15 février 2011

198. Bergman : Fanny et Alexandre

1001 films de Schneider : Fanny et Alexandre



Film suédois réalisé en 1982 par Ingmar Bergman
Avec Bertil Guve, Pernilla Allwin, Börje Ahlstedt, Allan Edwall, Ewa Fröling, Gunn Wallgren, Jarl Kulle, Jan Malmsjö

Bergman tourne son dernier film pour le cinéma. 

Il a toujours dit que le théâtre était son art préféré, le cinéma ne servant pendant une partie de sa carrière qu'à sa survie économique.

Il utilisait la période morte entre deux saisons théâtrales pour tourner. Mais ce qui demeure, c'est sa prodigieuse production cinématographique, sa production théâtrale ne demeurant que dans la mémoire d'une génération de Suédois qui est en train de disparaître.

Fanny et Alexandre (en fait, pourquoi Fanny, puisque c'est de l'enfant Ingmar dont il est question ?) est un beau feu d'artifice en guise de testament. Un film flamboyant marqué par des scènes, réelles et imaginaires, tirées directement de son enfance. Tout est parfait dans ce film : direction d'acteurs, caméra, mise en scène, décors, costume.

Un film de 185 minutes qui est un remontage de la production télévisée qui dure 312 minutes, à privilégier, évidemment. Criterion a édité les deux versions présentées dans un magnifique coffret qu'accompagne "The Making of Fanny and Alexander" que Bergman a tourné en 1986.

Fanny et Alexandre, pour moi, c'est un peu ma "madeleine-de-Proust" des Noëls d'antan.

Comme dans le film de Bergman,  les Noëls de mon enfance se passaient dans la maison de mes grands-parents. C'était des Italiens, assez nantis, qui habitaient sur le boulevard Laurier à Sillery, en banlieue de Québec (la porte d'entrée de Québec). Pour les enfants que nous étions, provenant de Saint-Roch, quartier ouvrier de la basse-ville de Québec, cette maison était l'équivalent d'un manoir, pas tellement par sa dimension que par sa localisation, là tout au bout d'un long chemin de terre qui, au-delà de la maison, plongeait dans la forêt (ancien boisé Gomin).

Ce qui suit intéresserait plutôt les gens qui connaissent bien Québec. Il est difficile d'imaginer le boulevard Laurier débouchant sur la forêt. La photo, ci-après, nous donne une idée à quoi ressemblait l'artère la plus célèbre de Québec dans les années quarante au moment où on décide de prolonger cette artère jusqu'au pont de Québec.


À l'orée de la forêt, la maison de mes grands-parents, en construction, boulevard Laurier, Sillery (actuelle entrée majestueuse de Québec). 1er avril 1945. J'ai déjà conduit ce camion sur les genoux d'un de mes oncles.

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1983. Numéro 346. Portrait de l'artiste en jeune mythomane par Pascal Bonitzer. Bergman et Alexandre par Michel Chion.

Oscars 1984. Quatre statuettes : film étranger, caméra à Sven Nykvist, costumes, direction artistique.
Césars 1984. Film étranger
Venise 1983. Prix de la critique internationale
Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1983

Visionné, la première fois, le 16 septembre 1984 au cinéma Outremont à Montréal
Mon 198ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 1er mai 2023

02 février 2011

197. Reggio : Koyaanisqatsi

1001 films de Schneider : Koyaanisqatsi



Film américain réalisé en 1983 par Godfrey Reggio
Musique de Philip Glass et Michael Hoenig

Le début : de beaux paysages racoleurs aux limites du supportable avec en arrière-fond, le titre du film répété comme un mantra. Ça me tombe dessus comme un gros baril de mélasse.

Une expérience esthétique ? Si on veut, mais pour moi, c'est du tape-à-l'œil, style National Geographic pour hippie sur le tard.

Comme ça s'adresse aux enfants du New Age, vous n'échapperez pas au champignon atomique sur fond de cactus.

Et puis, après la beauté de la nature saine, non corrompue, le monde des humains, que dis-je de pauvres bêtes menées par la machine. Bon, on voit le topo, pas besoin d'en rajouter.

Ce que j'aime : de dramatiques images de centaines d'immeubles abandonnés du Bronx, ça nous parle des problèmes urbains de la ville postindustrielle des années 60 et 70 et ça, j'aime.

La musique ? Bien, si vous l'aimez lancinante et répétitive.

Un bel inventaire de la technologie que le cinéma utilise pour travestir la réalité et manipuler le spectateur : longue focale, filtres, longue exposition, prise en accéléré, etc.

Pourquoi ce film ? La réponse est dans le titre.
Koyaanisqatsi, en hopi, ça signifie :
1. Crazy Life, 2. Life in turmoil. 3. Life out of balance. 4. Life disintegrating. 5. A state of life that calls for another way of living (tiré du générique de fin).

Roger Ebert : "And the message, I think, is that nature is wonderful, but that American civilization is a rotten despoiler that is creating a crazy life".

On n'avait pas besoin de toute cette quincaillerie technologique et l'explosion d'une fusée en gros plan (un comble de manipulation) pour nous dire que le monde va à sa perte. On le sait qu'on va à notre perte, ça fait des siècles que les Cassandre de ce monde nous le répète ; l'important, c'est d'y aller lentement...

Un film des années 60 tourné dans les années 80. À voir et à écouter baigné dans un nuage de marijuana.

Visionné, la première fois, le 19 août 1984 à L'Autre cinéma à Montréal
Mon 197ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de  Schneider
Mis à jour le 12 mars 2023