27 avril 2010

170. Antonioni : Zabriskie Point

1001 films de Schneider : Zabriskie Point


Film américain réalisé en 1970 par Michelangelo Antonioni
Avec Mark Frechette, Daria Halprin et, apparemment, je ne l'ai pas vu, Harrison Ford

Triste de voir un si grand réalisateur se ridiculiser.

L'Amérique a souvent cet effet chez les Européens qu'elle attire. Ils arrivent avec une telle somme d'images d'Épinal, de préjugés et de stéréotypes qu'ils mettent un temps fou à décoder adéquatement ce nouveau monde. Mais ils y arrivent tous (l'Amérique est construite sur ce melting pot) s'il y a le temps ce que Antonioni n'a pas eu, apparemment, avant de se lancer dans la réalisation de Zabriskie Point. 

Antonioni en Amérique c'est comme un Américain à Paris, au sens littéral et au sens cinématographique - An American in Paris de Vincente Minnelli.

Alors, il nous livre une belle bluette stéréotypée sur une jeunesse américaine pétrie de justice sociale et d'amour, dont les corps, caramélisés au soleil californien, sont tout droit sortis d'une pub pour chewing gum. Ah oui, j'oubliais : À bas la société de consommation, mère de tous les vices et de la dégradation de l'homo sapiens sapiens.

Évidemment, on a droit à ces grands espaces désertiques de l'Amérique qui font tant rêver l'Européen. Ce qui nous vaut de très belles séances photos - il y a un plaisir certain à se laisser porter par les séquences du désert.

Je ne sais pas si, comme on dit, Zabriskie Point dans le Death Valley National Park est le lieu le plus bas en altitude des USA, mais il est certainement le point le plus bas de la carrière d'Antonioni - facile, je sais, mais je ne pouvais pas y résister.

Pour son film, Antonioni voulait des acteurs non-professionnels :
Mark Fréchette, (avec un accent puisque c'est un franco-américain) l'acteur d'un seul film, mort en prison à l'âge de 27 ans.
Daria Halprin, l'actrice d'un seul film, a vécu, après le film, en commune à Boston avec Mark Fréchette puis étudia avec Fritz Perl, le père de la Gestalt thérapie dont je fus un adepte au début des années 1980 lors de ma formation en Gestalt thérapie.

Critique. Cahiers du Cinéma. Avril 1968. Numéro 200. Par Eduardo de Gregorio. Octobre 1970. Numéro 224. Par Jean-Pierre Oudart.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, à la télévision à St-Antoine-sur-Richelieu en août 1980
Mon 170ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 9 mars 2023

21 avril 2010

169. Benton : Kramer vs Kramer

1001 films de Schneider : Kramer vs Kramer


Film américain réalisé en 1979 par Robert Benton
Avec Dustin Hoffman, Meryl Streep, Justin Henry, Jane Alexander

Film à thèse.
Ce film résume bien les défauts que l'on retrouve dans ce type de film. Puisqu'on veut prouver telle thèse, tous les arguments sont mis dans la balance en faveur de la thèse à prouver.

Ici, il s'agit de prouver que les pères font d'excellentes mères et que, conséquemment, la garde de l'enfant à la suite à une séparation ne devrait pas aller automatiquement à la mère comme le prétendent systématiquement et, souvent, injustement, les juges.

Après une décennie (celle de 1970) de luttes pour l'émancipation féminine, il fallait bien qu'on commence à en voir les conséquences dans le monde des hommes. On a vu apparaître à cette époque un nouvel élément dans la typologie masculine - l'homme rose. Ted Kramer (Dustin Hoffmann) en esquisse quelques traits : la vie familiale avant le boulot, beaucoup de culpabilité, "je veux partager mon vécu", beaucoup de tendresse pour son ex. qui l'a plaqué là - pas de rancune chez l'homme rose, que de la compréhension.

Ce qu'on obtient : une guimauve autour d'un couple "upper middle class" de Manhattan qui se termine avec procès de divorce édulcoré et un dernier plan tout ce qu'il y a de plus hollywoodien. On s'amuse bien quand même et il est tellement mignon le petit garçon.

Performances convaincantes de Dustin Hoffmann et de Meryl Streep. On peut penser que leur situation personnelle (Hoffmann au milieu d'un divorce et Streep en deuil de la disparition de son amant, John Cazale) a teinté leur personnage.

En une phrase, Serge Toubiana résume bien le tout :
Un cinéma ringard, genre "dossiers de l'écran", mon cœur mis à nu, "cher téléspectateur, téléphonez-nous pour essayer de trouver avec nous une solution au drame que vit le personnage que sa femme a quitté, laissé en plan avec le petit." Cahiers du Cinéma numéro 311. Mai 1980

Oscars 1980. Cinq statuettes : film, réalisation, scénario, acteur à Hoffmann, actrice de soutien à Streep.

Visionné, la première fois, au cinéma à Beloeil en avril 1980
Mon 169ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 9 mars 2023

12 avril 2010

168. De Sica : Le voleur de bicyclette

1001 films de Schneider : Le voleur de bicyclette
Titre français erroné.
Ladri di biciclette se traduit par Voleurs de bicyclettes
Erreur de traduction et détournement de la signification du film. Le vol de bicyclettes est une entreprise (voleur, complices, recycleur, marché, etc.) qui souligne la détresse économique de l'Italie d'après-guerre.
En anglais, on a compris : Bicycle Thieves.


Film italien réalisé en 1948 par Vittorio De Sica
Avec Lamberto Maggiorani, Enzo Staiola, Lianella Carell et Sergio Leone en séminariste.

Quand j'avais 8-10 ans, il m'arrivait souvent de partir en auto avec mon père qui était, alors, voyageur de commerce. On allait parcourir la campagne québécoise où il s'arrêtait dans des presbytères pour essayer de vendre aux curés des statues de plâtre fabriquées dans l'atelier - on disait "la shop" - de mon grand-père italien à Québec. (C'était avant le concile de Vatican II qui a, entre autres choses, sorti les statues des églises ce qui amena rapidement la faillite de l'entreprise de mon aïeul.) Des journées à circuler sur des petites routes de campagne dans le silence mais dans une touchante connivence.

Quand j'ai vu Le voleur de bicyclette, une vingtaine d'années plus tard, ce qui m'a le plus ému c'est la relation père-fils - dans la complicité et le silence, tout ce dimanche passé ensemble à rechercher la bicyclette volée. Un écho de ce temps enfoui au fond de ma mémoire sensorielle.

Le néo-réalisme italien à son meilleur. Ce que j'entends de cette école, c'est que l'histoire, souvent ténue, peu importante, n'est qu'un prétexte pour illustrer la société italienne, plus particulièrement les milieux défavorisés de l'après-guerre.

Le film de De Sica dont l'histoire repose sur la poursuite d'un évasif voleur de bicyclettes est, en fait, un prétexte pour montrer différents quartiers de Rome et leurs habitants sous forme de tableaux successifs, chacun illustrant un pan de la difficulté de vivre dans l'immédiat après-guerre : le mont-de-piété et ses étages de draps en consigne, le marché de pièces de bicyclette, les itinérants attirés à l'église sous une vague promesse d'y être nourris, la diseuse de bonne aventure, dernier recours contre la misère.

C'est en posant une immense affiche de Rita Hayworth annonçant Gilda de Charles Vidor que l'ouvrier se fait voler son vélo Fidès 1935.

La fin dans le style Modern Times de Chaplin mais sans l'espoir.

Oscars 1950 : Meilleur film étranger

Visionné, la première fois, le 30 mars 1980 à la télévision à St-Antoine-sur-Richelieu.
Le sous-sol de ma maison au bord de la rivière Richelieu est inondé, à cette date-là, par le débordement de la rivière causé par une embâcle formée en aval.
Mon 168ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 8 mars 2023

03 avril 2010

167. Peckinpah : Straw Dogs

1001 films de Schneider : Straw Dogs
Les chiens de paille


Film britannique réalisé en 1971 par Sam Peckinpah
Avec Dustin Hoffman, Susan George, Peter Vaughan, Del Henney

Peckinpah annonce ses couleurs dès la première séquence : un gros plan sur les seins de Susan George. Attachez votre ceinture, ça va donner un grand coup. Sexe et violence c'est toujours un cocktail explosif et on n'y échappera pas. The Wild Bunch débarque sur la côte de Cornouailles en Angleterre.

Cette Amy (Susan George), c'est une vraie bombe érotique dans ce film; on se demande comment David Sumner (Hoffman), ce mathématicien freluquet, a pu séduire une telle fille surtout lorsqu'on apprend qu'elle a été largué quelques années auparavant par Charlie (Del Henney) une pure brute, pilier de taverne, comme on disait quand j'étais petit. Passer de Charlie à David, il y a comme un gouffre infranchissable et ça m'agace, ça sent trop la manipulation du scénariste.

Ce qui m'amène à la controversée scène du viol qui a fait dire à plus d'un critique que Peckinpah avait ressorti le vieux stéréotype machiste : quand elle dit non, en fait, elle dit oui. En fait, Amy n'aime pas se faire violer, si elle jouit après s'être débattue quelque peu c'est qu'elle finit par céder à son ancienne passion pour David (le violeur de la séquence). Jouissance qu'elle ne retrouve pas lors du viol subséquent par un autre membre de la bande.

Revu 30 ans plus tard, la partie la plus spectaculaire, celle de la défense du foyer par Hoffman (ce mathématicien risquerait sa vie et celle de sa femme pour sauver celle de l'idiot du village ! total bullshit comme on dit dans les chaumières) s'est affadie. D'autres, après, ont revu ce scénario et l'ont monté en catastrophe. 

J'ai été plutôt séduit par toute la partie qui précède la scène du viol - la montée de la violence larvée. Comme dit Hitchcock, une bombe sous une table qui explose, c'est la peur mais une bombe sous une table qui n'explose pas, c'est la terreur.

Visionné, la première fois, en mars 1980 à la télévision à Montréal

Mon 167èm film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 30 décembre 2022