28 octobre 2012

237. Chabrol : Une affaire de femmes

1001 films de Schneider : Une affaire de femmes
ou mieux, Les Affaires d'une femme

Retiré de la liste de Schneider depuis l'édition de 2013


Film français réalisé en 1988 par Claude Chabrol
Avec Isabelle Huppert (Marie), François Cluzet, Marie Trintignant, Nils Tavernier, Dominique Blanc
Inspiré du livre du même nom (1986) écrit par Francis Szpiner qui raconte l'histoire de Maire-Louise Giraud, une des dernières femmes guillotinées de France.

Un personnage (Marie) qu'on aime détester comme celui de Lacombe Lucien du film éponyme de Louis Malle.

Un personnage qui réussit, l'ignorance étant son prétexte, à tirer son épingle (excusez ce mauvais jeu de mots) du jeu dans le marécage de l'occupation allemande.

Pas de héros dans ce film, pas de résistants non plus. Les habitants de cette région de Dieppe essaient de survivre tant bien que mal en jouant du marché noir ou de la collaboration. Pour cette "faiseuse d'anges" pas de problèmes d'éthique, pas de problème de conscience puisque tous ceux qui l'entourent, de toute manière, sont plus ou moins compromis par des comportements illicites.

Isabelle Huppert est géniale dans ce rôle de femme "arriviste" qui pratique des avortements sans état d'âme et surtout pas par posture idéologique.

Ne vous y trompez pas, la problématique de l'avortement n'est pas au cœur de ce film. Chabrol n'invite pas son public à prendre position sur cette question; ce qui l'intéresse, c'est l'itinéraire improbable d'une femme de la classe populaire qui veut se sortir de sa condition misérable pour atteindre une certaine aisance financière. D'où notre, je devrais dire mon, manque de sensibilité face au déroulement de sa mise en accusation et de son procès - tout nous apparaît tellement absurde. Cette Marie est "étrangère" à ce qui lui arrive et nous aussi, un peu.

Marie Trintignant, lumineuse dans ce rôle de prostituée - grosse nostalgie !

Venise 1988. Trois prix. Deux pour Claude Chabrol. Un pour Isabelle Huppert.
Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1988.

Visionné, la première fois, le 25 octobre 1988 au cinéma à Paris  
Mon 237ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 2 avril  2023

19 octobre 2012

236. Rossellini : Voyage en Italie

1001 films de Schneider : Voyage en Italie


Film italien réalisé en 1954 par Roberto Rossellini
Avec Ingrid Bergman (Catherine Joyce) et George Sanders (Alex Joyce)

Après avoir vu Rome, ville ouverte et Paîsa, Ingrid Bergman, vedette hollywoodienne consacrée, tombera en amour avec le cinéma de Rossellini puis avec le réalisateur, pourquoi pas, tant qu'à faire le voyage en Italie. 

De cette union qui ameutera l'Amérique (couple en situation illicite à cause de la bigamie de Bergman), sortiront 5 films : Stromboli, Europa 51, Voyage en Italie, La paura et Jeanne d'Arc - puis, fin de l'aventure - divorce et retour à Hollywood.

Le film : J'aime tout ce qui n'est pas le thème principal du film : vie de couple au bout du rouleau sauvée in extremis par un miracle de la Vierge Marie lors de la procession annuelle, le 19 septembre, en l'honneur de Saint-Janvier, patron de Naples. 

Ce film c'est un peu l'histoire du couple Rossellini-Bergman en fin de piste mais qui, celui-là, ne sera pas sauvé, trois ans plus tard par Saint-Janvier.


Le miracle de la Vierge : le couple raccordé in extremis













Ce que j'aime, c'est Naples et ses quartiers populaires fourmillant de marmaille ; ce sont les catacombes où les gens vont honorer des squelettes millénaires ; c'est le Vésuve avec ses champs de brouillards méphitiques ; ce sont les processions religieuses interminables ;  c'est le travail de moulage des corps ensevelis sous les cendres de l'éruption du Vésuve en l'an 79 - cette dernière séquence, représentant un couple enlacé, ayant une fonction cathartique auprès de Catherine mais y croit-on vraiment ?  

C'est avant tout un film sur Naples, un film sur l'histoire, un film sur l'art, la question du couple n'étant qu'accessoire et comment pourrait-il en être autrement devant cette scène millénaire.
E
Pompéi : moulage de corps ensevelis par l'éruption du Vésuve
Interprétation : Est-il vraiment nécessaire de souligner la performance exécrable du comédien George Saunders. Il ne joue tout simplement pas dans le même film qu'Ingrid Bergman.

Critique. Cahiers du Cinéma. Mai 1955. Numéro 47. La Terre du miracle par Maurice Schérer alias Éric Rohmer.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Cahiers du Cinéma. Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1955.

Visionné, la première fois, le 22 octobre 1988 au cinéma Montparnasse à Paris
Au même moment, au Cinéma Reflet Médicis, je fréquentais le festival Les Éternels du cinéma français : 50 films de la période 1930-1960 par 38 réalisateurs. 
Mon 236ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 2 avril 2023

11 octobre 2012

235. Rossellini : Rome, ville ouverte

1001 films de Schneider : Rome, ville ouverte


Film italien réalisé en 1945 par Roberto Rossellini
Co-scénarisé avec Federico Fellini
Avec Anna Magnani (Pina), Aldo Fabrizi (Don Pietro), Marcello Pagliero, Francesco Grandjacquet, Harry Feist, Maria Michi

Avec ce film, naissance officielle du néo-réalisme italien : tournage en extérieurs, aspect documentaire, utilisation d'acteurs non-professionnels et d'acteurs professionnels utilisés à contre-emploi (Frabrizi, grand comique joue un rôle de prêtre et Magnani, spécialiste du vaudeville, est dramatique).

Il faut quand même savoir que l'extrême précarité financière de la production a orienté le film vers une authenticité que les productions traditionnelles n'avaient pas. 

Au même moment, Vittorio De Sica tourne Sciuscia dans les mêmes conditions devenant le co-inventeur du néo-réalisme italien. 

Quand Rossellini tourne le film (1er plan le 17 janvier 1945), Rome vient à peine d'être libérée (4 juin 1944). Quant à l'Italie, elle sera  occupée par les troupes allemandes jusqu'en avril 1945.

Premier grand film sur la résistance, Rome, ville ouverte (ce qui signifie en termes militaires qu'on doit éviter de la bombarder) apporte un baume aux Italiens dont le pays fut pendant quelques années le siège numéro deux (ex æquo avec l'Espagne) du fascisme européen.

En sortant du cinéma Montparnasse, place de l'Odéon, ce 15 octobre 1988, après avoir vu Roma, città aperta, jamais Paris ne me parut aussi beau - on ne sort pas indemne de ce type de film - bizarrement, il peut apporter du bonheur.

La mort de Pina
Une des scènes qui me bouleversent à chaque fois : Pina (Anna Magnani), désespérée, abattue, en courant pour rattraper son fiancé qui vient d'être arrêté par les Allemands. Une image forte de l'histoire du cinéma.

Les séquences de la fin du film qui traitent de la torture sont des morceaux d'anthologie. Une scène christique : Un communiste athée torturé par la Gestapo devant un prêtre catholique obligé de regarder cette scène et qui prie pour qu'il réussisse à ne pas parler. Et puis, lorsque le résistant meurt, la colère de ce prêtre, une imprécation terrible qui voue aux géhennes de l'enfer les bourreaux nazis.

Lecture cinéphilique
L'amour est plus froid que la mort. Une vie de Rainer Werner Fassbinder de Robert Katz. Où il appert que Fassbinder est un sacré monstre. Faits retenus : bisexualité complètement déjantée, réalisateur prolifique (11 films en 1969-70)  et, ce qui m'a le plus surpris, admirateur de Douglas Sirk parce qu'il sait séduire les foules ce qui lui manque pendant cette première période. 45 films pour l'intégrale - site de référence : Rainer Werner Fassbinder Fondation

Cannes 1946. Grand Prix du Festival

Visionné, la première fois, le 15 octobre 1988, au cinéma Montparnasse à Paris
Lors d'une rétrospective Rossellini.
Mon 235ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 2 avril 2023

08 octobre 2012

234. Levinson : Good Morning, Vietnam

1001 films de Schneider : Good Morning, Vietnam
Bonjour Vietnam


Film américain réalisé en 1987 par Barry Levinson
Avec Robin Williams (Adrian Cronauer), Forest Whitaker, Tung Thanh Tran, Chintara Sukapatana, Bruno Kirby, J.T. Walsh

Tous les grands drames sur le Vietnam ayant été tournés (The Deer Hunter, Apocapypse Now, Full Metal Jacket, etc.), on suppose qu'il était temps d'en tirer une comédie. Une sorte de MASH de la guerre du Vietnam. Avec Robin Williams à la barre, on ne risquait pas de s'ennuyer. 

Alors, le Robin nous fait tout un jeu de stand-up comique assis dans une cabine de radio. Mais après une heure de ce jeu, le film s'écrase lamentablement. Ce n'est surtout pas la bluette autour de sa relation amoureuse avec une Vietnamienne et de son amitié naïve avec un jeune Viêt-Cong qui va sauver le film.

Ça se regarde bien une deuxième fois pour mieux saisir toute la portée des blagues en cascade de Williams - évidemment, à voir en version originale, parce que le doublage français est nul à chier.
 
La personnalité du D.J. est inspirée d'Adrian Cronauer qui a animé une émission de radio à Saïgon en 1965-66. Mais, selon ce dernier, seulement 45% de la performance de Williams est ressemblante. On le croit parce que ce Cronauer est un républicain fini qui a appuyé  les campagnes des deux Bush.

Numéro prouesse : le montage de l'interview avec Richard Nixon qui répond à des questions sur sa vie sexuelle. On se délecte tous de ce coup-de-pied au cul à Tricky Dicky. À tourner en boucle.

On retient, pour son ironie décapante, la chanson de Louis Armstrong, What a Wonderful World.

Robin Williams a fait des sacrés numéros de pitre dans sa carrière mais sa prestation qui m'a le plus ébranlé est celle de Walter Finch dans Insomnia de Christopher Nolan. On le voit, en contre-emploi, joué le rôle d'un criminel. Williams, en tueur en série, ça donne des frissons.

Visionné, la première fois, le 12 septembre 1988 au cinéma à Paris
Mon 234ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 1er avril 2023

04 octobre 2012

233. Wenders : L' ami américain

1001 films de Schneider : L'ami américain


Film allemand réalisé en 1977 par Wim Wenders
Avec Dennis Hopper (Ripley), Bruno Ganz (Zimmermann), Lisa Kreuzer, Gérald Blain et petits rôles de méchants à trois réalisateurs : Samuel Fuller, Nicholas Ray et Jean Eustache.
Adaptation par Wim Wenders du roman de Patricia Highsmith, Ripley's Game, publié en 1974.

Ne cherchez pas le roman policier de Patricia Highsmith dans ce film, vous ne l'y trouverez pas. En lieu et place de l'intrigue policière vous y verrez le développement d'une improbable amitié entre un encadreur de tableaux de Hambourg (Ganz) et un malfrat de New York (Hopper). 

On met du temps à croire à cette amitié parce qu'on cherche à comprendre le drame policier et ce faisant on passe à côté du film. Puis, lors de la séquence du train et des suivantes, on comprend le titre du film et on se laisse toucher par cette amitié.

Un propos formaliste que je trouve agaçant : l'utilisation intempestive du rouge - on comprend que le héros souffre de leucémie aigue mais on n'est pas obligé de transformer le décor en flacons d'hémoglobine pour autant.

À mon grand plaisir, la ville s'invite comme personnage : New York et ses sempiternelles (sic) tours jumelles ; le quartier de la Défense à Paris que j'ai découvert en 1977, la même année que Wenders y tournait ses séquences un peu stéréotypés de lieu froid et impersonnel ; le port de Hambourg qu'on ne voudrait pas comme arrière-cour.

Légende urbaine florissante à l'époque : dans le film, Ripley (Hopper) dit à Zimmermann (Ganz) qu'il travaille au retour des Beatles à Hambourg, Celle ville les avait accueillis pendant deux ans au début de leur carrière.

À la fin du film, Dennis Hopper commence à murmurer la ballade I Pity the Poor Immigrant de Bob Dylan qui résume bien le caractère de Ripley (Hopper) :
I pity the poor immigrant
Who wishes he would've stayed home
Who uses all his power to do evil
But in the end is always left so alone.

Critique. Cahiers du Cinéma. Novembre 1977. Numéro 282. Traquenards par Jean Narboni
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, le 17 juillet 1988 au Cinéma Denfert à Paris
En congé sabbatique à Paris de juin à décembre 1988, j'habitais dans le 15ème près de la Tour Montparnasse - un six-mois paradisiaque pour un cinéphile avec mon amoureuse, Lucie. J'ai vu exactement 100 films durant cette période dont 17 sont sur la liste des 1001 films de Schneider. Mon cinéma préféré était le St-André-des-Arts où fut projetée une intégrale Bergman que je n'ai pas ratée.
Mon 233ème  film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 1er avril 2023

03 octobre 2012

232. Jewison : Moonstruck

1001 films de Schneider : Moonstruck
Éclair de lune


Film américain réalisé en 1987 par Norman Jewison
Avec Cher, Nicolas Cage, Olympia Dukakis, Vincent Gardenia, Danny Aiello, Fedor Chaliapin Jr.

Une légère comédie romantique qui me touche un peu à cause de cette plongée au cœur de la vie italienne dans le quartier Brooklyn qui me rappelle quelques scènes familiales de mon enfance mi-italienne.

J'aime les images de New York. Depuis qu'elles sont tombées, je cherche les tours jumelles dans tous les films tournés à New York. Ici, très présentes - même sur l'affiche du film.

J'aime les performances de Cher-la-Belle et de Nicolas Cage-la-Bête. Le premier titre du film n'était-il pas The Bride and the Wolf.

J'aime les extraits de La Bohème avec Renata Tebaldi en Mimi.
 
J'aime tous les rôles secondaire, particulièrement, celui de Chaliapin en vieux, naviguant dans le grand âge (plus de 90 ans) et qui n'en a rien à cirer de cette famille toxique et qui lui  préfère sa promenade avec ses cinq chiens - non tirare.

Pratique non connue de ma parenté italienne : Un carré de sucre dans le champagne...ouache...pour le rabaisser au niveau de l'horrible asti spumante, je suppose. Chez nous, lors des fêtes, les enfants pouvaient boire du vin. Il était coupé de 7up ou de coca...Ça améliorait nettement l'horrible piquette produite par mon grand-oncle de Montréal.
 
La pleine lune.... Était-ce vraiment nécessaire ?

Cette phrase qui résume  tout ce que je déteste du cinéma hollywoodien obsédé par les ratings : "The opening title sequence was originally played on the score from La Bohème opera but was changed to the Dean Martin track That's amore as the preview drew negative test audience reaction. Many shifted uncomfortably on their seats thinking that they had been lured into an art film."

Oscar 1987. Trois statuettes : Cher, actrice. Olympia Dukakis, actrice de soutien et scénario.
Berlin 1988. Ours d'argent à Norman Jewison

Visionné, la première fois, le 21 avril 1988 au cinéma Berri à Montréal
Mon 232ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 31 mars 2023