19 juillet 2023

323. Kazan : A Streetcar Named Desire

1001 films de Schneider : A Streetcar Named Desire
Un Tramway nommé désir

Film américain réalisé en 1951 par Elia Kazan
Avec Vivien Leigh (Blanche DuBois), Marlon Brando (Stanley), Kim Hunter (Stella DuBois) et Karl Malden (Mitch)
Adapté de la pièce de théâtre de Tennessee Williams,

Mettons tout de suite ça au clair. Ce film, c'est l'histoire de Blanche DuBois et Marlon Brando ne joue qu'un rôle secondaire dans cette histoire. Alors, toute la lumière sur la prestation de Vivien Leigh.

Une pièce très charcutée à cause du Code Breen (Motion Picture Production Code en vigueur dans les grands studios de 1934 à 1968) : pas d'ex-mari homosexuel pour Blanche, pas de viol non plus (il faut connaître  la pièce pour savoir qu'il y en a eu un), pas d'attirances sexuelles entre Blanche et Stanley - ça fait un sacré coup de ciseau dans la pièce.

Kazan avait déjà monté cette pièce à Broadway avec les mêmes acteurs sauf pour le rôle de Blanche (Jesssica Tandy a été remplacée par Vivien Leigh qui avait joué ce rôle dans la pièce montée par son mari Laurence Olivier à Londres).

Kazan était rébarbatif à réaliser ce film disant que c'était comme marié la même femme, deux fois. Il est vrai que le film souffre un peu de l'empreinte théâtrale, l'unité de lieu de la pièce enfermant à nouveau Kazan dans le monde des studios, lui qui avait tant apprécié le grand large du tournage en extérieurs  de Panic in the Streets (réalisé, l'année précédente). Je crois que l'on n'y reprendra plus d'ici la fin de sa carrière.

Oubliez ce qui précède. Ce qui fait la grandeur de ce film, ce sont les interprétations de Marlon Brando et de Vivien Leigh. C'est une grande démonstration de l'école dramatique de Kazan, l'Actor's Studio : aller chercher en soi ses expériences émotives du passé pour les transmettre au personnage. 

C'est le premier grand rôle de Brando et il ne rate pas son entrée en jouant ce personnage brutal, à la limite de l'abime. On a toujours l'impression qu'il va exploser, faire une décompensation psychotique. 

Vivien Leigh joue le rôle de sa vie à travers ce personnage qui, toujours au bord de la crise de nerfs, se démonte pièces par pièces jusqu'à la schizophrénie finale. ''I don't want realism... I want magic''

C'est le dernier grand rôle pour Vivien Leigh, accablée par des crises bipolaires qui mettront un terme à sa carrière.  Seulement 5 petits rôles jusqu'à son décès en 1967 à l'âge de 53 ans. Abandonnée par son mari, Laurence Olivier, en 1961, au profit de Joan Plowright qui, incidemment, jouait sa fille, dans le film de Tony Richardson, The Entertainer, tourné en 1960 et que je viens de voir. Assez cocasse d'entendre le personnage joué par Oliver dire à Plowright :"que dirais-tu si j'épousais une fille de ton âge?" La réalité rejoindra la fiction quelques mois plus tard.

Critique. Cahiers du Cinéma. Mai 1952. Numéro 12. À la recherche de l'hypertendu par Renaud de Laborderie
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org.

Oscars 1952. Quatre statuettes : meilleure actrice à Vivien Leigh, meilleure actrice dans un second rôle à Kim Hunter, meilleur acteur dans un second rôle à Karl Malden, direction artistique.
Venise 1961. Prix spécial du jury à Elia Kazan, meilleure actrice à Vivien Leigh

Visionné, la première fois, le 27 juillet 1995 sur VHS à Montréal.
Mon 323ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider