22 mai 2008

90. Kurosawa : Rashômon

1001 films de Schneider : Rashômon


Film japonais réalisé en 1950 par Akira Kurosawa
Avec Toshiro Mifune, Machiko Kyô, Masayuki Mori, Takashi Shimura.

Un film japonais.
Je perds tout sens critique quand je vois un film japonais tourné durant cette période (1930-1970). Je suis un inconditionnel des Kurosawa, Mizoguchi, Kobayashi, Shindo, Ozu, Teshigahara
.
Déjà, à 20 ans, lors de mes nuits de ciné-club de la télévision de Radio-Canada, fin des années 60, sur une télé en tons de gris (les noirs et les blancs s'étant fait la valise depuis belle lurette), je m'extasiais devant tous ces films de samouraïs à la lame justicière. Harakiri de Masaki Kobayashi fut le premier à m'initier à cette passion!

Rashômon : la porte du dieu Rasho à Kyoto au 12ème siècle
Assis sous le portique de cette porte délabrée, à l'abri d'une pluie diluvienne comme on n'en voit que dans les films japonais (et dans la série Lost!!!), trois personnes racontent les quatre versions entendues d'un crime impliquant un samouraï, son épouse (superbe interprétation de Machiko Kyô, oubliée à cause de la présence de Mifune) et un bandit de grand chemin (Toshiro Mifune, plus grand acteur japonais de tous les temps avec 186 films à son actif) Sa prestation, trop marquée, à la limite du cinéma muet, m'a assez agacé jusqu'à ce que je lise que Kurosawa lui avait demandé de modeler son interprétation sur celle d'un lion.)

Le génie du film est dans la narration : confuse à souhait par l'utilisation de flashbacks qui se contredisent et qui ne permettent pas aux spectateurs de trouver une solution à l'histoire racontée.

Mais pour moi, le coup de génie de ce film réside dans les dernières séquences qui, oubliant les péripéties de l'histoire, plongent au coeur de la condition humaine.

Une fin de film comme un Envoi : Sous le marécage de la vanité, de l'égoïsme, du mensonge et de la haine, la petite flamme de la bonté humaine vacille mais tient bon.


Une réplique de la porte de Rashomon telle que construite pour le film Rashomon. La porte originale est disparue depuis des centaines d'années. Une pierre commémorative indiquant son site se retrouve à Kyoto.

Que vient faire le Boléro de Maurice Ravel dans cette forêt du 12ème siècle???
Assez déconcertant. Dissonance certaine entre deux époques que dis-je entre deux civilisations. 
Le Boléro
Répétées cent-soixante neuf fois par la caisse claire (soit 4056 battements), ces deux mesures d’ostinato donnent au Boléro de Ravel son rythme uniforme et invariable.

Le Boléro au cinéma
1936 : One in a Million de Sidney Lanfield
1950 : Rashōmon de Akira Kurosawa
1957 : El Bolero de Raquel de Miguel M. Delgado
1977 : Allegro non troppo de Bruno Bozzetto
1979 : Elle de Blake Edwards
1979 : Stalker d'Andrei Tarkovsky
1981 : Les Uns et les Autres de Claude Lelouch. Séquence magistrale.
1992 : Le Batteur du Boléro, court-métrage de Patrice Leconte avec Jacques Villeret dans le rôle du batteur
2002 : Femme fatale de Brian de Palma
2003 : Basic de John McTiernan
2004-2006 : Cashback de Sean Ellis

Critique. Cahiers du Cinéma. Mai 1952. Numéro 12. Rashomon et le cinéma japonais par Curtis Harrington.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Venise 1961. Lion d'or et prix des critiques italiens.

Visionné, la première fois, en 1971 à la télévision à Québec
Mon 90ème film de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 23 janvier 2023