17 mars 2008

78. Leone : Once Upon a Time in the West

1001 films de Schneider : Once Upon a Time in the West
Il était une fois dans l'Ouest


Film italien réalisé en 1968 par Sergio Leone
Avec Charles Bronson, Henry Fonda, Claudia Cardinale, Jason Robards, Gabriele Ferzetti

"Il piu spettacolare western di tutti i tempi"
Pour une des rares fois, je suis d'accord avec une publicité sur une affiche de cinéma. Ce film synthétise, tout en les portant à un sommet jamais atteint jusque-là, tous les éléments stylistiques du genre western développés depuis sa naissance en 1903 dans The Great Train Robbery de Edwin S. Porter. 

Avec ce film, le western perd son innocence. Il ne sera jamais plus ce faire-valoir de la grande épopée de la conquête de l'Ouest glorifiant ces pionniers blancs venus de l'Est à la recherche d'un avenir meilleur.

Ce que Leone nous dit c'est que la conquête de l'Ouest est une des plus perfides manifestations du capitalisme sauvage qui s'associe aux pires tueurs pour atteindre ses objectifs. C'est peut-être ce qui explique le peu de succès de ce film au box-office américain alors qu'il fut en tête des palmarès en Europe. Les Américains vont difficilement accepter qu'un Italien viennent leur faire la leçon sur un de leurs plus grands mythes : la conquête de l'Ouest. On peut voir cet accueil plutôt froid dans la critique d'un des plus grands critiques de cinéma américain, Roger Ebert du Chicago-Tribune. L'art de passer à côté d'un chef-d'œuvre

Pour moi, en ce mois de juillet 1971, coup de foudre comme on en subit peu dans une vie de cinéphile. Coup de foudre d'autant plus violent que j'allais voir ce film avec une tonne d'appréhensions. Les westerns, j'en avais vus des dizaines depuis mon enfance et j'en avais carrément ma claque de ce genre qui ruminait toujours les mêmes séquences de valeureux cow-boys et d'exécrables bandits sempiternellement personnifiés par les Wayne, Cooper, Stewart et autres employés de la fabrique hollywoodienne. Parmi ces employés, il y avait Henry Fonda, le sempiternel Mister Good Guy. Leone en fera un des pires tueurs psychopathes de western.

Imaginez la scène : plan de caméra à la hauteur des hanches, on voit un type dégainé et tué un enfant de 8 ans qui tente de s'échapper; la caméra remonte vers le visage et, sacrilège infâme, c'est Henry Fonda dans un rare (le seul?) rôle de salaud de sa carrière. Et ce gros plan qui fait frémir:


Une séquence d'anthologie : les 14 minutes de l'ouverture. Bienvenue dans l'univers temporel de Leone. Attente, tension, anxiété, impatience maîtrisée, la sueur qui perle sur les visages, les mouches collantes, le temps qui s'incruste dans chacun des rictus : le film impose sa marque.

Une séquence d'anthologie bis : le duel final entre Jack (Fonda) et Harmonica (Bronson) noyé dans la musique lancinante puis symphonique de Morricone. Inoubliable.

Un secret de tournage macabre : Alfred Mulock, un des trois mercenaires de la scène d'ouverture, se suicide en sautant de sa chambre d'hôtel au retour d'une journée de tournage.

Ennio Morricone a composé la musique de cet opéra-western. Musique à jamais associée avec une des grandes expériences de ma vie de cinéphile mais aussi avec la fin du temps de l'innocence.

Lecture cinéphilique
Le dictionnaire Truffaut sous la direction d'Antoine de Baecque et d'Arnaud Guigue. Publié en 2004. Tout Truffaut en pièces détachées; plus de 300 entrées. Pour inconditionnel de Truffaut seulement. Dans la lettre "A" l'article intitulé "Apostrophe", le fameux passage de Truffaut-en-péril.

Critique. Cahiers du Cinéma. Octobre 1969. Numéro 216. Par Serge Daney. Mars 1970. Numéro 218. Clio veille par Sylvie Pierre.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Aucun prix important, même pas une nomination aux Oscars, pour la musique. Les Américains n'ont vraiment pas aimé.

Visionné, la première fois, le 12 juillet 1971 au cinéma à Québec
Mon 78ème film visionné de la liste des 1001 films de Schneider
Mis à jour le 20 janvier 2023