08 novembre 2010

189. Wajda : L' homme de marbre

1001 films de Schneider : L'homme de marbre


Film polonais réalisé en 1977 par Andrzej Wajda
Avec Jerzy Radziwilowicz, Krystyna Janda

Que le temps passe !
Vingt ans déjà que le communisme en Europe a rendu les armes. Les lendemains qui devaient chantés ont plutôt mené à d'énormes désenchantements. Revoir ce film plus de 30 ans après sa sortie, dans le contexte d'une Pologne membre de l'Union européenne, est une expérience différente. 

En 1977, on était corps et âme avec Wajda et ses collègues dans leur combat pour la recherche et l'expression de la vérité. On ne sent plus l'anxiété liée à cette lutte contre un régime totalitaire.

Mais on admire toujours ce travail de débroussaillage de la vérité - mettre au jour l'énorme imposture du communisme stalinien ; je ne sais pas pourquoi j'ajoute cet adjectif. Le communisme tel que pratiqué à l'Est : la fin de l'idéal de plusieurs générations.

J'aime bien le premier plan qui sera repris quelques fois tout au long du film : un long travelling arrière accompagnant deux personnages dans la traversée interminable d'un long corridor. Le record de durée pour ce type de travelling appartient à Jean-Pierre Lefebvre dans le film Jusqu'au cœur que personne qui lit ce site n'a vu et ne verra probablement jamais. Remplacer le corridor par la coursive d'un "laker", long bateau qui parcourt les Grands lacs canadiens et vous aurez le plus interminable travelling arrière de l'histoire du cinéma - mortel.

L'homme de marbre (30,509 briques posées dans un quart de travail) fait ses premiers exploits stakhanovistes à Nowa Huta, en banlieue de Cracovie : ville idéale communiste construite dans le plus pur style de l'architecture stalinienne.

On a dit de L'homme de marbre qu'il était le Citizen Kane du cinéma de l'Europe de l'Est, probablement à cause du thème traité (une cinéaste-journaliste part à la recherche de la vérité sur l'existence d'un homme jadis célèbre) et de la stylistique (utilisation intensive du flashback). Mais on ne fait pas deux fois Citizen Kane comme on ne fait pas deux fois À bout de souffle parce ce que ce qui fait la génialité  de ces deux films c'est l'innovation dans le traitement d'un sujet. Par définition, une innovation ne peut pas se répéter.

Critique. Cahiers du Cinéma. Décembre 1978. Numéro 295. Par Jean-Paul Fargier
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Cannes 1978. Prix de la critique internationale

Visionné, la première fois, le 13 février 1983 à la télévision à Montréal
Mon 189ème film visionné de la liste des 1001 films de Schneider
Mis à jour le 11 mars 2023