15 décembre 2010

192. Attenborough : Gandhi

1001 films de Schneider : Gandhi



Film américano-britannique réalisé en 1982 par Richard Attenborough
Avec Ben Kingsley, Candice Bergen, John Gielgud, Trevor Howard, John Mills, Martin Sheen et, pour la première fois au cinéma, Daniel-Day Lewis.

Je viens de voir pour la Xème fois Miracle on 34th Street, version 1994, film que nous regardons en famille à chaque Noël. Richard Attenborough y joue le Père Noël ; on pourrait  penser qu'on est à des années-lumière de son Gandhi. Mais, à y regarder de près, le personnage de Gandhi tel que présenté est tout aussi édulcoré que le bouffon à barbe blanche. Ouais, un peu tiré par les cheveux, si je puis dire, mais c'est quand même ce qui ressort de ce biopic univoque.

Agaçant : la lutte de Gandhi en Afrique du Sud contre la discrimination envers les Indiens fait l'impasse sur la situation des Noirs. Silence surprenant.

Mais ce qui est encore pire c'est de voir ce jeune avocat s'insurger contre cette situation intolérable alors que dans son pays le système de castes, autrement plus injuste, est érigé en institution - comme apartheid on peut difficilement faire mieux. Le film passe sous silence cette scandaleuse situation qui perdure toujours.

Agaçant : Encore un film style "sanglot de l'homme blanc" ; Attenborough est un digne représentant de toute une classe d'individus qui, pour se faire pardonner d'avoir appartenu à un régime colonialiste, nous produit un film dithyrambique sur un personnage dont la part d'ombre n'est jamais montrée.

Le cinéma à titre de thérapie collective - on se sent tellement bien dans sa peau quand on peut partager la lutte d'un juste contre nos systèmes oppresseurs d'alors. Allez, une tartine de bons sentiments... une et 8 Oscars hollywoodiens avec ça.

Gandhi, en fait, c'est, contrairement aux apparences, l'histoire d'un échec. La libération du joug coloniale me semble une bien mince victoire comparée à la destruction de la société indienne qui s'ensuivra (la partition de l'état), au maintien du système des castes, à 50 années de pauvreté extrême (l'Inde appartenant pendant cette période au Quart-Monde, les plus pauvres parmi les pauvres) et surtout à l'utilisation de la violence comme outil de gestion des tensions politiques. La non-violence est morte à Delhi, le 30 janvier 1948.

Oscars 1983. Huit statuettes : film, réalisation, caméra, acteur à Ben Kingsley, scénario, direction artistique, costume et montage.

Visionné, la première fois, le 4 décembre 1983 au cinéma Outremont à Montréal
Mon 192ème film visionné de la liste des 1001 films de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023