17 octobre 2007

55. Hitchcock : The Wrong Man

1001 films de Schneider : The Wrong Man
Le Faux coupable


Film américain réalisé en 1956 par Alfred Hitchcock
Avec Henry Fonda (Manny Balestrero), Vera Miles, Anthony Quayle et Harold J. Stone

En deux mots. L'histoire d'un contrebassiste new-yorkais, Manny Balestrero, injustement accusé de vols suite à une accumulation de fausses identifications par des témoins peu compatissants. On assiste à sa descente aux enfers ainsi qu'à celle de sa femme qui se retrouvera en hôpital psychiatrique.

Finalement, par pur hasard, pendant un procès perdu d'avance, le vrai coupable est arrêté.

"In 1953, New York City musician Christopher Emmanuel "Manny" Balestrero was acquitted of a robbery charge that had been based on three mistaken IDs. The real robber, once police found him, strongly resembled Balestrero."

Balestrero à la compagnie d'assurance : innocent mais déjà derrière les barreaux.

C'est à peu près à l'époque du visionnement de ce film, printemps 1969, que j'ai commencé à acheter les Cahiers du Cinéma et à me procurer les anciens numéros.
Mon premier numéro :

Juin 1969. Numéro 213. 6 francs (nouveau, si ça dit encore quelque chose à quelqu'un).
Sur la couverture : Anne Wiazemsky (petite-fille de François Mauriac et ex-épouse de Jean-Luc Godard) et Carmelo Bene. 
J'ai acheté tous les numéros jusqu'au 400ème et je me suis procuré les 14 volumes des fac-similés de ce que l'on appelle les Cahiers jaunes (les 161 premiers numéros qui couvrent la période d'avril 1951 à décembre 1964).

Critique. Cahiers du Cinéma. Juin 1957. Numéro 72. Le Cinéma et son double par Jean-Luc Godard.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1956

Visionné, la première fois, le 6 juin 1969 à la télévision à Québec
Mon 55ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 4 février 2023

10 octobre 2007

54. Capra : Mr. Deeds Goes to Town

1001 films de Schneider  : Mr. Deeds Goes to Town
L'Extravagant Mr. Deeds


Film américain réalisé en 1936 par Frank Capra
Avec Gary Cooper (Longellow Deeds), Jean Arthur, George Bancroft et Lionel Stander

Transposition pour adultes de la bande dessinée de Disney, Le rat des champs et le rat des villes.

Le grand poète de la campagne (Longfellow Deeds), du Vermont, je crois, au cœur sensible et tellement authentique qui débarque dans le monstre froid, impersonnel et malfaisant de la grande ville, New York. Après 10 minutes de celluloïd, tout était joué. Le cœur allait gagner sur la raison. Et vive les topinambours!!

Certaines scènes valent à elles seules le film :
Gary Cooper qui accompagne au tuba Jean Arthur qui tambourine Swanee River sur un banc de Central Park.
La lecture du poème de Deeds dans lequel il fait sa demande en mariage à Arthur. Sniff!

L'inévitable procès qui dure une éternité brise toute la dynamique du film. Les scènes de tribunal, longues et laborieuses, quoique à certains moments assez drôles, nous mèneront à la conclusion que nous connaissions depuis le tout début du procès : la victoire du rat des champs.

Gary Cooper, dans les scènes du procès, est complètement à côté de ses pompes. On voit très bien que les plans de Cooper ont été tournés ailleurs tant ses mimiques sont inappropriées ou grotesques.

Il m'arrive quelquefois d'être totalement injuste avec un film en ignorant son contexte historique. C'est le cas ici. Je suis incapable de me dégager de la fournée de stéréotypes servie par cette histoire.

Cette attitude est peut-être induite par ma présente lecture du livre de Al Gore, Une vérité qui dérange ou serait-ce plutôt une vérité qui dérape. Ce document est tellement farci de clichés et de bons sentiments "écolo-ma-pauvre-planète-qui-meurt" et d'erreurs grossières que j'enrage. Al Gore, le Longfellow Deeds de l'environnement, discrédite une lutte écologique incontournable par sa niaiserie éditoriale. Et le film qui a gagné des tas de prix dont le Oscar 2006 pour le meilleur documentaire : Good Grief comme dirait Charlie Brown.

Oscars 1937. Réalisation
Venise 1936. Prix spécial

Visionné, la première fois, en mai 1969 à la télévision à Québec
Mon 54ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 17 janvier 2023

08 octobre 2007

53. Tati : Mon oncle

1001 films de Schneider : Mon oncle


Film français réalisé en 1958 par Jacques Tati
Avec Jacques Tati, Jean-Pierre Zola et Adrienne Servantie

1958. Paris est en pleine révolution urbaine. En même temps qu'on construit des milliers de logements sociaux autour de la capitale dans les espaces qu'on appelle la "zone", on démolit certains quartiers populaires inadéquats à l'habitat tel le 13ème arrondissement autour de la Place d'Italie. Rénovation et démolition des quartiers anciens expulsent vers la banlieue des dizaines de milliers de prolétaires pour faire place à l'arrivée de classes sociales plus nanties.

À peu près au moment où j'ai vu Mon oncle pour la première fois je commençais à me passionner pour la question urbaine, je souhaitais faire une maîtrise en urbanisme dès la fin de mon baccalauréat en Géographie à l'Université Laval. La lecture d'un livre de Paul-Henri Chombart de Lauwe, Des hommes et des villes, paru en 1965, m'avait profondément marqué. Dans ce bouquin il décrit le délabrement de l'habitat dans le 13ème arrondissement de Paris dans les années 50. Mais, ce qui m'avait particulièrement touché, c'était la description de cet univers villageois au cœur d'une des plus grandes métropoles du monde.

En revoyant Mon oncle, j'ai l'impression de replonger dans l'univers décrit par Chombart de Lauwe (1913-1998), l'un des plus grands anthropologues urbains du 20ème siècle et le précurseur de la sociologie urbaine en France.

Par ailleurs, je ne me suis jamais inscrit en urbanisme. En lieu et place, je partis travailler pour Jeunesse Canada Monde (organisme canadien qui a créé un programme d'échanges entre des jeunes Canadiens et des jeunes provenant de pays du tiers monde) à titre de coordonnateur de l'échange avec le Mexique. C'était en septembre 1972.

On ne peut revoir ce film qu'avec un regard attendri. Cette opposition entre la modernité source de conformisme et de rigidité émotionnelle et la tradition, source d'humanité et de convivialité fait sourire. Ce combat, sans cesse recommencé et sans cesse perdu par la tradition, est sur-caricaturé dans le film de Tati. Entre le début où les crédits du film sont présentés comme les panneaux que l'on retrouve près des édifices en construction (idée géniale reprise par Coppola dans Apocalyse Now) et la fin où l'on voit les démolisseurs s'attaquer aux bâtiments anciens, Tati trace à gros traits l'opposition entre la banlieue et le quartier ancien.

Mais, 50 ans plus tard, sa conclusion pessimiste ne s'est pas réalisée. Il faut dire que le développement urbain a toujours été une fantastique fabrique de pronostics apocalyptiques à propos de l'écrasement de l'homme sous la dictature de la modernité.

Les quartiers anciens sont de plus en plus recherchés. La plus-value immobilière de ces quartiers confirme ce nouvel engouement. Il va sans dire que la discrimination socioéconomique exercée par cette plus-value a complètement changer le contenu sociologique de ces quartiers. On appelle ce phénomène, la gentrification. Le plus bel exemple montréalais de cette action : le quartier du Plateau Mont-Royal. Pratiquement, tout le Paris intra-muros, à l'exception des "beaux quartiers" est un exemple de gentrification.

Monsieur Hulot c'est le grand-père de Monsieur Bean. En effet, Hulot est un vrai anglais : grand, dégingandé, imperméable, pipe, parapluie et chapeau. Son extrême politesse et sa froideur émotionnelle le ferait sortir directement d'un Chapeau melon et bottes de cuir loufoque. Je ne sais pas si Roman Atkinson a jamais reconnu cette dette mais elle est indubitable. C'est presque du plagiat.

L'abus du thème musical me tombe royalement sur les nerfs. Plus capable. Ce Franck Barcellini n'a fait la musique que de trois autres films dont le célèbre et émouvant Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole !!!!!!!

Ironie de la chose : Ce beau petit quartier urbain si idéalisé dans le film n'est, en fait, qu'un décor. Le film a été tourné dans les studios de la Victorine à Nice. Studio célébré dans le film La nuit américaine de François Truffaut.

Un des grands plaisirs que j'ai à refaire le chemin des films de ma vie c'est, pour chacun des films regardé à nouveau, de retourner fouiller dans ma collection des Cahiers du cinéma afin d'y retrouver les critiques de l'époque. Pour Mon oncle, je plonge dans ma collection des Cahiers jaunes réédités : les numéros 65, 82 (photo) et 84.










Critique. Cahiers du Cinéma. Juin 1958. Numéro 84.  La Pesanteur et la grâce par Claude Beylie.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1959. Meilleur film en langue étrangère
Cannes 1958. Prix spécial du jury
Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1958.

Visionné, la première fois, en mars 1969 au cinéma à Québec
Mon 53ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 16 janvier 2023

05 octobre 2007

52. Ophuls : Lola Montès

1001 films de Schneider : Lola Montès


Film franco-allemand réalisé en 1955 par Max Ophuls
Avec Martine Carol, Peter Ustinov, Anton Walbrook, Oskar Werner et Paulette Dubost.

"Max Ophuls reste imperméable aux modes et aux tendances. La guerre, la bombe atomique, la misère le concernent comme homme mais non comme artiste. Il est le cinéaste du dix-neuvième siècle. Sans doute est-il le seul cinéaste à se sentir plus à l'aise en dirigeant un film à costumes." François Truffaut, Les Cahiers du cinéma, numéro 55, janvier 1956.

Par ailleurs, Truffaut, plutôt indifférent à l'histoire racontée, est complètement estomaqué par la maîtrise et l'innovation du traitement cinématographique. Sur ce plan, il compare ce film à Citizen Kane, rien de moins.

Voilà, Frank Truf résume bien mon point de vue. Cette histoire de viennoiseries galantes me laisse totalement indifférent. Faux, ça m'ennuie au plus haut point.

Qui peut croire qu'un roi (Louis de Bavière) ait risqué son royaume pour Martine Carol que le réalisateur évite de nous montrer en gros plan. À peine un plan rapproché vers la fin du film. Comme si, lui aussi, ne pouvait l'imaginer en femme fatale, destructrice d'empire.

Pauvre Martine Carol qui allait tomber en disgrâce auprès du public français qui n'aurait d'yeux (quel euphémisme!) dorénavant que pour la nouvelle sex-symbol, Brigitte Bardot.

Paradoxe intéressant : les critiques des Cahiers du Cinéma sont tombés en pamoison devant ce film qui pourtant allait marquer la fin d'un certain cinéma français entiché de scénarios bâtis sur des personnages ou des événements historiques. Dans quelques années, ces mêmes critiques allaient tourner le dos à ce type de cinéma et fonder la Nouvelle Vague : révolution des contenus et de la forme.

Marie-Dolorès Gilbert, dite " Lola Montès " (Iristown, Irlande, 23 juin 1818 - New York, États-Unis, 17 janvier 1861)


Paulette Dubost, née en 1910.
1931 : Premier film. Le Bal de Wilhelm Thiele
2007 : Son 215ème et dernier film. Curriculum de Alexandre Moix.
Une carrière de 76 ans. (Décédée en 2011)











Oskar Werner (1922-1984) : à jamais le Jules de Jules et Jim de François Truffaut. Mais aussi un pompier incendiaire dans Fahrenheit 451 du même Truffaut. Par ailleurs, mystérieusement, petite carrière d'à peine 31 films qui s'arrête 8 ans avant son décès en 1984.











Critique. Cahiers du Cinéma. Janvier 1956. Numéro 55. Lola au bucher par François Truffaut. Février 1956. Numéro 56. Lola aux pieds nus par Jacques Siclier.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org 

Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1955.

Visionné, la première fois, en mars 1969 à la télévision à Québec
Mon 52ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 4 février 2023