12 août 2009

142. Scorsese : Taxi Driver

1001 films de Schneider : Taxi Driver


Film américain réalisé en 1976 par Martin Scorsese 
Avec Robert De Niro, Cybil Shepherd, Jodie Foster, Harvey Keitel, Peter Boyle, Albert Brooks, Leonard Harris.

J'aime beaucoup les passerelles - en voici une.
Taxi Driver, comme une chanson de Bruce Springsteen - celle-ci par exemple, tiré de l'album Born To Run, sorti en 1975 : Backstreets (le piano du début suivi de l'orgue "dylanesque" - émouvant). Les paroles et une interprétation fabuleuse.

Ce soir-là, Springsteen c'est Travis Bickle qui a quitté son taxi pour monter sur les planches au Madison Square Garden à New York. À certains moments, on croirait vraiment voir Robert De Niro à 50 ans.

En fait, tout l'album Born to Run est le frère artistique de Taxi Driver. Deux productions artistiques, produites au même moment, qui commentent le même monde des "urbans losers".

Du même album, ces deux dernières lignes de Thunder Road, chanson qui me bouleverse tellement, et qui disent Taxi Driver
"It's a town full of losers,
And I'm pulling out of here to win."

Taxi Driver, plongeon au cœur de la période la plus noire de New York. Au moment où la ville, en faillite, ressemble à un dépotoir de toutes les détresses humaines. Dans les années 1970, New York était sale, corrompue, violente, inhabitable, le royaume des sans-abris pour lesquels on inventa une thérapie spécifique, la Greyhound Therapy (fournir à un SDF un billet d'autobus, aller seulement, pour une autre ville; Greyhound étant une compagnie d'autocars spécialisée dans le transport interurbain). C'est l'écosystème dans lequel évolue Travis Bickle, cab driver nocturne, fuyant l'insomnie et la solitude têtue.

Ce qui fait la beauté et la grandeur de ce film c'est plus son traitement que son histoire de loser cherchant la rédemption dans de quelconques actes de justicier qu'on appelle aux USA, des vigilantes.

Me touchent plus particulièrement :
1. La voix off du narrateur. Dès le début, plongée au cœur des films noirs des années 1940. Cette voix nous compromet dès le début - on va vivre et mourir avec ce personnage. Ne vous laissez pas abuser par la dernière séquence, Travis Bickle est bel et bien mort dans la chambre d'Iris.
2. Les multiples prises de vue du taxi et à partir du taxi de Travis.
3. La performance de De Niro digne des plus grands Brando.
4. Jodie Foster - "twelve and a half years old going on thirty"
5. Cybil Shepherd, une jeune Catherine Deneuve (le même glacier), qui surnage dans ce cloaque.
6. La musique de Bernard Hermann...le saxe (ouf)
7. Harvey Keitel, encore dans un rôle de tordu dans lesquels il est le meilleur.
8. Les arrière-plans truffés d'affiches de cinéma porno. Qui a déjà vu Anita : Swedish Nymphet (Les impures) avec la playmate de Playboy, Christina Lindberg ? On voit aussi l'affiche de The Texas ChainSaw Massacre.
9. Et toutes les passerelles sur lesquelles ce film ouvre : psychopathologie, urbanisme, vie nocturne, musique rock. Tous domaines que j'aime.

Lecture cinéphilique 
Un amour sans paroles de Didier Blonde.
À la recherche de Suzanne Grandais, actrice populaire du cinéma muet français, décédée dans un accident de la route le 28 août 1920 à l'âge de 27 ans.
Ce petit roman frôle le pastiche des romans de Patrick Modiano. Amour et nostalgie. Pour connaître Modiano, commencez par Rue des boutiques obscures, paru en 1978. Il se peut que vous ne soyez plus capable de vous extirper de ce monde pendant plusieurs mois. Bien fait pour vous.

Cannes 1976 : Palme d'or

Visionné, la première fois, le 4 décembre 1976 au cinéma à Montréal
Mon 142ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

07 août 2009

141. Schaffner : Planet of the Apes

1001 films de Schneider : Planet of the Apes
La planète des singes


Film américain réalisé en 1968 par Franklin J. Schaffner
Avec Charlton Heston, Roddy McDowall, Kim Hunter, Maurice Evans, Linda Harrison

Pas de chance pour les singes, sortie simultanée en avril 1968 de 2001: Odyssée de l'Espace, de Stanley Kubrick, le plus grand film de science-fiction de l'histoire du cinéma.

Euh! non, ce fut quand même (la campagne publicitaire monstre aidant) un très grand succès pour La planète des singes à sa sortie. Mais 40 ans après, Planet of the Apes n'est plus qu'un vieux film de science-fiction qui a très mal vieilli dont les décors et les costumes ont l'air d'avoir été loués dans un magasin de "farces et attrapes" et dont l'acteur principal, Charlton Heston, est marqué à jamais par sa prestation minable dans le film de Michael Moore (le faux documentariste - comment a-t-il pu berner le jury du Festival de Cannes avec son Fahrenheit 9/11!), Bowling for Colombine - terminé Ben-Hur! on n'a plus qu'un vieil acteur en marche vers la démence et essayant de justifier l'injustifiable. Je n'arrive pas à oublier ce Charlton Heston, président sortant de la National Rifle Association, qui vient oblitérer tous les autres qui l'ont précédé.

J'avais été très ému, lors du premier visionnement de ce film, il y a plus de 30 ans, par le plan final du film. J'étais resté un peu estomaqué par la leçon que nous enseignait ce plan final. En le revoyant cette semaine, j'ai été un peu déçu de mon manque de perspicacité d'alors tant les indices qu'on nous jette en pleine figure tout au long du film pointent vers cette "statue de la liberté" enfouie dans le sable.

On a beaucoup pérorer sur les grandes leçons que nous enseignent ce film. Moi, je retiens surtout, qu'avec leur système de castes : les orang-outangs en politiciens, les chimpanzés en scientifiques et les gorilles en policiers (un peu facile celle-là), bien, ils sont dans les traces des humains et courent, également, vers l'holocauste nucléaire après un détour possible par quelques génocides simiens.

Les premières paroles de Taylor après qu'il eut retrouvé l'usage de la voix : "Get your stinking paws off me, you damned dirty apes". Parmi les 100 meilleures tirades du cinéma américain selon l'American Film Institute.

À l'origine du film, le roman de l'écrivain français Pierre Boulle. Deux autres romans de ce dernier ont été adaptés au cinéma : Le pont de la rivière Kwaï et Le photographe (Titre du film : Le point de mire de Jean-Claude Tramont avec Annie Girardot et Jacques Dutronc).

La saga de la Planète des singes a été produite dans le désordre chronologique. Il faut voir les films dans cet ordre suivant si une telle chose a un quelconque attrait pour vous - y a pire.
1968. La planète des singes. 8,0/10 sur IMDB
1972. La conquête de la planète des singes. 6,1/10
1973. La bataille de la planète des singes 5,4/10
1971. Les évadés de la planète des singes. 6,3/10
1970. Le secret de la planète des singes 6.0/10

Oscars 1969 : Maquillage

Visionné, la première fois, le 1er novembre 1976 à la télévision à Montréal
À deux semaines du plus grand et du plus "tripatif" (bonjour monsieur Languirand) bouleversement politique québécois du 20ème siècle - l'élection du Parti Québécois à la tête du gouvernement du Québec. En prime : la défaite du premier ministre sortant (Robert Bourassa) aux mains du poète Gérald Godin - pur bonheur.
Mon 141ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022