22 février 2009

121. Jewison : In the Heat of the Night

1001 films de Schneider : In the Heat of the Night
Dans la chaleur de la nuit


Film américain réalisé en 1967 par Norman Jewison
Avec Sidney Poitier, Rod Steiger, Warren Oates

Revu le jour de la visite de Barak Obama à Ottawa.
Quel est le lien possible entre Obama et Virgil Tibbs, le détective afro-américain (quel affreux mot, en français) de In the Heat of the Night?

Le concept d'Oréo
Une partie de la communauté noire accuse Obama d'être un "oréo" (biscuits au chocolat dont le centre est fourré d'un suspect produit blanc appelé crème) ou un "whippet" (même explication). En gros, un noir très scolarisé qui a réussi à faire son chemin dans les arcanes de l'administration publique, de l'éducation ou de la finance (qui a réussi socialement, quoi!). À cause de cette réussite, on le considère comme un traître à sa race.

Une scène du film nous montre clairement cette situation : Le regard des travailleurs noirs d'un champ de coton dirigé avec animosité vers Tibbs, en complet veston, qui passent près d'eux, assis en avant (voilà l'abîme entre eux et Tibbs) dans la voiture du sheriff blanc.

Sur le même sujet :
La veille de la visite d'Obama, Spike Lee avait donné une conférence à l'université Concordia de Montréal au cours de laquelle il a dénoncé vigoureusement cette mentalité de dénigrement de la réussite.

Extrait de la conférence de Spike Lee :
« Si tu parles un bon anglais et que tu obtiens de bonnes notes, on t'ostracise, déplore Spike Lee. On te traite de vendu, d'Oreo. Mais si tu fumes un gros joint, si tu bois un 40 onces en tâtant tes couilles et en criant Bitch!, t'es un gangsta, un vrai. Ce que ces gens oublient, c'est qu'ils restent des putains d'ignorants. »

Lorsque Lee habitait à Brooklyn, la réussite scolaire était perçue positivement. La chose aurait changé avec l'épidémie de crack, soutient le réalisateur. Il blâme aussi une certaine mouvance hip-hop. Cela constitue à ses yeux une trahison «criminelle» des générations précédentes.

« Durant l'esclavage, si on te surprenait à lire ou à enseigner, on te fouettait, castrait ou pendait. Les mauvais jours, on faisait les trois en même temps. Malgré tout, des esclaves risquaient leur vie. L'éducation était la clé de leur libération, ils le savaient. Alors pourquoi l'abandonne-t-on aujourd'hui? »

Revenons au film :
"They call me Mister Tibbs."
En 2005, considérée la 16ème réplique la plus célèbre de l'histoire du cinéma américain par American Film Institute entre "E.T. phone home" et "Rosebud".

Pour des raisons géopolitiques, le film dont l'action se passe dans la petite ville de Sparta au Mississippi a été, plutôt tourné, à Sparta, Illinois, durant l'automne de 1967 après le fameux Hot Summer de 1967 durant lequel il y eut plusieurs émeutes dans les ghettos noirs dont, plus particulièrement, ceux de Newark et de Détroit qui firent 69 morts. Après cet été turbulent et, surtout, connaissant l'attitude franchement hostile des Blancs du Sud vis-à-vis l'émancipation des Noirs, il était hors de question de tourner ce film dans le "Deep South".

Deux films sur le racisme en compétition pour les Oscars de 1968, l'autre étant Guess Who's Coming to Dinner de Stanley Kramer dans lequel joue également Sydney Poitier. C'est quand même bizarre que Poitier ne fut même pas mis en nomination comme meilleur acteur dans aucun des deux films. Une belle occasion ratée de montrer que la discrimination raciale n'était le fait que des "rednecks" du "Deep South". J'exagère peut-être un peu pour faire de la rhétorique. En fait, Sydney Poitier avait déjà gagné l'Oscar du meilleur acteur 4 ans auparavant dans le film Lilies of the Field et Rod (chewing gum) Steiger défonce carrément l'écran dans In the Heat of the Night, ce qui lui valut l'Oscar du meilleur acteur.

Mais la réalité est quand même du côté de la discrimination. En 80 ans de remise de Oscars : seulement 4 acteurs noirs ont obtenu l'Oscar du meilleur acteur : Sydney Poitier, Denzel Washington, Jamie Foxx et Forest Whittaker et une seule actrice noire : Halle Berry.

Suites à In the Heat of the Night :
They Call Me MISTER Tibbs! (1969) de Gordon Douglas. 6.0 sur 10 selon IMDB
The Organization (1971) de Don Medford. 6,0 sur 10 selon IMDB
Dans les deux films, on y retrouve Sydney Poitier en Virgil Tibbs.
Pas sûr que j'aie le goût de voir ça. Vous connaissez mon horreur des "suites".

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1968. Numéro 200. Par Bernard Eisenschitz
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1968 : Cinq statuettes : Film. acteur (Rod Steiger). montage, son. scénario tiré d'un autre média.

Visionné, la première fois, le 6 mars 1976 à la télévision à Montréal.
Vu, au cinéma, le même jour, un film qui m'a beaucoup touché et auquel je repense régulièrement mais que j'ai peur de revoir. Il m'est arrivé si souvent de voir un de ces films marquants, démoli par un nouveau visionnement; je préfère ne pas les revoir et les laisser à l'abri, bien au chaud dans ma mémoire. L'important, c'est d'aimer d'Andrzej Zulawski est un de ces films dont le visionnement est attachée à une période très bouleversante de ma vie et le revoir dans une autre période, disons plus calme pour ne pas dire plus sage, le banaliserait peut-être.
Mon 121ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 1er février 2023