25 avril 2007

32. Teshigahara : La Femme des sables

1001 films de Schneider : La Femme des sables



Film japonais réalisé en 1964 par Hiroshi Teshigahara
Avec Eiji Okada et Kyôko Kishida

Un entomologiste, en excursion dans le désert, ayant manqué son autobus de retour, est hébergé par une femme qui habite une maison dans un trou de sable. Le lendemain, à son grand désarroi, il ne peut plus quitter cet endroit parce qu'on y a retiré l'échelle qui permettrait d'en sortir. Il découvre alors qu'il est l'objet d'un complot dont l'objet est de fournir un compagnon et une aide à la femme esseulée depuis la disparition de son mari et de sa fille sous des tonnes de sable.

Commence alors la répétition d'une tâche quotidienne qui consiste à pelleter du sable sans quoi les villageois les privent d'eau et de nourriture. La répétition de cette tâche nous renvoie au mythe de Sisyphe : monter la pierre jusqu'au sommet de la montagne pour la voir débouler jusqu'en bas puis la remonter de nouveau; ce cycle sans fin étant la plus parfaite illustration de l'absurdité selon Albert Camus.

Jusqu'à la fin, l'homme tente, sans succès, de sortir de cette prison. Finalement, il se résigne à son sort et on peut penser qu'il finit par y trouver un certain bonheur puisqu'à la fin, lorsque la femme quitte le trou à cause d'une urgence médicale et que les villageois laissent l'échelle en place, il décide, après une promenade en dehors du trou, d'y retourner définitivement. "Il faut imaginer Sisyphe heureux" dirait Albert Camus. Le dernier plan nous informe que la disparition de l'entomologiste remonte à 7 ans.
Toutes les interprétations sont possibles. Voilà pour le contenu.

Mais ce film est dominant surtout pour la photographie. Une merveille. Jamais on n'a filmé le sable avec une telle maîtrise. Grain de sable, grain de photo, grain de la peau. On retrouve à quelques reprises de très gros plans où les grains de sable se confondent avec le grain de la peau. Charge érotique puissante. Les ébats sexuels sont rares mais les séquences sont hautement érotiques; la plus belle étant le moment où l'homme enlève le sable sur le dos de la femme. Moment de recueillement, s.v.p. Ouf!

Ce film doit absolument être vu au cinéma. Les nombreuses séquences de nuit ne sont pas visibles sur un écran normal de télévision. On n'y voit que du noir et notre propre reflet sur l'écran de la télé. Misère.

Critique : Cahiers du Cinéma. Février 1965. Numéro 163. Conte de la dune vague par Jean Narboni.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Cannes 1964. Prix spécial du jury

Visionné, la première fois, en 1968 à la télévision à Québec
Mon 32ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 13 janvier 2023