26 janvier 2010

159. Bertolucci : Novecento

1001 films de Schneider : Novecento

Retiré de la liste de Schneider en 2013.



Film italien réalisé en 1976 par Bernardo Bertolucci
Avec Gérard Depardieu, Robert De Niro, Dominique Sanda, Francesca Bertini, Laura Betti, Werner Bruhns, Alida Valli, Stefania Sandrelli, Donald Sutherland, Burt Lancaster, Sterling Hayden

Par ce bel après-midi neigeux, en m'entraînant au mont Royal, j'ai écouté dans mon IPod cette chanson de Jean Ferrat, La montagne, qui nous dit qu'il est dommage que les rats des champs deviennent des rats des villes. C'était une de mes chansons fétiches au temps de ma jeunesse. En l'écoutant, je n'ai pas pu m'empêcher de faire le lien avec le film de Bertolucci. Novecento c'est, ni plus ni moins, Ferrat qui fait du cinéma. Si Ferrat avait voulu faire un film sur la lutte des classes, c'est Novecento qu'il nous aurait donner à voir sans les scènes de nudité (Ah! divine Dominique Sanda) et de violence gratuite (le massacre du petit Patrizio). Ce Novecento, c'est de la pure naïveté, à des kilomètres de la réalité du monde rural de l'Italie à l'époque du fascisme.

On n'attendait certainement pas un tel film, sans nuances et accrocheur, d'un cinéaste qui nous avait donné Le dernier tango à Paris, quatre ans auparavant. Peut-être que Bertolucci, par ce manichéisme tonitruant (tous les paysans sont gentils et solidaires, tous les fascistes sont des pervers sanguinaires), nous demande tout simplement de retrouver notre cœur d'adolescent révolutionnaire : prolétaires de tous les pays, unissez-vous. N'a jamais marché ce machin.

Allez ! un peu de nostalgie... la chanson Vingt ans de Ferré : "et en cherchant son cœur d'enfant, on dit qu'on a toujours vingt ans". Buena notte Robert.

Le financement du film par le triumvirat d'Hollywood (United Artists, Paramount et 20th Century Fox) explique peut-être ses allures d'immense tarte à la crème.

Avez-vous reconnu Sterling Hayden, le personnage principal du film de Stanley Kubrick, The Killing dans le rôle du grand-père d'Olmo ?

Le fasciste Attila (Donald Sutherland), sûrement l'un des dix personnages les plus ignobles de l'histoire du cinéma. On ne peut faire pire à titre de "gros méchant loup". Sutherland a tellement été horripilé par son personnage qu'il a refusé de revoir ce film pendant de nombreuses années.

Critique. Cahiers du Cinéma. Septembre 1976. Numéro 270. Le Ballon rouge par Serge Toubiana
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, le 11 mars 1978 au cinéma Parisien à Montréal
Le Cinéma Parisien, situé sur la rue Sainte-Catherine ouest, qui a hébergé pendant de nombreuses années la programmation du Festival des Films du Monde, a fermé ses portes le 11 avril 2007
Mon 159ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

19 janvier 2010

158. Chaplin : Modern Times

1001 films de Schneider : Modern Times
Les temps modernes


Film américain réalisé en 1936 par Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin et Paulette Goddard

À 22 ans, le petit vagabond nous fait ses adieux en nous laissant sur une note d'espoir.



Mais non, sans auparavant, avoir jeté quelques pavés à la figure de l'industrialisation sauvage qu'il estime être responsable de ces millions de travailleurs jetés à la rue pendant la Dépression (c'est Chaplin plutôt que Charlot qui dit ça - d'ailleurs celui-là subira les foudres du maccarthysme dans les années 50 à cause justement de ce Modern Times).

Le début de Modern Times, c'est un peu Metropolis de Fritz Lang rejoué
.
À propos de la chaîne de montage qui rend fou, voir un documentaire de Louis Malle tourné en 1974, Humain, trop humain. Pénible à voir parce que tellement long mais un documentaire très percutant quant à la déshumanisation du travail à la chaîne dans l'usine de Citroën à Rennes. Un boulot lancinant et pénible qui mène tout droit à la dépression. Film sorti dans l'intéressante collection Eclipse chez Criterion. On retrouve dans ce même coffret un impressionnant documentaire de Malle de 6 heures sur l'Inde : L'Inde fantôme - un document qui n'a pas pris une ride.

Près de 10 ans après les premiers "talkies", Chaplin fait toujours de la résistance même si on sent bien que son combat contre le "parlant" est perdu. Donc, plutôt faire disparaître le vagabond plutôt que la compromission. On comprend que Charlot ne pouvait pas avoir le don de la parole - un tel personnage, probablement le plus universel de tous les temps devant Jésus-Christ et les Beatles (n'en déplaise à John Lennon), ne pouvait tout simplement pas commencer à parler anglais. Mais, avant d'abandonner le combat, pourquoi pas un dernier pied-de-nez de Charlot au cinéma bavard : la chanson en pseudo espéranto (j'y reconnais du français, de l'anglais, de l'italien, de l'espagnol et du portugais) dont l'air est emprunté à la chanson  Je cherche après Titine.

Une Noire dans le panier à salade qui emmène Charlot et la Gamine au commissariat. Des questions : combien de figurants noirs dans les films de Chaplin avant celui-ci ? Qu'est-ce qui motivait l'intégration de figurants noirs dans les films intégralement "blancs" de l'époque ?

Visionné, la première fois, le 9 mars 1978 à la télévision à Montréal

Mon 158ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

08 janvier 2010

157. Chaplin : City Lights

1001 films de Schneider : City Lights
Les lumières de la ville


Film américain réalisé en 1931 par Charles Chaplin
Avec Charles Chaplin, Harry Myers, Virginia Cherrill

Charlot fait de la résistance.
Quatre ans après la sortie du Jazz Singer d'Alan Crosland, on aurait dû s'attendre à un Charlot parlant mais il n'était pas question que ce personnage universel devienne tout à coup anglophone. Quel choc s'eut été. Il était décidé que Charlot ne parlerait jamais - plutôt le faire disparaître que de céder à l'impératif de la technologie du parlant.

Mais Chaplin ne pouvait pas s'empêcher de faire un pied-de-nez au cinéma parlant. La seule concession qu'il fait au parlant se trouve dans la première séquence du film dans laquelle les personnages (en fait, Chaplin lui-même) parlent à travers un gazou.

Un des beaux mélodrames de l'histoire du cinéma. Préparez vos mouchoirs. La première fois que j'ai vu ce film, ce fut un droit au cœur. Il faut dire que j'ai la larme facile au cinéma - des deuils de l'enfance non complétés ? C'est ce qu'on dit et j'aime bien cette explication. On a tous un enfant blessé qui dort au chaud quelque part au fond de nous.

Je dois vous faire partager cette expérience vécue par le critique de cinéma américain Roger Ebert au festival de Venise en 1972 :
"One night the Piazza San Marco was darkened, and City Lights was shown on a vast screen. When the flower girl recognized the Tramp, I heard much snuffling and blowing of noses around me; there wasn't a dry eye in the piazza. Then complete darkness fell, and a spotlight singled out a balcony overlooking the square. Charlie Chaplin walked forward, and bowed". Quel moment unique : le vagabond sur la place des Doges. J'aurais préféré être là plutôt qu'à Woodstock où je n'étais pas non plus.

D'après James Agee, romancier américain gagnant d'un prix Pulitzer, la séquence finale de la rencontre entre le vagabond et la fleuriste (pastichée par Giulietta Masina dans les Nuits de Cabiria de Fellini et par Woody Allen dans Manhattan) serait "the greatest piece of acting and the highest moment in movies.” Bon, un peu exagéré mais, par ailleurs, il est vrai que c'est une séquence très émouvante.

Curiosité : Sauriez-vous reconnaître Jean Harlow dans son dernier rôle de figurante ?

Critique. Cahiers du Cinéma. Septembre 1951. Numéro 5. Un Premier amour par J. J. Richer
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, le 2 mars 1978 à la télévision à Montréal
Mon 157ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022

03 janvier 2010

156. Chaplin : The Gold Rush

1001 films de Schneider : The Gold Rush
La ruée vers l'or



Film américain réalisé en 1925 par Charles Chaplin 
Avec Charles Chaplin, Mack Swain, Tom Murray, Georgia Hale, Henry Bergman

Hier, j'ai vu au cinéma Beaubien à Montréal, le dernier Almodovar, Los abrazos rotos (Étreintes brisées), grande déception que ce mélo dont la fin est ratée. Restez plutôt à la maison et dégagez votre entrée qui vient de recevoir 20 centimètres de neige. En récompense, allez vous chercher les Inglorious Basterds qui vient de sortir en dvd.

Revu The Gold Rush, version de 1942 (poster ci-haut de 1941). Chaplin donne sa voix à son film. Ce n'est pas une idée fameuse. Cette voix, même si elle est de Chaplin, est agaçante. Le film se défendait très bien en muet. On a l'impression qu'il nous prend pour des tarés en "surtitrant" toutes les scènes de dialogue. Pas aimé.

Seule prise extérieure du film : la reproduction du passage du col de Chilkoot, entre la Colombie-Britannique et l'Alaska, emprunté par des dizaines de milliers de chercheurs d'or à la fin du 19ème siècle. La scène a été tournée au Sugar Bowl dans la Sierra Nevada près du Lac Tahoe en Californie. Pour tourner la scène, Chaplin a eu besoin de centaines de figurants qu'il est allé littéralement cueillir dans les rues de Sacramento.

Col de Chilkoot en 1898. La scène que Chaplin a reproduite au début de son film

Un tas de scènes d'anthologie : le bouilli de bottes, poulet à la Charlot, la tempête dans la cabine, la glissade de la cabine et, la plus fameuse, la danse des petits pains, idée empruntée à Roscoe Arbuckle (dont la carrière prit fin en 1923 à la suite à d'injustes accusations d'homicide) dans le film The Rough House.

Visionné, la première fois, le 24 février 1978 à la télévision à Québec
Mon 156ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 29 décembre 2022