18 mai 2008

89. Dreyer : La Passion de Jeanne d'Arc

1001 films de Schneider : La Passion de Jeanne d'Arc


Film français réalisé en 1928 par Carl Theodor Dreyer
Avec Maria (Renée) Falconetti, Eugène Silvain, André Berley, Maurice Schutz, Antonin Artaud

Un des plus formidables huis-clos de l'histoire du cinéma. Sensation d'étouffement tellement les plans rapprochés se succédant à un rythme rapide nous emprisonnent dans cet univers inquisitorial. Jamais, pendant tout l'interrogatoire, n'avons-nous une vue d'ensemble de ce tribunal qui s'acharne sur la Jeanne. Étouffement tel que la sortie de Jeanne de la prison en direction de l'échafaud nous apparaît comme un immense soulagement. Enfin, un espace ouvert. Le bûcher libérateur.

Dreyer a monté le film en 1500 plans. Parmi ceux-ci, j'ai compté 403 très gros plans du visage de Jeanne.

Une prestation de comédienne qui n'a que le visage (sans voix, sans corps) pour exprimer toute la gamme des émotions vécue par un personnage soumis à un tribunal d'Inquisition. Falconetti accomplit une prouesse jamais égalée dans toute l'histoire du cinéma.

Je suis en amour avec Falconetti : ses yeux, sa bouche, sa détresse; aucune actrice à cette époque (que dis-je toutes les époques) n'offre une telle prestation. Une si grande détresse avec une telle retenue, c'est inoubliable.

Si vous n'êtes pas touchés, c'est parce que, comme dirait Amélie Poulain, vous êtes moins qu'un légume car même les artichauts ont un cœur.

Falconetti est morte, oubliée, à Buenos Aires en 1946.

Lecture cinéphilique : Hitchcock/Truffaut.
Hitchcock a beaucoup adapté d'œuvres littéraires. Alors la sempiternelle question de la détérioration de l'œuvre littéraire lors de son adaptation cinématographique est revenue le hanter tout au long de sa carrière. Lorsque Truffaut soulève cette question, il répond par cette amusante petite histoire :
"Deux chèvres sont en train de brouter les bobines d'un film. Lorsque l'une demande à l'autre si elle se régale; cette dernière lui répond qu'elle aimait mieux le livre."

Critique. Cahiers du Cinéma. Février 1952. Numéro 9. Par Lo Duca. Novembre 1952. Numéro 17. La Voix du silence par Amédée Ayfre
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, en 1971 à la télévision à Québec
La version visionnée en 1971 était bien étriquée (70 minutes au lieu de 82). Ce n'est qu'en 1981 qu'on trouva dans un asile psychiatrique (!!!) de Norvège la version originale qu'on croyait avoir perdu dans les flammes au début des années 30. La bande sonore qui accompagne cette version, Voices of Light, composée en 1985 par Richard Einhorn, est un oratorio inspiré par le film : magistral.
Mon 89ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 22 janvier 2023