10 août 2007

46. Fellini : Huit et demi

1001 films de Schneider : Huit et demi



Film italien réalisé en 1963 par Federico Fellini
Avec Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale, Anouk Aimée, Sandra Milo, Rossella Falk et Barbara Steele

D'abord, réglons la sempiternelle question du titre. Lorsque le producteur demande à Fellini d'intituler son prochain film, celui-ci fait un petit calcul de sa production cinématographique et il dit : Huit et demi. Ce sera mon 8,5ème film. Plus prosaïque que ça, tu meurs, comme on disait déjà dans les années 1960.

Soyons sans pitié statistique pour Fellini. Une belle occasion de faire la liste des films de Fellini jusqu'à Huit et demi.
0,5. Lucia del varietà (1950) en collaboration avec Alberto Lattuada
1,5. Lo sceicco bianco (1952)
2,5. I Vitelloni (1953)
2,64. L'amore in città (1953) un sketch parmi 7, les autres étant réalisés par Antonioni, Lattuada, Lizzani, Maselli, Risi et Zavattini.
3,64. La strada (1954)
4,64. Il bidone (1955)
5,64. Le notti di Cabiria (1957)
6,64. La dolce vita (1960)
6,89. Boccaccio '70 (1962) un sketch parmi 4, les autres étant réalisés par De Sica, Monicelli et Visconti.
Donc, statistiquement parlant, ce titre-là ne tient pas la route. Non plus 8,5 mais plutôt 7,89. Bon, voilà, c'est un peu stupide ce petit jeu, mais c'est amusant.

Mais en fait, on s'en fout. Ce qui est important dans ce titre c'est la demi : symbole de l'incomplet, de l'inachevé qui est tout le propos de cette œuvre de Fellini.

En 1963, Fellini a le syndrome de la page blanche. Sous la pression de son producteur, il laisse la machine du cinéma se mettre en marche pour se rendre compte qu'il n'est pas du tout prêt à réaliser une autre œuvre. Le blanc total.

C'est alors que la magie se produit. Il décide de faire un film sur un réalisateur de 43 ans (l'âge de Fellini), en plein "midlife crisis", qui est en panne sèche et ne sait plus quoi faire de tous ces outils qu'on a mis à sa disposition : actrices, figurants, décors exorbitants et toute la machinerie de Cinecittà.

Ceci produit un des plus grands films jamais faits sur le cinéma, quoique, je lui préfère, même s'il est en mode mineur par rapport à Huit et demi, La nuit américaine de François Truffaut, retenu dans la liste des 1001 films de Schneider et que je verrai à Madrid à l'automne de 1973.

J'ai revu  La nuit américaine  plusieurs fois avec toujours beaucoup de plaisir et une même indéfinissable mélancolie qui restera toujours attachée à François Truffaut. Je n'ai pas éprouvé les mêmes sentiments en revoyant Huit et demi, 38 ans plus tard. Je dois même avouer avoir été complètement agacé par le visionnement de la version originale sous-titrée en anglais. C'est 2h20 minutes d'une course effrénée à la lecture des sous-titres au détriment de la lecture de l'image. Ce film est une telle logorrhée!!!

Bon, d'accord, je suis assez rébarbatif à Fellini, sauf pour sa période des années 1950; onirisme et ésotérisme, ce qui sont le pain et le beurre de Fellini, ne furent jamais ma "tasse de thé", pour rester au niveau gastronomique.

Fait cocasse. En 1967, Fellini réalisera, dans la vraie vie comme on dit, un vrai Huit et demi. Il commencera un film avec Marcello Mastroianni, Il viaggio di G. Mastorno, qu'il ne terminera jamais.

Sur le site de Media Resources Center de l'Université de Berkeley en Californie, on peut trouver une liste exhaustive de films traitant de cinéma ou de Hollywood. On y retrouve un autre de mes préférés : Living in Oblivion de Tom DiCillo qui traite de la difficulté de la vie d'un réalisateur dans le milieu du cinéma indépendant.

Critique. Cahiers du Cinéma. Juillet 1963. Numéro 145. Les Petits potamogétons par Pierre Kast.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1964. Deux statuettes : meilleur film en langue étrangère, costume.
Cahiers du Cinéma : Dans la liste des 10 meilleurs films de l'année 1963

Visionné, la première fois, en 1969 à la télévision à Québec
Mon 46ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 15 janvier 2023