09 décembre 2008

110. Polanski : Chinatown

1001 films de Schneider : Chinatown


Film américain réalisé en 1974 par Roman Polanski
Avec Jack Nicholson (Détective Gittes), Faye Dunaway (Evelyn Cross Mulwray), John Huston (Noah Cross), Perry Lopez

On plonge dans Chinatown, film noir en couleurs, comme on plonge dans un vieux film des années 40.

Tout concourt à nous ramener à la grande période du film noir dont les ingrédients sont : un ex-policier recyclé en détective privé désabusé (Nicholson), une femme fatale (Dunaway) dont les habiletés dans la manipulation feraient passer le département d'État américain pour une troupe d'opérette, un scénario dont la complexité fait chuter votre Q.I. de 50 points (le summum de la complexité d'un film noir classique : dans The Big Sleep, même le réalisateur n'arrivait pas à expliquer où étaient passés certains personnages de l'intrigue), la corruption généralisée, une fin tragique, un tas de séquences nocturnes et une cinématographie en noir et blanc.

Pourquoi un tel titre alors que l'action ne s'y déroule que lors de la dernière séquence ? 
C'est que le mot "chinatown" ne renvoie pas tellement à un lieu physique qu'à un état émotionnel. Chinatown, c'est la confusion, c'est le désordre, c'est le royaume de l'irrationnel ; le détective Gittes (Nicholson), qui fut un temps à l'emploi du LAPD (Los Angeles Police Department) dans Chinatown, y perdit tous ses repères et la mort de sa maîtresse le conduisit directement vers la porte de sortie du LAPD.

Mais il y a un retour du refoulé : Chinatown vient constamment s'immiscer dans la vie de Gittes tout au long de son enquête et l'on n'est aucunement surpris qu'elle s'achève dans le chaos le plus total, dans Chinatown.

Autre grand retour :
Polanski retourne à Los Angeles pour la première fois depuis l'assassinat, le 9 aout 1969, dans sa villa de Bel Air, L.A., de son ex-femme, Sharon Tate, par la "famille" de Charles Manson.

Il n'était donc pas question que Chinatown se termine par un "happy end" tel qu'exigé par le scénariste Robert Towne.

Critique. Cahiers du Cinéma. Février 1975. Numéro 256. La Ville des feintes par Pascal Kané
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1975. Meilleur scénario

Visionné la première fois le 25 avril 1975 au cinéma à Montréal
Mon 110ème film des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 25 février 2023