13 juin 2007

41. Murnau : Le Dernier des hommes


1001 films de Schneider : Le Dernier des hommes



Film allemand réalisé en 1924 par Friedrich Wilhelm Murnau
Avec Emil Jannings, Maly Delschaft et Max Hiller.

Les 75 premières minutes sont un pur chef-d'œuvre de cinématographie.

Un scénario banal, voire simpliste : le portier d'un grand hôtel est rétrogradé au rang de monsieur-pipi à cause de l'arrivée à grand pas de sa retraite.

Ce qui donne tant d'ampleur à ce scénario, c'est le traitement fait par la caméra de Karl Freund : inventive et dynamique. Lors de la scène initiale, on assiste à une première historique au sujet du maniement de la caméra. Jusqu'alors, la caméra était statique, au mieux, on l'utilisait pour faire des travellings. Mais, ici, Freund se débarrasse du trépied et attache la caméra à sa poitrine et circule dans le lobby de l'hôtel.

Emil Jannings est considéré comme le plus grand acteur du cinéma muet allemand. Mais après avoir vu sa prestation ridicule d'amoureux transi et jaloux dans L'Ange bleue de Josef von Sternberg avec Marlene Dietrich, je me suis mis à le détester. 

J'ai toujours l'impression qu'il surjoue. Il exagère outrageusement ses expressions faciales en plus de se délecter dans ses pitreries. Ce n'est pas sa prestation dans Le dernier des hommes qui me fera changer d'idée quoiqu'il en fait moins que dans le film de Sternberg. 

Ce grand acteur ne réussira pas sa carrière américaine à cause de l'arrivée du "parlant", son accent allemand étant insupportable pour les producteurs. Il retournera en Allemagne pour terminer sa carrière dans la disgrâce après avoir appuyé le régime nazi : un remake live du film de Le dernier des hommes. Finalement, comme son personnage, Jannings termine sa vie dans les toilettes de l'histoire.

Dans toutes les critiques, on souligne toujours l'exploit du réalisateur qui a su faire un film sans aucun intertitre. Pourtant, ce qui est le plus étonnant, c'est le happy-end ajouté à la fin du film qui en fait une comédie burlesque. Cet happy-end ajouté à la demande des producteurs allemands est une des plus grosses énormités de l'histoire du cinéma. En fait, on ne devrait jamais parler de happy-end hollywoodien mais, plutôt, de happy-end allemand.

Cette entreprise d'édulcoration du film ne s'arrêtera pas à la modification de la fin. On changera aussi le titre afin de le rendre plus conforme à cette nouvelle version, d'où le titre anglais The Last Laugh.

Voici le seul intertitre du film qui apparaît à la 76ème minute :
"Here our story should really end, for in actual life the forlorn old man
would have little to look forward to but death.
The author took pity on him, however, and provided quite an improbable epilogue."
En souvenir de Romi Schneider, décédée il y a 25 ans, le 29 mai 1982.

En 1955, le réalisateur allemand Harald Braun a fait un remake du film de Murnau qui s'intitule également Der Letzte Mann dans lequel, Romi Schneider, peu connue, fait une apparition. 

Romi Schneider à 16 ans

Visionné, la première fois, au cinéma, en novembre 1968 au Collège des Jésuites de Québec
Mon 41ème film visionné de la liste des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 14 janvier 2023