17 février 2013

247. Wilder : Sunset Boulevard


Boulevard du crépuscule

Film américain réalisé en 1950 par Billy Wilder
Avec Gloria Swanson, William Holden, Erich von Stroheim, Nancy Olson, Cecil B. DeMille, Buster Keaton

Hollywood par Hollywood. 418 plans qui jettent un éclairage glauque sur le cinéma selon Hollywood.

Si vous vous intéressez quelque peu à l'histoire du cinéma, ce film est un incontournable. Sunset Boulevard dépeint crûment le naufrage dans les abysses de la mémoire des 30 ans du cinéma muet. 

La présence silencieuse et furtive à une table de bridge de Buster Keaton, l'un des plus grands créateurs de cette époque, n'en est-il pas l'exemple le plus probant. Et que dire d'Erich von Stroheim, ce monument mégalomaniaque de la réalisation des années 20 qui n'a jamais franchi la barrière du parlant, sauf pour jouer les méchants allemands et qui interprète le rôle du majordome silencieux. Et Gloria Swanson, grande vedette du muet, qui n'a plus jamais atteint une telle gloire après l'arrivée du parlant sauf dans ce film-tombeau.

Cette idée de tombeau me fait penser à la dernière partie de Citizen Kane : Norma Desmond, à l'instar de Kane, est seule dans son château, abandonnée et ignorée de tous.

Une phrase du film qui le résume: "A silent movie queen still waving proudly to a parade which had long since passed her by" On pense tout de suite au titre du grand livre sur le cinéma muet de Kevin Brownlow, The Parade's Gone By...

Sur YouTube, Gloria Swanson en entrevue au The Dick Cavett Show du 3 août 1978. Elle parle du désastreux tournage de Queen Kelly (extrait présenté dans Sunset) dirigé par nul autre que Erich von Stroheim. Vers la fin de l'entrevue, un moment émouvant lorsque madame Swanson frissonne en entendant l'animateur lui dire qu'on avait déjà utilisé des films muets pour créer un incendie dans un film en tournage, les bandes d'alors étant hautement inflammables.  Au passage, dans la même émission, entrevue avec Janis Joplin, deux mois avant son décès.

On retrouve cette image sur la page couverture du 
premier numéro des Cahiers du cinéma d'avril 1951

Oscars 1951. Trois statuettes: décor, musique et scénario
Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1951

Visionné, la première fois, le 15 décembre 1988 au cinéma à Paris
Mon 247ème film visionné de la  liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 8 avril 2023

09 février 2013

246. Zemeckis : Who Framed Roger Rabbit


Qui veut la peau de Roger Rabbit ?

Film américain réalisé en 1988 par Roger Zemeckis 
Avec Bob Hoskins, Christopher Lloyd, Joanna Cassidy et la voix de Mel Blanc qui a été la voix de Bugs Bunny, Daffy Duck, Porky Pig, Tweety et beaucoup d'autres Toons dans 1229 dessins animés recensés à ce jour sur IMDB.

J'avais été totalement fasciné par ce film d'animation qui mixait, dans une même histoire, des acteurs réels avec des personnages de dessins animés. À l'époque c'était toute une prouesse technologique - a breakthrough comme on dit. J'avais été complètement impressionné par la première séquence - tournage d'une séquence de cinéma avec les toons en tant qu'acteurs : génial.

J'avais peur, en revoyant ce film, à cause surtout des progrès du cinéma d'animation par ordinateur, de trouver cette production banale et ennuyante. Au contraire, j'ai été surpris de voir à quel point ce film n'avait pas vieilli tant au niveau de l'animation qu'à celui du scénario.

J'ai aimé revoir Betty Boop, disparue de la circulation en 1939 après 112 performances. Évidemment elle débarque en noir et blanc n'ayant jamais connu la couleur.

Pas besoin d'analyses sémiotiques sophistiquées pour voir dans Betty Boop, qui se présentait régulièrement à l'heure d'écoute pour enfants, une synthèse de fantasmes érotiques. Sans oublier que cette Betty Boop se trouvait régulièrement enlevée puis attachée à une voie ferrée par le gros méchant loup - de quoi former chez cette génération en devenir - les baby-boomers - un bagage de fantasmes sadomasochistes à côté duquel 50 Nuances de gris est une bluette. 




Jessica Rabbit avec la voix de Kathleen Turner
Jessica Rabbit, une Betty Boop contemporaine avec la voix de Kathleen Turner

Oscars 1989. Trois statuettes pour effets visuels, montage sonore et montage
Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de 1988
Venise 1988. Prix du Cinéma pour enfants.

Visionné, la première fois, le 14 décembre 1988 au cinéma à Paris
Mon 246ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 7 avril 2023

20 janvier 2013

245. Bergman : Les Communiants



Film suédois réalisé en 1962 par Ingmar Bergman
Avec Gunnar Björnstrand (pasteur), Ingrid Thulin (l'ex-maitresse du pasteur), Max von Sydow (le pêcheur), Gunnel Lindblom (la femme du pêcheur)
Ce film fait partie de la trilogie qu'on appelle le "silence de Dieu" : précédé par À travers le miroir et suivi par Le silence

J'essaie d'imaginer la réaction du public qui verrait ce film dans un multiplex du centre-ville, un samedi soir. Déjà l'an dernier ça sortait en masse lors de la projection du film muet L'artiste à laquelle j'ai assistée.  Alors, imaginez la réaction des spectateurs après la séquence initiale de 12 minutes en noir et blanc d'un prêtre en train de dire la messe dans une chapelle déserte du nord de la Suède - hécatombe au box-office.

Pourtant plus je vois ce film, c'est ma 5ième fois, plus je découvre un chef-d’œuvre traitant de la condition existentielle de l'homme.

Le plus noir, le plus désespéré des films de Bergman. Même l'amour ne peut rien contre le silence de Dieu... qui n'existe pas. Tout est à désespérer de la condition humaine dans ce film : le pasteur qui perd la foi, sa maîtresse qu'il rejette ignominieusement - l'amour ne nous sauvera pas -, le suicide d'un pêcheur obsédé par l'imminence d'un conflit nucléaire annoncée par les essais nucléaires chinois. Tout ça dans un paysage d'hiver glauque que le soleil semble avoir déserté à jamais.

Le silence de Dieu mais pour les paroissiens c'est surtout le silence du pasteur
Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1965

Visionné, la première fois, le 14 décembre 1988 au cinéma St-André-des-Arts à Paris
Un peu comme dans Les Communiants, en ce mois de décembre à Paris, le soleil n'existe pas. On a droit aux sempiternelles brumes matinales suivi d'un ciel gris mur à mur... "Avec un ciel si gris qu´un canal s´est pendu". Pendant un mois, jusqu'à notre retour au Québec le 30 décembre, aucun rayon de soleil. Puis, le plaisir de retrouver les ciels bleu d'acier du Québec de janvier par moins 20 degrés. Bon, bien, après dix jours de ce régime, vivement les brumes matinales de Paris.
Mon 245ème film visionné de la  liste des 1001 films du livre de Schneider 
Retiré de la liste de Schneider depuis 2013
Mis à jour le 5 avril 2023

15 janvier 2013

244. Carné : Les Enfants du paradis



Film français réalisé en 1945 par Marcel Carné
Avec Arletty (Garance), Jean-Louis Barrault (Baptiste), Pierre Brasseur (Frédérick Lemaître), Pierre Renoir, Maria Casarès, Marcel Herrand

C'est dommage pour nous Québécois de la génération du baby-boom mais  Les Enfants du paradis nous rappelle une période de l'histoire québécoise tristement célèbre qu'on a appelé "la grande noirceur" (pendant le règne du premier ministre québécois Maurice Duplessis de 1936 à 1939 puis de 1944 à 1959) pendant laquelle la religion catholique exerçât un pouvoir abusif sur la culture. 

En effet, ce film fut interdit de projection au Québec lors de sa sortie en 1947. Cette année-là, Les enfants du paradis doit être projeté à l'Université de Montréal dans le cadre d'un festival de films français. Le Bureau de la censure l'interdit jugeant le film pornographique parce que l'actrice Arletty y dégrafe son corsage. Le délégué de la France interprète ce refus comme une insulte à son pays.

On parle ici d'un grand poème de Prévert mis en images, d'un sommet du réalisme poétique. Une autre collaboration fructueuse du tandem Carné-Prévert (Quai des brumes, Le jour se lève, Les visiteurs du soir). 

C'est Paris 1830, le boulevard du crime (la rue canaille de l'époque), un trio amoureux et un magistral hymne au théâtre à travers ses acteurs.
 
La réalisation de cette œuvre majeure s’est faite en pleine Occupation. Des débuts du tournage, en 1943, aux studios de la Victorine à Nice (le clin d’œil de Truffaut dans La Nuit américaine), puis aux studios Francoeur à Paris, jusqu’à la sortie du film le 15 mars 1945, le tournage des Enfants du Paradis connaîtra de nombreuses vicissitudes liées à la situation politique que traversait la France à cette époque. 

Arletty sera absente lors de la première du film étant mise en accusation à cause de sa relation amoureuse avec un officier allemand ce qui lui fit dire lors de son arrestation : "Si mon cœur est français, mon cul, lui, est international ! »
 
Arletty, le degré zéro de l'interprétation. Mais on lui pardonne tout à cause de répliques comme : "On m'appelle Garance. Garance, c'est le nom d'une fleur" dites sur le ton le plus automate possible. Bresson a dû l'aimer cette Artletty, lui qui a toujours chercher chez ses comédiens amateurs une déclamation mécanique. Il devait leur dire : vous voulez faire comédien eh bien imitez Arletty.

On retrouve Jacques Prévert dans ces multiples jeux de mots faciles qui pimentent le scénario. En voici un célèbre : (Le commissaire à Garance) : "Comment vous appelez-vous?" " Moi, je ne m'appelle jamais, je suis toujours là. J'ai pas besoin de m'appeler. Mais les autres m'appellent Garance, si ça peut vous intéresser."

Baptiste le mime (Jean-Louis Barrault) et Garance (Arletty, à 47 ans quand même)

Une séquence qui est à se tordre de rire : la représentation de la pièce L'Auberge des Adrets (dessins et texte complet sur Gallica) et la bouffonnerie qu'en fait Frédérick Lemaitre (Pierre Brasseur).

Venise 1946. Prix pour le film

Visionné, la première fois, le 2 décembre 1988 au cinéma à Paris 
Mon 244ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 5 avril 2023

03 janvier 2013

243. Bergman : À travers le miroir



Film suédois réalisé en 1961 par Ingmar Bergman
Avec Harriet Andersson (Karin), Gunnar Björnstrand (David), Max von Sydow (Marin), Lars Passgard (Minus)

Encore un Bergman. Il faut dire que nous sommes en novembre 1988 et que je suis en plein milieu d'une grande rétrospective Bergman au cinéma St-André-des-Arts à Paris.

Le début de la décennie 1960 est marquée chez Bergman par des œuvres qui abordent le thème de la psychose (Le silence, Les communiants, Persona, L'heure du loup).
 
À travers le miroir est une œuvre magistrale qui atteint des abysses de dépression et de désespoir avec une performance homérique de Harriet Andersson que je rêvais de rencontrer en Suède, à l'été 2012. Harriet, à 80 ans, en train de siroter un café, seule, au fond d'un café d'Uppsala - pur moment de grâce dans mon imagination.

Le grand thème de ce film, c'est évidemment la schizophrénie. Où il appert que Dieu est un symptôme obligé de cette maladie mentale. Traverser le miroir dans ce cas-ci, c'est entrer dans un monde hallucinatoire où Dieu est présent mais qu'il peut aussi se transformer en araignée - moment d'horreur absolu.

L'autre thème important de ce film, c'est la culpabilité du père de Karin. Il se sent affreusement coupable de recycler du matériel biographique - la maladie de sa fille - en production littéraire. Ce personnage du père incarne la culpabilité de Bergman dont la carrière théâtrale et cinématographique  a phagocyté sa vie familiale. Quatre épouses (on ne compte pas ses maitresses - la plupart des rôles principaux féminins de ses films) et sept enfants pendant la période qui précède ce film. Cette phrase de David, le père de Karin, qui résume cette culpabilité : "It makes me sick to think of the lives, sacrificed to my so-called art."

Luc Moullet des Cahiers du Cinéma devait dormir au gaz quand il a vu À travers le miroir : "Propos vagues sur Dieu et l'humanité, d'un niveau primaire assez provocant, photo atrocement terne, c'est du Wyler fatigué. L'accumulation des effets est indispensable à la réussite de Bergman (???); or ici, malheureusement, il reste très honnête et très simple." Cahiers du Cinéma numéro 135 de septembre 1962. L'art de passer complètement à côté d'un film.

En mai-juin 2011, au New York Theatre Worshop, ma jeune actrice préférée, Carey Mulligan (inoubliable dans Never Let Me Go), jouait le rôle de Karin, interprétée dans le film de Bergman par Harriet Andersson.


Oscars 1962. Meilleur film en langue étrangère
Berlin 1962. Meilleur film selon International Catholic Organisation for Cinema

Visionné, la première fois, le 15 novembre 1988 au cinéma St-André-des-Arts à Paris
Mon 243ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 5 avril 2023

21 décembre 2012

242. Bergman : Sourires d'une nuit d'été



Film suédois réalisé en 1955 par Ingmar Bergman
Avec Gunnar Björnstrand, Eva Dahlbeck, Harriet Andersson, Ulla Jacobsson, Bibi Andersson.

Après 16 films, Sourires d'une nuit d'été marque ce que la critique newyorkaise Pauline Kael appelle la fin de sa période "rose".

Le Midsommardagen (la fête de l'été), en Suède, on ne rigole pas avec ça. Tout s'arrête pour 48 heures. Tout service disparaît dans les villes : les bureaux, les magasins, les restaurants et même beaucoup d'hôtels sont fermés. (On était à Söderhamm au nord de Uppsala le 23 juin 2012, un seul hôtel ouvert dans cette ville de 15 000 personnes.) On quitte les villes pour des lieux plus bucoliques. La Saint-Jean, le solstice d'été sont les prétextes utilisés pour ce farniente national.

Voilà Bergman qui, une fois n'est pas coutume, heureusement parce que ce n'est pas là que je le veux, fait dans la comédie légère dans cette transposition libre dans la Suède du début du 20ème siècle de l’œuvre de William Shakespeare, A Midsummer's Night Dream.

C'est un chassé-croisé tragicomique d'individus à la recherche du conjoint idéal dont le dénouement s'effectue durant la nuit du solstice d'été (en Suède le soleil ne se couche pas ce jour-là) qui permettra à chacun de trouver sa chacune.

Où il s'avère qu'entre le ridicule et le sublime en amour il n'y a qu'un pas que nos personnages franchissent allègrement.

Eva Dahlbeck atteint un moment de grâce dans ce film - une présence qui écrase le reste de la distribution. Voici un de ces moments de grâce avec Eva Dahlbeck qui chante Freut euch des Lebens.

Cannes 1956. Prix du "Best Poetic Humor" !!! à Ingmar Bergman. Il l'a appris, chez-lui, en lisant le journal dans la plus petite pièce de la maison.
Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1956

Visionné, la première fois, le 9 novembre 1988 au cinéma St-André-des-Arts à Paris
Petit moment nostalgique : Avant le film qui est à 18 heures, lecture du journal Le Monde à la Brasserie Lipp sur le boulevard St-Germain.
Mon 242ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 5 avril 2023

10 décembre 2012

241. Ashby : Being There


Bienvenue Mister Chance

Film américain réalisé en 1979 par Hal Ashby
Avec Peter Sellers (Chance), Shirley MacLaine, Melvyn Douglas, Jack Warden

Commençons par la fin : quelle bêtise d'avoir mis des bloopers (gaffes) dans la partie des crédits. Carrément, un mépris des spectateurs en plus de bousiller toute la performance de Peter Sellers qui a tout fait pour faire enlever ces scènes... sans succès.

Allez, ça me tente - je ne peux résister : On dirait que les Républicains, depuis cette époque, se sont inspirés de ce film pour aller recruter leur candidat à la présidence.

Après 30 minutes, on se doute bien de la suite. Peu de développement. Après 1 heure, on fait du surplace pour toute l'heure suivante et surtout on n'y croit plus. Le message est trop gros : en politique on est revenu de tout à telle enseigne que, le premier autiste venu, fait figure de génie. Bon, ça valait la peine d'être dit mais ça relève plus de la dissertation de collégiens que d'une analyse réaliste de la vie politique. D'accord c'était une blague - on s'est bien amusé et ça permet à Peter Sellers de jouer dans le plus étonnant rôle de sa carrière quelques mois avant de casser sa pipe.

Un moment étonnant : le final quand monsieur Chance marche sur l'eau. Ça me fait penser à cette phrase d'un ex-premier ministre québécois (s'appliquerait aussi à un ex-président français) constamment contesté par les médias qui disait que les médias le détestaient tellement que s'il marchait sur l'eau on lui reprocherait de ne pas savoir nager.

Vous n'oublierez pas la scène de masturbation de Shirley MacLaine à côté d'un monsieur Chance imperturbable.

Et si on essayait ça : Ce film peut aussi être vu comme une introduction à la robotique. Monsieur Chance, c'est un robot pourvu d'une intelligence artificielle. Il accomplit correctement les tâches quotidiennes d'un humain et il peut même reproduire certains concepts primaires à l'aide d'une vocalisation qui approche celle de l'humain. Pour ce qui est du volet émotionnel, bien, on est loin du compte...

Oscars 1980. Une statuette pour Melvyn Douglas, acteur de soutien.

Visionné, la première fois, le 8 novembre 1988 à la télévision à Paris
Mon 241ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 5 avril 2023

25 novembre 2012

240. Bergman : Le Septième sceau



Film suédois réalisé en 1957 par Ingmar Bergman
Avec Max von Sydow (Antonius Block, le chevalier), Gunnar Björnstrand (l'écuyer), Nils Poppe (Joseph), Bibi Andersson (Marie), Bengt Ekerot (la Mort), Gunnel Lindblom (la muette)

Le Septième sceau est un film métaphysique dont la quête de Dieu est le thème principal. Antonius Block, après avoir parcouru des milliers de kilomètres jusqu'en Terre Sainte pour aller libérer les Lieux Saints de la présence musulmane, revient de la Croisade sans avoir trouvé Dieu. 

La peste noire aussi appelée la mort noire qui ravage son pays à son retour vient confirmer cette absence. On pense à l'aphorisme "Dieu est mort à Auschwitz". En fait, Dieu est mort souvent au cours de sa carrière de chef suprême. Ici, au 14ème siècle, la peste qui exterminera le tiers de la population européenne, est une autre preuve de l'absence de Dieu.

Sachant inéluctable sa rencontre avec la Mort qui l'attend à la fin de la partie d'échecs (voir l'affiche), Antonius Block cherche désespérément la présence divine dans le regard de la jeune fille en train d'être immolée sur le bûcher à cause de ses rapports avec le vilain. Si on peut voir Dieu, se dit-il, c'est certainement dans les yeux d'une personne qui est en train de mourir. Mais son écuyer est implacable avec sa phrase assassine. "Regarde bien dans ses yeux dit-il à son maître. Elle ne voit rien, sauf le vide."

 
Le chevalier : Je ne vois rien sauf de la terreur

Ce film, c'est un vrai festival de plans et de séquences dramatiques qui sont, en soi, des chefs-d'œuvre : l'apparition de la Mort, le visage décomposé par la peste d'un moine assis sur la grève, le défilé des pénitents, la sorcière que l'on mène au bûcher - sa crémation, la danse de la mort, etc. 

Dans cet immense théâtre de noirceur et de mort, une fleur s'ébat au soleil sous la forme d'un couple de saltimbanques, Marie (la lumineuse Bibi Andersson) et Joseph. Avec leur nourrisson, comment ne pas y voir la Sainte Famille ? Ils surnagent au-dessus de cet enfer et nous annoncent que le pire n'est pas toujours certain : la peste s'épuisera et la population européenne se remettra à croître de nouveau.


La "Sainte famille" avec le chevalier
La Sainte Famille avec le chevalier

Bergman et l'absence de Dieu, c'est un thème qui transcende toute son œuvre. Pourtant, Bergman, le grand sceptique, n'en finira pas moins, à la fin de sa vie, après le décès de son épouse Ingrid, à s'ouvrir à la croyance en l'au-delà.

Un très beau chiaroscuro. Gunnel  Lindblom - la muette
Gunnar Fischer à la caméra

Cannes 1957. Prix spécial du jury au réalisateur
Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1958

Visionné, la première fois, le 6 novembre 1988 au cinéma Saint-André-des-Arts à Paris.
Dans un des hauts lieux de la cinéphilie française, en cet automne 1988, il y eut une rétrospective de l’œuvre de Bergman. En deux mois, j'y vis 15 films de Bergman.
Je viens de lire dans Cocktail de saison d'Éric Neuhoff que cet écrivain qui m'avait tellement touché par sa Lettre ouverte à François Truffaut, était lui aussi dans cette même salle à la poursuite de l'œuvre de Bergman en V.O. 
Mon 240ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 3 avril 2023

13 novembre 2012

239. Bresson : Journal d'un curé de campagne



Film français réalisé en 1950 par Robert Bresson
Avec des acteurs non-professionnels comme d'habitude chez Bresson. Claude Laydu (le curé), Jean Riveyre, Adrien Borel, Rachel Bérendt, Nicole Maurey
Adaptation du roman Journal d'un curé de campagne de Georges Bernanos, publié en 1936.

Pauvre curé de campagne, il aurait mieux fait d'atterrir dans un village québécois où il aurait été traité comme un prince tant les concepts d'athéisme et d'anticléricalisme étaient à des années-lumière de cette société rurale traditionnelle - c'était avant la Révolution tranquille du début des années 1960 qui allait renvoyer dans les livres d'histoire le catholicisme orthodoxe qui a enchaîné cette société pendant plus de trois siècles.

Au début du film, on a l'impression qu'on est parti pour un grand tour au pays du mysticisme à cause du comportement alimentaire du curé qui limite sa diète à du pain rassis trempé dans du vin sucré. En fait, il a un cancer de l'estomac en route, ce qui l'oblige à se comporter comme un de ces mystiques masochistes qui aiment se faire souffrir en vue d'une canonisation éventuelle, d'autres préfèrent se jeter en chute libre d'un ballon à plus de 39 000 mètres d'altitude.

En voyant ce film, on pense : Bresson, ce Dreyer français.
 
On est dans les années 30, on circule à vélo dans les villages français. Je me souviens de mon premier voyage en France - décembre 1975 - et de ma surprise de voir tant de personnes à vélo dès que nous parcourions les petites routes de campagne. (En moins de 10 ans, le vélo disparaîtra du paysage français). Il n'y avait plus de vélos au Québec depuis belle lurette ni pour le transport, ni pour le loisir, si on excepte les enfants.  

Le retour du vélo au Québec se fera à partir des années 1990. À telle enseigne que Montréal en 2012 est considérée la ville où le vélo est le plus pratiqué en Amérique.

Vous décidez de ne lire qu'une critique de ce film, je vous conjure de lire le texte qu'André Bazin a écrit les Cahiers du Cinéma. Une citation que j'aime : "Doit-on dire du Journal d'un curé de campagne qu'il est un film muet avec des sous-titres parlés?" Une formule que j'aurais aimé trouvée.

Ambricourt, commune de 114 habitants du département du Pas-de-Calais, comptait 182 habitants lors de la rédaction du roman par Georges Bernanos.

Venise 1951. Trois prix
Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1951.

Visionné, la première fois, le 31 octobre 1988 au cinéma Reflet Médicis à Paris, lors du festival Les Éternels du cinéma français (1930-1960)
31 octobre, c'est le début à Paris de cette saison de brumes matinales, de froidure et de grisaille que l'on retrouve dans ce film de Bresson où il fait novembre dans les paysages et dans les cœurs.
Mon 239ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 3 avril 2023

04 novembre 2012

238. Rossellini : Paisà



Film italien à épisodes (6) réalisé en 1946 par Roberto Rossellini
Avec des acteurs non-professionnels (une trentaine). Certains de ces amateurs sont carrément mauvais. L'utilisation de non-professionnels n'est pas un gage de réalisme, loin de là. Je préférais la formule de Roma, citta aperta, i.e. rôles importants par des acteurs pro et rôles de soutien par des non-pro.
Seulement 3 de ces acteurs auront, par la suite, une carrière professionnelle : Carlo Pisacane (84 films), Maria Michi (19 films) et Giulietta Masina, l'épouse de Federico Fellini, (32 films).

Je ne suis pas un amateur de nouvelles. Je préfère les romans, les gros romans, style À la recherche du temps perdu ou La mer de la fertilité de Yukio Mishima ou Le quatuor d'Alexandrie de Laurence Durrell. J'aime bien avoir le temps de m'installer dans une œuvre.

Alors, c'est vous dire que les films à épisodes (et plus il y en a, pire c'est) me laissent sur ma faim. Pas d'expériences heureuses avec ce format. Paisà, malheureusement, n'échappe pas à la règle, à ma règle, devrais-je dire.  

À cause de cela, après Roma, città aperta, il me semble que Paisà est un peu en recul.

On pourrait objecter et c'est ce que je fais aussi, que ces six épisodes ne sont, en fait, qu'une seule histoire : la libération de l'Italie par les Américains et les Britanniques qui entraîne son lot de malentendus tant au niveau de la langue qu'au niveau des valeurs et des comportements. 

Cette remontée des troupes de libération vers le Nord de l'Italie à partir de la Sicile met en lumière le fossé presque infranchissable entre les soldats des armées étrangères et les populations locales.  C'est ce qui rend le dernier épisode tellement bouleversant parce qu'il nous présente, contrairement aux précédents épisodes, les partisans et les "libérateurs" unis dans leur destinée finale : exécutés qu'ils sont par la troupe allemande.
 
Six épisodes, six lieux d'action : Sicile, Naples, Rome, Florence (on parle de Lucca, lieu de naissance de mon grand-père), les Apennins et le delta du Pô ; chaque épisode est introduit à l'aide d'actualités cinématographiques.

Venise 1946. Prix pour le film et prix pour la réalisation.

Visionné, la première fois, le 25 octobre 1988 au cinéma Montparnasse à Paris
Mon 238ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 3 avril 2023

28 octobre 2012

237. Chabrol : Une Affaire de femmes



Film français réalisé en 1988 par Claude Chabrol
Avec Isabelle Huppert (Marie), François Cluzet, Marie Trintignant, Nils Tavernier, Dominique Blanc
Inspiré du livre du même nom (1986) écrit par Francis Szpiner qui raconte l'histoire de Marie-Louise Giraud, une des dernières femmes guillotinées de France.

Un personnage (Marie) qu'on aime détester comme celui de Lacombe Lucien du film éponyme de Louis Malle.

Un personnage qui réussit, l'ignorance étant son prétexte, à tirer son épingle (excusez ce mauvais jeu de mots) du jeu dans le marécage de l'occupation allemande.

Pas de héros dans ce film, pas de résistants non plus. Les habitants de cette région de Dieppe essaient de survivre tant bien que mal en jouant du marché noir ou de la collaboration. Pour cette "faiseuse d'anges" pas de problèmes d'éthique, pas de problème de conscience puisque tous ceux qui l'entourent, de toute manière, sont plus ou moins compromis par des comportements illicites.

Isabelle Huppert est géniale dans ce rôle de femme "arriviste" qui pratique des avortements sans état d'âme et surtout pas par posture idéologique.

Ne vous y trompez pas, la problématique de l'avortement n'est pas au cœur de ce film. Chabrol n'invite pas son public à prendre position sur cette question; ce qui l'intéresse, c'est l'itinéraire improbable d'une femme de la classe populaire qui veut se sortir de sa condition misérable pour atteindre une certaine aisance financière. D'où notre, je devrais dire mon, manque de sensibilité face au déroulement de sa mise en accusation et de son procès - tout nous apparaît tellement absurde. Cette Marie est "étrangère" à ce qui lui arrive et nous aussi, un peu.

Marie Trintignant, lumineuse dans ce rôle de prostituée - grosse nostalgie !

Venise 1988. Trois prix. Deux pour Claude Chabrol. Un pour Isabelle Huppert.
Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1988.

Visionné, la première fois, le 25 octobre 1988 au cinéma à Paris  
Mon 237ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Retiré de la liste de Schneider depuis l'édition de 2013
Mis à jour le 2 avril  2023

19 octobre 2012

236. Rossellini : Voyage en Italie



Film italien réalisé en 1954 par Roberto Rossellini
Avec Ingrid Bergman (Catherine Joyce) et George Sanders (Alex Joyce)

Après avoir vu Rome, ville ouverte et Paîsa, Ingrid Bergman, vedette hollywoodienne consacrée, tombera en amour avec le cinéma de Rossellini puis avec le réalisateur, pourquoi pas, tant qu'à faire le voyage en Italie. 

De cette union qui ameutera l'Amérique (couple en situation illicite à cause de la bigamie de Bergman), sortiront 5 films : Stromboli, Europa 51, Voyage en Italie, La paura et Jeanne d'Arc - puis, fin de l'aventure - divorce et retour à Hollywood.

Le film : J'aime tout ce qui n'est pas le thème principal du film : vie de couple au bout du rouleau sauvée in extremis par un miracle de la Vierge Marie lors de la procession annuelle, le 19 septembre, en l'honneur de Saint-Janvier, patron de Naples. 

Ce film c'est un peu l'histoire du couple Rossellini-Bergman en fin de piste mais qui, celui-là, ne sera pas sauvé, trois ans plus tard par Saint-Janvier.


Le miracle de la Vierge : le couple raccordé in extremis













Ce que j'aime, c'est Naples et ses quartiers populaires fourmillant de marmaille ; ce sont les catacombes où les gens vont honorer des squelettes millénaires ; c'est le Vésuve avec ses champs de brouillards méphitiques ; ce sont les processions religieuses interminables ;  c'est le travail de moulage des corps ensevelis sous les cendres de l'éruption du Vésuve en l'an 79 - cette dernière séquence, représentant un couple enlacé, ayant une fonction cathartique auprès de Catherine mais y croit-on vraiment ?  

C'est avant tout un film sur Naples, un film sur l'histoire, un film sur l'art, la question du couple n'étant qu'accessoire et comment pourrait-il en être autrement devant cette scène millénaire.
E
Pompéi : moulage de corps ensevelis par l'éruption du Vésuve
Interprétation : Est-il vraiment nécessaire de souligner la performance exécrable du comédien George Saunders. Il ne joue tout simplement pas dans le même film qu'Ingrid Bergman.

Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1955.

Visionné, la première fois, le 22 octobre 1988 au cinéma Montparnasse à Paris
Au même moment, au Cinéma Reflet Médicis, je fréquentais le festival Les Éternels du cinéma français : 50 films de la période 1930-1960 par 38 réalisateurs. 
Mon 236ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 2 avril 2023

11 octobre 2012

235. Rossellini : Rome, ville ouverte



Film italien réalisé en 1945 par Roberto Rossellini
Co-scénarisé avec Federico Fellini
Avec Anna Magnani (Pina), Aldo Fabrizi (Don Pietro), Marcello Pagliero, Francesco Grandjacquet, Harry Feist, Maria Michi

Avec ce film, naissance officielle du néo-réalisme italien : tournage en extérieurs, aspect documentaire, utilisation d'acteurs non-professionnels et d'acteurs professionnels utilisés à contre-emploi (Frabrizi, grand comique joue un rôle de prêtre et Magnani, spécialiste du vaudeville, est dramatique).

Il faut quand même savoir que l'extrême précarité financière de la production a orienté le film vers une authenticité que les productions traditionnelles n'avaient pas. 

Au même moment, Vittorio De Sica tourne Sciuscia dans les mêmes conditions devenant le co-inventeur du néo-réalisme italien. 

Quand Rossellini tourne le film (1er plan le 17 janvier 1945), Rome vient à peine d'être libérée (4 juin 1944). Quant à l'Italie, elle sera  occupée par les troupes allemandes jusqu'en avril 1945.

Premier grand film sur la résistance, Rome, ville ouverte (ce qui signifie en termes militaires qu'on doit éviter de la bombarder) apporte un baume aux Italiens dont le pays fut pendant quelques années le siège numéro deux (ex æquo avec l'Espagne) du fascisme européen.

En sortant du cinéma Montparnasse, place de l'Odéon, ce 15 octobre 1988, après avoir vu Roma, città aperta, jamais Paris ne me parut aussi beau - on ne sort pas indemne de ce type de film - bizarrement, il peut apporter du bonheur.

La mort de Pina
Une des scènes qui me bouleversent à chaque fois : Pina (Anna Magnani), désespérée, abattue, en courant pour rattraper son fiancé qui vient d'être arrêté par les Allemands. Une image forte de l'histoire du cinéma.

Les séquences de la fin du film qui traitent de la torture sont des morceaux d'anthologie. Une scène christique : Un communiste athée torturé par la Gestapo devant un prêtre catholique obligé de regarder cette scène et qui prie pour qu'il réussisse à ne pas parler. Et puis, lorsque le résistant meurt, la colère de ce prêtre, une imprécation terrible qui voue aux géhennes de l'enfer les bourreaux nazis.

Lecture cinéphilique
L'amour est plus froid que la mort. Une vie de Rainer Werner Fassbinder de Robert Katz. Où il appert que Fassbinder est un sacré monstre. Faits retenus : bisexualité complètement déjantée, réalisateur prolifique (11 films en 1969-70)  et, ce qui m'a le plus surpris, admirateur de Douglas Sirk parce qu'il sait séduire les foules ce qui lui manque pendant cette première période. 45 films pour l'intégrale que j'ai faite - site de référence : Rainer Werner Fassbinder Fondation

Cannes 1946. Grand Prix du Festival

Visionné, la première fois, le 15 octobre 1988, au cinéma Montparnasse à Paris
Lors d'une rétrospective Rossellini.
Mon 235ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 2 avril 2023

08 octobre 2012

234. Levinson : Good Morning, Vietnam



Film américain réalisé en 1987 par Barry Levinson
Avec Robin Williams (Adrian Cronauer), Forest Whitaker, Tung Thanh Tran, Chintara Sukapatana, Bruno Kirby, J.T. Walsh

Tous les grands drames sur le Vietnam ayant été tournés (The Deer Hunter, Apocapypse Now, Full Metal Jacket, etc.), on suppose qu'il était temps d'en tirer une comédie. Une sorte de MASH de la guerre du Vietnam. Avec Robin Williams à la barre, on ne risquait pas de s'ennuyer. 

Alors, le Robin nous fait tout un jeu de stand-up comique assis dans une cabine de radio. Mais après une heure de ce jeu, le film s'écrase lamentablement. Ce n'est surtout pas la bluette autour de sa relation amoureuse avec une Vietnamienne et de son amitié naïve avec un jeune Viêt-Cong qui va sauver le film.

Ça se regarde bien une deuxième fois pour mieux saisir toute la portée des blagues en cascade de Williams - évidemment, à voir en version originale, parce que le doublage français est nul à chier.
 
La personnalité du D.J. est inspirée d'Adrian Cronauer qui a animé une émission de radio à Saïgon en 1965-66. Mais, selon ce dernier, seulement 45% de la performance de Williams est ressemblante. On le croit parce que ce Cronauer est un républicain fini qui a appuyé  les campagnes des deux Bush.

Numéro prouesse : le montage de l'interview avec Richard Nixon qui répond à des questions sur sa vie sexuelle. On se délecte tous de ce coup-de-pied au cul à Tricky Dicky. À tourner en boucle.

On retient, pour son ironie décapante, la chanson de Louis Armstrong, What a Wonderful World.

Robin Williams a fait des sacrés numéros de pitre dans sa carrière mais sa prestation qui m'a le plus ébranlé est celle de Walter Finch dans Insomnia de Christopher Nolan. On le voit, en contre-emploi, joué le rôle d'un criminel. Williams, en tueur en série, ça donne des frissons.

Visionné, la première fois, le 12 septembre 1988 au cinéma à Paris
Mon 234ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 1er avril 2023

04 octobre 2012

233. Wenders : L' Ami américain



Film allemand réalisé en 1977 par Wim Wenders
Avec Dennis Hopper (Ripley), Bruno Ganz (Zimmermann), Lisa Kreuzer, Gérald Blain et petits rôles de méchants à trois réalisateurs : Samuel Fuller, Nicholas Ray et Jean Eustache.
Adaptation par Wim Wenders du roman de Patricia Highsmith, Ripley's Game, publié en 1974.

Ne cherchez pas le roman policier de Patricia Highsmith dans ce film, vous ne l'y trouverez pas. En lieu et place de l'intrigue policière vous y verrez le développement d'une improbable amitié entre un encadreur de tableaux de Hambourg (Ganz) et un malfrat de New York (Hopper). 

On met du temps à croire à cette amitié parce qu'on cherche à comprendre le drame policier et ce faisant on passe à côté du film. Puis, lors de la séquence du train et des suivantes, on comprend le titre du film et on se laisse toucher par cette amitié.

Un propos formaliste que je trouve agaçant : l'utilisation intempestive du rouge - on comprend que le héros souffre de leucémie aigue mais on n'est pas obligé de transformer le décor en flacons d'hémoglobine pour autant.

À mon grand plaisir, la ville s'invite comme personnage : New York et ses sempiternelles (sic) tours jumelles ; le quartier de la Défense à Paris que j'ai découvert en 1977, la même année que Wenders y tournait ses séquences un peu stéréotypés de lieu froid et impersonnel ; le port de Hambourg qu'on ne voudrait pas comme arrière-cour.

Légende urbaine florissante à l'époque : dans le film, Ripley (Hopper) dit à Zimmermann (Ganz) qu'il travaille au retour des Beatles à Hambourg, Celle ville les avait accueillis pendant deux ans au début de leur carrière.

À la fin du film, Dennis Hopper commence à murmurer la ballade I Pity the Poor Immigrant de Bob Dylan qui résume bien le caractère de Ripley (Hopper) :
I pity the poor immigrant
Who wishes he would've stayed home
Who uses all his power to do evil
But in the end is always left so alone.

Visionné, la première fois, le 17 juillet 1988 au Cinéma Denfert à Paris
En congé sabbatique à Paris de juin à décembre 1988, j'habitais dans le 15ème près de la Tour Montparnasse - un six-mois paradisiaque pour un cinéphile avec mon amoureuse, Lucie. J'ai vu exactement 100 films durant cette période dont 17 sont sur la liste des 1001 films de Schneider. Mon cinéma préféré était le St-André-des-Arts où fut projetée une intégrale Bergman que je n'ai pas ratée.
Mon 233ème  film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 1er avril 2023

03 octobre 2012

232. Jewison : Moonstruck


Éclair de lune

Film américain réalisé en 1987 par Norman Jewison
Avec Cher, Nicolas Cage, Olympia Dukakis, Vincent Gardenia, Danny Aiello, Fedor Chaliapin Jr.

Une légère comédie romantique qui me touche un peu à cause de cette plongée au cœur de la vie italienne dans le quartier Brooklyn qui me rappelle quelques scènes familiales de mon enfance mi-italienne.

J'aime les images de New York. Depuis qu'elles sont tombées, je cherche les tours jumelles dans tous les films tournés à New York. Ici, très présentes - même sur l'affiche du film.

J'aime les performances de Cher-la-Belle et de Nicolas Cage-la-Bête. Le premier titre du film n'était-il pas The Bride and the Wolf.

J'aime les extraits de La Bohème avec Renata Tebaldi en Mimi.
 
J'aime tous les rôles secondaire, particulièrement, celui de Chaliapin en vieux, naviguant dans le grand âge (plus de 90 ans) et qui n'en a rien à cirer de cette famille toxique et qui lui  préfère sa promenade avec ses cinq chiens - non tirare.

Pratique non connue de ma parenté italienne : Un carré de sucre dans le champagne...ouache...pour le rabaisser au niveau de l'horrible asti spumante, je suppose. Chez nous, lors des fêtes, les enfants pouvaient boire du vin. Il était coupé de 7up ou de coca...Ça améliorait nettement l'horrible piquette produite par mon grand-oncle de Montréal.
 
La pleine lune.... Était-ce vraiment nécessaire ?

Cette phrase qui résume  tout ce que je déteste du cinéma hollywoodien obsédé par les ratings : "The opening title sequence was originally played on the score from La Bohème opera but was changed to the Dean Martin track That's amore as the preview drew negative test audience reaction. Many shifted uncomfortably on their seats thinking that they had been lured into an art film."

Oscar 1987. Trois statuettes : Cher, actrice. Olympia Dukakis, actrice de soutien et scénario.
Berlin 1988. Ours d'argent à Norman Jewison

Visionné, la première fois, le 21 avril 1988 au cinéma Berri à Montréal
Mon 232ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 31 mars 2023


11 septembre 2012

231. Lyne : Fatal Attraction



Film américain réalisé en 1987 par Adrian Lyne
Avec Glenn Close (Alex Forrest), Michael Douglas (Dan Gallagher), Anne Archer (Beth Gallagher), Ellen Hamilton Latzen (Ellen Gallagher, 8 ans - rare présence au cinéma d'une petite fille non déguisée en petite fille)

On sait qu'Adrian Lyne a l'habitude d'en beurrer épais et il ne nous prive pas de sa tartinade pour ce film, mais il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas voir un excellent thriller dans ce Fatal Attraction ; probablement parce qu'on a tous, à un moment ou à un autre dans notre vie, joué dans ce film, tant les affres de la dépendance affective sont choses courantes. 

Impossible dans ces circonstances où le film vient faire une incursion dans notre mémoire émotionnelle de ne pas sentir poindre les flèches de l'anxiété.

Des gens sont montés aux barricades du combat contre la misogynie - soyons sérieux, ce film illustre d'abord la dépendance affective pathologique, qui elle, est bien portante chez les deux sexes.

Comptez sur Lyne pour bousiller son film en nous entraînant, dans les dernières séquences, dans un film d'horreur à la Friday the 13th. Triste

Glenn Close y joue le rôle de sa carrière - une performance époustouflante dans le rôle d'une "bunny boiler" - je vous laisse le plaisir de découvrir la définition de ce terme qui prend son origine dans ce film.

Un autre film dans le même genre que je préfère est Play Misty for Me (1971) de Clint Eastwood avec Eastwood et Jessica Walter. C'était  le premier film d'Eastwood - bien avant que Clint ne se mette à  parler à des chaises vides.

Dans Crimes and Misdemeanors, Woody Allen nous entraîne encore dans ce scénario mais, au grand dam de toute  morale, le personnage trucide la maîtresse dès ses premières velléités de venir briser le cocon familial de son amant. Ce film est un sacré coup de feu dans la morale traditionnelle - on peut faire exécuter quelqu'un sans finalement en éprouver ni remords, ni culpabilité et s'en tirer sans conséquences judiciaires.

Tiré des trivia de IMDB : "According to Glenn Close, people still come up to her to tell her "thanks, you saved my marriage!"

Visionné, la première fois, le 9 février 1988 à la télévision à Montréal
Mon 231ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 31 janvier 2023