30 novembre 2009

151. Tati : Les vacances de monsieur Hulot

1001 films de Schneider : Les vacances de monsieur Hulot


Film français réalisé en 1953 par Jacques Tati.
Avec Jacques Tati, Nathalie Pascaud (Martine)

Ça tombe bien, les nôtres de vacances, viennent de se terminer. On n'a pas pu compléter le mini-tour de la Méditerranée (Espagne-Maroc-Algérie-Tunisie-Italie) parce que nous n'avions pas fait de réservation pour le traversier Tunis-Palerme (Sicile) et que tout était complet depuis des lunes. 

Après avoir traversé l'Espagne du nord au sud et le Maroc par le Rif nous nous sommes baladés pendant 14 jours en Algérie (14 jours étant la limite de notre visa de séjour) puis retour à Paris en empruntant la route étroite et cahoteuse des montagnes du Rif (nord du Maroc) et la route qui longe la Costa del Sol en Espagne afin de nous soulager un peu des rigueurs de la vie quotidienne un peu spartiate au pays du socialisme à la Boumediene.

Retenons : Un grand coup de cœur pour l'Algérie et une affection plus particulière pour les Berbères Kabyles. Entendre Idir chanté A Vava Inouva à travers un petit transistor d'un jeune berbère assis sur les bords d'un cours d'eau encastré dans une vallée de l'Aurès fut une expérience émotionnelle bouleversante.

Donc, retour à Paris, vacances terminées. Le soir précédant le retour à Montréal, ces Vacances de monsieur Hulot.

Le facteur de Jour de fête a troqué son vélo pour une Amilcar 1924 pétaradante, annonciatrice des perturbations que subiront les vacanciers de l'Hôtel de la Plage. Tout le monde va écoper, sauf Martine, la jeune blonde imperturbable - dont la princesse Leia de Star Wars a emprunté les rouleaux sur les oreilles - spectatrice comme nous des facéties, des gaffes et des pantalonnades de Hulot.

Ni film muet, ni film parlant, un film sonore. Est-il un son plus représentatif de l'ennui qui règne dans ce type de vacances en pension complète que le bruit, fortement amplifié par Tati, que fait la porte de la salle à manger à chaque fois que quelqu'un y passe. Je vous assure, ce bruit vous poursuivra le restant de vos jours à chaque fois que vous pensionnerez à un quelconque Hôtel de la Plage, ce que je ne vous souhaite pas, évidemment, à moins d'y rejouer Hulot.

Avez-vous reconnu Jean-Sol Partre - clin d'œil au Bison Ravi - l'intello à pipe et lunettes draguant Martine à l'aide de lectures d'articles analysant la conjoncture politique à travers une grille marxiste 

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1953. Numéro 22. Enfin Tati revient par Serge Parmion.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, le 10 août 1977 au cinéma à Paris
Mon 151ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

21 novembre 2009

150. Oshima : L' empire des sens

1001 films de Schneider : L'empire des sens


Film japonais réalisé en 1976 par Nagisa Oshima
Avec Tatsuya Fuji, Eiko Matsuda

C'est le début de l'été de 1977, je viens d'arriver à Paris avec le projet de faire avec Annie, un demi-tour de la Méditerranée en auto : deux mois pour parcourir France-Espagne-Maroc-Algérie-Tunisie-Italie-France. Avons loué une Simca à laquelle nous avons l'intention de mettre 10 000 kilomètres au compteur. En attendant mon amie qui n'arrivera que dans quelques jours, je me balade dans Paris. À cause du décalage horaire, je me lève tôt pour aller me promener dans les dernières échoppes des Halles qui n'ont pas encore été transférées à Rungis. J'aime bien fréquenter les cafés de l'aube, bondés de travailleurs qui viennent de finir leur nuit; la bière et les p'tits rouges de comptoir coulent à flot dans une atmosphère terriblement enfumée à six heures du matin.

J'habite le célèbre hôtel Saint-André-des-Arts (célèbre auprès de la clientèle nord-américaine, parce que bien coté dans le guide Paris on 15$ a Day, ai-je bien dit 15$ par jour ?) sur la rue du même nom au cœur du Quartier Latin à côté du mythique cinéma Saint-André-des-Arts, haut-lieu de la cinéphilie depuis les années 1950. C'est là que je verrai L'Empire des sens.

Je ne connaissais rien de ce film. Imaginez le choc ressenti. Le lieu, le cinéaste me disaient bien que je n'étais pas dans une salle de cinéma porno mais, quand même, je n'avais jamais vu de scènes sexuelles aussi explicites dans toute ma carrière de cinéphile. Cela étant, j'ai été submergé par cette histoire de passion amoureuse, non, pas amoureuse, sexuelle. C'est la radicalité du désir sexuel qui nous bouleverse, qui nous transporte au-delà des différentes exhibitions crues de la mécanique sexuelle.

Ai no corrida signifie littéralement "La corrida de l'amour". Belle métaphore qui illustre bien ce duel entre la femme et l'homme dans lequel les protagonistes échangeront leur rôle. Si, au début, l'homme se positionne comme le maître d'œuvre de la jouissance, peu à peu, cette maîtrise lui échappera au profit de la femme qui, par la multiplication des "encore" - le mot de la jouissance féminine - lui fera rendre armes et bagages et quelques éléments de sa plomberie personnelle, le trophée du toréador, si je peux me permettre de compléter la métaphore de la corrida.

Eiko Matsuda, interprète du personnage historique (puisqu'inspiré d'une affaire criminelle japonaise de 1936) Sada Abe, était une actrice non-professionnelle. Elle restera à jamais étiquetée par ce film, ce qui l'empêchera de continuer sa carrière au cinéma.

Critique. Cahiers du Cinéma. Mars 1976. Numéro 265. Par Pascal Bonitzer. Septembre 1975. Numéro 270. L'Essence du pire par Pascal Bonitzer. Janvier 1977. Numéro 273. Encore sur L'Empire des sens par Sara Rafowicz
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, le 20 juin 1977 au cinéma St-André-des-Arts à Paris
Mon 150ème film visionné des films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

13 novembre 2009

149. Wilder : Some Like It Hot

1001 films de Schneider : Some Like It Hot
Certains l'aiment chaud
En fait, la traduction correcte devrait être : Certains aiment le Jazz Hot

   Affiche originale

Affiche polonaise de 1987

Film américain réalisé en 1959 par Billy Wilder
Avec Marilyn Monroe, Tony Curtis, Jack Lemmon, George Raft, Joe E. Brown

Encore un bon film américain que je n'ai pas su aimer à l'époque. Il faut savoir que les années 1970 ont été pour moi une décennie de cinéphilie intense orientée presque exclusivement sur le cinéma d'auteur et le cinéma du monde (non américain).

Je me souviens avoir vu ce film avec un œil goguenard, sans vraiment être intéressé par cette comédie burlesque interprétée par des acteurs qui me laissaient indifférents, si, si même la "gorgeuse" Marilyn, que je trouvais d'une telle insipidité. Encore une fois, un rôle de nunuche. Pauvre petite, marquée au fer rouge du machisme masculin, à jamais ancrée dans des rôles de plantureuse blonde insignifiante.

Je viens de revoir ce film. Mon commentaire demeure. Je ne sais toujours pas aimer ce type de cinéma américain probablement parce que j'en ai trop vu. Pour moi, ça demeure du gros burlesque qui peut, à l'occasion me faire sourire, mais qui, au grand jamais, ne me fera crier au génie. Au 15ème rang des meilleurs films du 20ième siècle ! je rêve ou quoi. Je le reculerais dans la liste de 200 ou 300 rangs. Mais malgré tout cela, quelques séquences anthologiques : le spot qui déshabille Marilyn dans le plus habillé des stripteases, le tango entre Daphnée (Jack Lemmon) et Osgood (Joe E. Brown) et la réplique qui clôture le film.

Lecture cinéphilique en cours
J'adore, de temps à autre, faire une plongée dans ma collection des Cahiers du Cinéma dont je possède les 400 premiers numéros. J'aime bien relire intégralement un des Cahiers "jaune"; la collection "jaune" s'étend jusqu'au numéro 159 - octobre 1964.
Lecture intégrale du numéro 50 (août-septembre 1955) des Cahiers du Cinéma.
Des textes de Roberto Rossellini, François Truffaut, André Bazin, Jean Epstein, Abel Gance et un long texte sur la mort de Jean Vigo. Du bonbon, tout ça.

Betsy Blair et Ernest Borgnine dans Marty de Delbert Mann

Critique. Cahiers du Cinéma. Novembre 1959. Numéro 101. Faut-il brûler Wilder ? par Jacques Doniol-Valcroze
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1960 : Costumes

Visionné, la première fois, le 10 juin 1977 à la télévision à Montréal
En fait, je devais être dans l'appartement d'Annie à Longueuil (banlieue Rive Sud de Montréal). Nous nous préparions à faire le plus gros voyage de notre vie : rien de moins que le tour de la Méditerranée en auto. Il fallait être totalement ignorant des problèmes géopolitiques de cette partie du globe pour croire une telle chose possible. Ah! la naïveté des jeunes voyageurs qui permet d'ouvrir des fenêtres sur d'autres ailleurs. Mais, quand même, deux semaines à parcourir l'Algérie.
Mon 149ème film des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

04 novembre 2009

148. Lumet : Network

1001 films de Schneider : Network
Main basse sur la TV.
Encore une mauvaise traduction de titre de film.
"Ce que dénonce Lumet, c'est que la télévision fait main basse sur le monde" Jean-Louis Bory. 22 mars 1977


Film américain réalisé en 1976 par Sidney Lumet
Avec Faye Dunaway, William Holden, Peter Finch, Robert Duvall, Beatrice Straight

Film didactique sur la "méchante" télévision.
Le hic, c'est que ça fait 30 ans que les média nous rabâchent ce thème de la poursuite des cotes d'écoute. Alors, comme on n'est plus vraiment des néophytes en la matière, on risque d'être peu ému en visionnant à nouveau ce film qui a dû, par ailleurs, certainement ébranler les consciences, à l'époque.

On a l'impression qu'on n'est jamais sorti de ce film tant la réalité actuelle du monde télévisuel dépasse outrageusement la fiction. Finalement, j'en ai tellement marre de ce sujet de la poursuite des cotes d'écoute par les grandes chaînes télé que ça gâte un peu le plaisir de revoir ce grand film qui osait aborder en profondeur cette plaie du monde des média. Ajouter à cela une dose importante et horripilante de "télévangélisation" et vous avez un film qui m'agace à plusieurs reprises.

Ceci étant dit, ça demeure une sacrée bonne analyse du milieu de la télévision avec des accents prophétiques impressionnants. Impressionné aussi par l'habileté de Lumet à toucher à tant de thèmes : le milieu de la télévision, la course aux cotes d'écoute, la psychose paranoïaque, les gauchistes américains (toutes les séquences de cette partie auraient pu carrément sauter au montage, le film y gagnant en limpidité), la libération sexuelle (Dunaway draguant le vieux Holden, savoureux), les relations extra-maritales, etc.

Le plaisir de revoir le visage de Faye Dunaway; par ailleurs, un peu décontenancé sinon choqué (sous le choc), par ce corps aux limites de l'anorexie. Un corps qui représente bien ce personnage émotionnellement vide - le cœur mangé par les "ratings".

Critique. Cahiers du Cinéma. Mai 1977. Numéro 276. Par Christian Descamps.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1977 : Quatre statuettes. Faye Dunaway (actrice), Peter Finch (acteur), Beatrice Straight (actrice dans un rôle secondaire - une statuette obtenue avec seulement 5 minutes et 40 secondes de présence à l'écran) et une statuette pour le scénario

Visionné, la première fois, le 6 février 1977 au cinéma à Montréal
Mon 148ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022