29 décembre 2024

429. Siegel : Invasion of the Body Snatchers



L'Invasion des profanateurs de sépultures

Film américain réalisé en 1956 par Don Siegel. 7.7
Avec Kevin McCarthy, Dana Wynter, Larry Gates, King Donovan, Carolyn Jones
Un petit rôle et son seul rôle pour le futur réalisateur Sam Peckinpah.

Le titre français est complètement à côté de la ''track'' : aucune sépulture dans ce film.

En 1956, on est en pleine période des essais nucléaires. En plus de la crainte d'une guerre nucléaire entre les USA et l'URSS, une psychose par rapport aux retombées des essais nucléaires semble se répandre dans la population. On en vient à expliquer toutes anomalies sur le plan climatique ou sur le plan génétique à ces essais. Les retombées auraient une influence sur de possibles mutations génétiques. Le cinéma ne laisserait sûrement pas passer une telle aubaine pour en profiter. Suit alors le développement de films-catastrophes. Ce film-ci en est une belle illustration. Mais le plus célèbre film dans cette optique est certainement Godzilla.

Je me souviens d'avoir vu pendant mon adolescence un film de ce type : Le Monstre des temps perdus (The Beast from 20 000 Fathoms - 1953) d'Eugene Lourié (Ukrainien d'origine, responsable  de la direction artistique dans La Règle du jeu et La Grande illusion). C'est l'histoire du réveil d'un monstre style Godzilla qui sort des glaces de l'Arctique suite à des essais nucléaires et qui se retrouve à New York, plongeant la ville dans le chaos.

Un film typique de série B avec peu de moyens donc on évite ainsi la fabrication de monstres tonitruants et de petits bonshommes verts. Ce qui n'empêche pas d'en faire un des films de science-fiction les plus célèbres des années 1950. 

Quoi de plus cauchemardesque que des monstres qui prennent la forme de vos concitoyens incluant voisins, famille et épouse. Ces personnes transformées en individus sans émotion pourraient être une analogie d'une invasion communiste ou tout simplement une analogie démontrant le conformisme de la société américaine ou encore la montée du fascisme durant la période maccarthyste. Comment s'en échapper? La fin ouverte et pessimiste n'offre aucune solution.

Le prologue et l'épilogue qui se passent dans un hôpital ont été imposés au réalisateur. Le film devait se terminer sur le personnage principal courant sur l'autoroute et criant : Vous êtes les prochains. Plusieurs salles de ciné-club arrêtaient le film après cette phrase, oblitérant l'épilogue hollywoodien.

Visionné, la première fois, le 12 février 2007 sur DVD à Montréal
Mon 429ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider



28 décembre 2024

428. Garnett : The Postman Always Rings Twice



Le facteur sonne toujours deux fois

Film américain réalisé en 1946 par Tay Garnett. 7.4
D'après le roman éponyme (1934) de :James M. Cain
Avec Lana Turner, John Garfield, Cecil Kellaway, Hume Cronyn, Leon Ames, Audrey Totter, Alan Reed

Lana Turner dans toute sa splendeur dans cette histoire sordide autour d'un triangle amoureux. Histoire qui se passe dans les années trente à la sortie de la Dépression dans un garage en rase campagne.

Contrairement à la plupart des films noirs, la blonde sulfureuse (Turner) n'est pas manipulatrice et éprouve de vrais sentiments pour un drop-out de la route (Garfield) qui devient employé du garage dont le mari âgé de la blonde est propriétaire.

La progression de l'histoire est bloquée de plein fouet par un passage à la cour qui nous paraît long et un peu inutile.

Le panneau Man Wanted que nous retrouvons affiché à la porte du garage au début du film est polysémique. On recherche un homme  pour qui ? Pour le garagiste ou pour la femme du garagiste ?

Au cinéma, le facteur a sonné huit fois. Les trois plus célèbres versions du roman de Cain : Le Dernier tournant (1939) de Pierre Chenal avec Michel Simon dans le rôle du mari, Ossessione (1942) de Visconti ouvrant la voie au néo-réalisme puis la plus torride des versions, The Postman Always Rings Twice (1981) de Bob Rafelson avec Jessica Lange et Jack Nicholson.

Sur IMDB, sept mots-clés : Film noir. Tragédie. Crime. Drame. Mystère. Romance. Thriller.

Visionné, la première fois, le 8 février 2007 sur DVD à Montréal
Mon 428ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider

26 décembre 2024

427. Lean : Brief Encounter



Brève rencontre

Film britannique réalisé en 1945 par David Lean. 8.0
D'après la pièce  en un acte Still Life (1936) de Noel Coward
Avec Celia Johnson (Laura), Trevor Howard (Alec), Stanley Holloway, Joyce Carey, Cyril Raymond

Qui ne s'est jamais approché de l'adultère ne connaitra pas ce que c'est que d'avoir des papillons dans l'estomac quand on rencontre l'interdit. Ce film rend très bien cet atmosphère et la passion amoureuse qui en est le feu. C'est une sorte de Casablanca (1942) sans Casablanca. On ne peut s'empêcher de penser à un autre chef-d'œuvre dans la même veine, The Bridges of Madison County (1995) de Clint Eastwood. 

J'ai l'habitude, quand le film s'y prête, de divulguer des éléments de ma vie personnelle. Mais sur ce sujet, je vais me garder une petite gêne.

Tout commence par une escarbille dans l'œil

Comme le dit l'expression : Elle l'a dans l'œil

Laura : ''I've fallen in love. I'm an ordinary woman. I didn't think such violent things could happen to ordinary people.'' Les choses violentes, à part de la passion amoureuse : culpabilité, honte, mensonge, peur.

Un des plus beaux films sur le sujet de l'adultère. Deux amants qui vivent une histoire d'une infinie tristesse. ''Il n'y a pas d'amour heureux.'' Louis Aragon.

Laura : ''I am a happily married woman or, rather I was until a few weeks ago...'' C'est son monologue intérieur qui structure le film.

On est passé proche d'avoir une fin à la Anna Karenina mais, finalement, l'ordre reprend sa place.

En filigrane, des extraits du troisième mouvement du concerto pour piano numéro 2 de Sergey Rachmaninoff.

75ème anniversaire de Brief Encounter lors de la pandémie du Covid

Cannes 1946. Grand prix du Festival à David Lean et Prix international de la critique.

Visionné, la première fois, le 7 février 2007 sur DVD à Montréal
Mon 427ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider



24 décembre 2024

426. LeRoy : Little Caesar



Film américain réalisé en 1930 par Mervyn LeRoy. 7.2
Avec Edward G. Robinson (Rico), Douglas Fairbank Jr (Joe)., Glenda Farrell, William Collier Jr.
D'après le roman éponyme de W.R. Burnett

Le film de gangsters qui définira le genre. Il est le moule pour plusieurs films de gangsters à venir. Un réquisitoire contre le monde de la pègre. Un film majeur du début du parlant.

La montée un peu trop facile d'un petit gangster de campagne dans le monde interpole de Chicago jusqu'à sa chute finale. ''Mère de miséricorde, est-ce dont la fin de Rico?''


Le petit César, Edward G. Robinson, dans toute sa splendeur. 
Le stéréotype du gangster parvenu. Une ressemblance avec Al Capone.

Une homosexualité non avouée entoure la relation de Rico avec Joe.

Le petit César essuyant une rafale de mitraillette. Une image fétiche.

Visionné, la première fois, le 6 février 2007 sur DVD à Montréal
Mon 426ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider






23 décembre 2024

425. Lean : Great Expectations


Les Grandes espérances

Film britannique réalisé en 1946 par David Lean. 7.8
Avec John Mills (Pip), Anthony Wager, Valerie Hobson (Estella adulte), Jean Simmons (jeune Estella), Alec Guinness, Martita Hunt (Miss Havisham)
D'après le roman de Charles Dickens

Les premières 15 minutes dans un cimetière au milieu des marais sont très terrifiantes si on se place dans la peau d'un enfant de 10 ans.

L'univers de Miss Havisham, abandonnée au pied de l'autel, est fascinant. Pour elle, la vie s'est arrêtée à ce moment précis : à jamais enfermée dans son château sans lumière du jour et dont les pendules se sont arrêtées de battre. La décoration de la pièce centrale du château est de la même mouture que celle du film de Jean Cocteau, La Belle et la bête, réalisé la même année. 

Une rareté au cinéma à cette époque : la haine des hommes. Miss Havisham a élevé une fille (Estella) pour se venger des hommes suite à son échec amoureux.

Parmi les moments les plus emballants, nous retenons cette partie du film lors de laquelle Pip enfant doit venir au château pour distraire Miss Havisham. Sa relation avec la jeune Estella, agressive, alors qu'il en est amoureux est un beau moment.

Estella, Miss Havisham et Pip dans le château décati

Le deus ex machina n'a jamais été aussi présent que dans ce roman de Dickens, ce qui fait qu'on peut facilement deviner une partie de l'intrigue.

Oscars 1948. Deux statuettes pour la cinématographie et pour la direction artistique.

Classé au cinquième rang par le British Film Institute sur sa liste des meilleurs films britanniques de tous les temps

Visionné, la première fois, le 5 février 2007 sur DVD à Montréal
Mon 425ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider