05 juillet 2010

180. Fassbinder : Le mariage de Maria Braun

1001 films de Scheider : Le mariage de Maria Braun


Film allemand réalisé en 1978 par Rainer Werner Fassbinder
Avec Hanna Schygulla, Klaus Löwitsch, Ivan Desny

Commençons par la fin. 
Sur les dernières images de l'explosion de la maison de Maria (Zabriskie Point, dans nos mémoires) on entend à la radio la victoire de l'Allemagne en coupe du monde de football. C'était en 1954. C'est la fin de l'après-guerre en Allemagne. Fassbinder indique peut-être ainsi que l'Allemagne tourne le dos à son passé et que la reconstruction est en marche. 

Tourne le dos, oui, mais à jamais hanté par les camps de la mort qui, comme un retour du refoulé, constamment, au cours des décennies suivantes, viendront assombrir l'éclatante réussite économique de la République Fédérale d'Allemagne.

Reprenons au début. 
Maria se marie avec Herman Braun qui doit partir le lendemain pour le front russe. Considéré mort au combat, puis ressuscité et revenu de l'enfer russe, il se retrouve en prison pour un crime commis par Maria. Le pauvre Herman n'aura jamais de vie conjugale. 

Pendant ce temps, Maria perd son âme. Pour pasticher un titre précédent de Fassbinder, Ali : Fear Eats Soul, on pourrait intituler ce film Maria : Money Eats Soul que les images aux saveurs de studio hollywoodien ne démentent certainement pas.

La trame mélodramatique du film est un clin d'œil à Douglas Sirk (d'origine allemande et qu'on retient surtout pour son œuvre marquée au coin du mélodrame, j'aime All That Heaven Allows), un des cinéastes préférés de Fassbinder et dont il avoue son influence.

J'ai déjà vu Hanna Schygulla dans un spectacle intime il y a une quinzaine d'années à Montréal, au collège Maisonneuve où j'enseignais. Elle était divine. J'avais eu l'impression de voir une réplique de Dietrich vieillissante dont elle a interprété, d'ailleurs, quelques-unes de ses chansons. 

Ce qui nous amène à mettre en parallèle deux grandes machines du cinéma : Sternberg-Dietrich (6 films) et Fassbinder-Schygulla (20 films ensemble). La même passion de deux réalisateurs pour leur actrice fétiche. Dans Le mariage de Maria Braun, Fassbinder élève Schygulla au niveau du monument. Probablement la plus grande performance de Schygulla en carrière.

Critique. Cahiers du Cinéma. Février 1980. Numéro 308. Par Yann Lardeau

Berlin 1979 : Ours d'argent à Hanna Schygulla, prix du jury à Fassbinder

Visionné, la première fois, le 1er novembre 1981 à la télévision à St-Antoine-sur-Richelieu
Mon 180ème film visionné des 1001 films de la liste du livre de Schneider
Mis à jour le 10 mars 2023