30 mai 2010

174. Fosse : All That Jazz


1001 films de Schneider : All That Jazz
Que le spectacle commence


Film américain réalisé en 1979 par Bob Fosse
Avec Roy Scheider, Jessica Lange, Leland Palmer, Ann Reinking

Je n'avais pas vraiment aimé ce film il y a trente ans et idem pour aujourd'hui.

Je n'aime pas beaucoup ces films au personnage central ultra-narcissique, surtout en sachant que ce Joe Gideon est la personnification du réalisateur Bob Fosse. On ne peut pas toujours réussir à rejouer Huit et demi et s'en tirer aussi magistralement que Fellini.

Toute l'histoire du film est fortement teintée par l'expérience de mort imminente vécue par le réalisateur 4 ans auparavant lors d'une opération à cœur ouvert. Dans le film, Fosse a tout simplement décidé de pousser l'expérience au point de non-retour. Ce qui nous vaut, pour conclure le film, un bon mais interminable numéro de "musical" intitulé Bye Bye Life que vous pouvez voir sur YouTube.

Autre ratage : les séquences avec l'ange de la mort (Jessica Lange)... d'un cucu !

Ma séquence préférée du film : le numéro de danse du père et de la fille - un rare moment de tendresse dans ce monument d'égocentrisme.

Oscars 1980 : Quatre statuettes : décor, musique, costume, montage
Cannes 1980 : Palme d'or du meilleur film ex-aequo avec Kagemusha de Akira Kurosawa

Visionné, la première fois, au cinéma Berri à Montréal le 30 octobre 1980
Deux semaines avant de voir ce film, j'avais fait ma première visite à New York durant laquelle j'ai vu, sur Broadway, au Ambassador Theatre, la comédie musicale de Bob Fosse, Dancin' dont certains éléments ont été repris dans All That Jazz. Dancin' est une comédie musicale qui retrace l'histoire de la danse aux USA. A contribué à développer mon engouement pour la danse au point où j'ai commencé à suivre des cours de danse  Contact Improvisation qu'on appelait à Montréal en ce temps-là la "danse contact". Très brève carrière.
Mon 174ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 9 mars 2023

24 mai 2010

173. Duvivier : Pépé le Moko


1001 films de Schneider : Pépé le Moko


Film français réalisé en 1937 par Julien Duvivier
Avec Jean Gabin, Mireille Balin (destin tragique), Gabriel Gabrio, Fernand Charpin, Lucas Gridoux, Marcel Dalio, Fréhel

Après avoir vu le film en 1980, je l'ai immédiatement recyclé dans mon cours sur L'histoire de la forme urbaine que j'ai donné pendant 30 ans au Collège de Maisonneuve à Montréal  (l'équivalent québécois de Classes Terminales), cours que je donne toujours à l'Université du Troisième Âge de l'Université de Sherbrooke. Ma passion pour la ville y trouve son exutoire.

Donc recyclage de ce film ? Dans un chapitre de mon cours, j'abordais la question de la forme de la ville arabe (casbah, médina, mosquée, ruelles, toit-terrasses), et je ne pouvais mieux trouver à l'époque antédiluvienne d'avant Internet et de son Google que d'utiliser ce film pour illustrer ce phénomène urbain. Alors, imaginez la tronche d'étudiants de 18 ans à qui l'on recommande de visionner un film tourné en 1937,  aussi bien dire au Moyen Age - le prof, il débloque complètement, quoi!. Combien de mes étudiants (autour de 5000) ont vu ce film ?

Pépé le Moko annonce, par son thème - la Casbah en tant que lieu impénétrable par l'autorité française -  la future bataille d'Alger (1957) durant laquelle les chefs du Front de Libération Nationale (FLN) ont tenu tête à l'armée française pendant des mois en se réfugiant dans la Casbah, les troupes et le matériel militaire étant incapable d'y circuler. 

Voir, à ce titre, le formidable film de Gillo Pontecorvo, La Bataille d'Alger, recensé plus tôt sur ce site. Encore mieux, lire les 4 tomes sur la Guerre d'Algérie d'Yves Courrière. Ce que je m'étais forcé de faire avant mon périple en Algérie en 1977. Monumental.

Deux photos prises lors de ma visite de la Casbah d'Alger en juillet 1977.
Un dédale complexe de rues, inéquat à toutes manœuvres militaires



















Le film : Après le déroulement de la liste des crédits à la mode des années 30 où l'on ne se préoccupe pas de fournir les prénoms pour certains acteurs, on a une convaincante présentation de la forme urbaine de la Casbah, appelée à juste titre, dans le cadre de ce film, le maquis. Les images de l'intérieur de la Casbah proviennent de l'œuvre de Jacques Krauss qui a reconstruit une partie de la Casbah dans les Studios Joinville en banlieue de Paris.

Il est beaucoup question de Paris dans ce film. Pour Pépé, c'est le lieu de la grande nostalgie du temps passé, vers lequel il ne peut retourner.  Et qui mieux que Fréhel, chanteuse de l'entre-deux-guerres, pouvait le mieux nous en transmette toute la poignante tristesse lorsqu'elle chante Où est-il donc ? Fréhel, qui joue une chanteuse oubliée et qui, en fait, l'est au moment du film, qui écoute cette chanson dans Pepe le Moko. 


Est-ce le plus grand rôle de Gabin ? Je ne sais pas mais c'est probablement celui qui a le plus contribué à définir le style Gabin.

Un remake a été fait juste un an après l'original, c'est dire l'attrait au box office de Pépé le Moko. Algiers de John Cromwell avec Charles Boyer (le Français d'Hollywood) dans le rôle de Pépé est une réplique presque plan pour plan du film de Duvivier. La petite histoire dit que le producteur de ce film a cherché à récupérer toutes les copies du film original pour les détruire.

Visionné, la première fois, à la télévision à St-Antoine-sur-Richelieu en octobre 1980
Mon 173ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 9 mars 2023

13 mai 2010

172. Avildsen : Rocky

1001 films de Schneider : Rocky


Film américain réalisé en 1976 par John G. Avildsen
Avec Sylvester Stallone, Talia Shire, Burt Young, Carl Weathers, Burgess Meredith

J'avais gardé de ce film un mauvais souvenir - un très mauvais souvenir. Probablement parce que je n'avais retenu que le combat de boxe qui n'arrive, pourtant, qu'après 75 minutes, reléguant à la partie congrue la mignonne histoire d'amour.
 
Le petit plaisir :  cette histoire d'amour improbable entre deux "losers", un boxeur à la limite de la déficience intellectuelle (il sera carrément dedans dans le rôle à venir de John Rambo, pourtant Silvester aurait un Q.I de 141; il le cache bien, le coquin !) et une vendeuse de tortues dans une animalerie, me remémorant le couple Ernest Borgnine et Betsy Blair dans Marty de Delbert Mann, film largement supérieur, quand même.

Autre petit plaisir : une plongée au cœur du désastre urbain de Philadelphie, typique de toutes les villes nordaméricaines de cette époque, au moment où le centre des villes était déserté par la classe moyenne à la poursuite du bonheur urbain dans le grand désert culturel de la banlieue. Aussi une description sensible des quartiers de blancs pauvres de l'Amérique des perdants, terrain fertile pour le Parti Républicain.

Autre autre petit plaisir : un classique du genre "feel-good movie". J'aime bien les "feel good movie", moi qui ai facilement la larme à l'œil au cinéma.

Anecdote : Le scénario du film écrit par Sylvester Stallone s'inspire directement du boxeur Chuck Wepner, notamment célèbre pour avoir tenu 15 rounds face à Mohamed Ali, le 24 mars 1975, avant de finalement s'incliner par K.O. technique.

Talia Shire (frangine de Francis Ford Coppola), une des plus mignonnes et touchantes laiderons de l'histoire du cinéma.

Oscars 1977 : Trois statuettes pour le film (oh ! horreur, il a battu Taxi Driver), le réalisateur (horreur bis ! Ingmar Bergman était en nomination) et le montage

Visionné, la première fois, le 27 septembre 1980 à la télévision à  St-Antoine-sur-Richelieu
Mon 172ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 9 mars 2023

04 mai 2010

171. Schlöndorff : Le tambour

1001 films de Schneider : Le tambour


Film allemand réalisé en 1979 par Volker Schlöndorff 
Avec David Bennent (Oskar), Angela Winkler, Mario Adorf, Daniel Olbrychski, Andréa Ferréol, Charles Aznavour

Au début, le nabot (Oskar), avec son tambour et ses cris à la Castafiore, me tombe royalement sur les rognons, comme dirait ma mère. Puis, lentement, il vieillit même s'il ne grandit pas, because complexe d'Œdipe à la puissance mille. Alors, il devient un peu moins antipathique au cours du déroulement de la saga qui nous mène de l'entre-deux-guerres (1927) à la libération (pas sûr) de l'Allemagne par les troupes russes.

Il y a quelque chose que je trouve tordu dans ce film. À chaque visionnement, le même mal à l'aise. L'histoire d'Oskar ne colle tout simplement pas avec l'Histoire. Ces deux histoires fonctionnent en parallèle. On est constamment ballotté entre les deux et le lien qui les unirait ne fonctionne pas.

Si l'on opte pour l'histoire d'Oskar, on a une belle histoire de complexe d'Œdipe qui se dénoue par la mort du père. On a une histoire captivante qui se suffit à elle-même. Pour le reste, l'histoire de la montée du nazisme et des quelques faits d'armes de la guerre, on s'en balance - du tellement déjà vu, d'un tel racolage. Ce ne sont surtout pas les séquences felliniennes des petites personnes qui nous convaincront du contraire.

En voyant Angela Winkler (la mère d'Oskar), constamment en mémoire, un autre film de Schlöndorff, celui-là terrible, L'honneur perdu de Katharina Blum, réalisé en 1975

Critique. Cahiers du Cinéma. Novembre 1979. Numéro 305. Par Yann Lardeau

Cannes 1979 : Palme d'or ex-aequo avec Apocalypse Now.
Oscars 1980 : Meilleur film en langue étrangère

Visionné, la première fois, au cinéma à Montréal, en août 1980
Été 1980. Je travaille à la rénovation de ma maison sur les bords du Richelieu en essayant d'oublier l'échec douloureux du référendum du 10 mai 1980 lors duquel 60% de la population québécoise refusa au gouvernement du Parti Québécois, dirigé par René Lévesque, d'entamer des démarches vers la souveraineté du Québec. Peu d'exemples, dans l'Histoire, d'un peuple qui refuse plus de souveraineté. Triste. La même population allait maintenir au pouvoir ce même gouvernement lors d'élections générales en 1981. Essayez de comprendre !
Mon 171ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 9 mars 2023