14 septembre 2007

51. Antonioni : La Nuit

1001 films de Schneider : La Notte
La Nuit


Film italien réalisé en 1961 par Michelangelo Antonioni 
Avec Marcello Mastroianni, Jeanne Moreau (Lidia) et Monica Vitti

Deuxième film de la trilogie : L'Avventura-la Notte-l'Eclisse.
Douze heures dans la vie d'un couple.

Le décès d'un ami commun (fut-il jadis l'amant de l'épouse? Une scène à la sortie de l'hôpital où elle vient de le voir en train de mourir peut justifier une telle hypothèse) déclenche chez Lidia un choc émotif qui ébranle toutes ses certitudes. Elle part à la dérive dans les rues et les terrains vagues de Milan. Des heures à mettre à l'épreuve sa sensualité retrouvée. On a l'impression qu'elle émerge d'une longue nuit catatonique. Cette dérive remettra en question sa relation avec son écrivain de mari.
Après une longue nuit de chassés-croisés dans une réception pour millionnaires milanais, elle reviendra au port conjugal, désabusée et résignée mais peut-être prête à renaître à nouveau dans ce couple qui, malgré tout, résiste.

Je n'ai vu nulle part dans les critiques de ce film cette ouverture optimiste. Mais je persiste : à la fin de la nuit, l'aube ne se lève pas sur le désastre de ce couple. On a plutôt l'impression que la vie du couple reprendra son cours avec ses routines et ses drames, ses compromis et ses complicités gratifiantes après cette parenthèse où le couple a tenté le diable de la passion.

Je ne me souviens plus pourquoi j'avais beaucoup aimé ce film à cette époque. Moi qui me préparais à me marier pour une première fois, j'avais dû être secoué par la violence de cette crise du couple. Cette femme en crise existentielle étouffant dans cette vie sans émotions m'émouvait au plus haut point. Jeanne Moreau-Lidia imperturbable dans sa course vers sa vérité : magistrale. Aucun mot sur le mari interprété par Mastroianni. Un homme de verre, indicible.

Critique. Cahiers du Cinéma. Mai 1961. Numéro 119. La Nuit n'est pas tendre par Jean Wagner.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Berlin 1961. Ours d'or
Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1961.

Visionné la première fois, en février 1969 au cinéma à Québec
Mon 51ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 4 février 2023

10 septembre 2007

50. Delvaux : L' Homme au crâne rasé

1001 films de Schneider : L'Homme au crâne rasé


Film belge réalisé en 1965 par André Delvaux
Avec Senne Rouffaer, Beata Tyszkiewicz, Hector Camerlynck.

Introuvable pour le moment au Québec.
Tout ce que je me rappelle de ce film c'est son univers onirique. Je me souviens que je n'avais rien compris de ce film à l'époque.

Une des parties les plus intéressantes dans ce concept des 1001 films, c'est de revoir un film jamais revu depuis plus de 30 ans. L'écart dans ma perception du film est souvent effarant. En fait, je découvre souvent un film que je n'avais pas vraiment vu à l'époque.

Cahier du Cinéma : Un des 10 meilleurs films de l'année 1966

Visionné, la première fois, en 1969, au cinéma à Québec
Mon 50ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 4 février 2023

49. Buñuel : Viridiana

1001 films de Schneider : Viridiana


Film espagnol réalisé en 1961 par Luis Buñuel
Avec Silvia Pinal, Francisco Rabal et Fernando Rey 

Premier film tourné en Espagne par Buñuel depuis son exil au Mexique en 1936. C'est-à-dire depuis Los Olvidados (attention chef-d'œuvre), le premier d'une série de 16 films tournés en dehors de l'Espagne.

Ce film fut une bombe chez Franco-la-Muerte (chanson de Léo Ferré) qui a dû amèrement regretter d'avoir invité Buñuel à sortir de son exil. Résultat : film banni en Espagne jusqu'à la mort de Franco en 1975, condamné par le Vatican mais Palme d'or au Festival de Cannes de 1961.

Un extrait d'un article de Jean Douchet dans les Cahiers du Cinéma numéro 120 de Juin 1961 : "Jamais le blasphème contre la religion et les tabous sexuels n'ont été poussés aussi loin. Il y a même certaines images qui, réalisées par d'autres, passeraient pour de la pornographie....un climat de démence érotique absolument incroyable."

C'est ce que je me souvenais de ce film, plus particulièrement de la scène du viol qui m'avait impressionné. Mais, revu aujourd'hui, en 2007, tout cela paraît bien innocent et cette critique nous fait bien sourire par son incongruence avec la morale actuelle des sociétés occidentales.

Mais ne boudons pas notre plaisir. Viridiana est, même à nos yeux actuels, une bombe érotique. La première moitié du film est un festival pour fétichiste en herbe. Buñuel, comme à son habitude, nous inonde de plans de pieds, de jambes et de cuisses. De plus, le masochisme mystique de sœur Viridiana et le travestisme de son oncle croulant sous ses pulsions sexuelles et résistant difficilement à abuser de sa nièce font de cette première moitié du film un des passages les plus intensément érotiques de l'œuvre de Buñuel.

Le personnage de Belle-de-Jour est en gestation dans celui de Viridiana. On voit déjà Catherine Deneuve apparaître sous les traits de Silvia Pinal. Même chevelure blonde, même froideur, mêmes pulsions masochistes. Le film Belle de Jour est la suite de la première moitié de Viridiana.

Scène inoubliable par son côté profanateur : Sous l'air de l'Alleluia du Messie de Haendel, une bande de clochards et de petits truands, abusant de l'hospitalité de leur bienfaitrice Viridiana, reproduisent la Dernière scène de Léonardo Da Vinci dans le décor dévasté du château de son oncle. Un grandiose pied-de-nez de Buñuel à l'oligarchie catholique espagnole qu'il a toujours abhorrée.

Critique. Cahiers du Cinéma. Janvier 1963. Numéro 127. L'Envers des Fiorettis par Michel Mardore.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Cannes 1961. Palme d'or
Cahiers du Cinéma : Dans la liste es 10 meilleurs films de l'année 1961

Visionné, la première fois, en 1969 à la télévision à Québec
Mon 49ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 16 janvier 2023

06 septembre 2007

48. Buñuel : The Young One

1001 films de Schneider : The Young One
La Jeune fille

Supprimé de la liste de Schneider dans l'édition de 2013.



Film mexicain réalisé en 1960 par Luis Buñuel
Avec Zachary Scott, Bernie Hamilton, Key Meersman, Crahan Denton et Claudio Brook .

D'après un roman de Peter Matthiessen, Traveling Man. Matthiessen est surtout connu pour son récit Le Léopard des Neiges, tiré de son expédition dans la région du Dolpo au Népal, à la recherche du mythique animal.

1960. Un Noir, o.k., un Afro-américain (en français, c'est horrible). Accusé injustement du viol d'une Blanche, o.k., une Caucasienne (!!!), pour éviter d'être lynché, se réfugie sur une île près de la côte de la Louisiane (d'après l'écosystème, en fait filmé près d'Acapulco au Mexique). Il n'y a que deux personnes sur cette île : un garde-chasse et sa servante, une jeune fille de 13 ans.

Une violente confrontation raciale s'ensuit dans laquelle le Noir qui, contrairement aux films de l'époque, en impose au raciste blanc qu'il traite de "white trash" à chaque fois que l'autre le traite de "nigger", mot horriblement dépréciatif même s'il est revenu à la mode chez les rappers blacks (ça passe mieux en anglais) d'aujourd'hui. En 1960, le terme acceptée était "colored people".

En parallèle avec ce drame racial, on assiste à la montée de la pulsion sexuelle du garde-chasse vis-à-vis sa petite servante qu'il trouve de plus en plus sexuellement irrésistible. Par de nombreux plans hautement érotiques et fétichistes (souliers à talons aiguilles, jambes nues dans la douche), Buñuel entretient cette tension sexuelle.

Comment Buñuel conciliera ces deux drames? Par un dénouement à la moralité plutôt tordue. Un curé, venu sur l'île pour ramener la jeune fille sur la terre ferme, propose au garde-chasse de fermer les yeux sur ses abus sexuels en échange de la libération du Noir qu'il avait fait prisonnier entre-temps.

Pour un féroce anticlérical comme moi, j'adorais ces situations bunuéliennes dans lesquelles les curés s'en sortaient avec la honte au front et la queue entre les deux jambes comme on dit par chez-nous.

Une superbe chanson au début du film, la seule musique du film d'ailleurs : Sinner Man chantée par Leon Bibb, un folk singer des années 50.

Critique. Cahiers du Cinéma. Septembre 1961. Numéro 123. Que vaisselle soit faite par Luc Moullet.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Cannes 1960. Mention spéciale

Visionné, la première fois, en 1969 à la télévision à Québec
Mon 48ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 16 janvier 2023