18 juillet 2012

228. Malle : Au revoir, les enfants

1001 films de Schneider : Au revoir, les enfants


Film français réalisé en 1987 par Louis Malle
Avec Gaspard Manesse (Quentin), Raphaël Fejto (Bonnet),
Francine Racette (la mère de Quentin), Philippe Morier-Genoud (le père Jean)

Scénario basé sur des faits vécus par Louis Malle, à 11 ans, dans un collège qui a abrité des Juifs au temps de l'Occupation. Le dénouement du film relève de la fiction.

Attention : déboulonnage de chef-d'œuvre
Je suis embêté après avoir revu ce film. Je n'ai pas du tout retrouvé ce qui a pu susciter tant d'emballement de ma part à l'époque et aussi de la part de  la communauté cinéphilique.

Le traitement que Malle fait de la vie en pensionnat n'a vraiment rien d'original. Plusieurs films, dont Zéro de conduite de Vigo ou If de Lindsay Anderson, pour ne nommer que ceux-là, avaient déjà, avec une approche moins académique, traité de ce sujet avec brio. Malle n'apporte rien de nouveau. 

Quant à la question de l'utilisation des pensionnats catholiques pour y cacher des jeunes de la communauté juive pendant l'Occupation, je suppose que ça méritait d'être le sujet d'un film. Mais n'y a-t-il pas une certaine complaisance dans ce film envers une image surannée de "vieille France" ? 

Malle n'évite pas le piège de la nostalgie. Comme si le passé, comme c'est le cas pour tous les souvenirs d'enfance, était remaquillé.  Il faut dire que c'est souvent le cas pour les sujets autobiographiques sur lesquels les auteurs ont tendance à manquer de distance critique.

C'est vrai qu'il est difficile pour un Québécois qui a vécu son enfance dans les années 50 et 60 de voir dans ces images de pensionnat des moments heureux tant les abus sexuels qu'ont subis des dizaines de milliers de jeunes Québécois et de jeunes Autochtones de la part de religieux catholiques dans ces types de pensionnat (et les dossiers sont loin d'être clos) en ont fait des lieux maudits. 

Ces pratiques ont été reconnus dans de nombreux pays : Canada, États-Unis, Pays-Bas, Irlande...en fait, dans tous les endroits où il y avait des religieux catholiques, on devait retrouver ce type de délinquance - quid de la France ?

Vaut le détour : la séquence dans le restaurant où le jeune Quentin découvre l'antisémitisme. On pourrait ressentir une petite gêne, quand même, dans cette scène où les méchants sont les milices françaises et les gentils sont les soldats allemands, mais c'est cette ambiguïté qui donne toute la force à cette scène.

Le point d'orgue du film qui a bluffé les critiques : la dénonciation, par inadvertance, de Bonnet par Quentin - un regard qui conduit au camp de la mort.

Francine Racette qui joue le rôle de la mère de Quentin, épouse de Donald Sutherland, est née à quelques rues de chez-moi à peu près à la même époque. Elle n'a joué que dans quatre films dont celui-ci était le dernier.

Anachronisme. Ce volume, Le parfum de la dame en noir de Gaston Leroux, que Quentin trouve dans les affaires de Bonnet n'a été publié, dans la collection de la Bibliothèque verte (collection chérie de mon enfance), qu'en 1949.


Critique. Cahiers du Cinéma. Octobre 1987. Numéro 400. Regards d'enfants par Serge Toubiana

Venise 1987. Cinq prix dont le Lion d'or.
Césars 1988. Sept prix : film, réalisateur, scénario, caméra, décors, montage et son.

Visionné, la première fois, le 28 décembre 1987 au cinéma de la Place Charest à Québec
Cinéma disparu qui était situé dans le quartier St-Roch à Québec, le quartier de mes origines, le plus pauvre de Québec lorsque j'y suis né. Transformé depuis quelque temps par le phénomène de la gentrification. Nouveau vocable : Nouvo St-Roch. (Misère!)
Mon 228ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 22 avril 2023