez cocasse d'entendre le personnage joué par Oliver dire à Plowright :"que dirais-tu si j'épousais une fille de ton âge?" La réalité rejoindra la fiction quelques mois plus tard.

Oscars 1952. Quatre statuettes : meilleure actrice à Vivien Leigh, meilleure actrice dans un second rôle à Kim Hunter, meilleur acteur dans un second rôle à Karl Malden, direction artistique.
Venise 1961. Prix spécial du jury à Elia Kazan, meilleure actrice à Vivien Leigh

Critique. Cahiers du Cinéma. Mai 1952. Numéro 12. À la recherche de l'hypertendu par Renaud de Laborderie
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org.

Visionné, la première fois, le 27 juillet 1995 sur VHS à Montréal.
Mon 323ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider



322. Newell : Four Weddings and a Funeral

1001 films de Schneider : Four Weddings and a Funeral
Quatre mariages et un enterrement


Film britannique réalisé en 1994 par Mike Newell
Avec Hugh Grant (Charlie), Andie MacDowell (Carrie), James Fleet, Simon Callow, John Hannah, Kristin Scott Thomas, Rowan Atkinson (monsieur Bean en curé empêtré dans la cérémonie des vœux de mariage). 

Comédie sentimentale qui roule sur les chapeaux de roue avec une grande quantité de ''one-liners''. Un tourbillon qui finit un peu par lasser.  Après le troisième mariage, on en a plein le chapeau. Mais, il y a un malheureux événement qui vient donner de la profondeur à cette bluette sentimentale.

Le personnage  de Simon Callow a l'excellente idée de décéder pendant la troisième cérémonie de mariage ce qui nous donne droit à un des plus beaux poèmes d'amour.

Vous devez, toutes affaires cessantes, aller lire le poème Funeral Blues de W. H. Auden.
Je vous écris le dernier quatrain pour vous montrer l'immensité de la peine vécue par celui qui survit :

The stars are not wanted now; put out every one,
Pack up the moon and dismantle the sun,
Pour away the ocean and sweep up the wood;
For nothing now can ever come to any good.

Le visage de marbre florentin de Kristin Scott Thomas vaut le déplacement. Elle est lumineuse dans un rôle tout en discrétion. Personnage énigmatique. À moins qu'elle se soit simplement trompée de studio en arrivant au boulot. Elle dit à Charlie qu'elle l'a toujours aimé : zéro crédibilité.

Roger Michell a beaucoup emprunté d'éléments de ce film pour réaliser, cinq ans plus tard, son Notting Hill. Il a surtout emprunté le personnage de Hugh Grant (Charlie) qui, au lieu de tomber en amour avec Andie MacDowell, aura le coup de foudre pour Julia Roberts. Même le personnage de la sœur de Charlie se retrouvera dans les deux films : mêmes comportements, même coiffure.

Césars 1995. Meilleur film étranger

Critique. Cahiers du Cinéma. Mai 1994. Numéros 479/480.

Visionné, la première fois, le 20 janvier 1995 sur VHS à Montréal.
Mon 322ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider


17 juillet 2023

321. Lasseter : Toy Story

1001 films de Schneider : Toy Story 


Film américain réalisé en 1995 par John Lasseter

Quand ton réalisateur préféré est Ingmar Bergman, alors comment parler d'un Dysney-Pixar?  En retrouvant son cœur d'enfant ? 
Reviennent à ma mémoire les deux derniers vers de la chanson Vingt ans de Léo Ferré : 
Et en cherchant son cœur d'enfant
On dit qu'on a toujours vingt ans
Chanson à jamais liée à mon copain Robert. À toutes les fois que nous nous rencontrions, après mucho vino, nous entonnions cette chanson en duo. nous empêtrant constamment dans les différents couplets. 

Les dix premières minutes de ce film, c'est un vrai festival de trouvailles intelligentes. Que les jouets aient une vraie vie lorsque les humains sont absents est un concept brillant qui fait tout l'intérêt du film.

Mais comme je n'ai plus mon cœur d'enfant depuis plusieurs  décennies, l'émerveillement du début s'écrase rapidement. Tant que la nostalgie fait son effet, le film séduit. Mais tôt ou tard, on retombe dans une histoire qui n'intéresse plus que les enfants et on a hâte de voir le film suivant, le 322.

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1996. Numéro 501. Par Stéphane Malandrin

Oscars 1996. Special Achievement Award

Je viens de recevoir le troisième volume de Parcours d'un cinéphile. On y retrouve les textes des films 201 à 300. 

Visionné, la première fois, avec ma fille de 4 ans, en 1995 au cinéma à Montréal.
Mon 321ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

320. Tarantino : Pulp Fiction

1001 films de Schneider : Pulp Fiction
On a osé cette stupidité. Titre français ou québécois : Fiction pulpeuse


Film américain réalisé en 1994 par Quentin Tarantino.
Avec John Travolta, Samuel L, Jackson, Tim Roth, Uma Thurman, Amanda Plummer, Bruce willis, Rosanna Arquette, Maria de Madeiros, Harvey Keitel, Ving Rhames, Etrc Stoltz, Christopher Walker,

À propos du titre : Comme l'affiche l'indique (10 cents), la pulp fiction ce sont des romans de gare bas de gamme imprimés sur du papier de mauvaise qualité (quand j'étais petit, on appelait ça du papier brouillon). Pulp se traduit par pulpe, l'étape précédente dans la fabrication du papier. On pourrait traduire Pulp Fiction par Une histoire à 100 balles (pour les moins de 60 ans, 100 balles, c'étaient 100 anciens francs, devenus 1 nouveau franc le 1er janvier 1960 et disons 0,10 Euro à partir du 1er janvier 2002).

Bienvenue dans l'ère Tarantino. Reservoir Dogs, son précédent film, est supérieur mais Pulp Fiction c'est une icône du cinéma violent qui fera ses petits avec les Kill Bill. 

Ça cause beaucoup chez les tueurs de Tarantino, beaucoup trop. Les séquences s'étirent en n'en plus finir. Les personnages ont un certain plaisir à s'écouter parler quitte à retarder indûment le passage à l'acte. Complètement à l'opposé du personnage de Dirty Harry, le célèbre policier interprété par Clint Eastwood.

Travolta en gangster aux cheveux gominés est une des grandes réussites de ce film même si sa performance sur la piste de danse avec Uma Thurman est à des kilomètres de celles que l'on retrouve dans Saturday Night Fever.

Travolta à Jackson : La différence entre l'Europe et l'Amérique pourrait se résumer dans la façon de servir les frites : avec ketchup ou avec mayonnaise. Mais le plus extraordinaire, c'est d'apprendre que Travolta a passé ses 3 dernières années de sa vie à Amsterdam. Amsterdam dans un film de mafia sonne aussi faux que Venise dans un film gore.

Critique. Cahiers du Cinéma. Juin 1994. Numéros 481

Oscars 1995. Meilleur scénario
Cannes 1994. Palme d'or

Visionné, la première fois, le 22 novembre 1994 au cinéma Berri 
à Montréal.
Mon 320ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

16 juillet 2023

319. Rivette : La Belle Noiseuse

1001 films de Schneider : La Belle Noiseuse


Film franco-suisse réalisée en 1991 par Jacques Rivette
Avec Michel Piccoli, Jane Birkin, Emmanuelle Béart, Marianne Denicourt, David Bursztein, Gilles Arbona et la main du peintre Bernard Dufour.
Librement inspiré d'une nouvelle de Balzac : Le Chef-d'œuvre inconnu

D'abord le titre.
Emmanuelle Béart qui, dans sa jeunesse, a étudié au Collège international Marie-de-France au Québec, se gourre lorsqu'elle dit que noiseuse est une expression québécoise alors qu'elle la confond avec niaiseuse, déclinaison du mot niais. On pourrait dire qu'elle a l'air d'une belle niaiseuse en faisant cette affirmation alors qu'il aurait été si facile d'en vérifier le fondement. Noiseuse, une emmerdeuse qui cherche des ''noises''. 

Une relation tumultueuse entre un peintre (Piccoli) sur le tard en panne d'inspiration et un modèle (Béart).  À un moment donné, le peintre devient sculpteur et manipule à la limite du sadisme le corps de son modèle.

Rivette qui réussit à convaincre Emmanuelle Béart à se montrer totalement nue pendant une grande partie du film, ce n'est pas un mince exploit.

Une très grande partie du film nous montre seulement la main de Bernard Dufour en train de faire différents dessins du modèle. On se dit que c'est là que réside la beauté de ce film, l'histoire du peintre passant au second plan. Les peintres du dimanche auraient intérêt à regarder la manière dont ce peintre utilise l'encre et le fusain.

Le peintre, à la recherche de la peinture absolue (La Belle Noiseuse), finira-t-il par atteindre son objectif ? Seules les pierres du magnifique Château d'Assas, près de Montpellier, en ont la connaissance.

Jane Birkin, la femme du peintre, est la perle de ce film. 

Dans La Belle Noiseuse
Terrible coïncidence : Au moment où j'écris ces lignes, j'apprends le décès de Jane Birkin à l'âge de 76 ans. 

Critique. Cahiers du Cinéma. Octobre 1990. Numéro 436. Jacques Rivette en tournage par Frédéric Sabouraud.

Cannes 1991. Trois prix : palme d'or, grand prix du jury et prix œcuménique

Visionné, la première fois, le 2 novembre 1994 sur VHS à Montréal.
Mon 319ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

13 juillet 2023

318. Demme : Philadelphie

 1001 films de Schneider : Philadelphie


Film américain réalisé en 1993 par Jonathan Demme
Avec Tom Hanks, Denzel Washington, Antonio Banderas, Roberta Maxwell, Buzz Kilman, Joanne Woodward, Jason Robards

Procès pour discrimination contre un sidéen. Occasion, pour le grand public, de se confronter avec ses préjugés, ses peurs, ses fantasmes sur la question homosexuelle. Un film convenu rempli de bonnes intentions. Beaucoup de moraline. Un classique : l'avocat homophobe (Washington) qui défend le sidéen et qui, touché par le combat de son client, voit son homophobie se fragilisée puis disparaître.

Pourquoi Philadelphie ? C'est là qu'a été acceptée la constitution américaine, la Loi suprême des États-Unis, le 17 septembre 1787 dont un amendement stipule que tous sont égaux devant la loi.

De superbes airs d'opéra dont quatre sont interprétés par Maria Callas. Le plus émouvant et celui qui occupe une longue séquence la veille du dernier jour du procès :  La Mamma morta de l'opéra Andrea Chénier d'Umberto Giordano. Callas accompagne aussi Denzel Washington au retour à la maison avec O Nome Tutelar tiré de l'opéra La Vestale de Gaspare Spontini. Si vous n'êtes pas gagné à l'opéra après ces deux airs, vous êtes perdus pour la Musique. Il vous reste Mr Sandman interprétée par The Flirtations lors du party gay.

Encore de la musique : la très belle chanson de Bruce Springsteen en ouverture du film. 

On a certainement voulu ménager le public, on ne montrant pas la terrible déchéance physique que devaient affronter les sidéens avant l'arrivée de la nouvelle pharmacopée.

Après trois ans de covid, on comprend très bien la peur des non infectés lorsqu'ils rencontrent des infectés (se souvenir que dans les années 1980, on parlait de la peste gay). À l'époque du film, on trouvait ce comportement pratiquement discriminatoire alors que l'on sait, après la Covid, que c'est un comportement tout à fait des plus sanitaires. D'accord, on ne peut pas attraper le sida par le toucher ou la proximité des flux respiratoires - mais à l'époque, on pouvait avoir des doutes compréhensibles sur un virus dont on ne connaissait que dalle.

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1994. Numéro 478. Les solitudes par Frédéric Strauss

Oscars 1994. Deux statuettes : acteur pour Tom Hanks, musique pour la chanson originale Streets of Philadelphia par Bruce Springsteen.
Berlin 1994 : Ours d'argent pour Tom Hanks

Visionné, la première fois, le 14 aout 1994 sur VHS 
à Montréal.
Mon 318ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider




12 juillet 2023

317. Zemeckis : Forrest Gump

 1001 films de Schneider : Forrest Gump


Film américain réalisé en 1994 par Robert Zemeckis
Adaptation du roman de Winston Groom
Avec Tom Hanks, Robin Wright, Gary Sinise, Mykelti Williamson, Sally Field Rebecca Williams, Michael Conner Humphreys

Tout un festival de souvenirs. La boite de chocolats est gigantesque.

Ce que j'aime de ce film, c'est que j'ai l'âge de Forrest Gump et, dans certaines situations de ma vie, presque son Q.I. Il est né, comme moi, dans les années 40, ce qui nous permet de revisiter les années politiques et culturelles des années 50, 60 et 70 avec une trame musicale conséquente. Une revisite tout ce qu'il y a de plus conforme avec l'image nostalgique qu'on a de cette période. 

Image stéréotypée, évidemment. Un exemple : l'imagerie hippie - la très grande majorité des jeunes n'ont jamais adopté ce comportement. Dans le quartier ouvrier où j'habitais, Limoilou à Québec, on se faisait traiter de tapettes, mon ami André et moi, parce qu'on portait des sandales et qu'on avait les cheveux longs. Alors, les hippies, on les voyait à la télé mais certainement pas dans les usines du quartier.

Parmi la multitude de répliques amusantes, celle concernant l'armée est la plus hilarante. Forrest lors de sa formation militaire : ''Ici, je me sens comme un poisson dans l'eau.'' Autrement dit, l'armée c'est une gang de tarés.

L'origine du déhanchement d'Elvis, quelle belle trouvaille !

Zemeckis reprend à son compte la technique utilisée par Woody Allen dans Zelig (1983) : l'introduction du personnage dans de réelles séquences d'actualités télévisées. Amusant mais du déjà-vu.

Critique. Cahiers du Cinéma. Octobre 1994. Numéro 484. Par Vincent Vatrican

Oscars 1995. Six statuettes : film, réalisateur, scénario, acteur à Tom Hanks, effets spéciaux visuels, montage.

Visionné, la première fois, le 26 juillet 1994 au cinéma de la Place Versailles à Montréal.
Mon 317ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider


10 juillet 2023

316. Allers/Minkoff : The Lion King

1001 films de Schneider : The Lion King



Film américain réalisé en 1994 par Roger Allers et Rob Minkoff
Parmi les voix : James Earl Jones, Matthew Broderick, Jeremy Irons, Rowan Atkinson, Whoopi Goldberg

Au cinéma avec ma fille Sandrine qui venait d'avoir 3 ans, debout pendant tout le film; ça restera à jamais comme une des plus belles séances de cinéma de ma vie de cinéphile.
 
Je ne reverrai pas ce film que j'ai vu peut-être 40 fois avec ma fille lorsqu'elle avait 3-4-5 ans.

Un gros hit qui me crée beaucoup de nostalgie, Can You Feel the Love Tonight, la chanson-thème chantée par Elton John. 

On peut dire que le Roi Lion a enterré Bambi dans la production lacrymale de Disney.

En 2013, jeune adulte, ma fille a interprété une des hyènes, lors d'une production du Roi Lion par les étudiants de l'Université de Montréal.  La boucle était bouclée.

Critique. Cahiers du Cinéma. Novembre 1994. Numéro 485. Par Jean-Marc Lalanne

Oscars 1995. Deux statuettes : Chanson et musique

Visionné, la première fois, le 7 juillet 1994 au cinéma de la Place Versailles à Montréal avec ma fille Sandrine qui venait d'avoir 3 ans.
Mon 316ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

09 juillet 2023

315. Spielberg : Schindler's List

1001 films de Schneider : Schindler's List


Film américain réalisé en 1983 par Steven Spielberg
Avec Liam Neeson, (Oscar Schindler), Ben Kingsley (le contremaitre), Ralph Fiennes (le directeur du camp), Caroline Goodall, Jonathan Sagall, Embeth Davidtz, Malgoscha Gebel, Shmulik Lev, Mark Ivanir, Béatrice Macol

Après avoir vu ce film, on a le goût de se coucher en rond et de pleurer. Pleurer des larmes de rage sur l'ignominie des comportements nazis.

Mais pleurer aussi de gratitude sur le comportement d'un rare allemand qui a beaucoup risqué pour sauver 1100 Juifs en les faisant travailler dans son usine, les sauvant par le fait même des fours crématoires.

Oscar Schindler a reçu le titre de Justes parmi les Nations en 1967. Les Justes parmi les Nations, sont des non-juifs qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs de la Shoah.

Le directeur du camp de travail (Ralph Fiennes) dit à peu près en ces mots : '' Les Juifs ont mis 600 ans pour faire Cracovie telle qu'on la connaît. À partir de ce jour, on va effacer cette présence de 600 ans.'' En une phrase, l'idéologie de la solution finale juive.

Un petit manteau rouge (seule couleur du film) qui apparaît de temps à autre, comme le fil rouge de la psychanalyse, illustre le cheminement qu'ont dû suivre 6 millions de Juifs vers les fours crématoires.

Une scène mémorable : les femmes qui, après avoir été tondues et dépouillées de leur vêtement, sont poussées dans ce qu'elles croient être une chambre à gaz et qui s'avère, après des minutes d'angoisse, être une simple salle de douches qui propulsent de l'eau et non pas du Zyklon B.

Surprenant d'entendre chantée Billie Holiday dans le contexte de ce film. Elle chante God Bless the Child, mais il me semble que Strange Fruit aurait été plus appropriée.

En 1993, les descendants des Juifs de Schindler (6000) étaient plus nombreux que le nombre de Juifs qui vivaient en Pologne (4000)

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1974. Numéro 478. Schindler's List : One + One par Camille Nevers.

Oscars 1994. Sept statuettes : film, réalisateur, scénario, direction artistique, photographie, montage et musique à John Williams.
Césars 1994. Meilleur film étranger

Visionné, la première fois, le 19 avril 1994 au cinéma de la Place Desjardins à Montréal.
Mon 315ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider


07 juillet 2023

314. Kieslowski : Trois couleurs : Rouge

  1001 films de Schneider : Trois couleurs : Rouge


Film franco-polonais réalisé en 1994 par Krzysztof Kieslowski
Avec Irène Jacob (Valentine), Jean-Louis Trintignant (le juge), Frédérique Feder, Jean-Pierre Lorit, Samuel Le Bihan

Que c'est une belle rencontre, rare au cinéma, que celle de la jeune femme Valentine et du vieux juge à la retraite. Quelle belle idée que celle du vieux juge qui rêve de la jeune femme qui a 50 ans dans son rêve. 

Kieslowski, avec son escarcelle de hasards et de coïncidences, nous fait vivre des moments magiques. Évidemment, le deus ex machina arrange bien les choses à la fin : les méchants périssent et les bons survivent pour notre plus grand plaisir. Aussi, parmi les rescapés de la catastrophe finale, des personnages des deux autres films de la trilogie. Gros déficit de crédibilité mais, on s'en fout, on en retire une jouissance certaine.

Critique. Cahiers du Cinéma. Septembre 1994. Numéro 483. Tu ne jouiras point par Frédéric Strauss

Césars 95. Musique à Zbigniew Preisner.

Visionné, la première fois, le 10 avril 1994 au cinéma Berri à Montréal.
Mon 314ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

06 juillet 2023

313. KIeslowski : Trois couleurs : Bleu

 1001 films de Schneider : Trois couleurs : Bleu


Film franco-polonais réalisé en 1993 par Krzysztof Kieslowski
Avec Juliette Binoche, Benoit Régent, Florence Pernel, Charlotte Véry, Hélène Vincent, Philippe Volter, Claude Duneton, Hughues Quester, Emmanuelle Riva, Florence Vignon, Daniel Martin.

Comment dire ? Un film sur-fait comme on dit d'une scène qu'elle est sur-jouée ? À certains moments, l'expression ''dramatique-pompier'' me vient à l'esprit surtout lors de l'entrée tonitruante de la musique (merveilleuse, par ailleurs) couplée avec un plan noir qui nous annonce une progression dans la dramaturgie. 

Beaucoup de coïncidences et de hasards, on est bien dans du Kieslowski. Après avoir vu le Décalogue et la Double vie de Véronique, j'avoue que j'en suis gavé.

Psycho 101. Les phases de deuil. Le personnage de Binoche s'en passent carrément. Après une pensée suicidaire, cette femme, en pleine possession de ses moyens (comment peut-on après un tel traumatisme ?), réorganise sa vie en effaçant son passé qui lui reviendra par bribes. Déficit de crédibilité. Difficile de comprendre que la perte d'une enfant de 5 ans ait si peu de place dans le deuil d'une maman qui n'en a que pour la perte de son mari. 

À lire ce qui précède, on a le goût de s'éloigner en courant de cette production. Non Non Non : la musique de Zbigniew Preisner (surtout le Chant pour l'Unification de l'Europe) et la caméra de Slavomir Idziak devraient vous scotcher à ce film ainsi que la performance, en toute sobriété, de Juliette Binoche.

Ah! revoir Emmanuelle Riva....

Critique. Cahiers du Cinéma. Septembre 1993. Numéro 471. Le hasard et l'indifférence par Vincent Ostria.

On en est rendu là. Appréciation du film par GPT4 (première et dernière fois que je fais cet exercice ). '' Dans l'ensemble, "Trois couleurs : Bleu" est un film visuellement époustouflant qui plonge dans les thèmes complexes du deuil et de la libération personnelle. Cependant, son rythme délibéré, sa narration discrète et sa nature abstraite peuvent empêcher certains téléspectateurs de se connecter pleinement aux personnages et au cœur émotionnel du récit.''

Venise 1993. Trois prix. film, actrice à Juliette Binoche, photographie à Slavomir Idziak
Césars 1994. Trois prix : actrice à Juliette Binoche, son, et montage.

Visionné, la première fois, le 29 octobre 1993 au cinéma de la Place Desjardins à Montréal.
Mon 313ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider


312. Belvaux : C'est arrivé près de chez-vous

 1001 films de Schneider : C'est arrivé près de chez-vous


Film belge réalisé en 1992 par Rémy Belvaux
Autres réalisateurs : André Bonzel, et Benoit Poelvoorde.
Avec Benoit Poelvoorde, Rémy Belvaux, André Bonzel, Vincent Tavier

Film inclassable. Tout le film mériterait d'être décrit tant on est abasourdi par les séquences qui se suivent passant de l'horreur à la scène bon enfant comme dans les deux premières séquences.

Un reality show (caméra à l'épaule (bonjour Michel Brault) et en son direct) comme un coup de poing sur la gueule. On ne peut qu'en sortir bouleversé de ce film qui, commençant par des scènes à la limite du supportables, déboule irrémédiablement dans l'horreur la plus totale. À côté de ce film, Natural Born Killers a l'air d'une comédie romantique.

Ceci étant dit, les séquences, la plupart improvisées, entres les meurtres, on s'en passerait bien tant elles tombent dans la banalité. Mais on comprend qu'il s'agit d'inscrire l'horreur comme appartenant à la vie quotidienne.

Benoit Poelvoorde, un rôle d'enfer, au propre comme au figuré, lancera sa carrière avec ce film.

Un coup de chapeau à Michel Brault (1928-2013), l'inventeur de la caméra à l'épaule, invité à ce titre à travailler avec Jean Rouch. Une perle que je vous invite à visionner : Les raquetteurs, co-réalisé avec Gilles Groulx (un autre grand de l'époque ONF 1950-1960). On estime que c'est la première utilisation de la caméra à l'épaule de l'histoire du cinéma. Cette technique inondera le champ cinématographique de la décennie 60, surtout chez les tenants de la Nouvelle Vague.

Critique. Cahiers du Cinéma. Juin 1992. Numéro 457. Par Frédéric Strauss. 

Cannes 1992. Deux prix pour les trois réalisateurs.

Visionné, la première fois, le 31 aout 1993 sur VHS à Montréal.
Mon 312ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider