28 décembre 2010

193. Imamura : La ballade de Narayama

1001 films de Schneider : La ballade de Narayama



Film japonais réalisé en 1983 par Shôhei Imamura
Avec Ken Ogata, Sumiko Sakamoto, Tonpei Hidari, Aki Takejô, Shoichi Ozawa

Ça commence par de beaux paysages de neige, parmi les plus beaux qui soient. Les conifères, les collines, les maisons dispersées dans la vallée, on se croirait presque dans le Québec du 19ème siècle. On a tourné le film dans la région de Nagano, une des régions les plus neigeuses de l'archipel japonais - vous vous souvenez peut-être des chutes de neige apocalyptiques pendant les jeux olympiques d'hiver de 1996. Choc brutal pour toute une population qui associe Asie avec été permanent et chaleur insupportable.

Toujours en amour avec ce film, vu il y a près de 30 ans.

Une meilleure compréhension cette fois-ci grâce aux surtitres anglais qui expliquent les termes japonais qu'on ne pourrait pas connaître autrement. Je pense à yakko - terme utilisé pour qualifier les garçons d'une famille qui ne sont pas les aînés et qui n'ont pas le droit de se marier et d'avoir d'enfants.  Une méthode pour limiter la croissance démographique dans certaines régions du Japon ancien.

D'autres méthodes pour temporiser la croissance démographique : enterrer les voisins qui ne respectent pas les règles de la tribu, euthanasier les vieux de plus de 70 ans - y a pas à dire, les Japonais ont une sacrée expertise en la matière. Pas surprenant qu'ils furent les premiers à utiliser l'avortement systématique comme méthode de contraception après la Seconde guerre mondiale.

Malgré ce qui précède, on assiste à un festival de la copulation; surtout du règne animal - impression, parfois, d'assister à un documentaire bien léché.

La dernière demi-heure du film est un grand moment de cinéma. Cette balade du fils qui porte sa mère sur ses épaules afin de la grimper au sommet du Narayama où elle ira mourir - tragédie mais aussi sérénité au diapason de la neige qui vient feutrer ce moment qui nous fait horreur.

Il existe, de ce film, une version antérieure, datant de 1958, Narayama bushiko de Keisuke Kinoshita que certains critiques trouvent meilleure que celle de Imamura. Truffaut en a fait une courte critique dans le numéro d'octobre 1958 (88) des Cahiers du Cinéma.

Critique. Cahiers du Cinéma. Juin/Juillet 1983. Numéros 348/349. Les cochons et les dieux par Charles Tesson. La colline de l'au-delà par Yann Lardeau

Cannes 1983. Palme d'or

Visionné, la première fois, le 27 décembre 1983 au cinéma de Ste-Foy à Québec
Mon 193ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 1er mai 2023

15 décembre 2010

192. Attenborough : Gandhi

1001 films de Schneider : Gandhi



Film américano-britannique réalisé en 1982 par Richard Attenborough
Avec Ben Kingsley, Candice Bergen, John Gielgud, Trevor Howard, John Mills, Martin Sheen et, pour la première fois au cinéma, Daniel-Day Lewis.

Je viens de voir pour la Xème fois Miracle on 34th Street, version 1994, film que nous regardons en famille à chaque Noël. Richard Attenborough y joue le Père Noël ; on pourrait  penser qu'on est à des années-lumière de son Gandhi. Mais, à y regarder de près, le personnage de Gandhi tel que présenté est tout aussi édulcoré que le bouffon à barbe blanche. Ouais, un peu tiré par les cheveux, si je puis dire, mais c'est quand même ce qui ressort de ce biopic univoque.

Agaçant : la lutte de Gandhi en Afrique du Sud contre la discrimination envers les Indiens fait l'impasse sur la situation des Noirs. Silence surprenant.

Mais ce qui est encore pire c'est de voir ce jeune avocat s'insurger contre cette situation intolérable alors que dans son pays le système de castes, autrement plus injuste, est érigé en institution - comme apartheid on peut difficilement faire mieux. Le film passe sous silence cette scandaleuse situation qui perdure toujours.

Agaçant : Encore un film style "sanglot de l'homme blanc" ; Attenborough est un digne représentant de toute une classe d'individus qui, pour se faire pardonner d'avoir appartenu à un régime colonialiste, nous produit un film dithyrambique sur un personnage dont la part d'ombre n'est jamais montrée.

Le cinéma à titre de thérapie collective - on se sent tellement bien dans sa peau quand on peut partager la lutte d'un juste contre nos systèmes oppresseurs d'alors. Allez, une tartine de bons sentiments... une et 8 Oscars hollywoodiens avec ça.

Gandhi, en fait, c'est, contrairement aux apparences, l'histoire d'un échec. La libération du joug coloniale me semble une bien mince victoire comparée à la destruction de la société indienne qui s'ensuivra (la partition de l'état), au maintien du système des castes, à 50 années de pauvreté extrême (l'Inde appartenant pendant cette période au Quart-Monde, les plus pauvres parmi les pauvres) et surtout à l'utilisation de la violence comme outil de gestion des tensions politiques. La non-violence est morte à Delhi, le 30 janvier 1948.

Oscars 1983. Huit statuettes : film, réalisation, caméra, acteur à Ben Kingsley, scénario, direction artistique, costume et montage.

Visionné, la première fois, le 4 décembre 1983 au cinéma Outremont à Montréal
Mon 192ème film visionné de la liste des 1001 films de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023