20 février 2023

294. Renoir : La grande illusion

1001 films de Schneider : La grande illusion

Film français réalisé en 1937 par Jean Renoir
JAvec Jean Gabin, Dita Parlo, Pierre Fresnay, Erich von Stroheim, Marcel Dalio, Julien Carette, 

1937. 
Le Front populaire est au pouvoir. Les classes sociales sont-elles finalement abolies ?
Les bottes du nazisme piétinent d'impatience pour venger la défaite de 14-18. Mais les Français, et bien d'autres, détournent la tête.

Au beau mitan de cette période équivoque, Renoir réalise un grand film humaniste, pacifiste et transnational. "Les frontières, c'est une invention des hommes. La nature, elle s'en fout." (Rosenthal-Dalio)

Alors, oui, un film d'espoir mais bâti sur des illusions. 
1. Des prisonniers pensent que la guerre finira bientôt (on est en 1914!) 
2. On pense que ce sera la der des der
3. L'amitié judéo-britanno-russo-franco-allemande transcende la guerre. On est presque heureux dans ce camp de prisonniers. On est souvent à la fête. Imaginez, même Erich von Stroheim, qui a toujours incarné les Allemands les plus honnis, est un directeur de camp sympathique.
En 1945, suite à la découverte des camps de la mort, la gauche et les résistants ne pardonneront pas à Renoir de nous avoir présenté ce camp de prisonniers.
4. Mais la plus grande des illusions c'est ce camp de prisonniers qui est une oasis, un mirage qui nous cache le plus grand carnage guerrier de l'histoire. 

Ce film, à sa sortie, devint un événement politique. Les foules accoururent pour voir ce film anti-guerre qui semait l'espoir. Mais le gouvernement d'Hitler interdit illico la diffusion de ce film dans lequel Allemands et Français fraternisaient. (Je pense au film Joyeux Noel de Christian Carion). De l'autre côté de l'Atlantique, Franklin Roosevelt défendit le film en disant que tout démocrate devait le voir.  

Love Story : La relation entre Rauffenstein-Von Stroheim et Boieldieu-Fresnay est exagérément pathétique. La scène de la mort de Boieldieu nous plonge en plein mélodrame.  Renoir transpose-t-il une expérience vécue lors de la première guerre ?

Séquence émouvante : Les prisonniers ébahis et silencieux à l'apparition d'un de leur co-détenu déguisé en femme. 

Censure : Le baiser de Jean Gabin et de Dita Parlo (l'ennemie allemande) ne retrouvera sa place que dans la nouvelle version de 1958.

Chemin de traverse
La grande illusion de quelques millions de Québécois : L'élection du Parti Québécois en novembre 1976 qui devait mener le Québec à l'indépendance. Cinquante sept ans plus tard, le Québec attend toujours pour obtenir un siège à l'ONU entre le Qatar et la République arabe syrienne.
Le Canadien-français est une ethnie en voie de disparition sous le regard indifférent de la communauté internationale. Seul un Québec souverain pourrait empêcher cette disparition.

Critique. Cahiers du Cinéma. Novembre 1958. Numéro 89. Où est la liberté ? par Claude Beylie. 
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Venise 1937. La meilleure contribution artistique

Visionné, la première fois, le 7 février 1991 à la télévision à Montréal.
Mon 294ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 8 juin 2023


19 février 2023

293. Marshall : Pretty Woman

1001 films de Schneider : Pretty Woman
Une jolie femme



Film américain réalisé en 1990 par Garry Marshall
Avec Julia Roberts, Richard Gere, Ralph Bellamy, Jason Alexander, Laura San Giacomo

Dans la mythologie grecque, Pygmalion, c'est ce sculpteur chypriote, voué au célibat, qui sculpte une femme, Galatée, dont il tombe amoureux. 

Transposé dans notre monde, c'est l'homme riche ou intellectuel qui tombe amoureux d'une jeune femme pauvre économiquement ou culturellement et dont la tâche est de l'élever à son niveau.

George Bernard Shaw a traité de ce thème dans sa pièce de théâtre, Pygmalion, créée en 1912. Le propos est une gageure prise entre deux gentlemen sur la capacité de faire une lady d'une pauvre vendeuse de fleurs.

Depuis Shaw, une pléthore de Pygmalion au cinéma et dans les séries télévisées. Arrêtez de rabâcher ce sujet, la cour est pleine.

On regarde cette comédie romantique et on ne peut pas faire abstraction que le raz-de-marée MeToo est passé depuis et que les relations hommes-femmes ont subi une sacrée mise à jour. Alors les acoquinements prostituée-homme d'affaires n'ont plus tout à fait la cote, si on peut dire. 

Pour plonger dans le monde du métier d'une escorte (mot doux pour prostituée), lire Putain de Nelly Arcan, cette jeune québécoise dont on s'est moqué à l'émission québécoise Tout le monde en parle et qui s'est suicidée le 24 septembre 2009 à l'âge de 36 ans.

Alors que reste-t-il de ce film qui a eu de beaux jours au box-office à notre époque où regarder une femme un peu pesamment peut vous apporter votre lot de subpoenas. Évidemment, j'exagère...Faire du Ricky Gervais est encore possible, j'ose espérer.

Une comédie romantique parsemée de clichés gros comme l'enseigne d'Hollywood : la prostituée au cœur d'or, champagne et fraises, la baignoire pleine de mousse sous laquelle se cache une jeune femme, le snobisme de Beverly Hills, l'homme d'affaires véreux qui se convertit, une fin en conte de fée. 

Malheureusement, la fin en conte de fée nous empêchera de voir Pretty Woman II :  Vivien Goes to College 

J'ai aimé la séquence à l'opéra où l'on présente La Traviata. Évidemment, Vivian (Roberts) et Violetta sont deux âmes sœurs. 

Gere : Je t'offre un appartement, une auto et un budget, c'est quand même mieux que faire le trottoir sur Hollywood Boulevard
Roberts : Ce n'est qu'un point de vue de géographie.

Édition
Depuis un mois, préparation de l'auto-édition du premier tome de Parcours d'un cinéphile, constitué des 100 premières entrées publiées entre le 10 janvier 2007 et le 5 octobre 2008. Toutes les entrées ont été remises à jour en février 2023.

Lecture cinéphilique
Ingmar Bergman. Carnets 1955-2001
J'aurais voulu que ces 1055 pages fussent son journal intime. Mais il n'en est rien, à l'exception de trop rares passages. Il s'agit, en fait, du développement des scénarios de plusieurs de ses films et de productions qui ne verront pas le jour.
Cette phrase, quand même : " Si je pouvais former un souhait, ce serait le suivant : laissez-moi écrire, filmer, mettre en scène des pièces tant que j'en ai la force et délivrez-moi de toutes mes possessions '' (février 1976)
Et pour me faire plaisir : '' Lorsque je vois des histoires de rêves dans les livres, je saute toujours le passage, car cela me semble sans intérêt. '' (8 aout 1974)

Visionné, la première fois, le 1er décembre 1990 sur VHS à Montréal
Mon 293ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 8 juin 2023

11 février 2023

292. Lynch : Blue Velvet

1001 films de Schneider : Blue Velvet


Film américain réalisé en 1986 par David Lynch
Avec Isabella Rossellini, Kyle MacLachlan (Jeffrey) , Dennis Hoper, Laura Dern (Sandy), Hope Lange, Dean Stockwell, George Dickerson

Les deux premières minutes : une petite merveille qui est un clin d'œil à Hitchcock Comme Hitchcock dans Psycho, il nous plonge dans un drame qu'il abandonne illico pour partir en direction d'un autre drame, autrement plus crapuleux. On pense à Psycho.

Pastiche d'un film noir dans lequel Tintin (Jeffrey) et Milou (Sandy) se seraient invités.

Certains ont dit que la scène de viol était l'équivalent de l'horreur pour les années 1980 de la scène de la douche de Psycho le fut pour les années 1960.

J'ai été assez surpris de voir Isabella Rossellini se prêter à de telles scènes de nudité et de violences sexuelles. Il faut admirer la capacité de persuasion de Lynch pour avoir réussi à lui faire interpréter un tel rôle hors-norme dans le cinéma américain. Isabella Rossellini ''My most personally frightening work''. C'est la performance de Marylin Monroe dans Some Like It Hot qui lui a donné le courage de faire ce film.

En regardant ce film, on voit déjà les prémisses de sa série Twin Peaks (30 épisodes en 1990-1991) qui annoncera une nouvelle ère de la série télévisée. Merveilleuse série qui, malheureusement, dans les derniers épisodes, s'empêtre les guibolles dans un salmigondis d'onirisme et d'ésotérisme. 

Dennis Hopper, un des inoubliables psychopathes du grand écran, le frère jumeau de Gary Oldman dans Léon (avec Jean Reno et Natalie Portman). À côté d'eux, Jack Torrance de Shining a l'air d'un animateur de pastorale.

Blue Velvet. The Lost Footage sur YouTube

Musique
La chanson thème Blue Velvet est un standard du début des années 1950.
La trame sonore est d'Angelo Badalamenti, compositeur de la fameuse trame sonore de Twin Peaks. Julee Cruise interpète des chansons de Badalamenti et de Lynch dans son album Floating Into the Night : envoûtant.

Critique. Cahiers du Cinéma. Janvier 1987. Numéro 391. Ce que couve l'immobilité des plantes par Michel Chion. '' Blue Velvet, quatrième film de David Lynch, est cette œuvre transitoire sans doute, hétéroclite, pas la meilleure de son auteur, mais une œuvre où font retour, comme rarement aux USA, l'odeur des corps, la densité du quotidien, la substance des choses, et le scandale de la vie. ''

Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1987

Visionné, la première fois, le 27 octobre 1990 sur VHS à Montréal
Ce jour, décès de Jacques Demy à 59 ans et d'Ugo Tognazzi à 68 ans.
Mon 292ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider

Mis à jour le 8 juin 2023

07 février 2023

291. Almodovar : Femmes au bord de la crise de nerfs

1001 films de Schneider : Femmes au bord de la crise de nerfs


Film espagnol réalisé en 1988 par Pedro Almodovar
Avec Carmen Maura, Maria Barranco, Rossy de Palma, Julieta Serrano, Antonio Banderas

Finalement, de l'excellent vaudeville.... mais du vaudeville, quand même : mélodrame et comédie. Le burlesque s'invite aussi. 

Le vaudeville qui a fait (qui fait encore ?) les beaux jours des théâtres d'été au Québec. Parce que l'été, ce sont les vacances et ce n'est surtout le temps de se casser la tête avec du théâtre plus exigeant. Imaginez Huis-clos de Sartre présenté au Théâtre des Cigales ! Bide total au niveau de l'assistance. Parallèle à faire avec les lectures de vacances au bord de la mer : du Musso mais pas du Houellebecq.

Je déteste le vaudeville qu'on appelle aussi le théâtre de boulevard, alors je me sens terriblement en porte-à-faux avec cette pléthore de critiques dithyrambiques. 

Cet Almodovar, c'est du Feydeau qui aurait abusé de psychotropes : grand spectacle garanti.

Amoldovar a dit s'inspirer de La Voix humaine de Cocteau. Faire un vaudeville de cette œuvre dramatique, non on ne peut pas aller là.

Une formidable prestation de Carmen Saura en personnage hystérique au bord de la crise de nerfs. 

Titre et affiche du film rendent compte à la perfection de ce que nous allons voir.

Mais ce qui me reste du film, c'est Rossy de Palma, au visage échappée d'une toile de Modigliani, qui passe une grande partie du film, endormie. 
 
Yeux bleus (portrait de Madame Jeanne Hébuterne) (1917)

Jeanne Hébuterne, peintre et modèle, amante de Modigliani qui s'est suicidée le lendemain de la mort de celui-ci. Elle avait 21 ans. (1920)

Critique. Cahiers du Cinéma. Février 1989. Numéro 416. Pastiche et mélange par Thierry Jousse. '' on trouve pêle-mêle, la comédie américaine, le pop'art, Godard aussi bien que le boulevard, les sitcoms ou des références à l'actualité la plus brûlante, comme si Almodovar s'amusait à parcourir tout le spectre du cinéma, du plus strictement formaliste au plus laborieusement trivial. ''

Venise 1988. Prix pour le scénario et pour la meilleure actrice à Carmen Maura

Lecture cinéphilique.
Je commence l'énorme ouvrage Cassavetes par Cassavetes par Ray Carney. Lecture en vue de ma prochaine intégrale d'un cinéaste avec mon copain Jean-Pierre : Cassavetes. Nous venons de terminer l'œuvre complète de Bergman (43 films).

Visionné, la première fois, le 27 juillet 1990 sur VHS, à Montréal
Mon 291ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 7 juin 2023