Film français réalisé en 1972 par Luis Bunuel
Avec Fernando Rey, Paul Frankeur, Delphine Seyrig, Bulle Ogier, Stéphane Audran, Jean-Pierre Cassel
Regardez l'affiche. D'un tel mauvais goût.
C'est une illustration de l'acronyme anglais WYSIWYG (What You See Is What You Get)., utilisé dans le monde informatique pour nous dire que le produit obtenu correspondra à l'image montrée sur l'écran.
Ce melon chapeautant des lèvres gonflées au botox (sauf que le botox n'apparaît que dans les années 80) porté par des guiboles pas très nettes est un bel aperçu de ce qui vous attend si vous mettez les pieds dans ce film.
Avis aux amateurs.... dont je ne suis plus. Toute la panoplie surréalistico-oniristique de Bunuel vous y attend de pied ferme .
Dans ma longue adolescence qui s'est étendue bien au-delà des limites définis par les bouquins sur la psychologie du développement, j'étais un fan fini du surréalisme et, au cinéma, des univers fellino-buenéliens, mais la réalité dure et têtue du monde adulte a changé mes intérêts cinéphiliques; thank God!
Mon plus beau moment : le dernier plan du film
Dans le dernier plan, les 6 bourgeois s'éloignant sur un chemin de campagne, ne nous renvoit-il pas au dernier plan du film d'Ingmar Bergman, Le septième sceau ,dans lequel l'on voit 6 personnages s'éloignant sur une colline, entraînés par la mort et sa faucille? De fait, ces six bourgeois sont morts.... de ridicule; assassinés par les dialogues et les "one-liners" de Bunuel et de Jean-Claude Carrière.
Exemple, entre cent :
Stéphane Audran) : "Encore un peu de foie gras, mon colonel ?" Dans cette ligne, toute l'expression de la bourgeoisie française .
Un résumé du film? Jürgen Müller dans Les films des années 70, à propos de Le charme discret de la bourgeoisie : "un grotesque carnaval des idées et des clichés bourgeois".
Lecture cinéphilique
Images. My Life in Film de Ingmar Bergman.
Bergman nous parle du tournage de chacun de ses films dans des textes courts, truffés d'extraits de son journal personnel. À côté de descriptions de ses relations avec les producteurs, les caméramans, les acteurs, beaucoup de plongées au cœur de son univers névrotique qui nous disent pourquoi ce réalisateur a suscité tout au cours de sa vie, tant avec ses acteurs qu'avec ses proches, des relations amour-haine qu'il entretenait lui-même avec le cinéma.
Extrait de son journal du 22 mars 1983 (Après avoir terminé le tournage d'Après la répétition) : "I don't ever want to make films again. I want to quit, I want peace. I don't have the strenght anymore, neither psychologically nor physically." En fait, il tournera encore 3 autres films, mais pour la télévision.
Oscars 1973. Meilleur film en langue étrangère
Visionné, la première fois, en septembre 1973,au cinéma à Madrid
Seul, à Madrid, en sortant du cinéma, je vois à la une des journaux dans les kiosques, la mort de Salvador Allende lors du renversement de son gouvernement par Augusto (sic) Pinochet. Grande tristesse au pays de Franco-la-muerte.
Le film de Bunuel est disparu rapidement de mon écran radar, entraîné par la tourmente de la vie nocturne madrilène que je découvrais, ahuri et complètement séduit. En le revoyant aujourd'hui, j'ai vraiment l'impression de le voir pour la première fois. J'avais tout oublié sauf peut-être l'impression que tout le film était un huis-clos autour de la table.
Mon 100ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 25 janvier 2023