20 mars 2007

27. Godard : Masculin, féminin

1001 films de Schneider : Masculin, féminin



Film français réalisé en 1966 par Jean-Luc Godard
Avec Jean-Pierre Léaud, Chantal Goya et Marlène Jobert.

Bon Dieu que ce film a vieilli. J'ai l'impression, en le revoyant près de 40 ans après, que je regarde un film droit sorti du cours Cinéma 101 du collège où j'enseigne. Le même nombrilisme adolescentin, les jeux de mots recherchés à tout prix, l'analyse politique en noir et blanc, la grandiloquence du mal existentiel de la puberté qui s'étire.

Tout ça tricoté serré avec la réalité sociologique de 1965 : guerre du Vietnam, l'amour libre, la problématique de la régulation des naissances, la futilité de la musique pop, etc. Arrosé tout ça d'un machisme masculin et vous avez un ersatz du discours dominant de la jeunesse occidentale en route vers la contestation étudiante de 1968.

D'ailleurs, une grande série télévisée tournée à cette époque, C'était hier, dédiée à l'analyse des conflits politiques du monde des années 50 et 60, a consacré un épisode à Mai-68. Le titre de cet épisode a repris un slogan du film de Godard : Les enfants de Karl Marx et de Coca-Cola. Cette série (malheureusement introuvable aujourd'hui), composée de 10 épisodes, est à voir absolument.

Évidemment, Godard se moquait de ces jeunes machistes qui posaient en révolutionnaire afin de séduire ces midinettes sans culture politique. L'interview de "miss 19 ans" est un sommet du genre : il est difficile de montrer plus de mépris vis-à-vis l'inculture politique des jeunes filles du milieu pop.

Je me souviens m'être très bien reconnu dans le personnage joué par Léaud. Je jouais beaucoup sur mon image de "révolutionnaire" pour essayer de séduire les filles. Bon ça marchait pas beaucoup pour moi non plus mais je pouvais me replier sur l'image du grand incompris par cette société superficielle et bourgeoise. Bon, allez, rideau!

Curiosité : Bob Dylan qu'on surnomme Vietnik (de Vietnam et Beatnik). Moi, qui suis un "bobcat" fini, je n'ai jamais entendu cette appellation nulle part à propos de Dylan, d'autant plus qu'il ne s'est jamais impliqué dans la contestation de la guerre du Vietnam. Il était, plus ou moins, retiré du monde pendant toute cette période suite à son accident de motocyclette, survenu le 29 juillet 1966, qui lui a servi de prétexte pour fuir l'engrenage médiatique qui était en train, carrément, de le bouffer vivant.

 Impossible de voir un film de la Nouvelle Vague sans voir Dominique Zardi (décédé en 2009). Selon IMDB, on crédite Zardi de 314 présences. Des fans parlent même de plus de 500 figurations.

Première présence au cinéma de Marlène Jobert.

Caméos : Brigitte Bardot, Françoise Hardy, Birger Malmsten (acteur des premiers films de Bergman), Med Hondo, réalisateur africain.

Critique : Cahiers du Cinéma. Juin 1966. Numéro 179. Jean-Luc Godard et l'enfance de l'art par Michel Delahaye.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Berlin 1966. Trois prix dont l'ours d'argent pour Jean-Pierre Léaud
Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1966

Visionné, la première fois, en septembre 1967 au cinéma Élysée à Montréal lors d'une visite, avec Annie, de L'Exposition universelle de Montréal de 1967 qui devait fermer ses portes quelques jours plus tard.
Mon 27ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 12 janvier 2023