12 septembre 2011

210. Wenders : Paris, Texas

1001 films de Schneider : Paris, Texas



Film germano-français réalisé en 1984 par Wim Wenders
Avec Harry Dean Stanton, Natassja Kinski, Aurore Clément, Dean Stockwell

Commençons par la fin
: je ne sais pas si c'est pour éviter de faire hollywoodien mais je ne comprends pas pourquoi ce couple tant amoureux ne reviendrait pas ensemble à la fin du film avec leur adorable blond petit garçon.

C'est sûr que la communauté cinéphilique aurait crié au loup hollywoodien mais, il me semble, que c'est la seule conclusion réaliste. 

D'ailleurs, le Travis, lors de la dernière séquence, dans sa voiture avec un sourire satisfait m'apparaît plutôt comme l'héroïque John Wayne de The Man Who Shot Liberty Valance. Non mais, avec la gueule qu'il a le mec Travis (58 ans !), il ne peut quand même pas s'attendre à ce qu'une autre Natassja Kinski (24 ans) déboule au prochain tournant... Alors, montrons un peu de compassion pour ce type : lors de la séquence suivante non montée, il fera un u-turn et retournera rejoindre le giron familial à l'hôtel Méridien de Houston.


Travis (Harry Dean Stanton)




Jane (Natassja Kinski)



La longueur du film fait problème pour plusieurs alors que toute la démarche artistique réside dans cette longueur des séquences. Monter ce film en 90 minutes et vous avez un beau petit scénario sans envergure.

Mais les longues séquences de Travis émergeant lentement d'une région semi-désertique du Texas en même temps qu'il refait graduellement surface dans la brutale réalité de la vie quotidienne, tout ça accompagnée par l'envoûtante guitare de Ry Cooder est un des grands moments du cinéma des années 1980. On n'oublie jamais un tel moment.

Un autre grand moment inoubliable de ce film demeure, à coup sûr, la rencontre de Travis et de Jane dans une sorte de bordel où le client voit la prostituée alors que celle-ci ne peut le voir. Durant laquelle rencontre Travis raconte à Jane leur propre vie. Émouvant et un peu abyssal.

Est-ce que ça vous émeut si je vous dis que Paris, Texas fut le film préféré de Kurt Cobain ?

Le titre. C'est la ville européenne, selon les calculs de Wenders, dont le nom est le plus utilisé pour désigner une ville aux États-Unis : 22 fois, Berlin est au deuxième rang avec 16. Nous ici, au Québec, nous avons une Venise : Venise-en-Québec (un tel nom, un sommet dans la stupidité), qui se fait régulièrement inondée au printemps.

J'aime beaucoup cette Amérique présentée par Wenders à des lieues de celle très carte postale que l'on retrouve dans Zabriskie Point d'Antonioni, par exemple. L'Amérique de Wenders est plus près de l'Amérique un peu glauque que l'on retrouve dans les films de Jim Jarmusch. Est-ce un hasard s'ils emploient le même directeur photo, Robert Müller.

Critique. Cahiers du Cinéma. Été 1984. Numéros 360/361. The Day of the Hunter par Alain Philippon

Cannes 1984. Trois prix : la Palme d'o, la critique internationale, prix œcuménique du jury
Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1984

Visionné, la première fois, le 30 août 1985 au cinéma Outremont à Montréal
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Mis à jour le 16 mars 2023