09 novembre 2008

105. Tati : Playtime

1001 films de Schneider : Playtime


Film français tourné en 70 mm et réalisé en 1967 par Jacques Tati
Avec Jacques Tati et des centaines d'acteurs non professionnels.

Pauvre monsieur Hulot. Toujours en rupture avec son environnement. Jamais intégré, toujours un pas à côté. Mais heureux, quand même.

Pauvre monsieur Tati. Toujours en rupture avec le courant cinématographique dominant. Jamais intégré, toujours un pas à côté, un pas en avant, diront certains, un pas en arrière, diront la plupart lors de la sortie de Playtime en janvier 1968.

Catastrophe au box-office, aucune distribution aux États-Unis, des investissements faramineux (le film français le plus cher jusqu'à cette date); alors le monsieur Tati, contrairement à monsieur Hulot, fut plutôt malheureux. Le trou financier, dans lequel sa compagnie de production plongea, mit fin, à toutes fins pratiques, à la carrière de Tati ; les films suivants étant plutôt en mode mineur en comparaison de sa production antérieure.

Date de sortie sur les écrans français : début 1968. Ce 1968 n'était pas disposé à accueillir un tel film, tout en finesse, en demi-sourires, en demi-teintes (tout est en noir, bleu, gris et blanc) dont tout le propos est dans la forme.

On était au beau milieu, probablement, de la période la plus bavarde, la plus gueularde, la plus revendicatrice du vingtième siècle. Alors on peut comprendre que les critiques et les spectateurs aient pu passer complètement à côté d'une œuvre hors de son temps, qui ne contestait rien, qui ne remettait pas la société en question (même pas l'architecture moderne, contrairement à ce que l'on pourrait croire) et, crime pour l'époque, démontrait une certaine sympathie pour les Américains.

Tativille
Tati, ne pouvant tourner à Orly ou dans l'édifice Esso de La Défense à Paris, a décidé de construire sa propre ville moderne. Il a choisi de créer d'immenses maquettes représentant des tours à bureaux sur des terrains désaffectés de la "zone", au sud-est de Paris. Il a englouti des sommes énormes dans la construction de sa ville. Personne ne voulant récupérer ces maquettes, tout a été détruit après le tournage : quelle horreur!















Lecture cinéphilique
"Have You Seen...?" A Personal Introduction to 1,000 Films de David Thomson.
Vous allez dire : "Pas encore une autre liste de meilleurs films". 
Beaucoup de ces listes sont constituées à partir de sondages auprès de la population, déniant ainsi toute crédibilité. En effet, pour établir une liste de meilleurs films, j'estime que les "sondés" doivent avoir vu au moins 5000 films (chiffre arbitraire mais qui me semble un minimum) couvrant toute l'histoire du cinéma. Sinon, on nage dans le vox populi, comme ces émissions d'informations qui installent leur caméra au coin de la rue et qui demandent aux passants s'ils sont pour ou contre la présence de bactéries dans le yaourt ou bien s'ils sont pour ou contre de donner à leur enfant le prénom Barack, comme si leur enquête avait une quelconque valeur scientifique.

David Thomson appartient, à l'instar de monsieur Cinéfiches (qui a vu plus de 20 000 films, rien que ça), à ce petit groupe de grands cinéphiles qui ont vu suffisamment de films pour créer une liste crédible. Leur liste feront partie, avec une vingtaine d'autres, de ma deuxième édition du palmarès des meilleurs films du 20ème siècle à paraître dans le courant de l'année 2009.

Critique. Cahiers du Cinéma. Février 1968. Numéro 198. Par Jean-André Fieschi.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleur films de l'année 1967.

Visionné la première fois en 1973, au cinéma à Québec
Mon 105ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 28 janvier 2023