10 septembre 2007

49. Buñuel : Viridiana

1001 films de Schneider : Viridiana


Film espagnol réalisé en 1961 par Luis Buñuel
Avec Silvia Pinal, Francisco Rabal et Fernando Rey 

Premier film tourné en Espagne par Buñuel depuis son exil au Mexique en 1936. C'est-à-dire depuis Los Olvidados (attention chef-d'œuvre), le premier d'une série de 16 films tournés en dehors de l'Espagne.

Ce film fut une bombe chez Franco-la-Muerte (chanson de Léo Ferré) qui a dû amèrement regretter d'avoir invité Buñuel à sortir de son exil. Résultat : film banni en Espagne jusqu'à la mort de Franco en 1975, condamné par le Vatican mais Palme d'or au Festival de Cannes de 1961.

Un extrait d'un article de Jean Douchet dans les Cahiers du Cinéma numéro 120 de Juin 1961 : "Jamais le blasphème contre la religion et les tabous sexuels n'ont été poussés aussi loin. Il y a même certaines images qui, réalisées par d'autres, passeraient pour de la pornographie....un climat de démence érotique absolument incroyable."

C'est ce que je me souvenais de ce film, plus particulièrement de la scène du viol qui m'avait impressionné. Mais, revu aujourd'hui, en 2007, tout cela paraît bien innocent et cette critique nous fait bien sourire par son incongruence avec la morale actuelle des sociétés occidentales.

Mais ne boudons pas notre plaisir. Viridiana est, même à nos yeux actuels, une bombe érotique. La première moitié du film est un festival pour fétichiste en herbe. Buñuel, comme à son habitude, nous inonde de plans de pieds, de jambes et de cuisses. De plus, le masochisme mystique de sœur Viridiana et le travestisme de son oncle croulant sous ses pulsions sexuelles et résistant difficilement à abuser de sa nièce font de cette première moitié du film un des passages les plus intensément érotiques de l'œuvre de Buñuel.

Le personnage de Belle-de-Jour est en gestation dans celui de Viridiana. On voit déjà Catherine Deneuve apparaître sous les traits de Silvia Pinal. Même chevelure blonde, même froideur, mêmes pulsions masochistes. Le film Belle de Jour est la suite de la première moitié de Viridiana.

Scène inoubliable par son côté profanateur : Sous l'air de l'Alleluia du Messie de Haendel, une bande de clochards et de petits truands, abusant de l'hospitalité de leur bienfaitrice Viridiana, reproduisent la Dernière scène de Léonardo Da Vinci dans le décor dévasté du château de son oncle. Un grandiose pied-de-nez de Buñuel à l'oligarchie catholique espagnole qu'il a toujours abhorrée.

Critique. Cahiers du Cinéma. Janvier 1963. Numéro 127. L'Envers des Fiorettis par Michel Mardore.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Cannes 1961. Palme d'or
Cahiers du Cinéma : Dans la liste es 10 meilleurs films de l'année 1961

Visionné, la première fois, en 1969 à la télévision à Québec
Mon 49ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 16 janvier 2023