24 mai 2010

173. Duvivier : Pépé le Moko


1001 films de Schneider : Pépé le Moko


Film français réalisé en 1937 par Julien Duvivier
Avec Jean Gabin, Mireille Balin (destin tragique), Gabriel Gabrio, Fernand Charpin, Lucas Gridoux, Marcel Dalio, Fréhel

Après avoir vu le film en 1980, je l'ai immédiatement recyclé dans mon cours sur L'histoire de la forme urbaine que j'ai donné pendant 30 ans au Collège de Maisonneuve à Montréal  (l'équivalent québécois de Classes Terminales), cours que je donne toujours à l'Université du Troisième Âge de l'Université de Sherbrooke. Ma passion pour la ville y trouve son exutoire.

Donc recyclage de ce film ? Dans un chapitre de mon cours, j'abordais la question de la forme de la ville arabe (casbah, médina, mosquée, ruelles, toit-terrasses), et je ne pouvais mieux trouver à l'époque antédiluvienne d'avant Internet et de son Google que d'utiliser ce film pour illustrer ce phénomène urbain. Alors, imaginez la tronche d'étudiants de 18 ans à qui l'on recommande de visionner un film tourné en 1937,  aussi bien dire au Moyen Age - le prof, il débloque complètement, quoi!. Combien de mes étudiants (autour de 5000) ont vu ce film ?

Pépé le Moko annonce, par son thème - la Casbah en tant que lieu impénétrable par l'autorité française -  la future bataille d'Alger (1957) durant laquelle les chefs du Front de Libération Nationale (FLN) ont tenu tête à l'armée française pendant des mois en se réfugiant dans la Casbah, les troupes et le matériel militaire étant incapable d'y circuler. 

Voir, à ce titre, le formidable film de Gillo Pontecorvo, La Bataille d'Alger, recensé plus tôt sur ce site. Encore mieux, lire les 4 tomes sur la Guerre d'Algérie d'Yves Courrière. Ce que je m'étais forcé de faire avant mon périple en Algérie en 1977. Monumental.

Deux photos prises lors de ma visite de la Casbah d'Alger en juillet 1977.
Un dédale complexe de rues, inéquat à toutes manœuvres militaires



















Le film : Après le déroulement de la liste des crédits à la mode des années 30 où l'on ne se préoccupe pas de fournir les prénoms pour certains acteurs, on a une convaincante présentation de la forme urbaine de la Casbah, appelée à juste titre, dans le cadre de ce film, le maquis. Les images de l'intérieur de la Casbah proviennent de l'œuvre de Jacques Krauss qui a reconstruit une partie de la Casbah dans les Studios Joinville en banlieue de Paris.

Il est beaucoup question de Paris dans ce film. Pour Pépé, c'est le lieu de la grande nostalgie du temps passé, vers lequel il ne peut retourner.  Et qui mieux que Fréhel, chanteuse de l'entre-deux-guerres, pouvait le mieux nous en transmette toute la poignante tristesse lorsqu'elle chante Où est-il donc ? Fréhel, qui joue une chanteuse oubliée et qui, en fait, l'est au moment du film, qui écoute cette chanson dans Pepe le Moko. 


Est-ce le plus grand rôle de Gabin ? Je ne sais pas mais c'est probablement celui qui a le plus contribué à définir le style Gabin.

Un remake a été fait juste un an après l'original, c'est dire l'attrait au box office de Pépé le Moko. Algiers de John Cromwell avec Charles Boyer (le Français d'Hollywood) dans le rôle de Pépé est une réplique presque plan pour plan du film de Duvivier. La petite histoire dit que le producteur de ce film a cherché à récupérer toutes les copies du film original pour les détruire.

Visionné, la première fois, à la télévision à St-Antoine-sur-Richelieu en octobre 1980
Mon 173ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 9 mars 2023